Ça ne m'intéresse pas tant que ça. Je vous parle de ce qui était surnommé la "Golden Period" du groupe sur une étiquette que le disquaire avait posé sur le LP de Head to The Sky qui est a présent en ma possession.
D'ailleurs il y a fort à parier que vous connaissez pas ce qu'il y a après '83 non plus, le groupe a perdu de son charme et s'est rangé dans les sonorités "post-disco" qui ont fait le succès de Let's Groove par exemple, en abandonnant son sublime groove qui persistait pourtant depuis que le groupe avait choisi ce son electro-eighties particulier (choix qui s'est opéré, on va dire, en 79-80, par là).
Voilà, je vous ai expliqué les limites temporelles de cette période d'or, on dira qu'entre 1973 ET 1983 le groupe a existé, c'est pour ça que vous le connaissez, bien sûr, pour ses succès September, Fantasy, Let's Groove ou encore le splendide (ahem, je déconne) Boogie Wonderland. Voyons le détail de quelques-uns des 15 albums magiques et swinguesques auquels on a eu le droit.
Mais avant tout, un bref rappel historique, Maurice White, batteur, qui a un prénom rigolo, fonde le groupe et ça lui plaît pas trop les gens qu'il y a dedans. Il recrute, entre 71 et 73 je crois :
— Son Frangin Verdine (prénom du même métal, vous aurez remarqué), bassiste de talent qui s'amuse super bien quand il joue que c'en est un régal (sauf sur Boogie Wonderland mais il était obligé).
—Philip Bailey, percussionniste mais surtout chanteur à la voix de tête impeccable, faut s'y habituer un peu mais à force d'en bouffer on la trouve forcément magnifique. Toujours très juste et paraissant ne pas avoir de limites dans les aigus, la voix de Philip donne tout son cachet au groupe et surtout à ses chansons "Soul", voir par exemple Reasons ou I'll Write A Song For You.
—Ralph Johnson, batteur et chanteur.
—Andrew Woofolk, saxophoniste entre autres.
—officieusement leur mythique section de cuivres décrétée meilleure du monde par je sais pas qui, The Phenix Horns (qui joueront aussi pour Genesis, eh si).
—sa propre voix (à Maurice White), pour offrir au son du groupe deux voix bien distinctes en fonction de la situation.
…et pas mal d'autres gens. Ceux cités constitueront le noyau dur du groupe pour les années à venir. Ils sont jeunes, énergiques, connaissent parfaitement leur instrument et la musique en général n'a pas de secrets pour eux. Ils sont tous percussionnistes quand il faut et ont pigé l'esprit du groupe, cette unité archétypique du groupe de soul-funk à 18 membres interchangeables. Ils sont partis pour nous emmener dans leur rythme fou, brillant et lustré, leur funky music symphonique à souhaits, leur univers indépassable et peut-être que j'en fais un peu beaucoup. Découvrez leur évolution avec ces quelques albums choisis :
Head To The Sky

Malgré un machin jazz nommé Zanzibar à la fin, l'album annonce toute la suite. C'est l'album du changement de style, ça sent fort le Kalimba, on y voit poindre de très beaux morceaux dont Keep Your Head To The Sky, à ranger dans les meilleurs morceaux Soul du groupe. Evil et Build Your Nest sont Funk, The World's A Masquerade est Soul, et présage un peu de Be Ever Wonderful. Reste Zanzibar, un peu dur à digérer de par sa longueur.
Cet album est bon, on sent que le groupe décolle, mais il saura nous étonner largement plus.
Ecoutez donc Evil, vous ne serez pas déçu.
Open Our Eyes

On est dans la même veine, morceaux Funk, oui quelques-uns (Mighty Mighty), mais très Gospel, notamment le titre éponyme. On a de la Soul, Devotion bien sûr, ou Fair But So Uncool et Kalimba Story qui sont très énergiques et typiques de l'esprit du groupe. On sera surpris d'y entendre un genre de P-Funk, Tee Nine Chee Bit, et Caribou, un morceau assez Speed et semi-instrumental (la voix est utilisée comme un instrument). Par contre, on y retrouvera deux morceaux jazz-impro un peu indigestes, Drum Song et Spasmodic Movements.
Le groupe est toujours en phase de décollage.
Ecoutez le très Soul Devotion ou le tribal Caribou, vous verrez bien !
That's The Way Of The World

À part l'intro d'Africano, exit l'impro jazz chelou (Africano est en fait une impro funk très réussie, c'est très plaisant à écouter). That's The Way Of The World contient en ouverture Shining Star, presque Rock notamment par son solo de guitare, chanson culte utilisée un peu partout depuis (mais pas autant que September et Let's Groove quand même), et premier grand hit du groupe. Le titre That's The Way of The World est devenu une sorte d'hymne du groupe en concert, et a des airs de titre ultime, vous aurez compris c'est très bon. Happy Feelin' est lui aussi un tube, grand morceau de dance encore une fois parsemé de Kalimba (Leitmotiv de Maurice White, si j'ose dire). Reasons, je l'ai déjà évoqué pour présenter Philip Bailey, c'est un grand morceau de chant, superbe, sans compter que Ralph Johnson est un génie de la batterie (rare sont les batteurs qui savent poser aussi bien un tempo calme sans rien alourdir).
Le groupe est en plein vol (et faudra que j'arrête avec cette métaphore). Ça y est, tout est là, on tient le soul-jazz-funk symphonique dont on nous a tant parlé (pas à l'époque, hein, dites pas n'importe quoi). un des premiers albums que je qualifierais de parfait.
Ecoutez le titre éponyme, en live en 81 tiens même j'ose : c'est That's The Way of The World, et puis si vous ne voulez pas de live, voilà toujours de la Soul par tonnes (ça me fait penser que j'en ai pas parlé, d'All About Love
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