Les chansons qui constituent The Family That Play Together sont enregistrées entre mars 68 et septembre 68. Ce second album est encore une réussite, considéré comme un des sommets de leur production discographique. L'année de la parution de celui-ci, Spirit se lance dans une tournée au long cours et de nombreux groupes ouvrent pour eux, et pas des moindres, comme Led Zeppelin, Chicago ou Traffic. Ils jouent au festival pop d'Atlanta (le show est documenté par un bootleg) où Randy California retrouvera son ami Jimi Hendrix.
Le disque présente toutes les qualités déjà présentes dans l'album précédent ! Écriture ouvragée, mélodies ciselée et orchestration millimétrée. Des cuivres cette fois-ci viennent en renfort des cordes pour construire des architectures sur lesquelles viennent se poser les voix et la guitare de California. Celui-ci se forge un style assez vite reconnaissable avec ses notes tenues et tendues comme sur un fil l'est l'équilibriste. Aucun des titres ne dépasse les 5 minutes, à l'exception de Aren't You Glad ( constituant la conclusion qu'il fallait à cet album, une fin qui prend son temps et qui concentre toutes les qualités du groupe). Format court et concis à l'image de Drunkard qui fait dans la pop un peu maniérée sous influence anglaise, avec la touche de Marty Paich dont les cordes renvoient à son travail d'arrangeur pour nombre de disques de jazz et d'artistes "pop". On notera aussi une présence plus fréquente du piano (acoustique) qui donne à quelques morceaux une couleur un peu différente des titres du premier album qui étaient plus investis par le piano électrique.
All The Same est un des titres de l'album qui mériterait le plus d'éloge si ce n'est cette batterie esseulée au milieu. Les guitares de California y sont éloquentes, splendides, le riff d'une ingéniosité remarquable.
Pourtant certaines autres chansons me laissent un peu sur ma faim comme Jewish ou bien Deam Within A Dream, même si pourtant ce sont des chansons qui se hissent à un niveau que beaucoup d'autres ne sauront atteindre - la guitare de California y faisant toujours quelques merveilles. She Smiles (intitulé She Smiled sur la pochette de la première édition française) finit cependant, aujourd'hui, par me laisser indifférent - mais que lui reprocher exactement si ce n'est de n'être pas tout à fait au niveau du reste de l'album ? Les chœurs, peut-être, un peu trop appuyés ?
De toute façon, ce disque reste parmi les meilleurs que le groupe ait sorti - et il en reste à venir de somptueux. Les arrangements, les entrelacs de guitare et de claviers, les voix toujours bien placées et même parfois sophistiquées comme il se doit. Tout est cousu main, ici. Pas de grossières ficelles, de recettes déjà abouties et de routine expérimentée. Juste cinq musiciens qui maîtrisent leur art et le porte loin !
Pour finir deux anecdotes - la photo de recto de la pochette fut prise à Hollywood, 6830 Sunset Boulevard, au Sunset Highland Motel.
Pas très longtemps après la publication du disque, les bandes avec les mix finaux furent perdues aussi toutes les rééditions CD et les dernières rééditions vinyles (Sundazed par exemple) sont réalisées à partir de nouveaux mix faits par Bob Irwin, California et Ed Cassidy en 1996 pour Sony. Les mix des titres de l'album parus sur la compilation Time CIrcle, quant à eux, sont des mix encore différents. Conclusion, si vous voulez découvrir l'album tel qu'il est paru en 68, il vous faudra chercher une copie de l'édition originale.
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