(La photo n'est pas moi, j'ai pris ça sur la toile.)Grand Veymont - Caf& Disquaire, 25/02/2019A peine plus d'un mois après un premier passage sur Lille, les deux auvergnats nous font le plaisir de repasser par la capitale des Flandres avant une tournée en terres anglaises. Et c'était... féerique !
Replaçons-nous dans le contexte.
On est lundi soir, j'suis totalement claqué, le corps encore frêle des excès du week-end, l'esprit embrumé par une sorte de pessimisme de la vie (ça m'arrive parfois, et à plusieurs de mes amis aussi, ce qui me semble être un symptôme d'une génération sacrifiée totalement larguée quant à son avenir) lorsque je retrouve un ami dans le dénommé parc à chon, non loin du bar, histoire de partager quelques chichons avant que les premières notes ne retentissent.
C'est donc dans cet état d'esprit que je me trouve au moment où le duo s'installe devant leurs quelques synthés. Car en terme d'instruments, ça reste assez simple : lui (Josselin), dispose de trois claviers et d'une batterie raccourcie (deux fûts et une cymbale), tandis qu'elle (Béatrice), joue sur un unique clavier (mais sort à l'occasion un Omnichord, l'équivalent synthé de l'autoharpe). Le tout évidemment agrémenté d'effets et de boucles. Elle, chante également, tandis que lui, parfois, l'accompagne d'une voix bien plus grave, pour un duo vocal qui ne manque pas de contraste.
Nous avons eu droit à 5 morceaux ce soir là, plutôt longs, dont un seul de "
Route du vertige", second album, que je possède déjà à la maison. Le reste de la setlist m'était inconnu, étant tiré du premier album, éponyme (que je n'avais jamais écouté), disponible en dématérialisé depuis 2016, mais bénéficiant pour la première fois ce mois-ci d'une sortie physique. Lors de leur précédente date, c'est principalement des titres du dernier album que l'on avait entendu.
Mais ce n'est pas une précision très importante, parce que l'atmosphère musicale est sensiblement la même. Très électronique, avec notamment des sons d'orgue magnifiques (ils ont un sacré matos !), une dimension pop à la Stéréolab, avec des textes proches de la comptine, du poème. Et une grosse influence 70's allemande pour saupoudrer tout ça : batterie motorik, envolées électroniques planantes à souhait.
Une chose qui m'a marqué pendant toute la durée du concert, en observant la gymnastique des mains de Josselin, c'est que d'un de point de vue technique ça n'a pas l'air ultra compliqué. Toute la beauté et la richesse de leur musique tient dans le génie de ces mélodies, ainsi que dans la superposition réussie des différentes couches musicales (les pistes de clavier, le chant, les boucles, ...). Mélodies (surtout vocales) pas toujours intuitives, généralement élément caractéristique du psyché, qui ici surprend agréablement.
Je crois bien que ce soir là, c'était tout simplement beau. Vu l'état d'esprit avec lequel j'abordais la soirée, ce concert a fait office de bulle d'air. Un moment calme, reposant, psychédélique également, féerique, et intimiste. Lors de leur passage en ville quelques semaines plus tôt (en première partie du Villejuif Underground, bof), le public était bien plus insupportable : ça parlait de partout, et c'est suffisant pour te gâcher un concert. Ici, dans l'étroitesse du Caf& disquaire (qui est un bar, et non une salle de concert), nous étions peu nombreux, et surtout silencieux.
Et puis, déjà, tout ceci se termine. L'occasion d'échanger quelques mots avec les artistes, de leur acheter un disque, et de rentrer chez moi partager une dernière bière, pour parler de tout ça et nous remettre de nos émotions. Mais après cette excellente prestation, difficile d'enchaîner sur quoi que ce soit !
Bandcamp :
https://grandveymont.bandcamp.com/