CLOVER (Bio)

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CLOVER (Bio)

Messagepar alcat01 » 18 Juin 2015, 16:57

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Clover fut un groupe de Country Rock Américain formé à Mill Valley, en Californie en 1967 et composé, à l'origine, du bassiste Johnny Ciambotti, du guitariste John McFee, du chanteur-guitariste Alex Call et du batteur Mitch Howie.
Call était un chanteur-guitariste de talent extraordinaire. Sa voix de ténor apaisante, rappelant parfois Jackson Brown ou Billy Joel, fut la pierre angulaire de Clover, gaie, mais passionnée.
McFee, quant à lui, était un monstre de guitare.
Etant l'un des derniers maîtres des harmoniques de guitare, il a pris place sur la scène Rock contemporaine et ses sensibilités judicieuses lui vaudront beaucoup de travaux de session, dont un avec Elvis Costello. Il sera également le remplaçant du quasi légendaire Jeff "Skunk" Baxter (le premier guitariste de Steely Dan) lorsque celui-ci quittera the Doobie Brothers.
Le troisième visage qui deviendra familier avec le temps était un garçon maigre aux cheveux noirs, du nom de Sean Hopper, qui jouait de l'orgue.

Ils sont surtout connus comme groupe support du premier album d'Elvis Costello sorti en 1977, "My Aim Is True", enregistré au Royaume-Uni, et pour ses membres qui, plus tard, formeront ou de rejoindront des groupes plus connus, Huey Lewis and the News, The Doobie Brothers, Toto, et Lucinda Williams.

Mais, chaque chose en son temps, et tout commence véritablement avec Johnny Ciambotti:
Alors qu'il était à l'Université de Californie à Los Angeles, il avait rejoint un groupe de Bluegrass appelé The Valley Boys qui furent bien connus dans le circuit Bluegrass de L.A.
Après une visite de deux jours à San Francisco, Ciambotti était tellement excité par ce qu'il avait vu qu'il quitta Los Angeles et déménagea à Frisco avec sa famille.
Là, il joua de la basse pour un groupe appelé The Outfit (géré par Bard Dupont, ancien bassiste avec Great Society) qui avait utilisé la même salle de répétition que Moby Grape, et ils jammèrent régulièrement avec The Tiny Hearing Aid Company à the Muir Beach Tavern.

C'est lorsque Ciambotti rejoignit ce dernier qu'ils changèrent leur nom en Clover.
Le son de Clover passe du 'Bay Area psychedelia' à un son Country Rock alors en plein essor, comme Creedence Clearwater Revival.
Le premier concert de Clover eut lieu le 4 Juillet 1967.
Ils passèrent quelques années à jouer autour de la Bay Area en s'installant à Mill Valley.
Ils jouèrent dans des lieux comme l'Avalon et le Fillmore, avant de signer avec Fantasy à l'Eté de 1969.

Clover n'a jamais vraiment été reconnu comme faisant partie du 'San Francisco Sound', car à San Francisco, ils étaient considérés comme un groupe de Mill Valley.
Il n'y a cependant pas vraiment de 'son de San Francisco' distinctif, du moins pas depuis le début des années 70. Le son de Clover est celui de la liberté, d'un groupe pas entravé par des tendances de Los Angeles, New York ou Londre , désireux d'être influencé par tout le monde et toute chose et puis faire un mélange de tout cela mais d'une manière originale.
Ce sont des gars qui ont grandi avec la radio de San Francisco dans les années soixante quand vous pouviez entendre Otis Redding, the Kings, the Flying Burrito Brothers, Bob Dylan, Janis Joplin, and Quicksilver Messenger Service sur une seule station.
Grâce à cela, ils ont pu construire un son éclectique et original.

En un sens, le soutien de la musique live de San Francisco a été à la fois une bénédiction et une malédiction.
En raison de sa tolérance pour diverses formes de musiques et sa multitude de salles de concert, des groupes comme Clover pouvaient jouer dans un certain nombre d'endroits pour de chaudes réceptions.
Malheureusement, l'illusion qui se créait faisait croire que votre groupe était devenu populaire, allait dans différents lieux - alors qu'en vérité, vous ne pouviez pas aller au-delà de l'amortissement de ce circuit local.

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C'est en 1970 que sort leur premier album intitulé "Clover" sur Fantasy Records (label de Creedence également), enregistré dans des conditions assez primitives.
Le producteur n'est autre que Ed Bogas, ancien musicien de groupe United States of America, qui composera en 1972 la musique de "Fritz the Cat", entre autres.
Evidemment, leur musique n'est pas essentielle, mais l'album est plein de compositions et de mélodies originales solides avec un jeu de guitare très impressionnant de la part du sous-estimé John McFee, et les reprises qu'ils jouent sont également très inspirées. La plupart sont des bons morceaux, surtout "Southbound Train" et "Stealin'".

Le passé est bien représenté par la complainte à consonance traditionnelle "No Vacancy", "Monopoly" aux influences très Bakersfield, "Lizard Rock and Roll Band" avec un style de picking à la Clarence White.
L'album, comprend aussi des reprises comme "Shotgun" de Jr. Walker, à la rigueur peut-être un peu dispensable, et une jam avec aux forts échos de Creedence Clearwater Revival ou peut-être même du Grateful Dead dans le traitement prolongé qu'ils donnent au negro spiritual "Wade in the Water" qui devait facilement s'étendre sur quinze minutes sur scène, au milieu d'originaux incluant de la Country, du Blues électrique, du Jazz Rock et du Funk Rock.

"Clover" s'ouvre sur un amusant "Shotgun", une chanson de Junior Walker & The All Stars rendu sérieusement groovy.
La version de Clover a un côté funky avec un très beau travail à la guitare au moment de la courte jam.
Ils y ajoutent également certaines de leurs propres paroles, comme "...You're walking down your street / And oh, what do you hear/There's music everywhere...". ("...Tu es en train de marcher dans ta rue / Et oh, qu'est-ce que tu entends / Il y a de la musique partout...".
"Southbound Train", écrite par Alex Call et John McFee, est une jolie mélodie bluesy avec une partie instrumentale agréable.
Elle est au sujet d'un homme que sa femme a quitté, et comment il réagit à cela. Excellent travail à la fois au piano et à la guitare.
"Going To The Country", écrite par John Ciambotti et Alex Call, sonne toujours attrayant, et cette chanson propose quelques bonnes raisons pour y aller... Bien sûr, la plupart du temps, les groupes de la ville chantent les vertus de la campagne.
Ce disque propose aussi une version lente de "Stealin'" qui est une belle chanson que beaucoup de groupes de San Francisco faisaient à cette époque, y compris le Grateful Dead.
L'interprétation de Clover a un côté Country, et une douceur dans les vocaux, en particulier pendant le refrain.
Bien qu'il penche plus fortement vers le Country Rock, il y a une bonne quantité de R & B et de Blues, et ils jouent du pur Country avec "No Vacancy" qui n'est pas si loin de certains des enregistrements de Gram Parsons.
Ecrite par John Ciambotti, c'est une chanson de pure Country.
Les premières lignes sont "...There's a room in your heart for every man in town / But there ain't no vacancy for me..." ("...Il y a une place dans ton cœur pour chaque homme dans la ville / Mais il n'y a pas pas de vacance pour moi..").
C'est l'une de ces chansons Country tristes sur un gars qui ne peut pas à avoir la fille qu'il désire.
Quant à "Lizard Rock And Roll Band", c'est une chanson ridicule à propos des lézards dans le désert qui jouent du Rock.
C'est totalement stupide, mais cela peut être amusant.
Voici un avant-goût des paroles: "...They had a wizard lead guitarist, and the drummer kept the backbeat with his tail..." et "...When I went to pick him up, his tail came off in my hand..." ("...Ils avaient un guitariste assistant, et le batteur gardait le backbeat avec sa queue" et "Quand je suis allé le chercher, sa queue m'est restée dans la main...).
Leurs morceaux Country Rock sont généralement décontractés, et "Could You Call It Love" est une jolie chanson, douce et harmonieuse.
En conclusion, rien d'extraordinaire, mais des bonnes chansons bien jouées et c'est ce qui importe avant tout!

Dans le même temps, ils ont également publié un single pour Fantasy, tiré de cet album, "Wade In The Water / Stealin '" en 1970.

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Un autre album intitulé "Fourty Niner" suit en 1971, avec le même producteur que pour le premier disque.
Si leur premier album était bon, quoiqu'un peu brouillon, celui-ci est tout simplement excellent.
Le matériel n'est, cependant, qu'une riche variété de Country Music.
C'est, en effet, une progression par rapport à "Clover", la musique est plus variée et plus mature.
Les meilleurs morceaux semblent être "If I Had My Way" une reprise de Rev. Gary Davis, "Mr. Moon", le bluegrass "Chicken Butt" et "Keep On Tryin'".

L'album s'ouvre sur une jolie ballade Country composée par le probucteur, Ed Bogas. Elle sonne réellement datée.
Suit un Country Rock intitulé "Keep on Trying", écrit par H. Mc Botti, qui est rondement mené.
"Old Man Blues" d'Alex Call est un Country Blues du plus bel effet avec un bon accompagnement de la pedal steel et du piano.
"Fourty-Niner", la chanson-titre, écrite par John Ciambotti et Alex Call, est un morceau intéressant avec un rythme est simple et entêtant.
Leurs vocaux sonnent particulièrement bien quand ils harmonisent, sur des lignes comme "...Runnin' around these hills, looking for that pot of gold / If you find it, you can keep it, because by then you'll be too old...". ("...Courant autour de ces collines, à la recherche de ce pot d'or / Si tu le trouves, tu peux le garder, parce qu'alors tu seras trop vieux..."). Mais on remarque surtout le piano.
Le morceau suivant, "Sound on Thunder", écrit par Call, a un côté Creedence Clearwater Revival très prononcé pas déplaisant.
Quant à "Chicken Butt", écrit par John Ciambotti, Alex Call et John McFee, c'est un morceau de Bluegrass Country parfaitement idiot, mais leurs vocaux sonnent exceptionnels et le violon est intéressant.
La chanson est simplement comique avec des paroles absurde et ils en arrivent même à faire des bruits de poulet à un moment donné.
Ce morceau est vraiment glorieux dans son absurdité.
"Mr Moon" composé par A. Call possède une jolie partie de piano en accompagnement qui fait penser à Gram Parsons...
"Love is gone", encore un morceau de Call, est un Country Rock prononcé qui sonne un peu Byrds ou même Buffalo Springfield et le batteur Mitch Howie y ajoute des rythmes funky.
McFree montre sa maitrise de la pedal steel sur "Mitch's Tune" et "Sunny Mexico" a un côté exotique assez prononcé...
Pour les fans de Grateful Dead, "If I Had My Way", une chanson du révérend Gary Davis, est la même chanson qui est devenue "Samson And Delilah" lorsque the Dead l'a fait.
Cette version de Clover a, cependant, des paroles différentes.

Après cet album, en 1971, Clover laisse Fantaisie et fait peu de bruit jusqu'à ce qu'ils déménagent pour l'Angleterre pour lancer une nouvelle carrière en 1976.

Plus tard, le groupe enregistrera coup sur coup deux albums pendant l'année 1977, "Unavailable" et "Love on the Wire" (ce sera les premiers efforts déployés par le producteur Robert John "Mutt" Lange), avant que McFee, Ciambotti, Hopper and Shine n'épaulent Elvis Costello pour son premier album "My Aim Is True", toujours en 1977.

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Mais, n'allons pas trop vite!

Car c'est à ce moment-là que survient Hugh Cregg, (de son vrai nom Hugh Anthony Cregg III), autrement dit, Huey Louis, ou plutôt Huey Lewis, croupissant dans la Bay Area, vivant avec "une amie que j'ai laissé depuis tout ce temps," pataugant à travers une multitude de petits boulots à court terme et recherchant un groupe... Et il finit par le trouver...
Le groupe s'appelle bien sûr Clover et Huey en connaissait trois membres car ils étaient allés au lycée avec lui.

Un critique a écrit de Huey ces dernières années, "...Lewis et son groupe rappellent à ceux de nous qui sommes nés avant 1969 - il y a une rugosité, une énergie austère qui fait appel à nous qui avond été sevrés sur le rock des années soixante...".
Ce critique parlait de the News, mais il pourrait tout aussi bien pu parler de Clover - en supposant, bien sûr, qu'il ait déjà entendu parler de Clover.

"...Une des choses qui distinguent Clover des autres groupes est le genre de la nature aventureuse de leur style..." dira plus tard Huey. Il avait raison, et il serait sans doute d'accord avec le fait que si Clover avait été peu moins aventureux, il aurait certainement pu avoir un peu plus de succès.

Clover était une occasion parfaite pour Hugh Cregg: c'était un groupe local populaire, avec deux albums déjà à son actif.
Huey connaissait les gars, alors, qu'est-ce qui pourrait aller mal?
Pour une fois, le problème n'était pas que Clover ait mal tourné, tout se passait bien, mais, sans plus.
En parlant de cette période 1972-1975, Alex Call se rappelle "...c'étaient vraiment le temps des vaches maigres. Nous avons continué à jouer le circuit pendant des années et des années...".

Et ce fut ainsi que Clover trouva lui-même à jouer deux à trois sets par nuit dans les clubs de la région tels que Uncle Charlie's, Uncle Sam's, the Long Branch, Wolfgang's, the Wooden Nickel, Generosity....
Pas exactement le Fillmore ou le Shea Stadium.

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Dans un effort pour joindre une image reconnaissable à Clover, Huey suggéra que les membres du groupe portent barbiche et bérets - une vieille notion beatnik.
C'était un exemple classique d'un groupe essayant trop de choses et, ce faisant, cela compliquait davantage la situation.
"...Dans les faits, nous avons été nos pires ennemis,..." reconnaîtra Huey plus tard. "...Nous avions beaucoup de talent, mais nous avons continué à essayer de sonner au maximum comme un groupe de Rock...".

Mais, une question se pose à ce moment-là: qu'était donc la musique de Clover?
En Amérique, personne ne pourrait jamais tout à fait comprendre cela.
En Angleterre, ils l'ont appelé "Pub Rock", qui pouvait vous donner une idée de l'endroit où un groupe comme Clover pourrait être apte à jouer, mais pas quoi.
"...Je pense que la définition de Pub Rock" a déclaré Huey, "...est tout et tout, et de préférence un peu ivre -... Ce qui est exactement ce qu'était Clover. Nous ne pourrions jamais décrire la musique. Tout le monde disait: 'Comment vous décririez-vous vous-mêmes?' et nous avions essayé tout du Rock'N'Roll à une sorte de synthèse de Country, Rock, Soul, Funk. ... Alors 'Pub Rock' était aussi bon qu'une poignée de tout...". Mais il s'était toujours empressé d'ajouter, "...Et je déteste tous ces étiquettes parce que je pense qu'il y a seulement deux sortes de musique -. La bonne et la mauvaise...".
Et Clover?
"...Clover", at-il dit, "était bon...".
A sa manière, il était influent. "...Clover et Commandant Cody furent l'inspiration pour Brinsley Schwarz, the Chilly Willies, the Ducks Deluxe - tous ces groupes ont joué du Pub Rock, qui est essentiellement comme la Country, le Blues, absolument tout mis en un seul genre... une partie de James Brown, avec des violons, et toutes sortes de choses...", avait-il déclaré à un intervieweur. A sa manière, il était innovateur.
Clover n'est en aucun cas un groupe de Country & Western, mais Huey avait en partie raison quand il avait dit, "...Nous avons joué de la musique Country avant que les cheveux longs ne jouent de la Country...".
Plus tard, en tant que Newsman, il dira, "...La Country est absolument un intérêt de longue date pour moi ...".
De toute évidence, cela avait commencé avec Clover.

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En 1976, une convention de CBS Records eut lieu à San Francisco, réunissant les cracks de l'industrie de toutes les régions du monde.
Un des groupes jouant pour la Convention était les Britanniques de Dr Feelgood.
Son manager, Jake Riviera, avait accompagné le groupe qui avait aussi comme roadie guitare un démon de la musique longiligne nommé Nick Lowe.
"...Il se trouve que ces gars-là étaient des fans de Clover,..." racontera John McFee plus tard. "...Nick était dans un groupe, Brinsley Schwarz, qui était comme une copie conforme de Clover. Une de leurs chansons avaient ces paroles '...Je vais en selle et chevauche loin, vers les collines où Clover joue...".
Il s'est avéré également que Jake Riviera, avec son partenaire Dave Robinson, avait pris une part active au bouleversement complet de l'industrie de la musique.
Grâce à Stiff Records, leur exubérant label indépendant, Riviera et Robinson avaient créé un réseau de quatre jeunes talents, décalés, aventureux.
Ils seraient bientôt aptes pour découvrir Nick Lowe, Rockpile de Dave Edmunds, Elvis Costello, Lene Lovich, Graham Parker, Rachel Sweet, et à peu près tout ce qui constituait la deuxième invasion britannique.
Et Riviera et Robinson, comme Lowe, avaient entendu les deux albums de Clover sur Fantasy Records et ils avaient été subjugués par ce groupe hors du commun.

Par le plus grand des hasards, Clover jouait la nuit de la convention au Club Palomino - un concert ordinaire pour toujours le même vieux public. Mais ce soir-là, il y avait deux nouveaux visages dans la foule: Lowe et Riviera.
Après le concert, les deux associés approchèrent les membres de Clover. "...Nous avons été surpris que quiconque avec un accent anglais avait même entendu parler de nous,.." dira plus tard Huey.
Riviera en vint directement à l'essentiel: Clover perdait son temps dans l'ornière de ce circuit.
Mais le Pub Rock était grand en Angleterre - grâce, à sa manière insidieuse, à l'influence que Clover avait involontairement joué sur Brinsley Schwarz.
"...Si vous, les gars veniez en Angleterre...", déclara Riviera au groupe, "...vous les tueriez tous...".

Le plan de Riviera, qui travaillait à l'époque pour Phonogram Records, sera de les convaincre de croire en Clover, de préparer le groupe avec quelques dates, puis de faire un peu de vinyles et le regarder se vendre comme des fous.
Les garçons évaluèrent les options, considérant ce qu'ils laissaient derrière eux, puis donnèrent leur réponse. Huey rappelle: "...Nous avons dit oui, il nous a fallu trois secondes pour comprendre cela...".

Cela ne semblait pas impossible. Jake Riviera était un homme puissant - il savait tirer les bonnes ficelles et quels clubs feraient l'affaire.
Dans les années qui suivirent, la controverse entourera Riviera comme quoi certains des meilleurs artistes du Stiff auraient éprouvez des difficultés avec le label, mais son importance dans sa mise en place ne pourra jamais être nié.
Riviera savait quels boutons actionner, et, étant donné la petite taille de l'Angleterre, il fallait peu de temps. Il est généralement entendu que vous pouvez conquérir la scène musicale du Royaume-Uni tout simplement par le biais de quelques personnes bien placées et des concerts bien annoncés.
C'est pourquoi, comme le dit Huey, l'infrastructure de la musique britannique est extrêmement bien développé:
"...En Amérique, vous avez beaucoup de joueurs et pas d'entraîneurs," at-il expliqué. "...En Angleterre, il y a des tonnes d'entraîneurs. Je veux dire, la scène est vivante avec des managers, des promoteurs, des photographes, et tout ce genre de choses...".

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Riviera prendra Clover pour les pubs, où ils seront considérés comme des fils adoptifs.
La scène pub foisonnante - centrée autour de London's Hope and Anchor (connu par Huey et les garçons comme the "Hopeless Wanker") - sera à eux.
Mais une drôle de chose est arrivé à Clover sur le chemin de son premier concert. Huey en parle très succinctement:
"...Le jour où Clover a débarqué en Angleterre, the Sex Pistols ont joué leur premier concert et tout était fini. Le Punk a tout balayé...".

A peu près au même moment, des groupes Américains répondirent au mouvement.
Des groupes comme Devo, Talking Heads, et Television se trouvèrent tout à coup dans l'antichambre un marché qui semblait totalement impénétrable.

Puis il y avait donc Clover, avec les cheveux longs, un groupe amical venu de la Californie qui jouait de la musique heureuse pour des gens heureux dans les bars.
"...Nous étions donc là...", a déclaré Huey, qui en rira des années plus tard, "...un groupe de Pub Rock, en plein milieu du mouvement Punk. Nous avons été beaucoup trop amical pour le public. En fait, voilà comment nous avons appris à nous déplacer sur scène - évitant les débris qui étaient jetés sur nous...".

Clover a sorti coup sur coup deux albums en 1977 en Angleterre sur Mercury Records, dont la société mère est Phonogram.
Les deux ont été produits par Robert John "Mutt" Lange, un producteur Sud Africain dont le travail avec des stars du rock était très recherché, synonyme de disque de platine...

Mais, en Angleterre à cette époque, dans les rues inondées d'enfants aux cheveux verts et aux yeux sauvages chantant "Anarchy in the UK !," Clover semblait plus hors du coup que jamais.
Ce qui, avec le recul, est une véritable honte, car "Unavailable" et "Love on the Wire" sont de merveilleux albums.
Clover sonnait comme Southside Johnny and the Ashbury Dukes ou, plus récemment, Fabulous Thunderbirds qui ont été décrits comme des 'groupes de bar'.

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Particulièrement dans l'esprit 'groupe de bar', "Love on the Wire", enregistré avec un nouveau batteur du nom de Tony Braunagel, c' est un album nerveux et jovial.
A son écoute, on peut comprendre pourquoi Lowe et Brinsley Schwarz étaient tellement épris de ce groupe Californien inclassable.

Une des chansons de l'album, "Still Alive", ressemble presque à chaque Hit que Lowe a publié sur ses albums "Pure Pop for Now People" et "Labour of Lust records" (tous deux sortis après "Love on the Wire").
"Love on the Wire" voltige avec les guitares du duo McFee et Call, l'orgue Hammond de Sean Hopper, et le chant édifiant de Call.
Hugh Cregg n'était pas la star de Clover; il avait aidé à l'écriture de chansons, chantait un peu, et avait joué de l'harmonica.
Sur "Love on the Wire", ses moments sont relativement éphémères, mais amusants et parfois étonnants.
Dans "Oh Senorita", une magnifique ballade d'amour, l'harmoniciste joue des harmonies mélodieuses avec les deux lead guitares et un solo enragé qui donne un avantage étonnamment furieux à la chanson.
Son solo d'harmonica sur "California Kid" dépasse en quelque sorte la précédente - Call annonce "Huey!" et l'homme se lance.
Sur "Easy Love" lui et son futur compère Hopper délivrent des jolis solos un brin commerciaux.
D'autres chansons ont des moments fascinants:
L'une s'appelle "Southern Belles", une ode entraînante aux grandes chéries qui se termine avec une ville en branlebas de combat étonnamment similaire à "The Heart of Rock & Roll" de l'album "Sport" de Huey, sauf que ce sont des villes strictement Sudistes. ("Miami! Nashville! Savannah!").
Ensuite, il y a "Keep On Rolling", une chanson doowop instantanément sympathique qui est effectuée sans instruments, a cappella.
Pourtant, la chanson fonctionne bien dans le studio parce que c'est Clover qui la joue: La chanson commence avec eux riant, se taquinant l'un l'autre, criant des obscénités, et gâchant les deux premiers prises de la chanson.
Huey ne chante qu'une chanson "Is not Nobody", et sa voix n'a pas besoin d'introduction ... mais on perçoit sa timidité, sa réticence sur certaines paroles, à monter en flèche pour les notes hautes. Huey Lewis, le chanteur, n'était pas encore arrivé.

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Sur le verso de la pochette de "Unavailable", le nom de Huey est orthographié "Huey Louis."
Le son semblait lumineux et gaie, mais en vérité, c'est le son du désespoir.

Avec Huey Louis et un nouveau batteur du nom de Micky Shine, Clover enregistre donc "Unavailable", leur dernier album pour Phonogram.
Finie "Chicken Funk", et aussi, malheureusement, leur version a capella épique de "Chain Gang", mais il y a plusieurs nouvelles chansons soignées sur cet album, qui est produit par Robert John Lange qui fit la renommée de Graham Parker (entre autres).
Pour Huey, "Unavailable " offrait de nouvelles opportunités vocales: Il partage les vocaux avec Call sur environ la moitié des chansons, mais il continue à sonner comme un styliste noir et pas encore comme le Huey Lewis d'aujourd'hui.

L'album est éclectique et, seulement à la fin de la deuxième face, le son Country attendu faire son apparition, avec "Santa Fe", un excellent morceau au demeurant, évoquant le Clover d'antan et aussi sonnant un peu comme un assez bon Eagles ou Pure Prairie League.
À certains égards, il est ambitieux avec beaucoup de pedal steel guitar, avec des cordes et la présentation générale rappelle l'un des album classique de Steely Dan, "Aja".
"Unavailable" sonne ainsi comme un groupe qui a renoncé.
C'est un album solitaire qui regorge de ballades à propos de rupture.

Certains des messages des chansons sont enveloppés - "Santa Fe" est l'histoire d'un vieil homme qui veut rentrer chez lui, et "Fairweather Fan" aborde la loyauté d'une personne à de bons moments et non son abandon pendant les moments difficiles, le tout sur un ton désolé.

Clover est explicite dans "Streets of London", un triste conte de solitude en terre étrangère; les paroles spéculent sur s'il y a ou non du soleil en Californie.

"Show Me Your Love", la dernière chanson de l'album, sonne un peu comme Nesmith instrumentalement parlant, mais ce sont les deux seuls morceaux Country, à moins de compter les deux ballades romantiques que sont "I Lie Awake And (And Dream Of You)", extraordinairement sous-estimée, et "Leavin' Is", mais celles-ci sont encore autres choses, plus ou moins approximatives de la jolie musique de style Don Williams. Un son différent, mais la même accessibilité.
Dans une autre chanson, le rythme est enjoué et les solos ont la texture d'une soirée; le titre est tout simplement "The Storm". Malgré le fait qu'il semble provenir du même coin que le travail plus réfléchi de Steve Miller, il est peut-être un peu trop long.
Dans la catégorie 'funk blanc', une spécialité du groupe, "Love, Love" et 'Take Another Look", sont tous deux construits pour de jolis vocaux doo-wop, et il y a "Child Of The Streets" qui semble posséder une idée un peu galvaudée.
"Fairweather Fan" est une très légère chanson qui laisse très peu d'impression, mais "Streets Of London" est une chanson agréablement morose de nostalgie.
Le solo d'harmonica de Huey sur "Fairweather Fan" est parmi les plus brillants moments de l'enregistrement: Il est livré avec l'intensité d'un saxophone, mais avec la grâce et la fluidité que l'on associe avec une guitare.
C'est seulement du Rock'n'Roll, et c'est seulement un harmonica, mais c'est du joli travail.
Huey avait vu d'autres chanteurs non formés saisir le microphone avec autorité; aussi sa confiance en lui a grandi. Il se frottait les coudes avec des musiciens d'avant-garde comme Elvis Costello.

Cet album est donc tout à fait intéressant, de par le fait qu'il fut enregistré au moment de l'avènement du Punk.

"...Le pauvre Clover passa cinq années à essayer d'être signé...," se rappelle Huey, "...et il traversa toute la routine des "...Montrez-nous un Hit. "Nous leur avons montré plus. "...Nous voulons un single..." Nous leur avons montré un single ... je viens de dire, à l'enfer avec ça...".

Bien que Clover ait tourné en Grande-Bretagne, en ouvrant pour des groupes à succès comme Graham Parker AND The Rumour, Thin Lizzy et Lynyrd Skynyrd, ils ont échoué à trouver leur propre public.
Le mouvement punk, the Sex Pistols en tête, les en a empêché.

Et la fin du groupe est venue avec l'annonce de John McFee qui les quittait pour rejoindre ce qui serait la dernière version des Doobie Brothers. McFee était tout simplement fatigué d'être fauché et n'allait nulle part.

Malgré l'échec de Clover, le départ de McFee laissa Huey dans la panique.
"...Ce fut la partie la plus difficile," at-il dit de son séjour en Angleterre. "Parce que je pensais, ici, je suis un harmoniciste et quelles sont mes chances de faire un concert comme harmoniciste?...".
"...À certains égards, cela aurait pu être pire. Après tout, comme Huey le fait observer, "Il n'y a pas beaucoup d'harmonicistes en Angleterre...".

Malheureusement, il n'y avait pas beaucoup de demande, non plus.
Huey joue sur "Born Fighter" de l'album de "Labour of Lust" de Lowe; il a également écrit une chanson qu"il a donné à Dave Edmunds pour l'album "Repeat When Necessary" et il y joue de l'harmonica.
La chanson sera plus tard réenregistrée par Huey sur l'album "Sports"; son titre en est "Bad Is Bad".

Après ces occasions, cependant, les concerts furent rares: Phil Lynott, charismatique chanteur-bassiste de Thin Lizzy, laissa une place à Huey sur son album solo ainsi que dans les disques studio de son groupe.
Mais la situation ne constituait pas une stabilité financière.
A ce propos, Huey dit, "...Je suis un harmoniciste de 28 ans essayant de vivre de quelques sessions de Thin Lizzy pendant un an...".

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En 1978 Fantasy sort la rétrospective "The Clover Chronicle - The Best Of The Fantasy Years", qui contient des remixes des meilleures morceaux de Fantasy.

Pour remuer le couteau dans la plaie, Huey refuse la possibilité de participer avec le reste de Clover sur les débuts d'Elvis Costello, "My Aim Is True".
À l'époque, la décision ne pesait pas tout ce poids. "...Ils avaient dit, 'Vous pouvez soit épauler Elvis Costello, soit vous pouvez aller prendre des vacances de deux semaines,..." se rappelle Huey. "...Il ne devait y avoir qu'environ deux ou trois chansons qui avaient besoin d'harmonica de toute façon, alors j'ai dit merde et me suis rendu à Amsterdam...".

Un par un, ils repartaient du Royaume-Uni pour San Francisco, et Huey dira plus tard, "...avec notre proverbiale queue entre les jambes...".
Il était difficile de dire ce qui pourrait être fait par la suite. Ils avaient tenté leur grand coup et cela avait été un raté.

Après que Clover ait mordu la poussière, Alex Call enregistra comme artiste solo et écrivit des Hits pour Huey Lewis et bien d'autres artistes, dont le "867-5309 / Jenny" de Tommy Tutone. Il écrivit également "Little Too Late" pour Pat Benatar.

Huey ouvrit un magasin d'aliments naturels, 'Natural Foods Express', et envisagea l'avenir. Qu'est-ce qu'un pauvre garçon de vingt-huit ans avec un harmonica et aucun groupe peut faire?
Mais après cinq ans de cotisations, tout était sur le point d'éclater, mais les bonnes Nouvelles était imminentes.

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L'album "The Best Of Clover - An American Band In London" a été édité en 1986 comme une rétrospective du matériel de Vertigo.

Avec Hopper, Huey forma Huey Lewis and the News, enregistrant plus tard des Hits avec Lange.
McFee rejoignit Southern Pacific et The Doobie Brothers, et il a également joué des sessions pour Elvis Costello.
Ciambotti joua des sessions pour Lucinda Williams, John Prine et Carlene Carter, et il est devenu un chiropraticien à Toluca Lake, en Californie.
Porcaro a eu une carrière prolifique en tant que musicien de session et il co-fonda le groupe Toto.
Brièvement Shine devint un membre de Tommy Tutone mais il quitta le groupe avant qu'ils n'enregistrent "867-5309" de Call.

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Un album live "Live at the Paradiso" enregistré à the Paradiso, à Amsterdam le 20 Décembre 1977 est paru en 2006.

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La même année, est paru un autre album composé de sessions du groupe intitulé "The Sound City Sessions - Clover 1975".

Trois membres de Clover - McFee, Ciambotti, et Hopper - se réunirent pour deux concerts soutenant Elvis Costello à San Francisco le 8 Novembre 2007.
Les concerts ont recueilli des fonds pour le Richard de Lone Special Housing Fund, une organisation à but non lucratif visant à aider les personnes avec le syndrome de Prader-Willi.

Le membre fondateur, le Dr John P. Ciambotti, est décédé le 24 Mars 2010, à Glendale, en Californie, à l'âge de 67.
Il avait subi une intervention chirurgicale pour un anévrisme abdominal.

Discographie:

Clover (1970)
Fourty Niner (1971)
Love On The Wire (1977)
Unavailable (1978)
Chronicle (1979)
Live At The Paradiso (Sustainable Music) (2006)
The Sound City Sessions (2006)

sources: wikipedia, clover-infopage.com, John Tobler
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