par zano65 » 30 Jan 2017, 21:47
Extrait d'un article sur "la pratique du mastering" trouvable sur le web:
La période analogique
Le mastering, en tant qu'activité distincte de l'enregistrement, n'apparaît qu'en 1948, avec l'introduction du premier magnétophone commercial à ruban, immédiatement adopté comme alternative au procédé antérieur. Avant cette date, tous les enregistrements sont faits en gravant directement sur vinyle en temps réel, à l'exclusion de toute possibilité de montage. Les premiers ingénieurs de mastering – le nom exact était transcription engineer - étaient des débutants dans la profession, à qui l'on confiait la tâche ingrate de transformer les rubans master provenant des studios d'enregistrement en un produit susceptible de survivre au processus de gravure. Après quelques années, une promotion devenait possible vers les postes plus créatifs et plus prestigieux d'ingénieurs de son spécialisés dans l'enregistrement ou, très lentement après 1955, date à laquelle apparaît la possibilité de l'enregistrement multipiste, dans le mixage.
Les problèmes du vinyle
Il s'agit, à l'époque et encore aujourd'hui, de viser à sauvegarder la plus grande part possible de la qualité sonore de la bande maîtresse, en naviguant entre les nombreux écueils causés par la nature même du médium, et en tentant de circonvenir un ensemble de limitations assez drastiques. Le sillon, de l'épaisseur d'un cheveu, comporte latéralement les informations de hauteur, et verticalement les informations d'amplitude.
- les fréquences basses affectent donc la largeur totale que monopolise le sillon, au détriment de la longueur du programme ;
- tandis que l'épaisseur du vinyle affecte la plage dynamique disponible.
Lorsque la gravure en stéréo fait son apparition, en 1957, le problème se complique : si l'information des deux canaux est hors phase, surtout dans les fréquences basses, l'aiguille est confrontée à un sillon qui se dilate et se contracte en largeur, ce qu'elle ne peut manifestement pas lire, à moins que la hauteur du sillon, coïncidant par miracle – et en proportion inverse - à la topologie latérale, ne le lui permette.
L'autre problème de taille concerne les très hautes fréquences, forcément limitées par la vitesse maximale du bras graveur, mais devenant tout simplement impossibles à graver lorsque l'accélération de la fréquence devient trop importante, autrement dit lorsque le saut instantané à exécuter entre deux hautes fréquences devient trop large. Les transitoires sont un exemple évident, partiellement contrôlé par des circuits ralentisseurs, mais le phénomène affecte également certaines consonnes – les sons s, ch, z, etc. – et tout un assortiment de sons produits par – ou ressemblant à – des instrument de musique comme le hi-hat ou la kabassa.
L'ensemble de ces limitations physiques se répercute inéluctablement sur la qualité de reproduction du contenu audio :
- pas de signal stéréo possible à partir d'un certain seuil dans les graves ;
- filtrage obligatoire dès l'apparition de percussions à fort contenu en hautes fréquences : cymbales, maracas, etc.
- contrôle obligatoire des sibilantes, par de-esseur dans les meilleurs des cas, sinon encore par filtrage passif;
- limitations absolues affectant la vitesse des transitoires ;
- compromis entre la plage fréquentielle maximale et la durée du programme ;
- compromis entre la plage dynamique maximale et les coûts liés à l'épaisseur du vinyle ;
- compromis entre la longévité du microsillon fini et les coûts liés à la qualité du vinyle. (1)
L'actuel mouvement de « retour » au vinyle a entraîné une nouvelle crédulité envers les vertus de ce médium. Que l'on sache cependant que, si la puissance des tours à graver est passée d'une dizaine de watts dans les années cinquante à un maximum de près de 500 watts vers 1975, ce qui a permis une meilleure prise en charge des transitoires et des sibilantes, la qualité de l'audio produit a parallèlement évolué, notamment par des formulations de rubans magnétiques de plus en plus performantes au niveau des hautes fréquences. Si bien que la quantité de compromis à effectuer pour pouvoir graver sur vinyle est demeurée sensiblement la même. D'autre part, il faut savoir que le dernier tour à graver sorti des usines Neumann, vers 1990, ne présentait que des différences cosmétiques avec les modèles produits 15 ans plus tôt, ce qui laisse songeur quand aux affirmations portant sur les « progrès » accomplis dans ce domaine depuis lors.
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1) Par souci d'exhaustivité, et bien que ce ne soit qu'indirectement en rapport avec le mastering, il convient d'ajouter à cette liste les problèmes qui surgissent à la lecture du microsillon :
- pleurage et scintillement ;
- faiblesse de la séparation stéréo ;
- bruits de moteur, directement transmis à l'aiguille, et/ou induits à la suite de faiblesses dans l'isolation électrique ;
- bruits de surface, etc.
jean