par Cooltrane » 06 Juin 2019, 10:34
Double-shot de ce dernier w-e:
Son choix:
Dolor y Gloria: Tout Sur Mon Almodovar Au Bord De La Crise de Nerfs. Le grand retour de Almo qui nous refait du Dovar, c'est-à-dire du cinoche espagnol sous tension. Une auto-fiction-graphie partielle du Pedro qui met en scène son propre personnage en pleine crise physique, morale, créatrice, passionnelle, fessière … e tutti quanti. Arrivé au début de la 60-aine en piteux état (un dos qui le paralyse), notre héro devenu inactif (mais pas sans emploi, vu sa gloire) se voit proposer de commenter une projection d'une ancienne œuvre restaurée, mais fait de la résistance parce que l'acteur de l'époque et lui sont en bisbrouille depuis sa sortie il y a 32 ans. Du coup, il reprend contact avec le bisbrouilleur-bisbrouillé et malgré les tensions, les contacts reprennent passant de l'accalmie à la tempête en moins de temps qu'il faut pour le dire – et l'écrire. Plongée dans les effluves d'alcool et autres drogues, les femmes, les égos et sentiments (parfois troubles), insécurités de toutes sortes, mais aussi une renaissante inspiration dans un texte, que sin ancien ennemi s'empressera de porter sur scène et de confronter l'homme à son passé, ainsi que de réunir d'anciennes connaissances, ce qui semble renverser la spirale infernale.
Bien qu'en grand à l'affiche, les deux monstres sacrés du ciné hispanique ne se rencontrent pas à l'écran, puisque la belle Pénélope joue la mère du sexagénaire Banderas, alors gamin. Celle-ci rayonne à l'écran; comme elle rayonne dans le cœur de Salvador, qui ne se remet pas de sa disparition et décline depuis. Bref, Almo avait surtout le besoin de passer à confesse et de nous exposer toutes ses petites vicissitudes parfois narcissique, mais souvent fort exhibitionniste. Pedro, on ne t'en demandait pas tant, car c'est un peu trop glauque tes névroses, mais il faut reconnaître que ta jeunesse dans les cavernes troglodytes de La Mancha sous le règne franquiste te semble bien idyllique. 8/10
Mon choix:
La Chute de l' Empire Américain: Le retour de l'immense Denys Arcand, avec un film dont le titre est trop proche du film qui l'a lancé il y a 35 ans (déjà), même si certains y voient (DA y compris) une forme de séquelle spirituelle. Rien à voir avec un remake tourné aujourd'hui, on a plutôt à faire dans le banditisme (parfois involontaire) et la criminalité fiscale, le capitalisme triomphant, l'amoralité de l'état et surtout un constat de faillite que le grand Denys nous expose avec sa verve habituelle. Un hold-up sur les recettes de la criminalité organisée tourne mal et le flouze tombe 'accidentellement" dans les mains d'un livreur intellectuel (licencié en philo), mais un peu loser dans la vie, perdu dans ses causes humanitaires sociales et locales. La Peau-lisse comprend vite le truc mais ne parvient pas à retrouver le tout rapidement, car le citoyen modèle sans histoire joint ses forces à une call-girl et un ancien repris de justice récemment libéré après avoir suivi des formations sur les finances. Outre la belle Maxim Roy en fliquette, la superbe Maripier en pute de luxe, on suit Landry, qui vient de se faire larguer par la non-moins-belle Paquin-Béchard, mais aussi Girard en repris de justice en délit de justesse pour former un trio improbable poursuivit par un duo policier très probable (mais assez impuissant) et une kyrielle de loubards d'opérette, le tout sur un fond de misère bien réelle montréalaise.
Impossible de se tromper, on est bien dans une film dont les Arcann(d)es sont tellement classique du Denys, que l'on a l'impression de recroiser des personnages de ses films précédents (ce ne sera pas le cas cette fois-ci). Comme à chaque fois, le scénario est volontairement peu crédible, mais les dialogues sont très soignés et parfois saignant (la tirade sur les grands écrivains déséquilibrés est hilarante) et sonnent justes, lucides et clairvoyants, mais avec un cynisme proche de la désespérance tout en se voulant dénonciatrice. Bref, on est en plein cabotinage habituel de Arcand, souvent plus proche d'un documentaire fictionnel que d'une fiction réaliste, mais vous l'aurez compris, votre serviteur est un client fidèle. Vu son âge et son rythme de production, ce film pourrait être son testament final. 8.5/10
Ma collection de disque a décuplé en passant des musiciens drogués aux musiciens fou-toqués