Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Pour y papoter de tout et de rien, parler de ce que vous écoutez en ce moment, délirer, s'amuser...

Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Bastard » 28 Oct 2018, 20:34

Merci à toi Danzik, c’est sympa.
Ce sont surtout Audiard, Simonin, Boudard, Dard, et leurs interprètes qui m’ont inspiré.
Toute modestie mise à part ça a quand une autre gueule que le "langage" SMS... et je ne crois pas qu'Unserious Sam me contredira.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Algernon » 28 Oct 2018, 20:38

:copains:
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar zuma » 28 Oct 2018, 22:35

Bastard a écrit:Merci à toi Danzik, c’est sympa.
Ce sont surtout Audiard, Simonin, Boudard, Dard, et leurs interprètes qui m’ont inspiré.
Toute modestie mise à part ça a quand une autre gueule que le "langage" SMS... et je ne crois pas qu'Unserious Sam me contredira.

Ni moi. Vachement jouissif. On en redemande.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Unserious Sam » 28 Oct 2018, 23:07

:respect: :respect: :respect: Chapeau Bastard, j'ai surkiffé ! :) Le genre d'écriture que j'aime... :lovemauve:
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Bastard » 01 Nov 2018, 21:17

Fait un temps à ne pas mettre un imperméable dehors. De la flotte, de la flotte, de la flotte, et des gouttes d’un litre. L’eau je l’aime bien dans le pastis, mais m’en prendre des hectolitres sur le tournant de la pomme non merci. Alors que faire ?
Picoler ? Non, ça j’ai déjà donné.
Une partie de jambons ? Ben pour ça faut être deux, et j’ai passé l’âge de faire éclater la cervelle à Charles Le Chauve en solo.
La télé ? On a multiplié les chaînes mais pas la qualité, loin s’en faut. Y’a que des programmes pour débiles profonds au QI de poule morte.
Un bouquin, un disque ? Mouais, d’habitude ça me branche mais là je suis pas d’humeur.
Casser du sucre sur le dos d’un pékin que je peux pas encadrer ? Tiens pourquoi pas…
Y’en a justement un auquel je pense. Comment dire, pour atteindre un tel degré de connerie faut s’entraîner, ou alors avoir pris feu étant jeune et avoir été éteint à coups de pelle. Vrai ce mec est un cas, si la bêtise pouvait se mesurer il servirait de mètre étalon, il serait à Sèvres.
Il possède le charisme d’un tas de gravillons, aussi expressif qu’une flaque de boue. La dernière fois qu’on l’a vu esquisser une grimace pouvant s’apparenter à un sourire c’est quand il s’est coincé une roubignole dans un étau. J’ai rien contre les chauves, mais avec son faciès de cave la casquette en peau de genou lui va comme un gant.
Je ne prétends pas pouvoir faire la une de Dandy ou Vogue mais ce gazier on en voudrait même pas pour une pub de catalogue outillages.
Mauvais comme la teigne, le pouvoir de nuisance d’un contrôleur des Impôts, la mauvaise foi d’un homme politique, l’obséquiosité d’une langue râpeuse de la pire espèce…
Et pour terminer le portrait, question gaudriole ça doit être Waterloo morne plaine… mis à part peut-être s’envoyer des chaloupées sur le savoyard en matant la page culottes de La Redoute. Et j’imagine mal une mercenaire de l’amour lui faire une gâterie. De plus vu qu’il refoule un peu le renfermé faudrait qu’elle ait les narines musclées.
Bon j’avoue, c’est pas bien de se foutre de la gueule de ses contemporains, mais là franchement c’est un cas d’espèce, être con à ce point c’est pas humain, ça relève de la médecine.

Tiens il pleut plus, je vais sortir faire un tour, histoire de m’oxygéner les méninges et de mettre fin aux ultrasons que l’autre pignouf doit avoir dans les esgourdes.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Pablitta » 02 Nov 2018, 12:08

Bastard a écrit:De plus vu qu’il refoule un peu le renfermé faudrait qu’elle ait les narines musclées.


:-))

Toujours aussi peu orthodoxe, mais ça reste gouleyant, ces écrits !
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Algernon » 02 Nov 2018, 12:11

Quel lyrisme !
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Unserious Sam » 04 Nov 2018, 13:03

J'ai un pote d'écriture sur le fofo ! :bat: :lovemauve: :lovemauve: :chapeau:

Quelques débuts en attente de suite...


Ma maman m’avait appris qu’avant de rentrer chez quelqu'un, il faut s'essuyer les pieds sur le paillasson. Pour laisser dehors les mauvais remugles, les miasmes qui fâchent, histoire de pas froisser l'hôte. Y en a qui se vexent facilement, façon soupe-au-lait ! Je connaissais mal le Bob, mais sous ses dehors apparemment sympathiques, il avait peut-être un peu des côtés renfrognés, voire hostiles. Alors m'annoncer chez lui, comme ça, à l'improviste, sans respecter les usages... J'avais peur qu'il trouve que ça fasse un peu désordre ! C’est donc empreint d’un soupçon d’appréhension qu’en ce lundi frileux, brumeux et humide (l’automne commençait tout juste à jeter sur toute chose son manteau poisseux) je me pointai chez cézigue, la peur d’être accueilli fraîchement, le cheveu dans un jeu de quilles ou le chien dans la soupe, ce genre. Enfin, bref, je n’en menais pas large et j’étais dans mes petits souliers, ce qui finalement tombait assez bien, faut l’avouer !

Le gars Bob, on l’avait à l’œil depuis un certain temps… Oh il n’avait encore rien commis de bien méchant, mais il traînait autour de frappes à l’air louche, en satellite, sans se poser vraiment mais en restant en orbite assez longtemps pour qu’on s’inquiète pour lui. C’est qu’à la Maison Poulaga, on l’aimait bien, le Bob. Il nous grattait un peu de temps en temps comme une tique, mais il ne nous avait jamais vraiment causé trop de soucis. Il nous rencardait, de loin en loin, sur des petites opérations sans envergure mais qui nous permettaient de soustraire un temps à la société des petits délinquants à la mie de pain. Et puis, je le répète, on le ne connaissait pas trop bien. Ce qui nous embêtait un peu, c’était le panier de crabes autour duquel il gravitait. On n’aurait pas aimé le voir tomber dedans et s’engluer dans le pot-au-noir !

Le premier contact avec lui, ç’avait été une histoire d’indic qui avait mal tourné. Un gars nous avait filé un faux rencard et ça n’avait pas plu à Bob, qui nous avait averti en loucedé. Il en avait fait une question d’honneur, rapport à une de ses poules (il est légèrement hareng sur les bords, faut bien vivre, en cette période de marasme) qui aurait eu à pâtir d’un comportement qualifié d’indélicat de la part du fameux indic (en fait, on l’avait su après, une simple louche au valseur de la donzelle). Enfin bref, le faux indic, qui s’était révélé un vrai cave, nous avait orienté à l’opposé du lieu d’un casse, histoire de brouiller les pistes. On s'était quand même présenté au lieu dit, mais quand on avait découvert le pot-aux-roses, et qu'on aurait dû prendre au sérieux l'avertissement de Bob, on l’avait eu mauvaise. On avait eu l’impression de s’être fait repasser comme des bleus qui ont encore le lait de leur mère au coin des lèvres.

Et c’est donc Bob qui nous avait mis le doigt sur le problème, en l’occurrence le malfaisant, un indic en feutrine, un repasseur de première, un nommé Jo-le-Trembleur, que je mentionne pour l’anecdote. Le nuisible avait été neutralisé et mis sous les verrous. C’était donc depuis ce temps-là qu’on le suivait de loin, le Bob. Son comportement envers nous nous intriguait. Tantôt cauteleux, tantôt distant, voire rétif, il restait un petit mystère pour nous, comme une boule d’algue gluante qui nous filait, visqueuse, entre les doigts, apparaissant et disparaissant au gré des circonstances dont il semblait être le seul chef d’orchestre, le seul metteur en scène.

Et ce fut un de ses soi-disant « amis » qui me fila un beau matin un coup de bigophone, pour me dire que le gentil Bob préparait un coup d’envergure avec des cadors, des pointures, des épées. D’après la description enthousiaste de l’interlocuteur, très volubile, passablement excité et qui désira bien entendu rester anonyme (l’anonymat étant le plus souvent un bouclier dont se parent les pleutres), il devrait s’agir du coup du siècle ! Ma demande de précisions, légitime en cette occasion, vous en conviendrez aisément, fut accueillie par une fin de non-recevoir. « On » daigna juste me souffler l’adresse de Bob, qu’ignorant par ailleurs, j’accueillis avec un semblant de reconnaissance envers le cafard qui venait de me baver dans le conduit auditif ses parcimonieux renseignements, comme s'écoule d'un robinet rouillé un mince filet d'eau vaseuse.

J’avais raccroché, perplexe (« Bob, acteur du coup du siècle ? »). Je regardai l’heure machinalement en jetant un œil sur la pendule fatiguée, crucifiée sur le mur écaillé de mon bureau, et repris mes esprits en constatant qu’il n’était pas trop tard pour une visite in situ.

Je me retrouvai donc devant la porte de Bob, en train de m'essuyer machinalement (le conseil de Maman !) les semelles sur le" Welcome" à demi effacé du paillasson, et écrasant mon index sur le petit bouton de la sonnette, qui produisit un son aigrelet, semblant rebondir comme une balle de ping-pong cabossée entre les murs de l'appartement.

-------------------------------

SAN ANTONIO - FLEUVE NOIR, SÉRIE SPÉCIAL POLICE N° 149 - UN HAVRE DE PETS

Les mouettes chiaient sans concession ni vergogne sur les bittes d’amarrage (la scène se situe dans un gros port). Des embruns, qui étaient tout sauf russes, fouettaient le visage des rares promeneurs, curieux égarés en ces lieux par cette journée d’automne par laquelle on aurait hésité à mettre un escargot dehors de peur de le noyer.

Le ciel était si plombé qu'on en sentait le poids sur nos endosses. Une herse de pluie avait décidé de barrer tout chemin aux téméraires. Pourtant j'étais là, contemplant malgré moi le marasme au travers de mes yeux mi-clos, engoncé dans mon lardosse, le bitos enfoncé jusqu'aux esgourdes. J'étais là parce qu'il le fallait. Parcequ'on m'y avait envoyé, dépéché.

"On", c'était le Dabe. Le grand chef, le Chef suprême. Il savait que tout le monde, à la maison poulaga, l'appelait "le Vieux". Mais il n'aurait mieux pas valu qu'il entende un de ses poulets l'appeler commack. C'eut été direct la porte, avec pertes et fracas. Le respect, ça se discute pas, ça s'impose.

Or donc, Achille (c'est le blaze du dabe, un gonzier avec le crâne en peau de fesses, façon Kojak mais sans la sucette) m'avait envoyé en mission ce jour-là. En plein mois de novembre, sur le port du Havre... On rêve en général à des destinations plus choucardes, t'es d'accord avec mézigue, non ? Bref, le topo... un paquebot devait arriver ce jour-là, avec à son bord un gros parrain de la schnouff, soi-disant incognito... Sauf que le Dabe, lui, avait tous les rancards : le blaze du type : Ricardo Goncalves, sa description physique : petit, bedonnant, la tête d'une olive avec les cheveux huilés, se déplaçant comme un culbuto toujours sur le point de tomber et avec à son bras, en permanence, une gisquette façon prostipute moulée à la louche perchée sur des cannes à côté desquelles des échasses ressemblent à des cure-dent. J'avais aussi des compléments de description : la taille du gars, à qui un nain de jardin, à côté, eût ressemblé à Hulk, son accent, à couper au couteau-scie, sa manière de s'exprimer en tourbillonnant des bras tel un moulin de Hollande pris sous une tempête, sa façon de s'habiller : costume en alpaga grège et panama vissé en permanence sur le dôme pour cacher sa calvitie naissante.

Bref, vous en conviendrez, pour de l'incognito, ça se posait un peu là ! Mais le Dabe avait ses sources, sorties d'on ne sait quelles montagnes de secrets... Et moi, j'étais là, les pieds dans l'humide et la tête sous la menace constante d'une mouette farceuse, à guetter l'arrivée d'un paquebot ayant bravé douze heures de houle, avec à son bord un crapaud valant au bas mot vingt millions de dollars et qu'il faudrait alpaguer en loucedé, en toute discrétion. J'avais connu des missions plus pépères, espère un peu !

Je scrutais tellement l'horizon que ça m'en faisait mal aux yeux. La grisaille, y rien de tel pour vous engourdir les pupilles. A force de faire le point, on ne voit plus rien. Et au bout d'un moment, on divague : on voit des formes, des couleurs, du jaune, du mauve, du vert, une vraie fête foraine, c'est tout juste si on ne sent pas les merguez en train de griller. Sauf qu'on est au Havre, en novembre, sous la flotte poissarde, insistante et pénétrante. Cette considération a le don de nous remettre les pieds sur terre, ou du moins ce qu'il en reste. "Courage San-A" me dis-je in petto et en français, "Achille t'a planté là, il aurait pu envoyer Mathias, Jérémie, Pinuche ou le Mastar... S'il t'a envoyé dans ce bourbier, c'est qu'il t'a à la bonne, et que cette affaire lui tenait suffisamment à coeur pour envoyer une épée plutôt qu'un sous-fifre. L'idée de Béru à ma place, ressemblant à une baleine échouée sur la plage, ou de Pinaud, tentant de rallumer son vieux mégot en se battant contre le vent ennemi et la pensée du Rouquemoute et du Noirpiaud en proie à leurs atermoiements familiaux réussirent à me redonner un semblant de sourire.

J'en étais là de mes divagations lorsque j'aperçus au loin comme un petit pois, ballotté sans ménagement sur la crête des éléphants gris-verts chers à Alain Souchon. Sans nul doute le paquebot qu'on m'avait demandé d'attendre. Le navire apparaissait et disparaissait au bon gré-mal gré de la houle et on ne pouvait s'empêcher de penser que les passagers devaient avoir le cœur bien accroché pour ne pas aller au refile, piégés malgré eux sur ce toboggan improvisé. Au fur et à mesure que ce qui, au regard du contexte météorologique, ressemblait à un frêle esquif, se rapprochait du rivage et de la terre salvatrice, j'avais le palpitant qui badaboumait de plus en plus vite. Enfin, quoi ! La mission qui m'avait été confiée n'avait rien de délicat ! Il s'agissait de neutraliser un bonhomme au physique certes insignifiant mais à l'aura conséquente. Le type ne devait pas voyager léger, si vous voyez ce que je veux dire. Son entourage devait être bourré de gardes du corps, discrets mais efficaces, chargés à la magnum. Alpaguer, alpaguer, il en avait de bonnes, l'Achille ! Il allait falloir jouer serré, genre diplomate, mousse et pampre, tout dans le suave !

Je gambergeais encore sur l'art et la manière d'opérer lorsque qu'un coup de sirène me tira de ma rêverie... Le bateau, avec à son bord l'olive délinquante, accostait. C'était là que l'action s'imposait !


Paris, le 14 novembre 201...

Pendant que San-Antonio s’apprêtait à se noyer au Havre en cette belle journée de novembre, affublé d'une mission dont il se serait bien passé, des huiles fronçaient des sourcils, rassemblées bien au chaud dans un bureau à Paris, au 5ème étage d'un immeuble cossu du boulevard Haussmann. Le parquet couinait sous les pas, l'éclairage était tamisé et l'atmosphère feutrée. On n'était pas pas au PMU "Chez Mimile". On avait de la tenue, on retenait son langage.

Enfin presque... "Mais sauf le respect que je vous doigte, pourquoi qu'c'est-y qu'vous l'avez envoyé là-bas tout seulâbre, not' San-A ?" brailla soudain Béru à l'intention d'Achille, blanc comme un marbre et tendu comme un slip de séminariste. "J'aurais pu partir en mission avec lui, comme d'hab' ! Lui et moi, on a souvent fait équipe et nos preuves, non ? En on en a souvent résoudu, des sacs de nœuds, et des tordus ! Même Pinuche, ici présent, avec sa mine de gaufrette, aurait pu nous épauler !"

Entendant cette diatribe, Pinaud, qui, doucement bercé par l'atmosphère ouatée, commençait à s'endormir sous son bitos, se mit à bavocher "Mais, mais, mais !" Béru le coupa dans son élan : "Ferme ton clapoir, j'explique ! C'est vrai, quoi, m'sieur le Dirlo, le San-A, sur une mission commack, sans ses coéquipiers, c'est comme si on l'envoyait au casse-pipe !"

"Alexandre-Benoît !" tonitrua le décalcifié du dôme. "Un peu de calme et de tenue, s'il vous plait ! Nous connaissons tous ici vos états de service, mais ils ne vous permettent en aucun cas de remettre en cause mon autorité !" La phrase était tombée comme un couperet et pour un peu on aurait imaginé la tête de Béru rouler dans la sciure.

Le Bibendum se renfrogna, saisi par cet ouragan. Il tenta de réajuster le nœud de la cravate qui lui pendouillait sous le goitre et tira machinalement sur le bas de son pantalon, qui tirebouchonnait tel un accordéon sur ses chaussures éculées, qui accusaient d'emblée leur nombre de kilomètres et ne seraient pas sorties sans mal d'un contrôle technique en règle.

La voix d'Achille se mit à nouveau à trancher l'atmosphère qui était depuis peu devenue palpable, comme cotonneuse. Pour un peu, on aurait pu en tailler des lambeaux avec un cutter. "Cette mission est pour notre nation d'une importance capitale. Elle dépasse les enjeux du grand banditisme, ceux que nous maîtrisons plus ou moins bien. Si j'ai envoyé seul au Havre notre collègue et ami Antoine, c'est que je considérais qu'il était de la prime importance que cette mission, difficile je le concède, soit accomplie dans la plus parfaite discrétion." Et le Vieux ajouta, presque comme à regret "Maintenant... si quelques électrons libres veulent suivre leur atome... Je ne peux pas aller au-delà des lois de la physique..."

Les costards-cravates rassemblés dans le bureau d'Achille eurent des réactions diverses... On toussota, on haussa des sourcils, on croisa et décroisa les jambes... Si le Patron lançait ça, c'est qu'il avait ses raisons... Béru, prenant le taureau par les cornes, fut le premier à réagir de façon concrète. Donnant un coup de coude à Pinuche, qui finissait de partir aux quetsches dans le fauteuil d'à-côté, il se leva soudainement en s'écriant "J'y go" !
Dernière édition par Unserious Sam le 04 Nov 2018, 20:21, édité 5 fois.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Bastard » 04 Nov 2018, 14:33

Y'a qu'un mot qui me vient, jouissif. Si, si (et l'impératrice n'y est pour rien). Si ce genre de lecture ne vous refile pas la patate c'est que vous n'y entravez que dalle.
Unserious Sam t'es une épée.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Unserious Sam » 04 Nov 2018, 16:03

Merci Bastard :red: :red:

Un petit truc coquin, à présent...

D'un coup de rein inverse
Je m'extrais de ta raie
Marquant ainsi l'arrêt
De notre etreinte perverse

Donc de terre inconnue
Jusqu'en terrain connu
J'ai fait de jour en nuit
Le grand tour de ton cul

Cette cible émouvante où souvent je m'enlise
Exauçant tes prières, en faisant à ta guise
De va-et-vient languides
En tête-à-cul torrides

Nos ébats carnivores
Sans perdant, sans vainqueur
Font cavaler nos coeurs
De l'aube jusqu'à l'aurore

Même quand tu râles "encore"
Et que je n'en puis plus
Je consens à l'effort
D'un hommage soutenu

Hommage à ta beauté
Qui turgesce mon membre
Grand totem érigé
Au ciel de notre chambre

Et ces étreintes soyeuses
Nous emmèment ailleurs
Vers des contrées joyeuses
Ou se noie le bonheur

Dans ce nectar cyprin
Qui sourd de ton antre
Exhalant les parfums
Qui suintent de ton ventre

Mais quand nos souffles cessent
Quand se taisent nos cris
Quand nos âmes se repaissent
Repues et alanguies

C'est comme un voile diapahane
Qui vient couvrir les corps
Des amants qui ahanent
Comme au seuil de la mort
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Algernon » 04 Nov 2018, 19:17

Mais faut créer un topique : "Les Torcheurs de textes suaves" :bat:
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Bastard » 04 Nov 2018, 19:45

[quote="Unserious Sam"]Merci Bastard :red: :red:

Un petit truc coquin, à présent...

D'un coup de rein inverse
Je m'extrais de ta raie
Marquant ainsi l'arrêt
De notre etreinte perverse
...

Si je puis me permettre c'est joliment troussé.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Bebeto » 04 Nov 2018, 21:03

Algernon a écrit:Mais faut créer un topique : "Les Torcheurs de textes suaves" :bat:


Je propose de l'intituler "Les torchionnaires de la langue".
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar Unserious Sam » 04 Nov 2018, 22:18

Suite du San-A...

Fallait le voir, le Mastar, à la gare Saint-Lazare. Une vraie erreur de casting, T-shirt et bermuda, en plein novembre, le filet à papillons qui dépassait de son barda, le bitos de traviole, l'air préoccupé et morigénant la serpillère qui le suivait de près, lui collant au dargif tel une sangsue tenace, la Pinuche dans ses œuvres, tout bavochant des "moins vite, moins vite !", mâchonnant son vieux mégot, trottinant derrière La Baleine qui scrutait en fronçant les yeux les panneaux cliquetant qui annonçaient les départs des trains vers Le Havre. Elle était là, l'élite de la police française, deux grumeaux agglutinés devant la voie 36, pathétiques et ridicules. "Pissque j'te dis qu'on est en avance", couina La Pine, tout essoufflé. "En avance, en avance !" rétorqua le Mastar "T'en a de bonnes ! On s'ra en avance jusqu'à se qu'on soye en retard, et ça va pas tarder si tu continues à traîner commack ! J'me permettrai d'te rappeler qu'on va porter renfort à San-A, on part pas en weekend en amoureux !" "Mais, mais", tremblota le Détritus "Pourquoi cette tenue ? Et ce filet à papillons ? On va pas dégotter le lépidoptère, que je sache ?" Se contenant d'éclater, le Bibendum rétorqua "j'ai choisi l'incognito, histoire de me fondre dans la masse ! Tu peux pas comprendre, c'est spychologique !" Convaincu par ce dernier argument, sans appel, Pinuche décida de remballer ses jérémiades et se mit à scruter ses galoches élimées, tout contrit.

Le train à présent à quai, les deux élites grimpèrent dedans, choisissant des places au hasard. Pinuche insista pour le côté fenêtre, histoire de distraire ses vieilles guenilles à la vue d'entrepôts, de friches encombrées et d'usines en briques désaffectées, dressant leurs cheminées tel des bras tendus vers la grisaille effilochée du ciel. C'était son truc, les terrains vagues, les no man's lands, les paysages désolés d'être ce qu'ils sont. Le Gros, quant à lui, tout emberlificoté dans son paquetage, dut se contenter du côté couloir. Il se retrouva assis en face d'une gisquette délurée, une petite blonde mimi comme tout, du soleil plein les chasses, qui se mit aussitôt à l'entreprendre à coups d’œillades salaces. Le Gravosse, tout émoustillé, se mit lui aussi à papilloter des stores en direction du petit canon. Le voyage s'annonçait bien, même si la consommation sur place semblait s'avérer délicate, d'autant plus que la jouvencelle était accompagnée de sa daronne, une matrone frisant allégrement le quintal et qui aurait tout à fait pu ressembler à un pitbull enragé si un tel animal pouvait porter une robe à fleurs.

Non soucieux du qu'en dira-t-on, le train s'ébranla, quittant la gare Saint-Lazare comme à regret, crachotant des fumées blanchâtres en toussant et hoquetant comme un asthmatique en manque de Ventoline. La vielle Pine béait déjà d'admiration devant le paysage insignifiant qui défilait sous ses yeux fatigués, et Béru redoublait de simagrées envers la donzelle qui minaudait sur la banquette d'en face.
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Re: Sourions ensemble, mes soeurs et mes frères

Messagepar zuma » 05 Nov 2018, 07:59

Avec une telle lecture, difficile de na pas sourire ensemble.
Bonne journée Unserious Sam.
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