Andrew Wartts & The Gospel Storytellers • There Is A God Somewhere | Champ, 1982
Au départ, j'étais parti sur le disque de Gray sorti en 2010 qui était un projet de Jean-Michel Basquiat et ses potes fin 70, début 80. Sorte de trip-hop, no wave et noise assez stylé. Le disque aurait dormi des lustres et serait finalement sorti sur un petit label donc 40 ans plus tard. Devant la production très propre j'ai eu des doutes sur la véracité du contenu et je me suis rabattu sur un disque qui est un de mes fétiches depuis plusieurs années, j'en ai déjà parlé ici je crois.
J'ai découvert ce disque en écoutant une des nombreuses mixtapes de Gilles Peterson, via le morceau "Peter & John" qui conclut l'album de l'ADLS. Compilation deep soul, tropicale et jazz, on y retrouvait dans la même veine le fameux morceau de Roger Vanderbilt - compilé depuis par Numero Group - "A Message Especially From God".
Pour jouer court, parce qu'il n'y a pas franchement beaucoup de choses à dire à propos d'André Verrue. Il viendrait du même quartier que Donny Hattaway qui l'aurait grandement influencé, puis à bougé en Ohio où il a chanté dans pas mal de formations anecdotique avant d'enregistrer ce disque en 1982 chez Champ, label du Tennessee spécialisé dans les 45 tours de Gospel.
Gospel funk, quoi c'est ? C'est donc un sous-genre de la musique pieuse de paroisses afro-américaines saucée à la mode de l'époque, c'est à dire en piochant dans ce qui faisait du côté des gros labels que ce soit Chess — qui en a sorti, notamment le disque de la mère de Fontella Bass, Martha, le fameux Rescue Me, titre du LP repris par sa fille — ou Motown, Stax, King ou Parkway. À noter que toutes les pochettes de LP se ressemblent assez souvent : Photo de nature, que ce soit cascades ou forêts, sunflares et typographie sobre (Style graphique que Numero Group a réutilisé via ses compilations Good God! Apocryphal Hymns). Le propos est clair, on est dans le jardin d'Eden, il faut se repentir en musique.
Certains la joue clairement funk bien venere à l'instar de Carlton Basco avec ce "Don't Chain My Soul" ou les Gospel Comforters et leurs "Yes God Is Real" voire le carrément orgiaque "If Jesus Came" des Gospel Soul Revivals. D'autres préfère le côté introspectif et dans le registre un peu plus sweet comme le Halleluhia Chorus, voire carrément Deep Soul comme le James Sanders & The Gospel Legends From The East Coast (et leur tuerie absolue "Come On Up To My Glory" écoutable ici à partir de 6:55) ou les Pilgrim Jubilee Singers dont la pochette est similaire à celle d'Andrew Wartts & GST.
Le disque proposé, bien que sorti et produit en 1982 sonne comme un disque sorti dix ans plus tôt : Production dépouillée, orchestre réduit au strict minimum, sans cuivres et un écho de voix tout à fait introspectif. On oscille entre ballade soul classique ("Can You Say Yeah" rappellant les premiers Temptations, ou Smokey) avec batterie jazz, ritournelles plus funky à l'instar de "What Is The Name" ou le carrément Meters "Peter & John", mais les complaintes soul/folk se tirent la part belle du disque. À titre personnel je trouve que c'est dans ces morceaux que le meilleur du disque sort notamment sur "Rich Man Poor Man" ou le carrément ouf "A Man Called Jesus" qui me rappelle le premier Terry Callier sur Prestige.
L'enregistrement passable du disque sert plutôt bien le propos catholique louant l'humilité etc. Et je qualifie la réussite de ce disque grâce cette sincérité désarmante qui se dégage de la plupart des morceaux et qui ferait apprécier ce disque de prêchi-prêcha au pire des mangeurs d'enfants soviétique, anarchiste allemands - les coréens sont hors-concours, on sait bien qu'ils savent pas danser.
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