J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 1 déc. 2024 04:25

Image

Lakecia Benjamin – Retox – (2012)

Lakecia a toujours aimé la musique et a grandi avec, particulièrement la musique dominicaine, mais elle ne rencontra le jazz que vers quatorze ans, alors qu’elle étudiait le saxophone alto. Elle désirait entrer dans une école de musique, où elle finit par être acceptée, sa formation fut rapide : elle était douée.

Petit à petit elle s’intègre à la scène funk et soul, et participe à quelques albums de Missy Elliott et Alicia Keys. C’est d’ailleurs dans ce registre que paraît « Retox » son premier enregistrement paru en deux mille douze, mais enregistré en deux mille dix, elle y signe toutes les compositions sauf le célèbre « Don’t You Worry Bout A Thing » de Stevie Wonder, où elle entreprend une reprise un peu scolaire.

Lakecia a également développé des compétences en tant que chef d’orchestre et d’arrangeuse, elle mène donc sa barque avec habileté sur ce premier essai. Portant plusieurs casquettes, elle ne joue pas du saxophone sur tous les titres, ce qui peut sembler surprenant, mais ainsi elle préfère prendre de la hauteur.

Il y a pas mal d’intervenants tout au long de l’album, mais je ne m’y arrête pas trop, n’en connaissant pas un seul, mis à part la harpiste Brandee Younger. Les pièces sont formatées entre deux et six minutes, très groovy, elles s’inscrivent dans la culture soul et funk américaine, douze se succèdent ainsi, sans rien révolutionner, mais c’est très correct.

On remarque « Jump And Shout », « Get Down », « Keep Talkin’ », « Maceo » et le titre d’ouverture « Soulsquad », côté ballade on retient « My Love » qui se traîne comme il faut… La dernière pièce « Slow Juice » va bien également.

Donc un assez bon album, mais qui ne laisse rien présumer de la suite de la carrière de Lakecia Benjamin qui décollera avec son troisième album, l’extraordinaire « Pursuance: The Coltranes ». Une anecdote raconte que, alors qu’elle écoutait un album d’Alice Coltrane que lui faisait découvrir une amie, elle lui demanda si Alice avait un frère, en découvrant le nom de John Coltrane…

Après un accident routier, elle subit des blessures assez graves, trois côtes et l’omoplate cassées, mais aussi la mâchoire, ce qui est un drame pour une saxophoniste, elle déclara puiser dans la musique de Coltrane beaucoup de forces, c’est ainsi qu’elle assura la tournée européenne qu’elle devait faire, malgré les souffrances. Cet épisode aboutira à l’album « Phoenix ».

Celui-ci est donc une étape qui intéressera peut-être les amateurs du genre, mais aussi ceux qui, comme moi, sont curieux de l’évolution de cette extraordinaire musicienne…

SoulSquad


Maceo


Jump and Shout


Keep Talkin'
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 2 déc. 2024 02:14

Image

Byard Lancaster, Steve McCall, Sylvain Marc – Us – (1974)

Byard Lancaster a déjà été évoqué sur ce fil à propos de « Live At Macalester College 72 », « Personal Testimony Vol. I » de quatre-vingts et le récent « Soul Unity » de deux mille vingt-deux. Et voici qu’arrive une bordée de rééditions du label français « Palm », qui était, à l’époque dirigé par Jef Gilson. Le premier dans l’ordre des enregistrements est « US », qui date du vingt-quatre novembre soixante-treize, et qui est enfin réédité, le rendant accessible à prix abordables.

C’est le label Souffle Continu qui est à l’origine des parutions récentes, plus fiable dans son costume d’éditeur que dans celui de vendeur. Avec Byard c’est du tout bon, faut dire, on ressent le feeling de l’époque à l’écoute de ces pistes. Byard Lancaster fréquente le solide Sunny Murray et joue dans son quintet. Alors la musique se joue free, avec le lyrisme que portait un certain Albert Ayler.

Pourtant Byard Lancaster n’use pas du vibrato comme son aîné, ainsi, il créé son style propre et se forge sa propre identité. Et c’est ainsi, dans les bagages de Sunny Murray qu’il vient plusieurs fois à Paris et rencontre Jef Gilson qui lui propose une série d’enregistrements, dans un laps de temps relativement bref.

Byard joue des saxs ténor et alto, mais aussi de la flûte, comme sur l’excellent « Flore » où il régale. Il est accompagné par le solide Steve Mc Call, pilier de l’AACM de Chicago, qui joue de la batterie, c’est un maître qui s’épanouira avec la formidable formation « Air » dont il faudrait que je vous parle davantage. Il y a également Sylvin Marc, avec sa basse Fender, sans doute présenté par Jef Gilson, mais ce n’est qu’une supposition de ma part. C’est un album de studio qui bénéficie d’un son de qualité.

Pour tout dire et aller directement au but, c’est un pur régal. La première pièce « Mc Call All » de près de vingt-deux minutes est magnifique et nous place à l’écoute du formidable trio avec un Byard Lancaster très bavard qui occupe l’espace avec tout son savoir-faire, bien épaulé par ses deux compères qui le stimulent à l’envie, les amateurs de longues chevauchées se régaleront. La seconde pièce, « Flore » dont je vous ai déjà dit un mot, est encore plus formidable, si c’est possible ! « John III » qui suit est un solo de la part de Byard, qui s’offre sans filet, avec pas mal de lyrisme.

« Us » retrouve la formule du trio pour un titre assez funky, bien pulsé par Sylvin Marc, de quoi satisfaire les amateurs de rythmes carrés et de danse rythmée. Byard Lancaster ne répugne pas à glisser vers des styles plus populaires, glissant de la « spiritual » au funk qui agite les corps. La dernière pièce « Just Test » se situe au format « hit » avec ses trois minutes, mais on sent que ça ne marchera pas…

Un bel album très recommandé, vivement la réédition suivante !

Mc Call All


Flore


Us


Just Test
We will dance again...

vox populi
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2625
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:36

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » lun. 2 déc. 2024 05:19

Image
Hier soir j'ai vu cette dame en concert. D'excellents moments de Hard Bop qu'on retrouvent sur ce disque, entrecoupées par des ballades chantées, à la Sinatra, qui sont moins ma cup of tea

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 2 déc. 2024 17:25

vox populi a écrit :
lun. 2 déc. 2024 05:19
Image
Hier soir j'ai vu cette dame en concert. D'excellents moments de Hard Bop qu'on retrouvent sur ce disque, entrecoupées par des ballades chantées, à la Sinatra, qui sont moins ma cup of tea
Je ne connais pas cette musicienne, mais tu fais bien de profiter des concerts, j'ai donc été sur le tube où j'ai écouté ce "Clair de Lune" de Debussy en version jazzy et c'était bien, mais forcément, pas hard-bop!

En cherchant mieux j'ai trouvé tout l'album, "Fried Pies" par exemple qui correspond mieux, et même "This Can't Be Love" où elle chante et même très juste... Comme tu dis elle joue pas mal de ballades et de standards.

Décidément, tu as du passer une très bonne soirée !
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 3 déc. 2024 04:05

Image

Kalaparusha Maurice McIntyre – Rivbea Live! Series, Volume 1 – (2024)

Je vous avais présenté le second volume de cette série consacrées aux enregistrements inédits issus du Loft Rivbea, celui de Sam et Beatrice Rivers. Et bien le premier est également considérable, on regrettera toujours ce manque de précision continu dans la prise de son, mais l’énergie ambiante est largement captée et c’est un régal qui nous est servi.

Kalaparusha Maurice McIntyre laissera probablement le souvenir de son album de soixante-neuf « Humility In The Light Of Creator » qui sera sans doute cité comme son album référent, pourtant la folie de celui-ci appelle également des éloges.

En ces temps, nous étions en pleine période des lofts, et Kalaparusha avait eu l’honneur d’ouvrir le bal de la mythique série des « Wildflowers: The New York Loft Jazz Sessions », avec la pièce « Jays », premier titre gravé sur le premier volume de la série qui en contient cinq, c’était en mai soixante-seize, pratiquement un an après cet enregistrement.

Cette session live formée de trois pièces « Unidentified » est donc importante pour ce qu’elle dévoile du chemin du saxophoniste- clarinettiste, il faut savoir que Kalaparusha connaissait une terrible addiction à la drogue, et que, pour lui, cette dernière n’apportera que le malheur.

Ici il est encore magnifique et ce témoignage est un régal, parfois bouleversant. Il partage avec le trompettiste Malachi Thompson un égal investissement, tout donner, avec générosité et sans compter… Milton Suggs à la basse est exceptionnel, il bénéficie d’une restitution de sa partie plutôt en avant, ce qui le met très souvent en relief. Alvin Fielder à la batterie est lui aussi très au niveau.

Même si le son est parfois fâcheux, il ne faut vraiment pas s’arrêter à ces détails, même si ça demeure souvent un facteur important, tout est emporté par la fougue présente sur ces faces, toutes signées Kalaparusha, et je pense que je vais m’abonner à cette furieuse série très low-fi.

Kalaparusha connaitra une chute d’activité dans les années quatre-vingts, à mettre en rapport avec son addiction, il jouera dans les rues et les stations de métro pour satisfaire à la tragédie du destin, et vivra dans la pauvreté et le dénuement, jusqu’à son décès dans le Bronx, en deux mille treize.

Unidentified Title I


Unidentified Title II


Unidentified Title III


(Puisqu'on en parle) - Kalaparusha Maurice McIntyre, Chris White, Jumma Santos - Jays
We will dance again...

Avatar du membre
Piranha
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1603
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 22:13
Localisation : Angers
Contact :

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mar. 3 déc. 2024 19:12

Douglas a écrit :
lun. 2 déc. 2024 02:14
Image

Byard Lancaster, Steve McCall, Sylvain Marc – Us – (1974)

Byard Lancaster a déjà été évoqué sur ce fil à propos de « Live At Macalester College 72 », « Personal Testimony Vol. I » de quatre-vingts et le récent « Soul Unity » de deux mille vingt-deux. Et voici qu’arrive une bordée de rééditions du label français « Palm », qui était, à l’époque dirigé par Jef Gilson. Le premier dans l’ordre des enregistrements est « US », qui date du vingt-quatre novembre soixante-treize, et qui est enfin réédité, le rendant accessible à prix abordables.

C’est le label Souffle Continu qui est à l’origine des parutions récentes, plus fiable dans son costume d’éditeur que dans celui de vendeur. Avec Byard c’est du tout bon, faut dire, on ressent le feeling de l’époque à l’écoute de ces pistes. Byard Lancaster fréquente le solide Sunny Murray et joue dans son quintet. Alors la musique se joue free, avec le lyrisme que portait un certain Albert Ayler.

Pourtant Byard Lancaster n’use pas du vibrato comme son aîné, ainsi, il créé son style propre et se forge sa propre identité. Et c’est ainsi, dans les bagages de Sunny Murray qu’il vient plusieurs fois à Paris et rencontre Jef Gilson qui lui propose une série d’enregistrements, dans un laps de temps relativement bref.

Byard joue des saxs ténor et alto, mais aussi de la flûte, comme sur l’excellent « Flore » où il régale. Il est accompagné par le solide Steve Mc Call, pilier de l’AACM de Chicago, qui joue de la batterie, c’est un maître qui s’épanouira avec la formidable formation « Air » dont il faudrait que je vous parle davantage. Il y a également Sylvin Marc, avec sa basse Fender, sans doute présenté par Jef Gilson, mais ce n’est qu’une supposition de ma part. C’est un album de studio qui bénéficie d’un son de qualité.

Pour tout dire et aller directement au but, c’est un pur régal. La première pièce « Mc Call All » de près de vingt-deux minutes est magnifique et nous place à l’écoute du formidable trio avec un Byard Lancaster très bavard qui occupe l’espace avec tout son savoir-faire, bien épaulé par ses deux compères qui le stimulent à l’envie, les amateurs de longues chevauchées se régaleront. La seconde pièce, « Flore » dont je vous ai déjà dit un mot, est encore plus formidable, si c’est possible ! « John III » qui suit est un solo de la part de Byard, qui s’offre sans filet, avec pas mal de lyrisme.

« Us » retrouve la formule du trio pour un titre assez funky, bien pulsé par Sylvin Marc, de quoi satisfaire les amateurs de rythmes carrés et de danse rythmée. Byard Lancaster ne répugne pas à glisser vers des styles plus populaires, glissant de la « spiritual » au funk qui agite les corps. La dernière pièce « Just Test » se situe au format « hit » avec ses trois minutes, mais on sent que ça ne marchera pas…

Un bel album très recommandé, vivement la réédition suivante !

Mc Call All


Flore


Us


Just Test

Effectivement excellent label de réédition que Souffle Continu.
Par contre je ne comprends pas l'allusion relative à la fiabilité du vendeur :gratzzz:

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 3 déc. 2024 22:59

Piranha a écrit :
mar. 3 déc. 2024 19:12

Effectivement excellent label de réédition que Souffle Continu.
Par contre je ne comprends pas l'allusion relative à la fiabilité du vendeur :gratzzz:
En effet c'est un avis personnel suite à pas mal de déboires concernant l'état des vinyles reçus, sans possibilité de les échanger, ceci dit je les soutiens depuis longtemps, mais je me cantonne aux Cds, cette appréciation ne concerne pas les albums du label.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 déc. 2024 04:50

Image

My Cat Is An Alien, Ramona Ponzini, Lee Ranaldo – All Is Lost In Translation – (2010)

On se souvient que l’entité « My Cat Is An Alien » est formée par les deux frères Opalio. Roberto joue de la guitare électrique, de l’électro et de jouets spaciaux, Maurizio joue également de la guitare électrique ainsi que des percussions, c’est le seul à ne pas utiliser sa voix sur l’enregistrement. Lee Ranaldo, oui celui de Sonic Youth, joue également de la gratte et des clochettes, quant à Ramona Ponzini elle chante, joue des percus, ainsi que du « carillon éolien japonais ».

Deux pièces sont présentées, les deux sans titre, la première dure trente-sept minutes et trente -huit secondes, et la deuxième dix-neuf minutes dix-neuf. Elles sont toutes deux largement improvisées, comme souvent avec ces Aliens… L’album est capté en direct à « Interzona » dans la ville de Verone en Italie.

Sans surprise nous sommes conviés à une sorte de voyage sonore intersidéral, vers l’inconnu total et une immensité qui nous dépasse. Le premier mouvement est assez cool, plutôt très planant, il vous porte et vous transporte vers un monde nouveau plein de belles choses et de belles sensations, la voix de Ramona vous emmène souvent loin, portée par les audaces de ces machines électroniques qui peignent, et tissent des mondes chauds et accueillants, de quoi vous transporter là où votre imagination décide, une sorte de calino-thérapie bien agréable…

Pour autant les enchevêtrements de cette musique sont assez complexes et pas si faciles à décortiquer, savoir qui fait quoi est également bien difficile, bien que ce n’ait, en fait, aucune importance, car ce qui compte c’est bien entendu la somme totale de tous ces savoir-faire qui développe un saine énergie.

La seconde pièce est également passionnante, peut-être davantage énergique encore, avec de possibles secousses, mais tout ça reste léger quand même, on note une montée sonore assez puissante à un moment qui ne vous emmène pas forcément dans un monde cotonneux, il y subsiste comme une certaine « sauvagerie », quelque chose d’animal pas forcément rassurant, un peu de suspens…

Tout cela est bien beau et bien réussi, les amateurs de drones ne seront pas déçus, ainsi que les adeptes de musique expérimentale et de longs voyages d’outre-mondes…
We will dance again...

vox populi
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2625
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:36

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » mer. 4 déc. 2024 06:51

Douglas a écrit :
lun. 2 déc. 2024 17:25
vox populi a écrit :
lun. 2 déc. 2024 05:19
Image
Hier soir j'ai vu cette dame en concert. D'excellents moments de Hard Bop qu'on retrouvent sur ce disque, entrecoupées par des ballades chantées, à la Sinatra, qui sont moins ma cup of tea
Je ne connais pas cette musicienne, mais tu fais bien de profiter des concerts, j'ai donc été sur le tube où j'ai écouté ce "Clair de Lune" de Debussy en version jazzy et c'était bien, mais forcément, pas hard-bop!

En cherchant mieux j'ai trouvé tout l'album, "Fried Pies" par exemple qui correspond mieux, et même "This Can't Be Love" où elle chante et même très juste... Comme tu dis elle joue pas mal de ballades et de standards.

Décidément, tu as du passer une très bonne soirée !
Oui le hard Bop est une part de son travail, ma préférée
Voici un exemple live

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 déc. 2024 19:15

Le bebop est né dans les années 40-50 avec Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thélonious Monk, Max Roach et Bud Powell, comme ici:
Douglas a écrit :
sam. 30 mars 2024 02:35
Image

Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus, Max Roach – Hot House (The Complete Jazz At Massey Hall Recordings) – (2023) – RE

Voici une réédition du classique des classiques du jazz, un album tellement fondamental et pour tout dire énorme et incontournable, qu’il existe plus de cent vingt rééditions différentes, sous de multiples labels et dans un grand nombre de pays. Le premier que j’ai eu c’est celui sur « America records » avec le n° 30 AM 6053.

Ce qu’il y a de si extraordinaire ici c’est déjà çà : Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus et Max Roach, c’est-à-dire la réunion de ce qui se fait de mieux en matière de be-bop, ce nouveau jazz en train de naître, qui bouscule toutes les règles, au « Massey Hall » de Toronto au Canada, le quinze mai mille neuf cent cinquante-trois. Il n’existe aucun équivalent d’un tel album, l’enregistrement est donc unique, éblouissant, il revêt le statut d’un document historique, d’une valeur exceptionnelle.

D’ailleurs le premier miracle c’est que ces bandes aient pu être sauvées. Il existe pas mal d’anecdotes autour de cet album, la plus importante et aussi la plus extraordinaire est celle de la prise de son. Il y avait comme un léger problème sur la version originale : la basse de Mingus est presque inaudible, on sait que ce dernier est colérique, dès qu’il prend conscience du problème en écoutant les bandes dans les studios de la radio CKFH, il repartit avec les bandes à New York, se ré-enregistra, et publia une nouvelle version. Il existe donc deux versions différentes du concert.

La salle n’était pas pleine, bien que l’événement fût ensuite reconnu universellement comme l’un des plus importants du jazz, il faut dire qu’au même moment se tenait un match de boxe revanche entre Jersey Joe Walcott et Rocky Marciano, on raconte que le trompettiste Dizzy Gillespie essayait de se tenir au courant de son évolution alors qu’il était sur scène…

Le pianiste Bud Powell venait par chance de quitter l’hôpital psychiatrique « Bellevue » de New York. Il était alors considéré comme le pianiste be-bop par excellence, l’étrangeté du jeu de Monk n’avait pas encore fait son chemin et il n’est que d’écouter ses parties de piano pour être subjugué par sa vélocité et la magnificence de son jeu.

Passé les six premiers titres de l’album en quintet, qui constituaient à l’origine l’intégralité de l’album, nous pouvons entendre Bud Powell en trio, avec Charles Mingus à la basse et Max Roach à la batterie. Ce dernier est une légende de l’instrument, alors à la pointe de la modernité, le temps passant il restera à l’aise dans tous les « univers-jazz » qui lui seront proposés, aussi bien aux côtés d’Anthony Braxton que d’Archie Shepp. Son solo ici sur « « Drum Conversation » est absolument fantastique !

Et Charlie Parker, me direz-vous ? Lui l’étoile filante du bebop qui incarna ce genre plus que quiconque, il nous quittera en mars cinquante-cinq, une des raisons pour lesquelles une telle réunion est unique. Pour des causes liées au droit il masque sa présence sous un pseudo, « Charlie Chan » qui ne trompe personne, il joue avec un saxophone alto en plastique de la marque « Grafton », car son Selmer était au « clou ».

Alors pourquoi écouter encore cet enregistrement d’un autre âge, sans doute suranné, vieilli, dépassé ? Alors c’est que… non, il arrive que le temps n’arrive pas à ses fins, plus de soixante-dix ans après la musique tient bon encore, et elle n’a pas fini de chanter ! Tout brille encore, épate et surprend, la vélocité des musiciens, l’incroyable technicité de ces solistes hors normes, le répertoire éblouissant dont chaque titre témoigne. Dizzy Gillespie est tout simplement stellaire, ils sont peu à atteindre un tel niveau…

Le second Cd de cette réédition propose la version de Mingus avec l’ajout de la contrebasse, alors, bien que je possède une version vinyle ancienne, je n’ai pas pu résister longtemps à cette réédition tout à fait satisfaisante au niveau du son, au regard des versions antérieures. Il y a eu des problèmes de diffusions retardant de plusieurs mois la sortie des éditions Cds, mais les très onéreux vinyles étaient, quant à eux, dispos.

L'Histoire en marche!

A Night In Tunisia (Without Overdub / Live At Massey Hall / 1953)


Hot House


All The Things You Are / 52nd Street Theme (Without Overdub / Live At Massey Hall / 1953)


Lullaby Of Birdland (Live At Massey Hall / 1953)


Drum Conversation (Live At Massey Hall / 1953)
C'est Charlie Christian qui semble avoir trouvé le terme bebop, souvent simplifié avec simplement "bop".

Le hard bop est un sous genre, ou une évolution, de la fin des années 50.

Ce sont les "Jazz Messengers" qui sont emblématiques du genre, avec Horace Silver et Art Blakey.

Et d'autres comme Coltrane, Sonny Rollins, Lee Morgan, Clifford Brown et beaucoup d'autres encore...

Un bon album de hard bop:
Douglas a écrit :
lun. 22 avr. 2024 03:22
Image

Art Blakey & Les Jazz-Messengers – Au Club Saint-Germain / Vol. 1 À 3

Cet album est paru en trois volumes séparés en mille neuf cent cinquante-neuf, pour ma part je possède le coffret trois vinyles réédité en soixante-huit, et comme une opportunité s’est offerte à moi de saisir un coffret deux Cds à vil prix, je me le suis à nouveau procuré, bien que les vinyles tournent encore très bien avec un son satisfaisant.

On ne peut pas dire que ce soit les tout meilleurs enregistrement des Jazz Messengers, tels que le décident les meilleurs spécialistes, mais pour moi ils ne sont pas loin d’un « Moanin’ » ou du plus tardif « Free for All ». Il y a ici l’avantage de l’ambiance club, en petit comité, avec les petits bruits de fond qui vont bien, nous plongeant au milieu de la salle, dans le meilleur environnement possible pour ce jazz si percutant et chaleureux.

La petite histoire raconte qu’Art Blakey serait l’un des pourvoyeurs de cet « Hard Bop » qu’il aurait parrainé à la sortie de l’album du même nom en mille neuf cent cinquante-sept. Si bien que, de nos jours, on parle plus facilement de hard bop que de be-bop, les deux noms pourtant désignaient alors une musique un peu différente.

Art Blakey était considéré comme l’un des trois meilleurs batteurs de l’époque, avec l’immense Max Roach et Kenny Clarke et c’est sans surprise que l’on découvre que cet album a reçu le Grand Prix cinquante-neuf de l’Académie Charles Cros. Il propulse avec énergie le grand Lee Morgan, saignant à la trompette, Benny Golson saillant au saxophone ténor, Bobby Timmons au piano, garant du swing et Jymie Merritt à la contrebasse.

Douze pièces souvent longues se suivent dans cet intrépide show de plus de deux heures. Les solistes, de grande qualité, se succèdent avec délice. Ici c’est la combustion qui tourne au maximum et l’énergie se consume à grande vitesse, égrenant les pièces les unes après les autres dans une ambiance très, très chaude, les encouragements venus de la salle participent à cet emballement assez extraordinaire.

Art n’a écrit aucune pièce, c’est Benny Golson le plus prolifique, quatre pièces dont le fameux « Blues March For Europe N°1 » qui fut dédié à la radio française qui, alors, consacrait une émission quotidienne au jazz. L’air devint même le générique de l’émission, devenant ainsi l’un des airs de jazz les plus populaires de France.

Ainsi s’étalent parmi d’autres le « Now The Time » de Charlie Parker, « Moanin’ With Hazel » de Bobby Timons, « A Night In Tunisia » de Dizzy Gillespie, « Politely » de Bill Hardman. On remarque également deux traditionnels, « The First Theme » et « Ending With The Theme » qui clôt cet album. Que des "tubes"!

Un classique évidemment…

Blues March For Europe No. 1 (live)


Moanin' with Hazel (Live at Club St. Germain, Paris)


Politely


Art Blakey & Lee Morgan - 1959 - Au Club Saint-Germain Vol3 - 01 Along Came Manon
We will dance again...

vox populi
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2625
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:36

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » mer. 4 déc. 2024 21:36

Douglas a écrit :
mer. 4 déc. 2024 19:15
Le bebop est né dans les années 40-50 avec Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thélonious Monk, Max Roach et Bud Powell, comme ici:
Douglas a écrit :
sam. 30 mars 2024 02:35
Image

Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus, Max Roach – Hot House (The Complete Jazz At Massey Hall Recordings) – (2023) – RE

Voici une réédition du classique des classiques du jazz, un album tellement fondamental et pour tout dire énorme et incontournable, qu’il existe plus de cent vingt rééditions différentes, sous de multiples labels et dans un grand nombre de pays. Le premier que j’ai eu c’est celui sur « America records » avec le n° 30 AM 6053.

Ce qu’il y a de si extraordinaire ici c’est déjà çà : Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Charles Mingus et Max Roach, c’est-à-dire la réunion de ce qui se fait de mieux en matière de be-bop, ce nouveau jazz en train de naître, qui bouscule toutes les règles, au « Massey Hall » de Toronto au Canada, le quinze mai mille neuf cent cinquante-trois. Il n’existe aucun équivalent d’un tel album, l’enregistrement est donc unique, éblouissant, il revêt le statut d’un document historique, d’une valeur exceptionnelle.

D’ailleurs le premier miracle c’est que ces bandes aient pu être sauvées. Il existe pas mal d’anecdotes autour de cet album, la plus importante et aussi la plus extraordinaire est celle de la prise de son. Il y avait comme un léger problème sur la version originale : la basse de Mingus est presque inaudible, on sait que ce dernier est colérique, dès qu’il prend conscience du problème en écoutant les bandes dans les studios de la radio CKFH, il repartit avec les bandes à New York, se ré-enregistra, et publia une nouvelle version. Il existe donc deux versions différentes du concert.

La salle n’était pas pleine, bien que l’événement fût ensuite reconnu universellement comme l’un des plus importants du jazz, il faut dire qu’au même moment se tenait un match de boxe revanche entre Jersey Joe Walcott et Rocky Marciano, on raconte que le trompettiste Dizzy Gillespie essayait de se tenir au courant de son évolution alors qu’il était sur scène…

Le pianiste Bud Powell venait par chance de quitter l’hôpital psychiatrique « Bellevue » de New York. Il était alors considéré comme le pianiste be-bop par excellence, l’étrangeté du jeu de Monk n’avait pas encore fait son chemin et il n’est que d’écouter ses parties de piano pour être subjugué par sa vélocité et la magnificence de son jeu.

Passé les six premiers titres de l’album en quintet, qui constituaient à l’origine l’intégralité de l’album, nous pouvons entendre Bud Powell en trio, avec Charles Mingus à la basse et Max Roach à la batterie. Ce dernier est une légende de l’instrument, alors à la pointe de la modernité, le temps passant il restera à l’aise dans tous les « univers-jazz » qui lui seront proposés, aussi bien aux côtés d’Anthony Braxton que d’Archie Shepp. Son solo ici sur « « Drum Conversation » est absolument fantastique !

Et Charlie Parker, me direz-vous ? Lui l’étoile filante du bebop qui incarna ce genre plus que quiconque, il nous quittera en mars cinquante-cinq, une des raisons pour lesquelles une telle réunion est unique. Pour des causes liées au droit il masque sa présence sous un pseudo, « Charlie Chan » qui ne trompe personne, il joue avec un saxophone alto en plastique de la marque « Grafton », car son Selmer était au « clou ».

Alors pourquoi écouter encore cet enregistrement d’un autre âge, sans doute suranné, vieilli, dépassé ? Alors c’est que… non, il arrive que le temps n’arrive pas à ses fins, plus de soixante-dix ans après la musique tient bon encore, et elle n’a pas fini de chanter ! Tout brille encore, épate et surprend, la vélocité des musiciens, l’incroyable technicité de ces solistes hors normes, le répertoire éblouissant dont chaque titre témoigne. Dizzy Gillespie est tout simplement stellaire, ils sont peu à atteindre un tel niveau…

Le second Cd de cette réédition propose la version de Mingus avec l’ajout de la contrebasse, alors, bien que je possède une version vinyle ancienne, je n’ai pas pu résister longtemps à cette réédition tout à fait satisfaisante au niveau du son, au regard des versions antérieures. Il y a eu des problèmes de diffusions retardant de plusieurs mois la sortie des éditions Cds, mais les très onéreux vinyles étaient, quant à eux, dispos.

L'Histoire en marche!

A Night In Tunisia (Without Overdub / Live At Massey Hall / 1953)


Hot House


All The Things You Are / 52nd Street Theme (Without Overdub / Live At Massey Hall / 1953)


Lullaby Of Birdland (Live At Massey Hall / 1953)


Drum Conversation (Live At Massey Hall / 1953)
J'adore ce disque, tous les musiciens sont incroyables

Avatar du membre
Piranha
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1603
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 22:13
Localisation : Angers
Contact :

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mer. 4 déc. 2024 22:04

Douglas a écrit :
mar. 3 déc. 2024 22:59
Piranha a écrit :
mar. 3 déc. 2024 19:12

Effectivement excellent label de réédition que Souffle Continu.
Par contre je ne comprends pas l'allusion relative à la fiabilité du vendeur :gratzzz:
En effet c'est un avis personnel suite à pas mal de déboires concernant l'état des vinyles reçus, sans possibilité de les échanger, ceci dit je les soutiens depuis longtemps, mais je me cantonne aux Cds, cette appréciation ne concerne pas les albums du label.
Oui je me doutais de quelque chose comme cela. Personnellement je n'ai jamais eu de souci.
Plus avec les My Cat Is An Alien que tu cites, et une participation à une compilation avortée suite à un des divergences de vue. :)

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 5 déc. 2024 04:34

vox populi a écrit :
mer. 4 déc. 2024 21:36

J'adore ce disque, tous les musiciens sont incroyables
Et comment! C'est un grand classique en même temps qu'un incontournable !

Souvent aujourd'hui on parle de "Post-bop", pour évoquer un jazz qui n'est ni free, ni expérimental. C'est un terme fourre-tout assez pratique et assez vague qui permet de mettre tout ce qui ne se range pas ailleurs...

A ne pas confondre avec le "néo-bop" qui est un style "revival" dont Wynton Marsalis est le musicien le plus plus connu...

Mais tout ça ne sont que des cases dans lesquelles on range la musique de jazz, il y en a d'autres encore, pas toujours pertinentes, destinées au commerce, comme " l'afrofuturisme"...
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 5 déc. 2024 07:08, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 5 déc. 2024 04:39

Piranha a écrit :
mer. 4 déc. 2024 22:04

Oui je me doutais de quelque chose comme cela. Personnellement je n'ai jamais eu de souci.
Plus avec les My Cat Is An Alien que tu cites, et une participation à une compilation avortée suite à un des divergences de vue. :)
Je me souviens que ça avait "frotté" un peu avec MCIAA, mais j'en parle tout de même car ils sont tout de même intéressants côté musique...

Pour le Souffle Continu je sais que ce n'est pas évident de tenir une boutique aujourd'hui, et qu'ils se démènent au mieux, mais je n'ai décidément pas de chance avec eux...
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 5 déc. 2024 04:52

Image

Armonicord – Libres (Festival de Massy 26 Octobre 1975) – (2023)

De la formation Armonicord je vous ai déjà présenté « Esprits De Sel », leur unique album en studio et même tout court, puisque celui-ci n’est que le second, publié l’année dernière par les soins de Jean Marc Foussat, sur « Fou Records ».
L’album provient du premier Festival de Massy, le vingt-six octobre de l’année soixante-quinze, organisé par Gérard Terronès et Raymond Boni, deux personnalités attachantes de la musique underground de l’époque, qui ont tant fait pour notre musique hexagonale, avec leurs petits bras et leur stature de géant.

Rachid Houari est le batteur ici, il a été le premier batteur de « Gong » entre Septembre soixante-neuf et avril soixante et onze, décédé à l’âge de trente-deux ans, il sera remplacé par Christian Lété sur l’album « Esprit de Sel » qui lui est dédié. Pour ces raisons c’est un plaisir de pouvoir l’entendre ici, c’est aussi un peu ressusciter son souvenir…

Jouk Minor est le compositeur, il joue également des saxophones baryton et soprano, Jean Querlier de son côté joue du soprano, de l’alto et du hautbois et Joseph Traindl joue du trombone, il n’y a pas de bassiste, ce qui fait de cette formation une curiosité. La prise de son n’est pas parfaite, lors de l’intro de la seconde pièce on entend une voix qui s’exprime côté gauche, mais dans l’ensemble c’est tout de même plutôt bon et, surtout, ces enregistrements sont rares, alors on prend sans pinailler.

Deux pièces sont jouées, « Contact » et « Un Goût De Rouge » pas très loin des quarante minutes au total. Le titre « Libres » va bien avec l’esprit du festival qui s’exprime sous le signe de la liberté, en témoigne le petit texte de Steve Lacy qui figure à l’intérieur du Cd, mais aussi en ouverture de la plaquette « Free sons » du programme du festival.

Il écrit « […] Pour imposer un nouveau style, il faut rester intègre (c’est-à-dire jouer ce qu’on a dans le sang et rien d’autre) surtout ne pas abandonner sa piste. Chercher la liberté est peut-être un acte politique car il faut survivre dans un monde où il y a beaucoup de belle musique […]»

Armonicord fait certainement partie de cette famille des irréductibles, l’album est empli de cette liberté que l’on appelle alors, la complicité entre les quatre permet à cette belle musique de s’offrir au monde et de le parcourir, à travers ce superbe album, plein de cette fabuleuse musique tellement fidèle à cette époque, qu’elle en est le symbole même…

Extraits par ici:
https://fourecords.com/FR-CD53.htm
We will dance again...

Avatar du membre
Piranha
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1603
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 22:13
Localisation : Angers
Contact :

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » jeu. 5 déc. 2024 05:37

Douglas a écrit :
jeu. 5 déc. 2024 04:39
Piranha a écrit :
mer. 4 déc. 2024 22:04

Oui je me doutais de quelque chose comme cela. Personnellement je n'ai jamais eu de souci.
Plus avec les My Cat Is An Alien que tu cites, et une participation à une compilation avortée suite à un des divergences de vue. :)
Je me souviens que ça avait "frotté" un peu avec MCIAA, mais j'en parle tout de même car ils sont tout de même intéressants côté musique...

Pour le Souffle Continu je sais que ce n'est pas évident de tenir une boutique aujourd'hui, et qu'ils se démènent au mieux, mais je n'ai décidément pas de chance avec eux...

Oui, parfois les choses ne se passent pas comme prévu mais que cela soit pour SC ou MCIAA on ne peut leur reprocher de défendre des esthétiques parfois exigeantes et peu commerciales comme tu le dis
:super:

Longtemps que j'ai commandé à SF
J'essaie d'avoir le franco de port (150 euros) mais il me manque un ou deux disques à chaque fois :)
(oui je sais c'est ridicule)

vox populi
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2625
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:36

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » jeu. 5 déc. 2024 06:30

Image

Charlie parker est à mon goût le seul qui peut réellement rivaliser avec Coltrane. Quand je constate la différence aujourd'hui entre la sensation que j'éprouve lorsque j'écoute un musicien jazz sur disque et lorsque je le vois sur scène, j'ose à peine imaginer le choc que j'aurais ressentie si j'avais eu la chance de voir Charlie Parker sur scène, ca devait être fabuleux

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 6 déc. 2024 02:37

vox populi a écrit :
jeu. 5 déc. 2024 06:30
Image

Charlie parker est à mon goût le seul qui peut réellement rivaliser avec Coltrane. Quand je constate la différence aujourd'hui entre la sensation que j'éprouve lorsque j'écoute un musicien jazz sur disque et lorsque je le vois sur scène, j'ose à peine imaginer le choc que j'aurais ressentie si j'avais eu la chance de voir Charlie Parker sur scène, ca devait être fabuleux
Ce sont les deux icônes du jazz qui sont restées dans l'histoire du jazz comme ayant révolutionné le genre en étant à l'origine d'une nouvelle musique, Parker et Coltrane.

Il y aurait bien Monk pas très loin, ou Lennie Tristano, moins connu mais probablement d'une stature comparable.

Et bien sûr Miles Davis ou Bill Evans qui suivent pas très loin non plus, bop, modale et free sont de grandes étapes de cette musique...

C'est sûr que les clubs et le live en petit comité sont le véritable creuset du jazz, là où il est le plus beau, lorsqu'il se crée dans l'improvisation et touche direct au cœur...

Il y a comme ça des moments privilégiés et intenses qui peuvent s'approcher d'une sorte de "communion", et quand on vit ça, c'est gravé à jamais...

Mon plus beau souvenir est celui de Chet Baker au "New Morning" qui a même cité ce concert spécifiquement comme étant un "modèle" alors qu'il jouait au "midem" devant un public attablé et bruyant...

Des moments où on sent physiquement le temps s'arrêter, qui tient du religieux, de la prière où de la messe...
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 6 déc. 2024 03:26

Image

Grutronic and Evan Parker – Together In Zero Space – (2011)

Evan Parker on voit qui c’est, le gars qui joue du saxophone soprano comme personne, avec un style propre et unique, qui fait cependant école. Mais ceux de « Grutronic » sont beaucoup plus mystérieux ! Ils sont quatre, des plus curieux…

Le suffixe « tronic » les destine à la machine, et là on n’est pas déçu, de l’électro combiné en quartet, mélangé avec l’organique saxo de Parker, voici le menu. Stephen Grew est l’un des plus connus de ces « Grutronic », il joue des claviers et des synthétiseurs, l’autre qui a de la notoriété est Richard Scott, un anglais qui a déjà frayé avec le monde du free, John Stevens, Elton Dean ou Steve Lacy, de quoi tisser des liens, il joue aussi de l’électro et se présente comme jouant du « wigi », du « buchla lighting » et de la « blippoo box » !

Un peu d’humour encore avec Nicolas Grew qui joue de la transduction et David Ross du drosscillator. Bref, des synthés à gogo, de l’échantillonnage, un bon bain d’électro et une dose d’humour, voici le menu. Deux pièces sont jouées, « Filigree and Circuitry » de vingt-six minutes et « Mesomerism in Rhythm » de vingt-deux minutes. C’est enregistré en live au « Zero Space » lors du dixième festival des musiques modernes de Bratislava, le quatre décembre deux mille neuf.

On connaît la faculté d’Evan Parker à se glisser dans un ensemble et on connaît sa grande courtoisie, ainsi il joue au même niveau sonore que chacun de ses partenaires, il ne faut pas s’attendre à des chevauchées bille en tête qui écrasent tout au passage, non, ici on s’écoute, on joue, on partage et on se respecte, chacun est un partenaire à part entière, égal à n’importe quel autre.

Ainsi naît et fuse la musique, pleine de spontanéité et de détermination, dans un geste collectif où chacun est une partie de l’ensemble. L’improvisation est évidemment la règle, la musique surgit du silence et provoque un long bouillonnement, incessant et vif, bavard et de conversation, où chacun ajoute à la mixture commune.

On appela cette musique « moléculaire », un concept déjà rencontré avec « The Electrics » ou James Brandon Lewis, une sorte de minimalisme qui ici se combine de façon multiple et même, dans notre cas, grouillante et jubilatoire, c’est d’évidence une musique nouvelle, très à sa place dans ce festival consacré au contemporain.

Voici ce qu’indique une partie de l’analyse contenue dans le livret intérieur : « L'un des concerts d'improvisation électro-acoustique les plus excitants jamais documentés et sans aucun doute l'un des disques d'ensemble les plus convaincants d'Evan Parker de ces dernières années. Une réalisation fascinante et extraordinaire. »

Rien à ajouter !





Evan parker and Grutronic playing live at the Spitz, London


NEXT 2009 music festival bratislava / edition X unofficial trailer
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4831
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 7 déc. 2024 04:34

Image

Jeremiah Cymerman – Under A Blue Grey Sky – (2009)

Pour cet album, Jeremiah Cymerman a posé la clarinette et s’est occupé de la composition. Il a écrit pour un quatuor à cordes, aussi trouve-t-on Olivia De Prato au violon, Jessica Pavone à l’alto, Christopher Hoffman au violoncelle et Tom Blancarte à la contrebasse. En outre, Jeremiah use d’électro pour colorer la musique…

Sept pièces sont interprétées, chacune figurant un acte, aussi les titres sont le reflet de cette structure et leur nom commence par « Act » suivi d’un chiffre, mais à la place où devait se trouver « Act VI » nous avons affaire à un interlude, aussi la dernière pièce est-elle cet Act VI.

Alors peut-on encore parler de jazz ? Probablement oui, mais par cousinage uniquement, la présence de Jessica Pavone va également dans ce sens, mais nous n’en entendrons pas forcément beaucoup au sens où on l’utilise habituellement. Tout juste soulignerons-nous l’attitude, la recherche de liberté et ces courts moments improvisés, semble-t-il…

Car il y a l’écriture, sa précision horlogère, son sens de la mélodie, de l’harmonie, et la science des arrangements qui font que tout va dans le même sens, suit la bonne direction, celle jugée la plus efficace, le mieux appropriée, par celui qui tient la plume et piège les notes dans la portée.

Et c’est vraiment très beau, très équilibré, même si « l’acte IV » est un brin revêche et même retors, on sait que cette distorsion passagère est voulue, désirée, qu’elle sert « l’acte V » en l’introduisant, certaines dissonances vont bien et s’avèrent irremplaçables, la surprise des notes fait partie du menu et convoque une autre forme de beauté, celle d’un Monk qui semble les avoir toutes essayées dans son enchaînement pour n’en sélectionner que la plus belle, qui est également la plus étonnante…

« L’Interlude » convoque la machine malaisante qui arrive, sournoise, et s’impose sous ce ciel bleu-gris, libérant au milieu de cette acoustique toute en finesse, comme un esprit malin et contradicteur, promesse de grain et de torpeur, de saccage et de tristesse…

D’ailleurs « l’acte VI » est grave et sentencieux, il ne dégage ni calme, ni paix, si ce n’est, un espoir peut-être, au bout du chemin, peut-être…

Jeremiah Cymerman - Act I


Jeremiah Cymerman - Act III


Under a Blue Grey Sky Act 6
We will dance again...

Répondre