J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 21 août 2025 15:15

Monsieur-Hulot a écrit :
jeu. 21 août 2025 10:42
Douglas a écrit :
mar. 19 août 2025 09:39
Voici la chanteuse Blossom Dearie,

Sa voix, un peu enfantine, est travaillée et contribue au charme…
Alors elle je l'adore ! Quand elle chante en français "Chez moi" c'est formidable:


Et en live alors..... :love1:
Merci pour ces beaux extraits, ce n'est pas si souvent qu'on s'arrête sur cette musicienne !

Elle a passé une partie de sa vie à Paris au début des années cinquante, elle avait une autre particularité, elle préférait chanter assise, cette posture lui convenait, ce qui va à l'encontre de ce qu'on enseignait dans toutes les écoles de chant !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 22 août 2025 01:19

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MMM Quartet – Oakland/Lisboa – (2015)

Curieux nom pour une formation, mais il y a toujours une explication. Ces quatre-là se sont réunis en choisissant les trois « M » de Mills Mafia Music qui évoque la « Mills High School d’Oakland » où les quatre musiciens improvisateurs ont été profs au même moment.

Ah ! Oui, il s’agit d’un beau mélange, une française, un anglais, un suisse et un américain. C’est à dire Joëlle Léandre à la contrebasse, Fred Frith à la guitare électrique, Urs Leimgruber aux saxs ténor et soprano et Alvin Curran au piano, aux synthés et aux samples. Ils sont également créateurs des compos, ce qui est évident car tout ici est question d’improvisation.

Ils se connaissent et se rencontrent chacun les uns les autres, petits soldats de l’impro qui sont prêts à fourbir leurs instruments en toute occasion, pourtant pas souvent rassemblés dans cette totalité-là. J’avais déjà pourtant parlé du « Live At The Metz' Arsenal » de deux mille douze, l’autre rencontre enregistrée.

Celui-ci a été capté un huit août deux mille quatorze, au festival « Jazz Em Agosto » à Lisbonne, et le voici publié par Rogue Art. Cinq titres se succèdent et présentent un très large spectre sonore avec des ambiances et des atmosphères très différentes. Les amateurs de free sont habitués de ces exercices, il n’y a finalement guère où se perdre, juste écouter…

On peut affirmer que l’album est vraiment réussi, particulièrement pour les paysages sonores qui se construisent à partir de l’expérience de chacun, de l’écoute des autres, et du bonheur de partager et de construire.

Cette musique est carrément cool, bien balancée, un peu rugueuse sur la première pièce légèrement bruitiste, « Belem », puis tout se calme et s’arrange, même s’il peut y avoir une courte récidive ici ou là. On entend la voix de Joëlle parfois qui porte dans le lointain.

La dernière pièce « Alfama » se démarque également par d’étranges références dont elle se charge, puisant dans le passé. Puis tout s’effondre doucement et s’en va… Un très bel album qui respire par la beauté des pièces centrales qui sont là, « Millsmont », « Bario Alto » et « Maxwell Park ».

Millsmont
Alfama
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 22 août 2025 08:50

Et voici Django Reinhardt, il est né en Belgique, il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il décrive une place de Bruxelles, la place « De Brouckere » qu’il fait revivre avec sa guitare, on y devine une activité grouillante et joyeuse, tout un monde qui s’active plein de vie, peut-être un marché, des halles, où simplement des passants qui la traversent, s’éclipsant ensuite dans les rues adjacentes.

Chacun sait qu’il manque deux doigts à la main gauche de Django, qu’il perdit lors de l’incendie de sa roulotte, pour autant quelle virtuosité dans son jeu de guitare, c’est véritablement époustouflant !

Autodidacte il était un improvisateur exceptionnel et composait énormément, grâce à lui le métier de « copieur » existât, il ne savait en effet ni lire ni écrire les notes, c’est donc un copieur qui devait les mettre en forme pour fixer dans le temps ses magnifiques compositions.


Django Reinhardt - Place De Brouckere - Paris, 13 November 1947
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 23 août 2025 01:40

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Miles Davis - Miles Smiles - (1967)

Il est arrivé qu’un jour de soixante-trois, Miles embaucha le pianiste Herbie Hancock, le contrebassiste Ron Carter et le très jeune Tony Williams, puis une série de saxophoniste ténor, George Coleman, Sam Rivers et enfin Wayne Shorter….

Et là on appuie sur le bouton pause, un premier album est enregistré, mettant en œuvre ce qu’on appela son « Second Great Quintet », ou « Quintet de rêve » par chez nous, c’est l’album « E.S.P. » de soixante-cinq qui semble quasi parfait, mais voilà qu’un événement inattendu se produit, « Miles Smiles » qui suit est probablement encore meilleur…

Mais le secret resta bien gardé, d’ailleurs personne n’en parle, encore aujourd’hui seuls les aficionados sont au courant, non pas qu’ils tiennent tant que ça à le garder par devers eux, mais ils n’y peuvent rien : il y a là forcément une raison cachée, une sorte de mystère à percer.

La pochette est pourtant très commerciale et le jeu de mot pour le titre bien trouvé, la présentation est bonne, il faut que ce secret se cache dans la musique. Peut-être est-elle terriblement en avance, torturée et presque torsadée, comme si elle n’appartenait au fond qu’aux musiciens eux-mêmes.

Ecoutez Tony Williams, le gamin, complètement habité comme sur l’incroyable « Freedom Jazz Dance » qu’il pulse, à la façon d’un damné. « Gingerbread Boy » qui suit est également effréné, presque frénétique, Miles se dévoie, il frôle le free, au bord de la glissade, retenu par Ron Carter qui se bat face aux démons !

Ecoutez Tony et Ron, et même Herbie à l’heure du solo, ils envoient dans la dissonance, la liberté trouvée, qui claque, étonnante ! Chacun sait que Miles n’aime pas le free, il en a fait son credo, et pourtant, tout semble basculer, sur la cime, tout près du précipice !

Ça avait l’air pourtant bien parti avec « Orbits » de Wayne Shorter, pourtant déjà Wayne découpe son discours à la Sonny Rollins, puis s’en va loin, dans les ombres, pourtant le grand producteur Teo Macero est de retour, Miles s’est fâché avec lui car il a sorti « Quiet Nights » en soixante-trois, contre l’avis de Miles qui ne souhaitait pas la publication de ces bandes chipées de droite et de gauche. C’est l’album de son retour, l’admiration mutuelle en est la cause, oui, l’affaire est sur de bonnes bases, juste laisser couler…

« Circle » de Miles, la pièce lente, ça va aller, d’ailleurs chaque titre ici ne donne lieu qu’à une seule prise, la première est la bonne. Pourtant « Circle » semble se déformer, défiguré comme un caoutchouc qui s’étire, mais ça tient…

Et puis tout à la fin de la dernière pièce, on entend la voix de Miles dire « Teo, rejoue-nous ça ! Teo ? Teo ? Teo ? Teo, rejoue-nous ça » !

Chef d’œuvre encore à découvrir...

Footprints
Freedom Jazz Dance (Evolution of the Groove)
Gingerbread Boy
Miles Davis - Circle
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 23 août 2025 10:21

Voici la chanteuse Ella Fitzgerald en petit comité, comme je préfère, le vingt décembre 1947.

Un standard comme elle les aime, mais sans ostentation et avec toute la simplicité requise, Leonard Graham est à la trompette, John Lewis au piano, Ray Brown qui lead à la contrebasse ainsi que Joe Harris à la batterie accompagnent Ella sur « How High The Moon » !

Ella Fitzgerald - How High The Moon (20.12.1947)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 24 août 2025 04:28

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Karen Borca Trio, Quartet & Quintet – Good News Blues (Live At The Vision Festival, 1998 & 2005)

Karen Borca est bassoniste, cet instrument que l’on entend plus souvent dans les orchestres symphoniques et dans les musiques écrites. Elle est également la compagne du saxophoniste de légende Jimmy Lyons, qui joua longtemps aux côtés de Cecil Taylor. C’est ce dernier qui l’a incité à entamer une carrière free, car elle a également joué à ses côtés.

Le basson est un instrument à vent de la famille des bois, son nom vient de « bas son », c’est donc un instrument grave, mais il n’a pas la rondeur de la clarinette basse par exemple. Il semble plutôt sec, un peu aigre, mais il peut descendre jusqu‘au « la » grave, ce qui est rare.

C’est dire que l’expérience sonore proposée ici est extrêmement peu courante, car non seulement il y a un basson, mais il est l’instrument de la leader, ce qui le met au premier rang, « à la fête » pourrions-nous dire, d’autant que Karen Borca compose également. Rien que pour ça l’expérience est tentante et vivifiante.

Quatre pièces sont jouées, les trois premières ont été captées en live le vingt-cinq mai quatre-vingt-dix-huit au « Vision Festival » à l’Angel Orensanz Center de New-York. La dernière pièce est plus tardive, elle a été jouée le dix-neuf juin deux mille-cinq, toujours au « Vision Jazz festival ».

Outre Karen, le contrebassiste William Parker joue sur les trois premières pistes. On entend Susie Ibarra à la batterie sur la seconde et la troisième pièce et Paul Murphy sur la première, Rob Brown joue de l’alto sur les pièces deux à quatre également.

Sur ces pièces Karen n’hésite pas à se mettre en avant, livrant avec énergie toute l’originalité du basson, elle en joue avec vélocité et engagement, dans l’esprit du jazz, avec générosité elle expose la sonorité boisée avec ce son légèrement crispé et âpre qui surprend et étonne, mais va bien. Son flux est impressionnant et ne marchande pas, puissant il avance et fracasse. Il y a comme un bourdonnement dans ses attaques, un son guttural qui vient de loin et signe sa trace. Point de rondeur ni de douceur, une acidité rêche à l’avant.

C’est impressionnant.

Et comme à l’arrière ça envoie sans cesse et ça pulse fort, l’expérience se montre jouissive, avec la longue pièce « Cambiar » en exemple parfait. Mais il faut également parler de Rob Brown au sax alto qui se montre vaillant et imaginatif aux côtés de Karen, à la fois contraste parfait et complétude espérée.

La dernière pièce « 45 Hours/New Piece » est encore plus longue frôlant les vingt-cinq minutes. Rob Brown est toujours là, la légende Reggie Workman ainsi que Todd Nicholson remplacent William Parker, et Newman Taylor-Baker tient la batterie.

Il y a moins de frénésie sur cette dernière pièce mais elle ne manque pas de finesse et d’une certaine fragilité, malgré les deux basses qui se complètent à merveille. Sans trop insister il faut remercier le label Nobusiness Records qui permet à Karen d’enregistrer son premier album en tant que leader en déterrant ces vieilles bandes. Tout en remarquant qu’un album réunissant le batteur Paul Murphy et Karen est paru en deux mille vingt-quatre chez Relative Pitch Records, mais les dates d’enregistrement ne sont pas précisées.

Good News Blues
Something
Cambiar
45 Hours / New Piece
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