PESKY GEE / BLACK WIDOW (Bio)

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PESKY GEE / BLACK WIDOW (Bio)

Messagepar alcat01 » 27 Fév 2019, 02:10

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Black Widow est un groupe quasi légendaire de Rock Britannique formé à Leicester, en Angleterre, à partir des cendres d'un combo de Psyché, Soul & R'n'B appelé Pesky Gee, en Septembre 1969, qui joue une sorte de proto Prog Rock typique de l'époque, proche, sous certains côtés, de celui de Jethro Tull, avec orgue, influences Jazz, et un goût prononcé pour les longs morceaux.

Il a connu une carrière mouvementée mais quelque peu tronquée, qui a pourtant notamment produit quatre albums studio de qualité variable, une grande et fidèle 'fanbase' en Italie, tout un tas de controverses et, surtout, un rôle principal devant près de 100 000 personnes lors du premier Isle of Wight Festival.

Black Widow est surtout connu pour son recours précoce à l'imagerie sataniste et à l'occulte, tant dans sa musique que dans son jeu de scène.

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Le groupe originaire des Midlands avait été formé, à son origine, en 1966 sous le nom de Pesky Gee avec la chanteuse Kay Garrett, Kip Trevor, au chant, à la guitare et à l'harmonica, Chris Dredge, à la guitare, Bob Bond, à la basse, Clive Box, à la batterie et au piano, Gerry "Zoot" Taylor, à l'orgue, Clive Jones (alias Clive Beer-Jones), au saxophone et à la flûte, Jim Gannon, à la guitare et au chant remplacera Dredge au Printemps 1969.

Ces six gars et cette fille avaient débuté en tant que groupe Soul en 1966 et, en 1969, ils étaient devenus un assez bon groupe Progressif Soul /Blues /Psyché avec un bel équilibre entre les sons classiques de l'orgue Hammond de Jess Taylor, le jeu incisif de guitare de Jim Gannon, les saxes de Clive Jones et la voix légèrement folky de la chanteuse Kay Garret.

Leur premier enregistrement fut un single. Après quoi, quelques changements de line-up ont eu lieu, le plus important étant l'arrivée de Jim Gannon qui venait d'un groupe du nom de Broodley Hoo dont l'instrumental "Pesky Gee!" avait donné son nom au groupe.
Les deux titres qui composaient ce single, "A place of heartbreak" et la reprise de "Where is my mind" de Vanilla Fudge (une touche plutôt ironique compte tenu de la réputation de Vanilla Fudge reposant sur tellement de reprises d'autres compositeurs) sont en fait admirablement aventureux pour une sortie en single.
Garrett est la chanteuse principale des deux chansons, celles-ci démontrant à quel point le marché des singles à la fin des années soixante et du début des années soixante-dix étaient tellement excitant à l’époque.
Même si cette version n’a pas atteint les Charts, il existe une similitude relativement marquée entre les voix de Garrett et celles de Sonja Kristina de Curved Air.

Comparé au line up avec deux chanteurs de Soul Music de 1966, Pesky Gee était déjà un groupe très différent au moment de la sortie en 1969 de leur premier et seul album. En effet, le Psychédélisme avait affecté le groupe et ils avaient commencé à jouer beaucoup de reprises de différents groupes de cette époque.
Des reprises, principalement des reprises, oui, mais Pesky Gee avait une démarche différente de bien des groupes en prenant les chansons et en les reconstruisant à leur sauce. Lorsqu'ils avaient tenté d'écrire une chanson eux-mêmes, ils n'avaient pas toujours vraiment réussi.

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Leur unique album, "Exclamation Mark" (ou "!"), sorti sur le label Pye Records en 1969, regorge de ces reprises qu’ils jouaient sur le circuit.
Pesky Gee avait tenté le pari plutôt osé de reprendre un original de Vanilla Fudge, mais le groupe était plus enraciné dans l'étrange flambée des trips provenants de San Francisco et dans le Heavy Rythm'N'Blues de la scène underground Britannique à la fin des années 60.

Dans le contexte, le son psychédélique, bluesy et rock de cet album s’intègre parfaitement à la fin des années soixante.
"Exclamation Mark" associe très bien le R'n'B funky couvert d'orgues à un Psychédélisme et à quelques nuances jazzy, avec un groupe présentant une panoplie de maitrises musicales musclées qui évitent les sons légers et moelleux du Psychédélisme Britannique pour un son plus américanisé qui semblait quelque peu combler le fossé entre Psyché et Prog.
L’album présentait un mélange complet et éclectique de styles issus d’un ensemble de personnalités apparemment plutôt talentueuses dirigée par le chanteur et parolier énigmatique Kip Trevor.
Avec pas moins de sept membres à temps plein, Pesky Gee avait enregistré le reste de cet album (en dehors du single) dans une session tardive. Il est probablement juste de dire que ni le groupe ni leur label Pye n'ont été submergés par les résultats alors que le contrat d'enregistrement du groupe était sur le point de se terminer.

Dans l’ensemble, la musique a tendance à se mouvoir entre Blues Rock, Jazz Rock et même tout simplement Rock. En fait, le son de Pesky Gee rappelle peut-être un peu quelque chose d’Affinity, tiré des mêmes racines du Blues et du Jazz, avec une bonne chanteuse Soul au premier plan (les voix de Kay et Linda Hoyle se ressemblent), à l’exception du fait que Pesky Gee n’a jamais écrit une chanson pour leur album (ce n’était pas non plus la force d’Affinity, mais ils en ont réussi quelques-unes).
Outre la double attaque vocale, les sons d'un bon saxophone, des guitares plein d'entrain et un orgue Hammond sont toujours bien présents. Bien que le groupe semble très enjoué, un peu comme Colosseum le fait dans "The Kettle" ou "Walking In The Park", c’est surtout dans les moments les plus sombres qu'ils sonr plus intéressants: des titres comme "Season Of The Witch", de Donovan, le grand "Piece Of Mind", de Family, ou "Born To Be Wild", de Steppenwolf, sont de bons succès, alors que le groupe rate un peu le "Piece Of My Heart" (pas facile après Janis) ou le "Where Is My Mind", de Vanilla Fudge, et d’autres pourraient sembler peut-être un peu plus futiles comme le "Dharma for One" de Jethro Tull. On retrouve aussi les morceaux qui ont été publiés sur le single.

En débutant par "Another Country" de The Electric Flag qui dure environ sept minutes et demie, les agréables surprises semblent commencer tout de suite, le saxe de Clive Jones sonnant un peu comme David Jackson de Van der Graaf Generator, avant même que celui-ci n’ait jamais enregistré en studio. Cette ouverture est assez accrocheuse car elle contient tous les ingrédients précités et c'est un raccourci merveilleux de cette période. Elle contient un joli solo d'orgue suivi d'un saxophone accompagné d'une lead guitare. La chanson elle-même n'est pourtant pas particulièrement mémorable, mais la longue pause instrumentale est agréable.
Il existe des liens qui semblent assez étroits avec Deep Purple Mark I: ainsi, l’instrumental "Pigs Foots" signé Ben Dixon qui plonge au cœur du Freeform Jazz, avec orgue, saxophone et guitare à la suite, commence dans le style de "Wring That Neck". C'est un autre morceau solide même si l’ambiance jazzy est peut-être un peu trop marquée.
Leur version très intéressante de "Season of The Witch" de Donovan est proche musicalement de Jefferson Airplane. C'est peut-être dû au fait que Kay Garret était fan de Grace Slick, l’Airplane reprenant également Donovan à plusieurs reprises. Leur version présente en revanche la première apparition de la chanteuse Kay Garrett, qui interprète le Blues un peu comme le faisait Janis Joplin.
"A Place Of Heartbreak" est un morceau dramatique très efficace.
Pesky Gee reprend également une chanson de Vanilla Fudge, "Where Is My Mind?", mais comme mentionné ci-dessus, la piste de Vanilla Fudge manque un peu de possibilités
L'album comprend également une reprise de "Piece of my Heart", une chanson écrite à l'origine pour la soeur d'Aretha Franklin, Erma, mais rendue célèbre par Janis Joplin. La chanson a depuis été reprise par de nombreux artistes, cette version étant une interprétation décente mais sans plus.
Leur reprise de Jethro Tull, "Dharma For One", semble un peu trop jazzy, mais c'est cependant l’un des morceaux les plus excitants de l’album, évoquant quelque peu une sorte de croisement entre Chicago et Santana.
Après la brève infusion de Pop, "Peace of Mind" de Family, l'album se termine par une reprise jazzy plutôt prosaïque de l'hymne "Born To Be Wild" de Steppenwolf, et ce n'est pas la meilleure version de cette chanson.

A noter que le groupe avait sorti son unique album à un prix totalement dérisoire. Pour un premier essai, et gardant à l'esprit que ces enregistrements datent d'une cinquantaine d'années, le mérite revient à Pesky Gee pour avoir proposé quelque chose qui démontre une volonté de repousser les limites toujours un peu plus loin.
Cet album est surtout intéressant pour ceux qui souhaitent avoir un aperçu du début de Black Widow et qu’il est donc plutôt une affaire de fans.
Car il s’agit bien, en fait, d’une première version de Black Widow qui a enregistré cet album et qui n’a pas changé pour commencer à travailler sur le premier album de ce groupe, "Sacrifice". La chanteuse Kay Garrett quittera toutefois le groupe avant la fin de "Sacrifice".
Ceux qui connaissent le travail de Black Widow seront donc heureux d’apprendre qu’il s’agit d’une sorte d’album perdu. La musique est certes sensiblement plus primitive, l’impression générale est celle d’un groupe qui cherche désespérément à obtenir quelque chose. Il y a cependant une naïveté agréable dans les sons dirigés par l'orgue et les passages instrumentaux infusés par le saxophone.
C’est l’un de ces albums que l'on peut apprécier à son écoute, mais qui ne donne pas forcément envie de le réécouter.
Il n'y a rien de mal avec la musique en tant que telle, mais encore une fois, il manque peut-être un peu d'attraits pour captiver l'imagination. Pas un album essentiel pour le moins, mais un disque qui possède un certain charme.

Kay Garrett étant définitivement partie, les membres restants de Pesky Gee abandonnent ce nom et continuent en tant que Black Widow.

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Pour la formation, l'étape logique suivante consistait à adopter la nouvelle scène musicale 'progressive' qui envahissait la Grande-Bretagne à l’époque et ainsi, Black Widow est né lorsque "Sacrifice" a été publié à la suite de séances avec le producteur Pat Meehan Jr et le futur producteur de Queen, l'ingénieur du son Roy Thomas Baker.

Pour cet opus, Kip Trevor est accompagné par Jim Gannon (guitare), Zoot Taylor (orgue, piano), Clive Jones (saxophone, flûte, clarinette), Bob Bond (basse) et Clive Box (percussions) qui est grosso modo le dernier line-up de Pesky Gee, mais sans Chris Dredge.
Evoluant d'un groupe légèrement jazzy, Black Widow a modifié son image de marque dans les pratiques durables de cet album.
"Sacrifice" explore des thèmes occultes et des rituels sataniques à travers ses paroles tordues.
Toutes les chansons évoquent notamment Satan, la sorcellerie, et les démons.
De temps en temps, Trevor et Gannon pouvaient, à l'occasion, pousser un peu trop leur obsession de ces sujets mystérieux, ce qui amenait le groupe à faire l’objet d’une folle histoire de 'panique morale' à la une de ces pourvoyeurs de normes morales, le journal 'The Sun', grâce à un concert particulier dans lequel le groupe avait attaché une "vierge" nue à un autel et avait ensuite joué un sacrifice sanglant.

Cependant, la musique parle toujours pour elle-même et le style de Rock Progressif de Black Widow est suffisamment puissant pour que l'on puisse ignorer les aberrations littérales occasionnelles.
Et dans le genre, cet album est assez particulier. Tout d'abord, Clive Jones, l'extraordinaire saxophoniste (également à la flûte et à la clarinette) crée définitivement la belle atmosphère pour les deux premières parties, le génial "In Ancient Days" et "Way to Power". Et puis le chanteur est expressif à l'excès.
"Sacrifice" n’est pas un album classique, mais c’est un très bon album qui est certainement leur meilleur album.
L'album révèle une musicalité accomplie et une touche jazzy dominante par rapport à leur matériel précédent, mais il est aussi beaucoup plus ambitieux sur le plan musical et lyrique, les principaux auteurs-compositeurs Kip Trevor et Jim Gannon basant leurs chansons sur des enseignements occultes et des rituels de magie noire, des thèmes qui allaient tomber faute de la majorité morale de l'époque.

Black Widow a souvent été comparé, à l'époque, à Black Sabbath, groupe de Heavy Metal beaucoup plus connu, bien que ces deux groupes n'aient vraiment pas grand chose en commun.
À la différence de Black Sabbath, les paroles semblent plus 'vraies', plus documentées sur l'univers satanique. Alors que celles de Black Sabbath sont surtout influencées par des films d'horreur et une bonne dose de superstition, Black Widow au contraire, aime citer dans ses chansons des rituels, des entités démoniaques qui apparaissent vraiment dans les livres.

À l'époque, l'intérêt pour l'occultisme grandissait, avec la fin de l'Âge du Verseau et des groupes comme Coven, Black Sabbath et ce groupe qui se produisait avec des types chauves comme Anton Lavey.
Mais pour les groupes qui explorent ces éléments, ils empruntent souvent des chemins très différents pour capturer cette aura occulte et bizarre.
"Sacrifice" propose un concept puissant et sinistre qui fait particulièrement ressortir le groove des années 60, les solos de flûte style Jethro Tull et des paroles inspirées par Aleister Crowley.

Black Widow ne réussit peut-être pas à explorer l'harmonie sombre comme le fait Black Sabbath avec son premier album révolutionnaire, mais il s'agit néanmoins d'une œuvre puissante à part entière, partageant plutôt des caractéristiques musicales avec des groupes comme Jethro Tull ou Atomic Rooster.
Car il n'y a rien de bien Heavy sur cet album, c'est plutôt du solide Art Rock avec quelques passages plus Rock Progressif. Un son chaleureux de 1970 avec des orgues, une basse puissante, quelques bons passages de flûte, de belles guitares et une qualité de chant assez bonne, même si rien de vraiment exceptionnel.
L’album est même plutôt une merveille de Rock Progressif, et il est en réalité très cohérent tout au long du voyage.
Chaque chanson a de bonnes idées bien accrocheuses et une certaine torsion sonore comme la section de cordes sur "Come to the Sabbat". Aucune des chansons ne sonne vraiment comme si elles avaient été entièrement développées en tant que compositions.
En fait, la musique de "Sacrifice" ressemblerait presque à une sorte de croisement entre Deep Purple (époque de Rod Evans), Uriah Heep et Birth Control (principalement dû aux sons de l'orgue Hammond et de la guitare) mélangés à Jethro Tull, Van Der Graaf Generator, et King Crimson (grâce à l'inclusion libérale de la flûte, du saxo et de la clarinette).
Black Widow ne fait souvent que répéter des versets et des refrains, mais il semble, peut-être, manquer d'idées directrices. De plus, les paroles 'sataniques' espiègles ne fonctionnent pas forcément comme des paroles mémorables de chansons entraînantes.
Ces quelques 'manques' peuvent disqualifier "Sacrifice" comme un album à absolument écouter avec une attention soutenue auprès de certains auditeurs occasionnels.
Chaque chanson a pourtant un grand moment et l’énergie du disque est grande, parfois même énorme, très sympathique et exécutée avec une énergie tout à fait appropriée.

"Sacrifice" se joue presque comme une célébration des arts noirs. Presque chaque chanson de "Sacrifice" semble être une quête du pouvoir à travers des rituels sataniques.
Dans les faits, le mot "power" est dit si souvent dans cet opus qu'il pourrait presque s'agir d'un jeu. Il y a aussi le désir ardent d'avoir des relations sexuelles avec un bébé démon.
La musique elle-même complète les paroles en donnant une ambiance joyeuse à tout, comme s’il s’agissait d’une invitation à se joindre à la fête, à avoir deux Hits, à regarder un sacrifice et à se mettre nu.
La musique est à peine Rock même parfois, il s’agit plutôt d’un hybride de Jazz et de Folk tribal avec un peu de Rock, qui ressemble beaucoup plus à du H.P. Lovecraft que du Heavy Rock Blues.

Avec des guitares acoustiques et de longues notes de saxophone qui jettent souvent les bases des chansons et des toms qui les accompagnent dans des percussions afro, martiales ou cérémoniales, cela ne peut guère être qualifié de clône de Black Sabbath; et quand le rythme s'accélère, cela peut être dans une atmosphère 'joyeuse' avec des voix de choeurs plutôt psyché / pop, comme dans le refrain de “Attack of the Demons”… ' joyeuse' avec un tel titre parce que si les paroles ont une sombre destinée ou traitent de sujets ésotériques, d'anciennes pratiques magiques, de sacrifices, de poupées de cire, de réincarnations ou de damnation de l'âme, soit déclamées, soit chantées dans des tons prémonitoires graves, par des vocaux solo ou multipistes, ce n'est pas l'ambiance transmise par le son du groupe; "Seduction", par exemple, alterne de la flûte languissante, des cordes et des cloches, une sensation d'interlude en une Bossa heureuse avec le saxophone presque dans une veine Stan Getz et un solo d’orgue dans un rythme boléro… les comparaisons avec Jethro Tull peuvent également être faites dans des parties de flûte réminiscentes ou dans le célèbre “Come to the Sabbat”; la basse et l'orgue, omniprésents et inspirés, transmettent souvent davantage une sensation de R N Blues ou même de White Soul, alors que les longs solos, les structures de chansons peu orthodoxes et les changements de rythme donnent à ce groupe un véritable côté Progressif; On peut aussi un peu penser également à Deep Purple, que ce soit dans certaines parties du groove de la chanson "Sacrifice" ou dans les éclaboussures et les glissandos remplis de Leslie de l’orgue de l'intro du disque; Les comparaisons avec Audience ou le East of Eden du début sont également valables; Mais cet album très éclectique est unique et fait de ce "Sacrifice" une expérience des plus agréables.

Parmi les temps forts, citons surtout le saxophone vraiment doux qui joue dans le morceau d'ouverture, la section jazzy de "Seduction" et le choeur de tueur d'"Attack Of The Demon". Des trucs cool comme "na na na na" soutiennent les peines désespérées de Kip.

C'est un concept-album qui raconte l'histoire d'un sorcier qui s'adonne à une série de rituels afin de ressusciter sa compagne, le démon Astaroth. Le dernier morceau, qui donne son titre à l'album, évoque un sacrifice humain en vue de cet ultime objectif.

Bien sûr, on ne peut pas parler de cet album sans mentionner "Come To The Sabbat" et son chant hilarant bien qu'effrayant. Encore une fois, ce qui fait que quelque chose comme cela fonctionne, c’est la façon dont la musique évite les riffs vaseux lourds et terrifiants pour un son beaucoup plus léger et parfois progressif.
Sans la musique d'horreur, les paroles à elles seules deviennent davantage un sujet de discussion, faisant de "Sacrifice" une aventure à la fois étrange et dérangeante.
En fin de compte, tout est vraiment stupide avec les clés de Salomon, les tomes anciens, les dagues sacrificielles et les jolies princesses de châteaux de feu. Bien sûr, l'idiotie peut même être amusante, et dans ce cas, elle l'est particulièrement.

"Sacrifice" est, avant tout, un excellent album de proto Prog, hésitant parfois entre la Psychedelic Pop des années 60 et le Rock plus jazzy des années 70 avec des tendances progressives. L'utilisation fréquente de la flûte rappelle parfois le Jethro Tull du début mais avant lontemps, une section de cuivres ou une mélodie attrayante montre que cette musique est encore bien ancrée dans les arrangements et le songwriting des années 60.

Dans l'ensemble, l'album est progressif, avec des chansons comme "Attack Of The Demon" ou "Sacrifice" qui sonne beaucoup plus Heavy qu'elles ne le sont réellement, mais qui ne font que renforcer les forces du groupe, car elles créent quelque chose d'unique parmi ses pairs, cela ne sera pas repris par les imitateurs avant plusieurs décennies. Certainement un classique de Doom.

La musique, malgré la lourdeur des paroles sataniques, n'a pas une sonorité sinistre, c'est en fait assez sympa et joyeux.
Les morceaux sont complètement accrocheurs mais rarement particulièrement remarquables à l'exception du morceau d'ouverture bluesy et du final rockant. L'ouverture "In Ancient Days" pourrait certainement être aimée par les fans de Grunge et de Stoner pour ses qualitités de Heavy Blues, alors que le saxophone et le mellotron enflammerait plutôt le coeur d'un progger. Le final "Sacrifice" est joué sur un rythme plus rapide avec des jams étendues, des flûtes furieuses et un abus d'orgue de bon goût.
Si l'album entier était de qualité comparable, ce serait un véritable must, mais toutes les chansons dans l'intervalle ne sont pas vraiment du même acabit, sans être de mauvaises chansons.
Pourtant, chaque chanson a de très bonnes idées entraînantes et un bon son, par exemple, l'excellente section de cordes sur "Come to the Sabbat", et l’énergie du disque est grande, très sympathique et exécutée avec une énergie tout à fait appropriée. C'est surtout une bien jolie affaire de tripes avec beaucoup d'excursions tourbillonnantes dans l'orgue Hammond et la flûte, accompagnées de paroles occultes plutôt idiotes, "Come to the Sabbat, Satan's there!" ("Viens au Sabbat, Satan est là!").

"Come, come, come to the Sabbat, come to the Sabbat, Satan's there, Satan's there!" ("Viens, viens, viens au Sabbat, viens au Sabbat, Satan est là, Satan est là!") ou "I conjure thee, I conjure thee appear, I raise you mighty Demon, come before me, join me here!" ("Je te conjure, je te conjure, je t'élève, puissant démon, viens devant moi, rejoins-moi ici!") montrent des paroles totalement païennes et libres d'esprit, et, par conséquent, complètement géniales. La musique est assez jazzy, assez progressive, et elle complète parfaitement les mots. On sent beaucoup de magie qui se passe, et chacun peut facilement imaginer des sorcières nues dansant au clair de lune tout en écoutant ces chansons. Il est vraiment dommage que le groupe ait abandonné son côté satanique après cette sortie.

"Sacrifice", "Come To The Sabbat", "Seduction" et "In Ancient Days" sont parmi les plus authentiques et les meilleures chansons occultes jamais enregistrées, et le reste est presque aussi bon. Et même si l'auditeur n’est pas particulièrement dans le satanique ni dans le contenu lyrique, la musique est toujours bien composée et bien jouée, et l’album a beaucoup à offrir.

Dès l'ouverture, l'album débute brillamment avec le très long "In Ancient Days"; il est évident que la tangence thématique avec les dieux du Metal ne s'applique pas du tout au son du groupe. Commençant par un orgue fantasmagorique qui incarne le côté génial du prog des premiers jours, la chanson évolue en une sorte de centrale électrique plutôt jazzy accompagnée d’accords de hammond détonants, de passages pour saxophone tranquilles et de paroles concernant l’éveil d’un démon (thème récurrent). La grande utilisation du saxophone et de l'orgue Hammond, couplé avec une voix angélique pour créer un hymne très crimsonien, évoque une merveilleuse atmosphère à nulle autre pareille. La guitare acoustique est incisive, le jeu du saxophone est brillant et les cordes ressemblent à celles d'un Mellotron, avant que le chant ne prenne la suite.
"...Dans des temps anciens, dans d’autres vies, passées, mais non oubliées, je connaissais le pouvoir de l’esprit et de la chair, pour que ma volonté soit obéie. À Adonaï et à Babylone, des Étrusques et des Égyptiens sont venu dans mon temple et voyagé dans la vallée de la Lune. Sous terre où aucune lumière n’osait venir, sous ma pyramide, je me suis trouvé en enfer, homme mortel, entre Bélial et Satan...". Le monde chtonique a ses propres charmes et son propre attrait depuis les temps anciens et les dieux du monde inférieur sont puissants et insatiables.
Poursuivant l'atmosphère douce, le morceau suivant, "Way To Power" est plus agressif et il contient un couplet Heavy, axé sur le saxophone, et l'ensemble de la composition ressemble à une pièce complémentaire de la chanson précédente. Un début tout à fait incroyable pour ce disque.
Avec son choeur diabolique et son ronronnement effrayant, "Come To The Sabbat" montre de manière très brillante pourquoi Black Widow a eu une influence sur la plupart des groupes de Black Metal des années 80. Ce morceau est assez fou, car le chant devient de plus en plus fort et plus rapide et les instruments construisent un crescendo assez efficace. "Come, come, come to the sabbath, come to the sabbath, Satan's there". ("Viens, viens, viens au sabbat, Satan est là"). "Come to the Sabbat" a été le "Hit" de l'album avec SON refrain martelé et répété et, bien sûr le single tiré de l'album.
Les deux titres suivants, "Conjuration" et "Seduction" laissent un peu refroidir les choses avant la fin toute climatique de la seconde face, où les origines jazzy de Pesky Gee! deviennent parfaitement palpables.
"Conjuration" est une superbe chanson, qui ajoute des cordes de fond mélancoliques et un rythme boléro sous des ordres de trompettes sévères.
Kip Trever a préservé sa voix pour le meilleur moment de l'album, "Seduction", qui est une ballade plutôt agréable, et la partie centrale sonne comme la bande son d'un mauvais film. C'est peut-être la plus belle chanson avec un interlude de bossa-nova exquis dirigé par une clarinette audacieuse. Il y a des dizaines de flûtes douces et groovy mais ce n'est pas Jethro Tull. Quoi qu'il en soit, le groupe a un son distinctif et pas si sombre que ce soit censé l'être pour le néophyte ou l'amateur de progressif qui est tombé par hasard dans l'imagerie et les paroles du groupe.
Au sommet de sa capacité, "Attack of the Demon" a une atmosphère profondément Boogie, avec des paroles glaçantes, "...All of my sins has left me in hell!..." ("Tous mes péchés m'ont laissé en enfer!") et aussi: "All my sins have damned my soul in Hell". ("Tous mes péchés ont damné mon âme en enfer").
Etant la piste la plus pimpante de l’album, la chanson de fin, "Sacrifice", qui dure plus de onze minutes, est une pièce des plus exquises qui contient une section centrale ravissante composée de solos pour flûte et orgue et un solo jazzy.
"...Un sacrifice, un sacrifice tu dis que tu veux un sacrifice, tu dis les mots trop facilement pour savoir ce que tu veux dire. Une main noire, une main blanche, je vais tuer sauvagement avec ton couteau. Je sais très bien que tu n'as pas perdu une chose pour répondre au sang...".
Un sacrifice sous forme de musique est imminemment acceptable si la musique est bonne, et c'est le cas.

Les débuts de Black Widow sont donc finalement assez éloignés de ce qui pourrait être considéré comme du Heavy Metal, même comparé à ce qui existait à l'époque, mais l'attitude est là.
C'est; en fin de compte, une sorte de Art Rock solide avec quelques passages mineurs de Rock Progressif. Un son chaud de 1970 avec des orgues, de la basse survoltée, de belles guitares et une bonne qualité de chant, même si rien d’exceptionnel.
"Sacrifice" est un album assez respecté par les fans de genre, mais il n'est pourtant toujours pas considéré comme l'une des pierres angulaires du Rock Progressif des années 70.

En écoutant cet album de nos jours, les paroles sur des titres tels que "Come to the Sabbat", "Attack of the Demon", "Conjuration", "In Ancient Days" et le long titre semblent plutôt mielleux et apprivoisé, certainement rien qui puisse susciter la controverse au sein du public d’aujourd’hui alors qu’il provoquait des groupes de surveillance de moralité dans les années 1970.
Hormis ces polémiques qui ne manquèrent pas à ce moment-là, "Sacrifice" atteint la 32e place du UK Albums Chart.
Malheureusement, les sorties suivantes n’auront pas une identité musicale aussi forte ni des thèmes lyriques aussi sombres que cet opus qui faisait de Black Widow un véritable prodige.
Audacieux, controversé et étonnamment accrocheur, "Sacrifice" est encore l'un des joyaux cachés du Rock Progressif et un must pour les fans d'orgues Rock.
Ce fut le seul album de Black Widow avec des paroles sataniques. Il semble que certains fondamentalistes chrétiens aient été scandalisés.
À cette époque, le groupe avait provoqué une importante controverse surtout motivée par ses concerts spectaculaires où le sacrifice d'une jeune vierge était mimée.
L'apparition d'une femme nue sur scène, avec Kip Trevor brandissant un poignard au-dessus d'elle ne manqua pas d'échauder les esprits. Deux agents du FBI, accompagnés d'un prêtre, assistèrent même à l'un de leurs concerts afin de savoir s'il s'agissait vraiment de rituels sataniques. Plus incroyable encore, le sorcier Alex Sanders, surnommé King of the Witches, avait mis en garde le groupe du danger auquel il s'exposait, craignant qu'il n'attisa la colère d'Astaroth en jouant ainsi avec la sorcellerie.
Il les avait rencontré, avait béni le poignard qui servait lors des représentations et leur donna divers conseils pour éviter le drame.
Cependant, lors d'un concert, la jeune femme censée jouer docilement la vierge sacrifiée déboula sur scène dans un état second en brandissant un fouet. Elle frappa Kip Trevor au visage et le blessa.
Celui-ci, mécontent, arracha violemment les vêtements de la femme. Le public, persuadé que cela fait partie du spectacle n'intervint pas.

Black Widow n'avait pas prévu de telles réactions face à leur album et le groupe avait donc été obligé d'abandonner cette image et tous leurs albums suivants contiennent des paroles plus typiques.

A noter que Black Widow s'est produit au Whitsun Festival à Plumpton, au Royaume-Uni, et au Isle of Wight Festival en 1970.

Propulsé par sa mise en scène de la magie noire et par ce premier album enthousiasmant, le groupes emblait en mesure d'accéder rapidement à un succès international massif, mais après les tueries de Charles Manson, Black Widow fut interdit de tournée aux Etats-Unis.
L'une des premières conséquences fut que la formation se résigna par la force des choses à abandonner toute référence à la sorcellerie pour l'enregistrement de son second album, simplement intitulé "Black Widow".
Ce qui peut alors être considéré comme une décision raisonnable, un laisser passer pour conquérir un public plus large, s'avère également être une prise de risque non négligeable.
Ce théâtralisme scénique morbide et les préoccupations sataniques associées avaient en effet permis à Black Widow de s'extirper de l'anonymat et rien ne prouvait que le groupe soit encore suffisamment installé pour se reposer uniquement sur sa musique, aussi savoureuse soit-elle.
Quoi qu'il en soit, une telle audace devait impérativement être assortie d'une solide performance musicale.

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Pour ce faire, Black Widow abandonna donc ses gimmicks diaboliques au profit de ce que les compositeurs savaient faire de mieux, c'est-à-dire écrire des jams mémorables moitié Folk / moitié Hard Blues Rock.

Ce nouveau disque n'est donc pas aussi sombre que "Sacrifice" mais tout aussi bien car le groupe a fini par développer son propre style ET il ne sonne pas comme les autres formations de l'époque.
Cependant, certains solos de flûte peuvent encore rappeler Jethro Tull, mais Black Widow se distingue particulièrement avec un intéressant mélange de Folk et de Hard Rock pour leur donner un son distinct.

A SUIVRE

Discographie:

Pesky Gee

"Exclamation Mark" (ou "!") (1969)

Black Widow

Sacrifice (1970)
Black Widow (1971)
Black Widow III (1972)
Black Widow IV (1997), enregistré en 1972
Return to the Sabbat (1998)
Sleeping with Demons (2011)
See's the Light of Day (2012), live and studio performances recorded in 1971

Sources: Stefan Turner, ZowieZiggy, Easy Livin, Sean Trane, Atavachron
Dernière édition par alcat01 le 21 Avr 2019, 18:52, édité 19 fois.
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Re: PESKY GEE / BLACK WIDOW (Bio)

Messagepar vox populi » 03 Mar 2019, 12:55

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Il est vachement bien cet album!
Découvrez l'univers de vox
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La chanson Francaise qui ne ressemble pas à du Cali
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Re: PESKY GEE / BLACK WIDOW (Bio)

Messagepar Silence » 03 Mar 2019, 15:10

Sacrifice aussi !! j'adore ce disque !
"Pour éviter tout débat sur les groupes d'aujourd'hui qui se sont fait piquer leurs idées dans les années 70, il est de rigueur de parler de l'avenir"
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Silence
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