hexbreaker a écrit:Ben-J a écrit:La première biographie du grand Jack . c'est intéressant même si les chroniques d'albums sont un peu rapides .
Comment trouves tu la traduction ?
J'en suis presque à la fin.
Déjà, pour évacuer les sujets de forme :
- La rédaction est assez hyperbolique mais ce n'est pas vraiment gênant. Globalement, ça manque un peu de structure mais, pareil, c'est un style donc ça va.
- La traduction ... Et bien ... elle est assez foutraque. Discordances de temps, expressions idiomatiques traduites à peu près telles quelles, phrases mal foutues. Si l'on compare avec la traduction qu'a faite Nicolas Richard du bouquin de Mick Brown "Phil Spector le mur de son", on est très très loin du compte.
- Les fôtes : y'en n'a pas !!!
Un tour de force pour Camion Blanc. Et une confirmation du soin qu'ils apportent désormais à la qualité rédactionnelle.
En ce qui concerne le contenu :
On commence par un tour détaillé de la ville de Detroit.
On s'y croirait tellement ça fourmille d'informations et de détails. Rosedale Park, Indian Village, Mexicantown : le quartier où a grandi John Gillis aka Jack White.
Le 1203 Ferdinand où il vivait, aussi appelé Third Man Studios : ils y ont enregistrés leurs 2 - ou 3 ? Je ne me souviens plus - premiers albums (d'où le son un peu craspect), mais aussi Fells, Clones Defects, The Green Horns et tout un tas de groupes copains.
A la lecture, on se sent déambuler dans les rues sales avec, en pointillés, les maisons abandonnées et les zonards de toutes origines. Tout ça se passe à la fin des années 1990 ; la ville a déjà connu un exode massif des Blancs après les émeutes de 1967. 80% de la population est formée d'Afro-Américains issus des Noirs pauvres du Sud venus émigrer en ville pour y chercher un travail ... qu'il n'y avait plus. La forte présence de ces émigrés du Sud n'est pas neutre quant à la couleur musicale de la ville.
On sent bien l'abandon de l'industrie, notamment automobile, qui mènera Detroit à la faillite financière en 2013.
Cette partie est déjà hyper intéressante pour comprendre le contexte d'évolution du jeune White.
Ensuite, l'auteur a la même obsession de précision pour ce qui concerne les groupes gravitant dans ces dizaines de petits clubs qui les accueillent tous pour jouer devant 5, 10, 20 ou 50 personnes tout au plus. Jack White, à cette époque, jouait dans 4 groupes à la fois (en plus de son métier de tapissier).
On retrouve la liste de ces groupes dans le bouquin mais surtout des commentaires de leurs membres. Tiens, ça me fait penser qu'on peut voir White (à la batterie, son instrument d'origine) avec Goober & The Peas dans un clip de fort belle facture, sans parler du titre qui est excellent :
Tout ça se mélange, s'hybride, s'inspire. Passionnant. Y planent en permanence les ombres de MC5 et de Led Zeppelin.
Puis l'auteur entre dans l'histoire de White Stripes à proprement parler, et celle de leur triomphe auquel personne ne s'attendait, à Detroit du moins.
Les inspirations de Jack et Meg White sont explorées : de Son House, Charley Patton aux Stooges, Captain Beefheart en passant par Dylan, Loretta Lynn ...
Puis leur mode de fonctionnement, etc.
Bref, un excellent bouquin qui pose bien "l'écosystème" de Jack et Meg White, mais dont la lecture est un peu altérée par la traduction française ; après, on n'est pas là pour lire du
Marc Levy Camus non plus, hein. Mais une traduction un peu plus bossée aurait vraiment donné une autre gueule à ce livre ... Qui en a déjà beaucoup.