Der Kaiser

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Der Kaiser

Messagepar Phil » 14 Oct 2018, 10:27

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DER KAISER : Cannonball

Reconnaissons que les addicts du groupe ont dû faire preuve de patience. En effet, 33 ans séparent ce nouvel opus Cannonball du précédent La Griffe de l'Empire mais je crois que l'attente en valait la chandelle quand on y porte une écoute attentive. Un album engagé qui démarre dans une ambiance bucolique avec cette intro à la cornemuse magnifiquement interprétée par la talentueuse Joanne McIver. C'est juste une accalmie avant la tempête qui s'annonce puisque l'opener San Monster tel un Attila monté sur son fidèle destrier ravage tout sur son passage combinant le chant agressif EN ANGLAIS de Pierre Placines et une calvacade de riffs hyper mélodiques orchestrés par le subtil guitariste Bruno Hennequin et ce, sur fond de drames écologiques s'étant déroulés un peu partout dans le monde. C'est une "Chevauchée Fantastique" vers la Mort, ce morceau qui s'achève sur un superbe solo de notre six-cordiste.

"Point de temps mort" semble être la devise du gang francilien qui ne pense qu'à une seule chose : effectuer un retour par la grande porte. La cavalcade, portée par des riffs inspirés et syncopés est loin d'être terminée puisqu'une autre question aussi alarmante que la précédente, se pose de façon alarmante via le titre After Life et toutes ces promesses de vie éternelle véhiculées par des prédicateurs de tout poil prêts à tout pour embrigader des esprits faibles. Croire en quoi ou plutôt en qui ? En soi, ce n'est déjà pas si mal et cela se transcrit parfaitement par le biais de ce rythme effréné qui précipite le simple d'esprit vers une totale dépersonnalisation.

L'intro orageuse de Slate répété plusieurs fois par Pierre Placines insiste sur le caractère dramatique de l'évolution de notre monde d'aujourd'hui. Tout reprendre à zéro ? Peut-on encore y croire de nos jours ? Non, personne n'y croit. La nature humaine est depuis longtemps viciée. Une intro jouée à la batterie par Philippe (quel prénom merveilleux !!!!!) Stourme dévie sur un rythme lent puis rapide, une alternance destinée à montrer que l'Humain ne s'y retrouvant plus, est complètement déphasé ne pensant qu'à son petit confort personnel. Un morceau qui met mal à l'aise et qui traduit de surcroît parfaitement bien le malaise ambiant évoqué ci-dessus.

Ivory Tower (Part 1), morceau lent, lancinant axé sur des modulations de voix de la part de Pierre déviant ensuite sur des contre-temps savamment élaborés  pour s'achever sur une avalanche de riffs destructeurs est dédié à Freddie Mercury et à Ronnie James Dio. Ce titre a pour mission de décrire l'égoïsme chronique dans lequel l'être humain s'est engouffré et ce, afin d'éviter de se confronter aux problèmes de ses semblables pour se réfugier dans sa "Tour d'Ivoire", protégé (qu'il pense être) voire barricadé, oubliant sa condition première ('I just forgot to be a man' : "j'ai juste oublié d'être un être humain.") et son entendement ('Oh, my isolation makes me lose my mind' : "Mon isolement me fait perdre la raison".).

Gun Under Pillow : comprenez le "flingue sous l'oreiller" démarre sur un rythme hard très carré et pose la problématique suivante : la banalisation de l'utilisation des armes à feu aux Etats Unis. Les pros affirmeront presque que c'est dans l'ordre des choses, que c'est culturel donc ancré dans les mentalités et ceux qui sont contre, tenteront de combattre (cou)râgeusement cet état de fait. Avec le temps, le phénomène s'est de façon dramatique, accéléré, amplifié...Dans ce morceau, la cavalcade très "maidenienne", entrecoupée par quelques choeurs à tonalité "queenienne" se veut être le tragique reflet de ce fait de société qui fait encore aujourd'hui beaucoup trop de victimes innocentes.

Abordons maintenant The Odyssey Of Damned Souls, sans nul doute, la pièce-maîtresse de cet album revendicatif et râgeur. Un morceau épique de presque 8 minutes, tablant sur une ambiance fantastique et inquiétante, qui démarre sur une partie de basse à la Rime Of The Ancient Mariner, effectuée de main de maître par Thierry. Ensuite, intervention des twin guitars (insuflant ainsi une coloration foklorique), Bruno étant à ce moment précis épaulé de fort belle façon sur cette fresque par Béno. Le chant de Pierre se veut être tantôt mélodique tantôt agressif, supporté par des choeurs très "queeniens." Un titre attachant mais complexe et déconcertant dans l'approche qui tend à démontrer que le groupe tient vraiment à enrichir encore plus ses compositions. Une très belle réussite.

Encore une fois, c'est le comportement déviant de l'être humain qui est mis en avant dans ce morceau intitulé Vengeance Part II qui fait écho à l'opener figurant dans La Griffe de l'Empire. Un titre rapide, fort bien agencé, à consonance maidenienne, qui voit une nouvelle fois, une participation active de Béno à la guitare.

Mr Shadowman aborde la solitude humaine de celui qui vit reclus chez lui, la honte d'être lui-même, la société l'ayant peu à peu dissuadé de renouer avec une vie sociale "normale" souvent dans le cas de ceux ou celles qui perdent leur emploi. Un morceau mid-tempo s'accélérant sur la fin qui nous gratifie d'un superbe solo de guitare.

Diary Of A Coward, de par sa structure tourmentée, aborde, quant à lui, la violence conjugale malheureusement trop quotdienne aujourd'hui. Comment pourrait-on imaginer (ce qui est décrit dans les lyrics de la chanson) qu'un type "bien sous tout rapport" (qualifié de 'coward', "lâche" en français) soit amené à violenter au quotidien sa compagne et surtout comment le démasquer ? C'est la problématique posée par cette alarmante chanson.

L'album s'achève sur une deuxième fresque intitulée Cannonballs de plus de 8 minutes, à consonance plus guerrière cette fois-ci, sans doute, au niveau du thème abordé, plus coutumière du heavy metal. Dès le départ, la section rythmique "se met en marche" telle une armée conquérante avec pour seul leitmotiv d'en découdre avec l'ennemi. Rythme speed puis plus martelé à la façon d'un Kashmir garni de choeurs guerriers et de cornemuse. Et là, on se dit que la boucle est bouclée pour cet album ô combien pessimiste d'un point de vue réflexion et qui, par la même, pose de véritables questions de fond. Musicalement, il s'agit d'une vraie réussite démontrant qu'après 33 ans d'interruption, le groupe a encore de nombreuses choses à dire.
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