par zuma » 30 Déc 2015, 20:55
Bien bien...
Monsieur Hulot, je ne sais pas si mes commentaires pourront aider ton ami (Alex ?) mais je me lance dans l'espoir d'être utile.
Déjà, il m'a fallu deux visionnages pour comprendre le sujet du film ce qui est un peu gênant. Il faut dire que le court métrage comporte 18 scènes dont 10 flash-backs (FB) et ces FB ne suivent pas entre eux d'ordre chronologique !
scène 1 (FB1) : (pendant le générique) le père apporte la poupée à sa fille en train d'être opérée à l'hôpital
scène 2 (FB2) : la consultation chez le chirurgien
scène 3 :dans le salon, foot à la télé
scène 4 : dans la cuisine (gratin, baiser)
scène 5 (FB3) : mère et fille dans la chambre le matin de l'opération
scène 6 : salon, interphone, police
scène 7 (FB4) : bord de mer 1
scène 8 : police dans le salon
scène 9 (FB5) : père et fils sur le chantier à l'hôpital
scène 10 : bagarre avec la police
scène 11 (FB6) : mère à l'hôpital le jour de l'opération
scène 12 : père menotté
scène 13 (FB7) : bord de mer 2
scène 14 (FB8) : père rejoint la mère à l'hôpital avec la poupée, annonce du décès de la fille
scène 15 : père menotté (suite)
scène 16 (FB9) : bord de mer 3
scène 17 : la mère berce la poupée. douleur inconsolable ? folie ?
scène 18 (FB10) : bord de mer 4
Il s'agit donc de l'histoire d'une fillette qui est décédée au cours d'une intervention chirurgicale "de routine", et dont la perte a plongé la famille dans la douleur et le désarroi. Fou de chagrin, le père joue encore les durs et ne veut pas montrer de faille devant ses enfants. La mère est dans sa routine de femme au foyer, se berce de souvenirs avec sa fille, est là sans être vraiment présente. Le fils aîné est ouvrier du bâtiment comme son père et à l'occasion d'un chantier dans l'hôpital où est décédée sa soeur, il ne peut se retenir de tenter de la venger en voulant tuer le chirurgien. Les deux fils plus jeunes sont encore à la maison, le benjamin étant critiqué pour son manque apparent de virilité et de machisme. Lorsque la police, à la recherche du fils aîné, intervient au domicile parental, elle provoque le drame, le père craque, la mère fuit dans un monde parallèle, celui des souvenirs.
Premier problème : Il y a beaucoup d'acteurs, de personnages et d'histoires dans l'histoire qui dispersent l'attention.
Deuxième problème : il faudrait limiter le nombre de flash-backs, pour n'en conserver que l'essentiel à la compréhension de l'histoire. Les nombreuses scènes de bord de mer compliquent plus qu'elles ne facilitent la "lecture" du film.
Troisième problème, le montage des scènes, vraiment pas évident. Je propose :
1° d'inclure la scène du diagnostic chez le docteur dans le générique d'ouverture en la raccourcissant fortement, et sans les voix, en scène muette, avec de la musique, des fondus enchaînés, pourquoi pas du ralenti. Quelques images "clés" suffiraient à mon avis.
Evidemment la première scène du père avec la poupée (1'02" à 1'10") est à déplacer plus loin.
2° Après la séquence d'introduction (générique), de passer d'abord la scène 5 de la mère qui fait prendre les cachets à sa fille le matin de l'opération, puis un fondu noir bien appuyé pour faire comprendre que du temps s'est écoulé.
3° de passer au présent avec les scènes du salon, de la police, etc.
4° de soigner les deux flash-backs très importants pour l'équilibre de l'histoire :
- Celui du chantier quand le père travaille avec son aîné à l'hôpital. J'ai cru comprendre mais je ne suis pas certain qu'il s'agit de rénovation d'un service hospitalier, et en ai déduit que c'est là qu'est décédée la petite fille. Si c'est bien le cas il faut être plus explicite, plus pédagogique. Il doit bien rester des bouts de prises non présentés ici, à récupérer pour peaufiner cette séquence.
- Deuxième flash-back à reprendre, et c'est la scène la plus importante de tout le court métrage, la mère en salle d'attente, le père qui la rejoint avec la poupée, l'annonce du décès. Dans la version actuelle, elle fait à peine 50 secondes. Il me semble que c'est insuffisant, ou en tout cas pas assez mis en avant. Il faudrait la retravailler pour en faire la pièce maîtresse, quitte même à la passer deux fois dans le film (avec des plans différents s'il en existe).
5° de terminer sur la mère caressant la poupée dans la chambre de sa fille défunte (et non pas de terminer sur un 4ème bord de mer), en insistant sur cette scène de final qui ne fait que 34", mais le point culminant est là.
6° Le texte qui défile avant le générique est de trop à mon avis, ou trop long je ne sais pas. La dédicace suffirait à émouvoir.
7° Il y a quelques longueurs, les bords de mer dont je ne suis pas certain qu'ils apportent quelque chose au film, le gratin et le robinet dans la cuisine. Et surtout dans cette scène de la cuisine, on voit une mère "normale" qui a toute sa tête, ce qui est en contradiction avec la scène finale de la poupée bercée en pleurant. Il faut choisir. J'aime bien la scène de la cuisine mais elle n'est pas cohérente : le père qui subitement et pour un bref instant fait des projets et des câlins à une femme qui surveille l'heure et la cuisson du gratin, c'est trop décalé par rapport au reste.
8° Le personnage du fils benjamin," Billy Elliot chez les truands", c'est peut-être une bonne idée à la base, mais c'est une ramification secondaire du scénario difficilement justifiable dans un format court.
Je m'arrête là pour les suggestions de montage.
Hormis la qualité des prises de son en extérieur, la bande sonore m'a semblé bonne. Musique agréable.
Voilà monsieur Hulot, ça vaut l'avis d'un ignare, mais si tu dis que tout avis est bon à donner pour t'aider (peut-être) à prendre du recul et à transmettre quelques conseils autres que ceux de ta sensibilité de professionnel...
Ah, j’oubliais : le titre TRINA CRIA... incompréhensible, pas accrocheur du tout.
Love is all you need.