FLAMIN' GROOVIES (Bio)

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FLAMIN' GROOVIES (Bio)

Messagepar alcat01 » 06 Fév 2013, 19:04

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The Flamin Groovies est un groupe mythique de Rock Américain formé à San Francisco en 1965, adoré par des fans souvent inconditionnels, mais un peu oublié aujourd'hui.
La formation a toujours été à contre courant, en dehors de son temps, mais elle a su, à l'instar des Stooges ou des New York Dolls, cristalliser le temps de quelques disques, quelques-uns des ingrédients essentiels du genre, que peuvent être le panache, la pulsion et le mordant.

Leur histoire commence à San Francisco où Cyril Jordan et Roy A. Loney décident de former, en 1965, un garage band inspiré par les Rolling Stones, The Chosing Few, autrment dit, les élus.
Le groupe finit par changer de nom par la suite et devient The Flamin' Groovies.
Le line up se compose alors de Loney au chant, de Jordan à la guitare et au chant, de Tim Lynch à la guitare, de George Alexander à la basse et de Danny Mihm à la batterie.
L'orientation musicale du groupe change avec son nom et la formation s'inspire alors des Lovin' Spoonfull et de ce que l'on peut appeller la Jug Band Music ou encore Good Time Music.
Mais déjà, en pleine période Flower Power, leur musique est hors mode et personne ne veut les signer.

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Alors ils enregistrent eux-mêmes un mini LP, "Sneakers", qui, s'il n'est pas un monument du rock, a le mérite de les faire connaitre.
Leur chance se présente enfin en 1968 avec un contrat signé avec Epic, une branche de CBS.
A l'époque, tout ce qui porte cheveux longs est signé par les maisons de disques qui aimeraient bien avoir leurs Beatles, Stones, Byrds ou Doors.

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Le groupe enregistre alors "Supersnazz" et ils prennent leur temps pour le faire, environ un an.
Le disque coûte par conséquent horriblement cher à produire et il va même mener Epic près de la ruine, et de plus, il ne se vendra que très peu!
Et pourtant, c'est un excellent album où les Groovies montrent qu'ils sont un groupe avec lequel il faut compter. Ce disque est un véritable concentré de Rockabilly comme on n'en faisait plus depuis bien longtemps.

Le morceau d'ouverture "Love Have Mercy" débute en fanfare avec un riff accrocheur dans un pur style Stones. "Bam Balam" a des airs de Rag Time New Orleans, "Around The Corner" a des choeurs à la Beach Boys, "Somethin' Else", est une formidable version du classique d'Eddie Cochran. Les Groovies doivent bien être les seuls à reprendre "Rockin Pneumonia And The Boogie Woogie Flu" de Huey Piano Smith à cette époque.
Mais cette versatilité musicale et les références aux pionniers du Rock nuisent alors paradoxalement au groupe.

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Car si les Groovies ont réellement les cheveux longs, ils seraient plutôt cuir et cran d'arrêt que chemises à fleur et joint. Ce qui se confirme d'ailleurs avec leur second album "Flamingo" sorti en 1970.
Ce disque est très influencé par Detroit où le groupe a vu la lumière, en particulier le MC5 et les Stooges.
"Flamingo" est un manifeste de Rock lourd, déchiré par des solos de guitare écorchés et une batterie phénoménale.
Cependant l'album est assez inégal avec des choses peut-être un peu longuettes mais il vaut largement l'écoute, ne serait-ce que pour "Comin' After Me" et son riff imparable, une version frénétique du "Keep A Knockin'" de Little Richard et surtout "Headin For The Texas Border" où les guitares de Jordan et de Lynch entament une cavalcade haletante.

Spécialisés dès leurs débuts dans les reprises des Rolling Stones et des chansons que les Stones avaient reprises, ainsi que dans le Rock'N'Roll des années 50 de Chuck Berry, ou Eddie Cochran, c'est le choc d'un concert du MC5 à Detroit en 1969 qui va les amener à radicaliser encore plus leur démarche et à enregistrer dans l'urgence.

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C'est en 1971 que les Groovies sortent certainement le meilleur album de leur première période, "Teenage Head" où les Groovies s'amusent brillamment à imiter les Stones.
On pourrait presque dire que ce disque est l'album que les Rolling Stones n'ont jamais enregistré.

La pochette est le reflet de ce qu'étaient les Groovies à l'époque: Cyril Jordan, assis au premier plan, lunettes noires avec Dan Armstrong transparente, Roy Loney appuyé sur un ampli, cigarette au bec, George Alexander, les mains sur la batterie, lunettes noires aussi, Tim Lynch et Danny Mihm, en arrière plan, semblent défier le spectacteur et lui dire: "et alors?".

La musique est composée de classiques ou presque!
"High Flyin Baby" qui pourrait être du Captain Beefheart première période, "City Lights" jolie ballade urbaine plombée, "Have You Seen My Baby" de Randy Newman qui n'a certainement jamais imaginé que l'on puisse jouer son morceau comme ça.
"Yesterday's Numbers" qui est plus Stones que les Stones, "Teenage Head", rock speedé, affolant, repris maintes fois par de nombreux groupes sans jamais égaler l'original, "Evil Hearted Ada" qui devient grâce à Loney un titre qu'Elvis aurait pu enregistrer s'il avait été le frère de Johnny Rotten. Le disque se conclut avec "Whiskey Woman" qui après un début mid tempo évolue vers un final frénétique où Loney et Jordan se distinguent.

Teenage Head est le chant du cygne du groupe première version car les dissensions musicales dans le groupe vont aller crescendo entre les deux leaders, Roy Loney et Cyril Jordan.

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De 1972 à 1983, les Flamin' Groovies vont incarner une certaine idée du Rock & Roll. Qu'on ne s'y trompe pas : cuir noir ou dandys 60's, leur musique est de la dynamite !
De "Slow Death" à "Jumpin In The Night", du cuir noir clouté aux costumes dandys 60's, le groupe ne renie rien de ses racines même si Cyril Jordan se laisse entrainer parfois un peu loin par sa fascination pour l'âge d'or des années 60.

Peu après la sortie de "Teenage Head", Roy Loney quitte le groupe suite à un profond désaccord avec Jordan qui veut orienter les Groovies vers une musique à la Byrds, Beatles. Cyril Jordan donnera, en quelque sorte, une orientation nettement plus British Pop aux Groovies qui apparaitront dès lors toujours un peu plus décalés.

Tim Linch part aussi car son pays le réclame pour l'envoyer à l'armée. Arrivent alors James Ferrel et Chris Wilson.
En 1971, après le départ de Loney arrive le chanteur et guitariste Chris Wilson qui, avec Jordan, commencent à déplacer le groupe dans une direction plus ouvertement Power Pop.
Ce dernier vient des Loose Gravel où il avait joué avec l'ancien Charlatans, Mike Wilhelm (qui rejoindra les Groovies pour "Now" et "Jumpin' In The Night").

C'est à ce moment, vu le peu de succès aux U.S.A., que les Groovies émigrent en Europe où ils rencontrent Dave Edmunds, guitariste surdoué, fan de rock fifties, de Phil Spector et surtout propriétaire d'un studio d'enregistrement, le Rockfield Studios.
Il fait signer au groupe un contrat avec United Artist.

Les Groovies enregistrent alors deux singles : "Slow Death", "Married Woman" et "Talhassee Lassee", "Get A Shot Of Rythm And Blues" (1972).
"Slow Death", une chanson anti-drogue co-écrite par Loney est devenu ce que l'on appelle un "classique" maintes fois repris (Dictators, Barracudas, Scientists, Street Walkin' Cheetas, Webb Wilder). Mais, à l'époque, cela ne marche pas.
Lors d'une tournée en France, ils rencontrent à Paris, Marc Zermatti, propriétaire d'un magasin de disques "L'Open Market", qui devient un fan absolu du groupe. Pour leur permettre d'enregistrer il crée le label Skydog sur lequel il sort en mai 1973 un EP du groupe, "Grease", qui comporte notamment des versions 'live dans le studio' de "Slow Death" et de "Sweet Little Rock'n Roller" de Chuck Berry.

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Trois ans après, les Groovies sortent un album étrange appelé "Shake Some Action" qui connaîtra un petit succès.
Sorti en 1976, le disque a été enregistré aux Rockfield Studios de Dave Edmunds et produit par celui-ci. Le groupe se met dans la tête d'imiter les Beatles de 1962, et de sonner totalement Mersey Beat.
Étrange parce qu'entièrement dédié à cette recréation du Mersey Beat par un groupe Américain, le tout en pleine vague Punk. Pour bien marquer le coup, tous les membres du groupe arborent même costumes Carnaby Street vintage 66 et coupes Beatles sur la pochette.
Mais ce n'est pas qu'une copie conforme du son et des groupes de l'époque et cela ressemble plutôt à un groupe punk fan des Rolling Stones qui interprète les Byrds et les Beatles.
Le titre phare de l'album, "Shake Some Action" marche assez bien mais on pourrait aussi citer "Let The Boys Rock'n Roll" que n'auraient pas reniés les Lovin Spoonfull (normal, c'est une reprise du groupe de John B Sebastian), "You Tore Me Down", "Please Please Me" plus Beatles que les Beatles ou "Don't You Lie To Me" très early Rolling Stones.
Les amateurs du genre considèrent ce disque, méconnu, comme leur chef d'oeuvre absolu, enchainant les pépites Pop, centrées autour des subtils entrelacs de guitare de Jordan.

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Vont suivre alors deux albums dans la même veine, "Now" en 1978 (avec deux reprises à tout casser: "Move It" de Cliff Richards et "Ups And Downs" de Paul Revere And The Raiders) et "Jumpin' In The Night" en 1979.

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Ce dernier est très marqué par l'obsession de Jordan pour les sixties avec pas moins de neuf reprises et tout de même les excellents "Jumpin' In The Night", "Down Down Down" et "First Plane Home".

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Ensuite les tensions dans le groupe s'exacerbent et il ne reste plus que Cyril Jordan et Dave Alexander de la formation originale.
Skydog sort un single en 1981, "River Deep Mountain High", et un album en 1983, "The Gold Star Tapes", mais l'esprit n'est plus là.

Par la suite Jordan et Alexander continueront de faire vivre le nom des Groovies jusqu'à la fin des années 80 mais sans jamais retrouver ce qui en avait fait un groupe culte.

Après quelques ré-enregistrements de leurs disques les plus anciens avec seulement Jordan et Alexander du groupe d'origine, les Groovies sont dissouts en 1992.

Cyril Jordan a aussi enregistré avec les Sneetches, en 1991, un album où ils revisitent le répertoire des Groovies seconde mouture.
Il a aussi monté un groupe Magic Christian en 2004 qui fait une Power Pop de bonne facture.
Il a retrouvé, ces dernières années, son frère ennemi, Roy Loney, lors de concerts où ils ont repris quelques classiques du bon vieux temps.

The Flamin 'Groovies se produisent même en tête d'affiche lors du 'Azkena Outdoor Rock Festival' à Mendizabala, en Espagne, le 11 Septembre 2004.

En 2008, Loney et Jordan se réunissent et se lancent dans une tournée rapide, soutenue par les membres de The A-Bones et Yo La Tengo.

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Une autre réunion à plus grande échelle apparaît sur le nouvel album de Chris Wilson, "Love Over Money" sorti en 2010.
Roy Loney, George Alexander, James Ferrell et Mike Wilhelm apparaissent tous sur le CD, tout comme le claviériste légendaire de Procol Harum Matthew Fisher et le guitariste des Barracudas, Robin Wills. L'album est disponible sur un label français Rock Paradise.

En 2013, Cyril Jordan, Chris Wilson et George Alexander se réunissent pour la première fois depuis 1981.
Accompagné du batteur Victor Penalosa, le trio retourne en studio pour enregistrer des nouveaux morceaux et peaufiner d’anciens titres inachevés.
Le groupe assure ensuite des concerts au Japon, en Australie, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France.

Rockers en plein boom hippie, Mersey Beat en pleine tornade Punk, les Flamin' Groovies ont toujours été en dehors (en avance?) de leur temps et on peut se réjouir que la mort lente n'ait pas eu leur peau, que Loney et Jordan continuent à s'agiter sur les scènes Américaines et Européennes.

Discographie:

Sneakers (1968)
Supersnazz (1969)
Flamingo (1970)
Teenage Head (1971)
Slow Death (1972)
Still Shakin' (1976)
Shake Some Action (1976)
Flamin' Groovies Now! (1978)
Jumpin' in the Night (1979)
One Night Stand (1987)
Step Up (1991)
Rock Juice (1992)
Rockin' at the Roundhouse (1993) (live recordings de 1976 à 1978)
Bucket of Brains (1995) (the original 1972 Rockfield sessions plus the original version of Shake Some Action)
The Flamin' Groovies In Person (1971 live recording) (2006)

Sources: wikipedia, Jacques Becker
Dernière édition par alcat01 le 10 Avr 2014, 19:49, édité 4 fois.
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Re: FLAMIN' GROOVIES (Bio)

Messagepar Muswell » 25 Oct 2013, 21:51

bravo pour la bio :respect:

mes indispensables, Flamingo et surtout Teenage Head (le meilleur disque des Stones et quelle pochette !) mais aussi Supersnazz, parce que je préfère la période Roy Loney, plus stonienne, avant que C. Jordan, grand fan des Beatles, ne prenne la main et que Chris Wilson ne prenne le train en route

mais Shake some action (autre pochette splendide) est un bijou aussi, grâce entre autres à la prod aux petits oignons de Dave Edmunds

Now est très bon ainsi que Jumpin' in the Night que je trouve cependant trop partagé entre différentes influences

le reste est plus anecdotique pour moi, voire moyen

Alain Feydri a écrit un bon bouquin sur le groupe, Le Feu sacré ( http://julieprod.chez-alice.fr/flaminbook.html )très instructif sur les débuts, sur la rivalité Loney/Jordan, etc

ps Love over money de Chris Wilson est agréable mais sans plus, à mon avis bien sûr, de la bonne pop rock mais franchement c'est gentillet
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Re: FLAMIN' GROOVIES (Bio)

Messagepar alcat01 » 10 Avr 2014, 19:48

mise à jour effectuée!
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