Un jeudi après-midi, v'là qu'on toque à la porte. Je vais ouvrir et là, quelle surprise, je vois Jimi Hendrix accompagné de Noël Redding et de Mitch Mitchell qui trainaient une carriole avec une batterie dedans, des amplis et des trucs tout électriques que je ne connaissais pas.
"On vient faire des démos de mon album Are you experienced," qu'il me fait le Jimi.
"Ca tombe mal", que je lui rétorque, "c'est tellement pourri ici qu'on n'a pas l'électricité."
"Vous avez de la pâte ? Vous avez du suc' ? Alors avec la pâte, vous faites une crêpe pis vous mettez du suc' dessus !" qu'il me répond, pas gêné, le chevelu.
"Alors là, que je lui dis, tu te plantes complètement mon petit bonhomme. Tu viens de tomber dans une faille spacio-temporelle cinématographique vu que ce que tu viens de dire c'est une réplique dans les bronzés font du ski." Ca le démonte pas le guitareux et il me fait : "j'm'en fous, j'ai des piles."
Et ils ont joué. D'abord avec le Coloredo de mon frère jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que le verbe jouer avait plusieurs significations. Ils ont donc installé leur matos, mis des piles un peu partout et utilisé le verbe jouer au sens musical du terme.
Tout s'est très bien passé sauf quand ma mère est rentrée et s'est précipitée vers Jimi en lui hurlant : "Elle est où Michèle Torr ? Elle est où ?" Jimi l'a gentiment repoussé en lui hurlant dans l'oreille : "Ton géniteur en culottes courtes devant Félix Potin !" Je compris beaucoup plus tard que Jimi Hendrix était également à l'origine de la sémantique du langage "jeune".
Le résultat de cette après-midi musicale est le disque ci-dessous que j'ai pu me procurer bien plus tard. Car dans ces années lointaines (les années 60/70), le fils des âges farouches n'avait pas encore accès à l'Internet ni au minitel. Seule la rumeur alimentait nos pauvres informations. Rumeur qui se transmettait d'un pot de yaourt nature vide relié par un fil à un autre pot de yaourt (vidossi, en tout cas paplain). Quand la rumeur qui disait que Jimi Hendrix avait enregistré une version instrumentale de "la poupée qui fait non" de Paul Nareff, s'est mise à courir sur ses petites pattes pas propres et poilues, notre première réaction fut le doute. D'un pot de yaourt à l'autre, on se disait : "Ouah eh l'autre ! Le con hé ! Et pourquoi pas 'Petit papa Noël' tant qu'on y est ?"
Et pourtant, c'était vrai et chacun peut le vérifier en branchant son pot de yaourt sur YouTube ou en écoutant le CD ci-dessous qui a un excellent son et dont le dos de couverture décrit très bien le contenu de chaque morceau. Notez quand même l'orthographe du titre : "Ma pouppee qui fait no."






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