RUPHUS (Bio)

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RUPHUS (Bio)

Messagepar alcat01 » 09 Fév 2018, 19:48

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Ruphus a été un groupe Norvègien de Hard Rock Progressif, de Jazz Rock et de Rock Symphonique, originaire d'Oslo, formé en 1970 et dissous en 1981.
Parce que tous leurs albums sont difficiles à trouver, et que leur label Brain Metronome est maintenant en faillite, le groupe a fini par atteindre le statut de culte.

Au cours de sa carrière, Ruphus s'est développé en jouant du Hard Rock Progressif jusqu'à devenir progressivement un des leaders du Jazz Rock.
Il fut l'un des fleurons du Rock Norvégien dans les années 70, l'un des groupes les plus importants de ce pays:
Il en existait quelques autres à cette époque, comme Aunt Mary, Titanic, Popol Vuh ou autre Popol Ace, mais leur évolution musicale aura été très différente de ces groupes.
Le groupe avait gagné une grande reconnaissance dans plusieurs pays Européens, et il était, par exemple, plus populaire en Allemagne de l'Ouest que jamais il ne le fut en Norvège.

Image Kjell Larson

En 1970, Kjell Larson et Asle Nilsen se sont rencontrés à Oslo lors d'un festival en plein air. Ils commencèrent à écrire de la musique et deux ans plus tard, ils se réunirent avec d'autres musiciens et ils composèrent leurs propres morceaux et Ruphus était né.
Ruphus a été officiellement formé en Février 1970 quand le flûtiste Asle Nilsen est devenu un membre du groupe Cat Food.
En effet, les membres de ces deux groupes étaient interchangeables, ils allaient et venaient, et du premier line up, il n'y avait que Nilsen et le guitariste Hans Petter Danielsen qui furent vraiment de retour lorsque Ruphus prit son envol à l'Eté 1972.
Nilsen savait également jouer de la basse. Outre Danielsen et lui, le groupe fut composé du guitariste Kjell Larsen, du clavlériste Haakon Graf, de la chanteuse Gudny Aspaas, du chanteur Rune Sundby et du batteur Thor Bendiksen.

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Gudny Aspaas

Un contrat d'enregistrement avec Polydor Norvège a été signé au Printemps de 1973.
En Eté, le groupe est allé dans une maison à Meråker, où Ruphus s'est préparé pendant un mois entier avant que le groupe ne se rende en studio avec le producteur Stein Robert Ludvigsen.

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Un peu plus tard sort leur premier LP, "New Born Day", édité en Norvège via Polydor / Polygram et en Allemagne via Brain Metronome. L'Allemagne était sous le charme du Krautrock à cette époque et la musique de Ruphus était un bon challenge.
Apparemment, aucun contrat n'avait été conclu pour le reste du monde, car les Pays-Bas étaient liés à la version Allemande.

"New Born Day" est donc un 'solide' début pour l'un des tout premiers groupes prog de son pays, mais qui n'a jamais vraiment été connu en dehors de la Norvège, à part quelques incursions en Allemagne et en Suisse.
Ce disque est définitivement un classique du Prog Norvégien perdu que le temps a quasiment oublié. C'est une sorte d'hommage très crédible aux premiers grands noms du prog qui vaut la peine d'être écouté par quiconque est curieux des premières racines de la scène Scandinave.
Il présente un son qui ressemble beaucoup à une version plus Heavy du Yes des deux premiers albums, avec l'influence d'un King Crimson pré-'Lark's Tongues' et un soupçon de Van der Graaf Generator.
Mais, ce qui est finalement le plus important, c'est l'aura enthousiaste et sauvage de chacune de ces chansons. En effet, bien qu'ils soient tous de bons instrumentistes, la musicalité n'est toutefois pas forcément toujours excellente, mais ce qui est le plus frappant est leur grand enthousiasme, surtout les chanteurs.
Plus Hard que Yes, donc, avec un puissant duo vocal masculin / féminin et des paroles réfléchies malgré la lourdeur générale, cela les distinguent de leurs contemporains Britanniques et si des comparaisons pouvaient réellement être faites, ce pourrait être plutôt avec le groupe Allemand Octopus, qui ne sera opérationnel que quelques années plus tard.
Ce premier album est surtout un vrai coup de maître, car les musiciens avaient capté et bien intégré tout les sons exaltants de ces groupes Britanniques précités, il y a en effet un peu de tout cela: Le groupe s'inspire tour à tour de Deep Purple, de Yes, de King Crimson, mais aussi de Uriah Heep et les inclut dans son propre mixage, gardant des airs variés, imprévisibles, et particulièrement attachants.

Il contient du bon Hard Rock, du Hardprog et grâce à ses deux excellents chanteurs, Ruphus s'est inscrit comme un groupe dans une classe entièrement à part: Cet opus possède, en effet, quelque chose d'unique qui lui confère une ambiance particulière, le duo de chanteurs masculin / féminin qui chantent avec une passion enthousiaste.
Les parties vocales sont incroyables et vraiment poétiques: les voix masculines et féminines se fondent dans de puissantes incantations. Leurs mélodies sont instantanément accrocheuses et ne peuvent être oubliées.
Gudny Aspaas, sans aucun doute, est une chanteuse talentueuse et peut-être plus qu'un peu folle qui n'a pas le temps pour des termes comme la subtilité ou la retenue, elle pourrait même facilement rivaliser avec les Robert Plant ou Roger Daltrey de ce monde. Dès son introduction sur la première piste, elle monte dans les notes élevées d'une manière presque déséquilibrée, mais cela sonne bien.
Rune, quant à lui, joue plus de manière adéquate le rôle de fleuret masculin, distribuant de puissants vibratos et prenant le lead sur certains morceaux.
La dynamique vocale globale est excellente et ajoute beaucoup de caractère à l'album.

Le son est remarquablement années 70 dans son meilleur sens (bon mixage, son chaud). Les compétences techniques des musiciens sont de haut niveau! De plus, l'utilisation de mellotron apporte de la magie à cet incroyable voyage musical!
Sérieusement, chaque morceau est essentiel et certains d'entre eux fourmillent de ponts fantastiques et de mélodies exceptionnelles qui les traversent. Chaque piste a son propre groove accrocheur avec des harmonies vocales, des orchestrations aux claviers, des grosses parties de guitare et de l'orgue Hammond.
L'énergie et la dynamique de "New Born Day" ne peuvent pas être exagérées avec ses arrangements fluctuants qui ont aussi des suggestions classiques et des aspirations Jazz qui prendront de l'importance à mesure que la carrière du groupe progressera.
Ne manquant pas de prouesses, la musique plonge dans de multiples directions avec des sections plus mélodiques avec des guitares acoustiques, du saxophone et de la flûte particulièrement efficaces sur des titres tels que les prophétique "Scientific Way" et le rapide "Still Alive" donnant aux compositions encore plus de couleur.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un album conceptuel, tous les titres sont vaguement reliés par des thèmes de la guerre froide qui sont évidents sur des titres tels que "Scientific Ways", "The Man Who Start It All" et "Day After Tomorrow".
C'est certainement l'un des meilleurs disques Norvégiens de l'époque avec un son très excitant et un enthousiasme extraordinairement communicatif, même s'il sonne un peu daté. Sans aucun doute, il personnifie le véritable esprit de ce qui était en cours à cette époque.

La piste d'ouverture, "Coloured Dreams", donne le ton, essentiellement une mélodie Hard Rock avec une quantité généreuse de claviers Hammond en accompagnement pour titiller les guitares Heavy et la basse. Un joli riff Rock aussi, avec seulement le style légèrement jazzy de la batterie qui garde cette chanson du pur culte Deep Purple.
C'est une chanson quelque peu trompeuse avec ses riffs de guitare, son jeu d'orgue assez simple et ses duos des chanteurs, Gudny Aspaas et Rune Sundby car elle semble plus proche de quelque chose que Babe Ruth aurait pu faire que le reste de l'album.
Mention particulière à la chanteuse Gudny Aspaas pour son excellente voix hurlante façon Metal.
Le groupe ralentit considérablement les choses sur "Scientific Ways" qui révèle la nature prog plus aventureuse du groupe et introduit plus de variété à la fois aux claviers et à la guitare rythmée.
Il y a une trace d'une progression du claviers similaire à Yes, et une fois de plus, Sundby commence en soliste avant que Aspaas ne se joigne au chant au et qu'elle fournisse des voix stellaires avec une très bonne portée et la flûte fait ensuite son apparition jusqu'à la fin de ce morceau.
Sur le morceau suivant "Still Alive", Sundby chante en soliste et joue du saxophone et encore une fois les claviers sonnent bien et vont à l'encontre d'une ligne de basse groovy implacable avec un bon son Heavy et quelques paroles plutôt excentriques.
C'est un groupe qui avait sans aucun doute organisé un show en live énergique.
"The Man Who Start It All" est un morceau de Heavy Rock typique des années 70 dans la veine de groupes comme Uriah Heep qui s'ouvre avec le piano alors qu'une flûte se joint à elle, puis de bonnes lignes de basse suivent et des mélodies vocales masculine puis féminine prennent la relève dans une belle progression musicale. Superbe son.
Sur "Trapped in a Game" Aspaas et le guitariste Kjell Larsen font penser aux soeurs Wilson du groupe Heart de la fin des années 70. Ce serait probablement considéré aujourd'hui comme un morceau AOR si ce n'était pas couvert par des excellents passages d'orgue.
C'est une chanson des plus cool et pourtant quelque chose d'un très bon niveau musical, une sorte de chanson porte flambeau du Prog avec beaucoup de Soul et un passage d'orgue bizarre qui se transforme en fureur de batterie.
Le morceau titre, "New Born Day", s'ouvre sur un orgue puis la basse intervient et enfin la batterie. C'est joliment construit.
Aspaas intervient, mais c'est la basse qui vole la vedette car le jeu de basse ressemble à celui de Chris Squire.
Les passages de guitare s'enchainent merveilleusement. Un air tout à fait incroyable!
Enfin, "Day After Tomorrow" termine l'album sur une note appropriée.
C'est une piste épique qui dure près de neuf minutes. La batterie et les orgues ouvrent la voie dans un style proche d'Emerson, Lake and Palmer avant que la guitare n'intervienne de façon assez bruyante.
Un calme suit et les vocaux masculins prennent la suite, suivis de jolies mélodies vocales féminines.
Une chanson vraiment intense jusqu'à la fin.

Pour conclure, "New Born Day" est une excellente performance réalisée avec une exubérance absolue, et cet album mérite d'être recommandé à quiconque s'intéresse aux racines du Rock Progressif Scandinave.

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Peu de temps après la sortie de cet album, pratiquement dans la foulée, Danielsen et les six autres ont enregistré le single "Flying Dutchman Fantasy".
"Flying Dutchman Fantasy" a un riff de guitare créatif et saccadé qui lui donne un peu de caractère au milieu des vocaux en harmonie des deux chanteurs du groupe, alors que dans "Opening Theme”, les claviers se détachent de façon presque ludique dans ce qui semble être une adaptation d'un riff de musique classique. Une sorte de version Norvégienne d'Ekseption mais avec plus de guitares.

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En 1974, cependant, Ruphus fait face à de sérieux changements de line-up, car trois membres partent dont Petter Danielsen qui quitte le groupe pour devenir producteur; il deviendra même l'un des ingénieurs du son les plus renommés du pays, et plus tard, il jouera un rôle en jouant sur plusieurs des disques à Ruphus.
Au Printemps 1974, il a été brièvement remplacé par l'ancien guitariste de Junipher Greene, Freddy Dahl.
Dahl ne passe que quelques mois avec le groupe et les quitte à l'Automne avec Gudny Aspaas et Rune Sundby, ce qui fait que Ruphus se retrouve alors sans chanteurs.
Rune Østdahl devient alors le nouveau chanteur, recruté principalement parce que sa voix ressemble beaucoup à celle de Jon Anderson et Ruphus change radicalement de style et vise un son proche du Yes des débuts.

Pendant toute l'année, Ruphus ne fait que tourner en sillonnant toute la Norvège. Grâce à sa nouvelle popularité, la télévision a pris conscience d'elle et a produit en 1974 une émission spéciale de 45 minutes consacrée au groupe.

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Avec un noyau de cinq musiciens, une première et courte tournée suit en l'Allemagne de l'Ouest et Ruphus entre aux Roger Arnhoff Studios en Octobre 1974, immédiatement après, pour enregistrer un deuxième LP également sur Polydor, "Ranshart".
Avec ce nouveau disque, Ruphus abandonne le son diversifié mais excellent de ses débuts pour un style plus concentré sur le Classic Rock Symphonique plus ou moins influencé par les groupes Britanniques Progressifs comme Yes.

Premier album du groupe à être exporté et à attirer l'attention internationale, "Ranshart" est plus progressif que le premier, mais il a reçu une réception assez médiocre à sa sortie.
Musicalement, il s'est éloigné du Heavy Prog de "New Born Day" et s'est dirigé vers un Rock Progressif plus léger, plus symphonique, et influencé par Yes.
Effectivement, bien des groupes, à l'époque, essayaient de retrouver le son classique de groupes comme Yes et "Ranshart" en est un résultat. Il est semblable à Yes jusqu'aux détails de la couverture de l'album, mais l'approche de Ruphus, flambant neuve, est cependant toujours charmante et professionnelle.
Le groupe parvient pourtant à s'en écarter parfois comme, par exemple, la ballade plus proche de Styx, “Easy Lovers, Heavy Moaners”. Les harmonies vocales rappellent aussi un peu Spock's Beard, bien que les paroles soient plutôt répétitives et assez banales.

Alors que le premier album s'installait dans un groove progressif Heavy, celui-ci cherche plutôt à équilibrer les riffs de guitare de Kjell Larsen avec les claviers de toutes sortes (Graf a ajouté un Mellotron au son du groupe, et il utilise également les synthés à plus grande échelle) et juste assez de vocaux (Rune Østdahl est capable de chanter dans un anglais assez décent) pour sonner plus comme du néo-prog précoce que son prédécesseur. C'est surtout évident sur "Fallen Wonders" et le morceau de clôture "Back Side".
Le bassiste Aslec Nilson est également crédité de la flûte principalement sur "Pictures of a Day"; il tente aussi d'imiter le son de basse distinctif de Chris Squire et y réussit presque.
De même, Rune Østdahl n'est pas non plus Jon Anderson, même si il en est proche au niveau des thèmes lyriques et du style vocal.

Avec "Ranshart", Ruphus offre un Rock Progressif compliqué avec des parties vocales Pop mais un très haut niveau de composition et de technique, livrés dans des arrangements longs, raffinés et surtout intéressants, pleins de couleurs de claviers et de parties de guitare délicates.
Leur musique a un bon sens de la mélodie et beaucoup de paysages sonores changeants, basés sur la bonnes textures de claviers telles qu'affichées sur orgue, synthétiseurs et Mellotron, alors que toutes les lignes de guitare et de basse ont cette saveur si particulière de Yes. C'est ainsi que Yes aurait pu peut-être sonner si le line up original était resté ensemble pendant encore un an ou deux. Plein d'énergie, d'inventivité et un optimisme de prog en plein épanouissement.

D'un point de vue stylistique, le tout peut donc être décrit comme une sorte de version allégée de Yes, caractérisée par de douces harmonies vocales. Les idées sont toujours très riches et intéressantes malgré le manque évident d'originalité. La voix veloutée de Rune Østdahl correspond au caractère mélodique des compositions.
Le son et les arrangements de l'album séduiront sans aucun doute tous les fans de Rock Progressif classique des années 70, même si le matériel aurait pu être un peu plus distinctif.

Le riff d'ouverture de "Music is My Light" pourrait être tiré directement de "The Yes Album", et la voix légère d'Østdahl n'est pas si éloignée de Jon Anderson.
Ainsi, les lignes vocales sont presque comme une version Côte Ouest de Yes. Des jolies séquences instrumentales sont entrelacées dans la meilleure tradition de la musique rock symphonique.
Dans le morceau suivant "Easy Lovers, Easy Moaners", tout semble en quelque sorte retenu et réduit à des harmonies vocales accrocheuses. C'est un morceau très commercial qui était probablement destiné à être une sorte de Hit, bien qu'il ne le soit jamais devenu.
La chanson "Fallen Wonders" est initiée par l'interaction euphorique de la guitare et des synthés.
Le morceau le plus remarquable et rayonnant est certainement l'instrumental "Pictures of A Day" avec beaucoup de la délicieuse flûte mélodique de Nilsen et un jeu strict de tout le groupe.
Il est, en effet, assez semblable à du Focus ou du Kaipa, avec de jolies lignes de flûte, des parties de guitare mélodiques, des thèmes obscurs de Mellotron et un son généralement très symphonique.
Enfin, avec la dernière chanson, "Back Side", Ruphus offre, pour ainsi dire, une conclusion toute réconciliatrice.

En conclusion, cet album est encore l'un des meilleurs LP Prog Norvégiens, avec d'excellentes harmonies mélodiques, de très bonnes compositions, de la joie de jouer et il est un peu différent des autres albums de Ruphus.
"Ranshart" doit donc absolument faire partie d'une collection sérieuse de la part des amateurs de prog!
Pour Ruphus, ce disque fonctionne comme une œuvre adaptée au temps de l'époque qui peut être considérée comme une étape intermédiaire dans le développement du groupe vers son son de Fusion élégant qui suivra.

En 1975, Ruphus subit un nouveau changement musical: Østdahl quitte le groupe et Gudny Aspaas est de retour.
Graf commence à jouer de plus en plus avec Jon Eberson -ils créeront Jon Eberson Group dans les années 80- dans le groupe de Jazz Rock Moose Loose, et son inspiration le ramène à Ruphus.
Les deux Larsen, Nilsen et Bendiksen étaient enthousiasmés par les compositions de Jazz raffinées de Hakon Graf.
En revenant à Ruphus, Graf a donc dû faire face à l'accueil chaleureux du reste du groupe et Terje Rypdal a été embauché comme producteur quand le groupe est entré en studio en Décembre 1975. Rypdal était déjà alors un guitariste de Jazz réputé et très apprécié.

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Après s'être adonné au culte de Yes sur "Ranshart", Ruphus change à nouveau de style, ils se jettent dans le Jazz Rock.
Une des futures légendes du Jazz Rock, Rypdal produit donc le troisième album "Let Your Light Shine", un excellent album de Jazz Rock paru en 1976 qui a eu beaucoup de succès en Allemagne.
Le groupe prend encore un autre tournant stylistique avec leur troisième album. Il se présente comme une expérience de Jazz Fusion avec une touche de New-Age.
Le problème de base avec Ruphus semble avoir été que c'était un groupe techniquement compétent qui n'avait aucune idée claire de ce que devait être un album de Ruphus, et par conséquent, il continuait à changer de style entre les albums, sans aucun son assez particulier pour vraiment le maîtriser.
"Let Your Light Shine", enregistré aux Studios Rosenborg en Décembre 1975 et publié au début de l'année suivante sur Polydor, est à la fois un jalon et un tournant dans la carrière de Ruphus. Pour un groupe Heavy-Prog capable de délivrer un Jazz-Rock de cette qualité, c'est sûrement un signe de grand talent.
Cet album prouve à quel point ce groupe fut talentueux: Ils ont changé de direction en très peu de temps et ils ont pu jouer de la Fusion music avec efficacité et passion.

Gudny Aspaas a été invité à revenir et c'est une bonne chose car elle a une voix très chaleureuse qui semble se fondre assez bien dans la musique, mais elle semble parfois un peu perdue dans ce disque lourdement instrumental.
Cet album ne l'est cependant qu'à moitié, et quand Gudny intervient, elle propose souvent des vocaux sans paroles efficaces et rêveurs comme, par exemple, dans les albums de Bruford, ce qui donne un certain charme à ces morceaux.

Si on oublie un peu le passé du groupe et que l'on considère Ruphus comme un groupe Prog renaissant, on constate que le contenu progressif est souvent maîtrisé par l'enthousiasme des membres pour leur nouvelle direction.
La majeure partie de l'album est une combinaison de beaucoup de Jazz Fusion éthérée dans une ambiance funky et de Rock Progressif doux avec de fortes influences nordiques et Canterbury; les musiciens sonnent un peu comme le côté jazz de Focus.
Des comparaisons peuvent aussi être faites avec Brian Auger ou Return To Forever.

C'est, avant tout, du Jazz Rock d'une grande variété qui emprunte beaucoup à des pionniers de la Fusion plus accomplis et n'ajoute pas vraiment grand chose au genre, mais les compositions se démarquent généralement de façon assez appréciable avec une musicalité brillante.
Les compositions sont plutôt jazzy, mais sans la liberté du Jazz, ce qui est probablement une bonne chose, le groupe choisissant d'entourer les solos et les interludes jazzy avec des airs, des breaks et des textures progressifs.
Largement piloté par les claviers avec une entrée fluide et professionnelle sur les guitares et une section rythmique compétente.
Quelques belles parties de flûte sont toujours jouées par Asle Nilsen dans une légère veine de Canterbury et la batterie de Thor Bendiksen est excellente.

Le morceau d'ouverture, "Sha Ba Wah", rappelle un peu aussi la chanson titre de l'album "Prologue" de Renaissance...pas aussi rapide, mais le style de chant et l'approche générale prog jazzy de la musique donne à "Sha ba wah" au moins assez d'aspects similaires pour être éventuellement inspiré par ce morceau de Renaissance.
Les musiciens ont certainement du talent, et le solo est plutôt bon sinon époustouflant, alors que Gudny chante comme une Annie Haslam jeune et plutôt dépouillée. Un début plutôt attachant.
Le reste de l'album rebondit entre des chants plus courts et des jams plus longues.
"Nordlys" est un léger intermède avec flûte et piano.
"Corner" qui sonne comme une prise instrumentale sur une chanson de Pablo Cruise dans un cas grave de "progressivité", est un instrumental consistant en une progression de piano assez simple sur laquelle le guitariste Kjell Larsen et le percussionniste Thor Bendiksen construisent.
Il en va de même pour "Second Corner", un autre instrumental avec une ambiance plus Jazz et plus rapide, bien que Larsen offre un fil de riffs de guitare intéressants dans la partie médiane qui sont assez jazzy et qui auraient été encore peut-être mieux joués par des cuivres plutôt que par des guitares.
Le bassiste / flûtiste Asle Nilsen, qui a eu une présence dominante sur leur deuxième album est plus discret sur celui-ci sauf sur quelques endroits comme sur cette chanson où son jeu est assez vivant et prend le devant de la scène.
Gudny Aspaas revient sur "Let Your Light Shine", un morceau assez accrocheur qui sonne énormément comme la chanson d'ouverture sauf qu'elle est un peu plus long et qu'il y a plus de basse. C'est certainement la chanson la plus mémorable puisque c'est la seule qui possède des vraies paroles.
"Grasse" est un bref intermède basse guitare qui ressemble plus à un sound check qu'autre chose.
Puis le groupe se lance dans leur "Brain Boogie" pour clôturer l'album, un autre beau morceau de Jazz Fusion qui est surtout instrumental et qui dure un peu plus de neuf minutes.
Il incorpore un côté plus funky au Rock Progressif et il possède un refrain particulièrement sauvage avec Gudny s'éclatant avec des notes orgasmiques sans que les paroles n'empêchent son miaulement contrôlé.
C'est un morceau décontracté avec des vibrations funky discrètes, un bon piano électrique, des instrumentaux calmes et quelques comparaisons remarquables avec Return To Forever, peut-être (certainement) le point culminant de cet album.

"Let Your Light Shine" est donc un disque très différent de l'approche progressive initiale du groupe avec une très belle collection d'instrumentaux jazzy et progressifs dans une atmosphère éthérée.
C'est encore un bon album à recommander, même s'il donne l'impression que le groupe n'a pas passé autant de temps et d'efforts sur ce disque que sur ses prédécesseurs.

Ce disque fut leur ticket d'entrée sur le marché Européen, et surtout Allemand.
Grâce à un manager, le groupe a réussi à se faire engager en Allemagne de l'Ouest au Printemps 1976, et quand ils y sont arrivés pour une tournée en Octobre 1976, ils ont eu droit à des salles complètes.
Les Allemands avaient bien préparé la tournée; "Let Your Light Shine" avait été publié sur le label Brain et il a été beaucoup joué à la radio.

Alors que le succès commençait, Ruphus perd deux membres importants: Haakon Graf choisit de parier sur lui-même (et le groupe Hawk On Flight), alors que Gudny Aspaas allait devenir mère et voulait se concentrer sur ses voyages plutôt que de voyager en Europe.
Le clavièriste Jan Simonsen arrive à l'Eté 1976, tandis que Sylvi Lillegaard devIent la nouvelle chanteuse à partir de Janvier 1977.

Image Sylvi Lillegaard

Le label Allemand Metronome a aussi amené Ruphus au premier Brain-Festival le 26 Février 1977 à Essen, où il a joué devant environ 8000 visiteurs.

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Pour enregistrer son album suivant intitulé "Inner Voice", le groupe entre aux Rosenborg Studios en Janvier 1977.
C'est de nouveau un disque de Prog Jazz Rock produit par Terje Rypdal.

Bien que le groupe ait une nouvelle chanteuse, Sylvi Lillegård et un nouveau claviériste, Jan Simonsen, la musique est assez similaire au son de Fusion de "Let Your Light Shine". Mais, en comparaison, les chansons sont toutes plus matures et développées par rapport à l'album précédent qui comprenait quelques brefs extraits transitoires de musique instrumentale comme interludes entre des morceaux plus longs.

On peut, bien sûr, encore qualifier Ruphus de groupe caméléon, mais ce qui est conservé dans chacun de ses albums, c'est la qualité musicale: le style de ce disque est du Prog Jazz Rock avec quelques beats de swing (un peu de disco beat) et des chants Soul. La saveur mélodique est de toute beauté et les vocaux que l'on pourrait qualifiés de 'fantastiques' complètent la portée musicale.

Le chant de Sylvi Lillegård est en réalité à l'opposé de celui qui était plus proche du scat chanté par Aspaas sur le disque précédent. Elle a une voix décente mais semble avoir une portée plutôt limitée et parfois quelques petites tensions sur les octaves supérieures. Les fans du groupe ont cependant écrit des critiques plutôt élogieuses louant son chant et le son mature du groupe.
Le jeu de claviers de Simonsen est assez jazzy avec de nombreux solos de piano abstraits greffés sur le son puissant de la guitare de Larsen.

Les sons plus rythmés et pop des années soixante-dix commencent à apparaître avec des chansons comme "No Deal" et "Left Behind", comme le faisaient à peu près tous les autres groupes de rock progressif à la fin de la décennie.
Mais l'ambiance jazzy légère est présente partout, en particulier sur les deux derniers morceaux qui comportent de longs passages de piano / guitare aussi bien que des claviers électroniques pilotés.
Musicalement, la production est solide, compétente et professionnelle, mais il faut reconnaitre qu'il y a peu d'étincelle ou d'innovation.

C'est effectivement dans le même style général de Rock Progressif Jazz / Fusion que leur précédent album, mais sur ce disque, ils se sont encore beaucoup plus tournés vers l'écriture plutôt que vers le jamming; ''Inner voice'' est encore plus orienté Jazz, les airs funky apparaissent à l'horizon, les vrais airs proggy sont plutôt rares et les ajouts de Simonsen / Lillegaard n'ont aucun impact significatif sur le style général de Ruphus.
Bien entendu, leur Jazz Fusion est toujours basé sur des grooves et des jams, mais ils mettent des paroles et des mélodies sur la plupart de la musique... et ça marche parfaitement...
Et à ce moment-là de leur carrière, ils se sont donc tournés à fond vers le Jazz Rock, Il ne reste pratiquement rien de leur héritage Rock Progressif.
C'est puissant, c'est mélancolique, c'est un tout et c'est tout simplement un chef-d'œuvre méconnu globalement recommandé.
Cet album a quelques inconvénients, mais cette musique vaut vraiment la peine d'être entendue par n'importe quel fan sérieux des années 70. Il y a quand même un excellent travail de guitare, avec quelques bons passages de Fender Rhodes et la chanteuse repousse vraiment les limites de sa gamme.

Sur le morceau d'ouverture, "Inner Voice", le rythme de la guitare est incroyablement accrocheur. La "voix intérieure" ("Inner voice") vient de Sylvi Lillegaard: son impact de voix sur les développements instrumentaux est tout simplement excellent.
C'est un Rock de très haut niveau où le jeu de claviers de Jan Simonsen dépote et le clavinet est tout simplement génial. Le solo de piano est réellement puissant et le jeu de batterie de Thor Bendiksen n'est pas en reste.
Et l'interaction entre les instruments est une joie à écouter.
Ce n'est vraiment pas étonnant que les Allemands soient tombés amoureux de cette musique.
Très belle mélodie aux parties vocales avec de longs passages instrumentaux, "Come in view" vient ensuite, avec une batterie rythmique sournoise, une bonne guitare avec des claviers qui remplissent l'espace avec des fioritures.
Le jeu de guitare est toujours puissant, en interaction étroite avec les claviers. La voix est aussi adorable.
C'est tellement maladroit, tellement incroyablement atmosphérique...
Une musique tout simplement délicieuse!
Les compositions sont longues avec quelques vibrations Pop pendant les parties vocales, en particulier sur ''No deal'', de la bonne Fusion Jazz funky influencée par la Soul, qui est curieusement le morceau le plus proggy de l'album et celui sur lequel Ruphus lance encore quelques tendances progressistes de son passé brillant.
La batterie commence calmement avant qu'une petite basse funky ne s'accompagne d'un piano électrique discret, un peu comme le groupe Allemand, Passport.
Un magnifique double solo de guitare Rock intervient avant que Sylvi n'intervienne pour donner une véritable leçon de chant qui rappelle un peu Inga Rumpf de Frumpy (ou Atlantis), ce qui montre qu'elle a certaines capacités.
Ensuite vient un solo de piano tranquille où chaque ton vole dans chaque canal.
Cest Incroyablement efficace...
"No deal" clotûre la première face du LP.
La seconde commence par "Too Late", une chanson complètement obscurcie avec une guitare et un piano qui ponctuent légèrement la basse et la batterie dès le départ.
Finalement, la voix tranquille de Lillegaard se fait entendre confortablement, jusqu'à ce qu'elle commence à pousser. Et, là, attention, même sur une telle chanson calme, elle peut pousser sa voix puissante et pourtant ne pas gâcher l'ambiance décontractée.
"Within the Walls" a quelques influences de Disco et de Space Rock, et des mélodies excellentes.
Le rythme augmente considérablement pour arriver à une sensation un peu Discofunk. Mais quand la guitare arrive dans un solo violent, c'est de nouveau du Jazz Rock avec un super jeu où le son rappelle un peu le Steve Hillage de la grande époque. Fantastique!!
Drôle d'intro sur la dernière chanson du disque, "Left behind", presque comme un spectacle, pourtant si attendu.
Le solo de synthé en cours de route est juste céleste et confirme la qualité incroyablement élevée de ce disque.

En conclusion, avec "Inner Voice" et malgré les changements de personnel, le groupe reste, encore et toujours, populaire en Norvège et en Allemagne.
Un disque recommandé à tous les fans!

Le label Allemand Brain, spécialisé dans le Krautrock, a organisé en 1977 un festival où se produisaient beaucoup de groupes comme Ruphus. Ruphus a joué alors pour quelque 8.000 personnes dans le Grugahallen à Essen.

A la fin de cette année, il y a eu quelques changements: la chanteuse Gudny Aspaas est revenue, les claviers étaient maintenant occupés par Kjell Rönningen. Engagé à la batterie, Udo Dahmen quitte le groupe pour rejoindre Kraan et fait de la place pour Björn Jensen.

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Le premier LP "Best of Ruphus" est apparu et la compilation "Hot Rhythms & high notes" est sortie en Allemagne, alors qu'à la fin le groupe n'aura sorti que deux singles.

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La même équipe a fait aussi un deuxième album parfaitement réussi, "Flying Colors" sorti en 1978, mais cette fois avec Ruphus lui-même en tant que producteur, Larsen étant le compositeur principal du groupe.
Ruphus vivait et travaillait, à ce moment-là, principalement à l'extérieur de la Norvège, l'Allemagne de l'Ouest étant leur centre de vie de base et le groupe y vit presque en exil.

Ruphus a ainsi réussi à garder la même formation sur deux albums consécutifs pour la première fois avec "Flying Colours" mais une fois de plus le groupe semble chercher un son, ce qui signifie généralement la recherche d'un succès commercial.
Après deux disques de Heavy Fusion consécutifs, le groupe semble avoir décidé d'essayer d'élargir un peu son son et, en tant que groupe progressiste, ils méritent d'être félicités pour cet effort. Ce LP est donc un peu différent de l'album précédent, la musique étant devenue un peu plus douce.
Rarement le Jazz Rock / Fusion n'a été présenté d'une manière plus accrocheuse et convaincante.
Car Ruphus offre à nouveau du Jazz Rock pétillant porté par des arrangements groovy qui ont parfois une coloration funky. Les passages funky dégagent d'ailleurs une énergie crépitante, qui est pourvue de subtils écouvillons symphoniques progressifs. Les vocaux féminins sont puissants, mais avec une nuance légèrement grinçante.

Les résultats sont parfois un peu mitigés, mais surtout sur la force de "Frysja" et du morceau d'ouverture "Footlovers Diet", l'album peut être recommandé, d'autant plus qu'en 1978, c'était un album certainement meilleur que la plupart de ce qui sortait simplement parce que ce n'était ni du boogie rock, ni du punk, ni du disco.
Certes, le son vif a aussi tendance à être un peu trop courant, ce que les puristes du Jazz Rock pourraient probablement reprocher.
Les compositions variées sont cependant, dans leur vivacité, une preuve que le Jazz Rock souvent Heavy peut aussi être présenté sans problème d'une manière mélodique et légère, sans tomber immédiatement dans la direction d'un son de Jazz AOR sans visage: les lignes mélodiques superficielles et les phases portées par un rythme sophistiqué sont agréablement équilibrées.

La chanson titre et 'The Rivulet' sont tous les deux de très jolis morceaux, avec un bon groove et de belles mélodies. Les voix féminines sont très agréables dans ce contexte. Ces deux titres rappelle la plupart des débuts du groupe Canadien Contraction.

Le groupe livre un morceau d'ouverture dynamique presque Boogie Rock avec "Footlovers Diet" qui ressemble un peu au Rock joué par Babe Ruth vers la fin de leur carrière.
Il est convaincant par sa vivacité d'esprit. D'un point de vue stylistique, cette entrée réussie est quasi révolutionnaire pour leur Jazz Rock animé.
Le morceau suivant, "Frysja", va directement aux racines Norvégiennes de Ruphus, et rappelle ce que des groupes comme Kebnekaise faisaient en Suède. C'est un morceau intéressant, un instrumental doux mais parfois funky qui rappelle "The Ark" de Gerry Rafferty sur "City to City" sorti la même année que ce disque.
Et "Early Riser" commence de façon assez prometteuse avec une explosion de guitare et de forts vocaux de Sylvi Lillegard, et il se transforme rapidement en la même Fusion qui dominait les troisième et quatrième albums du groupe.
La chanson titre "Flying Colours" est plus ou moins la même chose mais Kjell Larsen est plus inspiré que d'habitude. Le son est également plaisant lorsque des tons élégiaques sont perceptibles.
Suit "The Rivulet" qui est plus décontracté et plus jazzy, mais présente un travail très complexe de violon du musicien invité Trond Villa, apparemment un ami Norvégien qui est également apparu sur les albums de Folque et Shine Dion.
Le morceau suivant, "Joy", est Heavy au niveau des claviers avec des voix difficiles à suivre car elles ont tendance à être enterrées par les mixages de guitare et de claviers.
C'est une très bonne chanson de Fusion puissante avec une grande utilisation du clavinet.
La finale, "Moody Moments", un long morceau en grande partie rêveur décomposé en trois parties, est la chanson la plus longue que le groupe a enregistré depuis "Brain Boogie" en 1976, et elle propose des voix plus scat et une longue guitare funky et des passages de claviers presque New-Age.
Cela montre que le groupe était encore capable de monter une chanson épique pour conclure cette performance convaincante.

Dans l'ensemble, "Flying Colors" est un bon effort de Ruphus, qui a réussi à exploiter les meilleures caractéristiques de la mode de Fusion Funk de la fin des années 1970.

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Après une brève tournée en 1978, au cours de laquelle il a également participé au deuxième Brain Festival à Essen, le groupe enregistre son dernier LP intitulé "Manmade".
Mais, avant, à l'Automne, Ruphus avait subi un autre mouvement dans le line up: À leur tour, Bendiksen, Simonsen et Lillegaard avaient fini par être remplacés par Udo Dahmen (batterie), Kjell Rønningen (claviers) et Gudny Aspaas. C'était en fait la troisième fois que Gudny redevenait membre.
Ensuite, avant que le groupe ne se rende en studio pour faire l'album "Manmade" en 1979, Udo Dahmen avait démissionné. Le nouveau batteur fut Bjørn Jenssen qui jouait avec Rønningen (et Freddy Dahl) dans le groupe Saluki.
La nouvelle équipe était composée du bassiste Asle Nilsen, du batteur Bjørn Jenssen, du guitariste Kjell Larsen, du claviériste Kjell Rønningen et de la chanteuse Gudny Aspaas.

"Manmade" a donc été enregistré au Sawmills Studio en Janvier et Février 1979 en Angleterre avec Steven O'Donnel et Colin H. Jennings en tant que producteurs et plus tard l'album a été mixé dans le studio de Rosenborg à Oslo.
Tout le matériel était composé par Larsen, tandis que Silvi Lillegaard avait écrit tous les textes.

C'est, en quelque sorte, le chant du cygne de Ruphus, et le fait que Gudny Aspaas revienne une nouvelle fois pour chanter est très rafraîchissant après deux albums avec Sylvi qui chantait un peu trop tendue par moments; Gudny est plus douce et décontractéeé et elle délivre des vocaux très forts.

Cet album est encore dans la veine Jazz Fusion, mais avec beaucoup de trucs progressifs sauf pour quelques chansons.
Mais il faut reconnaitre qu'il n'est pas du niveau d'un "Flying colours"; "Inner Voice" ou "Let Your Light Shine", mais c'est toujours un bon album de Jazz Rock. Globalement même un peu fade et peut-être plutôt un album de Fusion Progressive rêveur.

Les compositions ondulent plus ou moins, mais elles manquent d'un petit quelque chose.
Pourtant, ce genre de Jazz Rock se laisse bien écouter: les passages de basse sont souvent contraires à la musique, mais ils amènent toujours quelque chose, très clairement, et le guitariste Kjell Larsen est également entièrement convaincant.

Le morceau d'ouverture, "Clear View" est très certainement le meilleur de l'album. C'est un Jazz très doux et cool avec des influences du monde entier, très exotique. Le solo de guitare est délicieux et très bien pensé, alors que la batterie et la basse groovent d'une manière très rafraîchissante; les fans du Cantenbury Prog devraient apprécier cette chanson.
La deuxième chanson, "Snowy Day" est une belle ballade pleine de mélancolie un peu lente et longue. A noter un bon accompagnement de la guitare.
Vient ensuite "Greener Grass Elsewhere" qui est une gentille petite ballade avec, toujours, une bonne guitare sur une section rythmique qui assure. Aspaas est, comme toujours, excellente.
Sur "Dear Friend", l'introduction fait penser à la musique d'un film documentaire avant que Gudny n'intervienne. La chanson fait ensuite un peu plus penser à une chanson Asiatique.
"When The Tide Comes In" est un morceau instrumental jazzy et funky avec un bon développement orchestral.
La chanson finale, "Fashion Of Today", est un morceau groovy avec, encore, une guitare omniprésente qui développe la trame musicale.

"Manmade" fut le dernier album studio officiel de Ruphus, et, pour les fans, bien sûr, il est absolument obligatoire.
il serait intéressant d'entendre ce que Ruphus aurait pu faire après cela.

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Ce dernier line up de Ruphus a fait une tournée Européenne complète, mais bien que ce soit réussi, le groupe est allé jusqu'à la saturation. Aspaas les a quitté pour la troisième fois, Rønningen a fait de même et pour le remplacer, Freddy Dahl a été appelé à nouveau.
Ruphus a fait quelques enregistrements en tant que quatuor au Printemps 1980 et a tenu quelques concerts en Allemagne.

Tous ces changements ont fini par miner le groupe, finissant par s'arrêter à la fin de la décennie sous l'indifférence générale.
En 1980, le rideau était tombé.
Et quand la séparation est venue, ce fut bien fini.
Une équipe constituée du quintette qui avait enregistré "Light Your Light Shine", c'est-à-dire Jenssen, Nilsen, Graf, Aspaas et Bendiksen, a achevé une dernière tournée en Allemagne au Printemps 1981.

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Kjell Larsen a, ensuite, commencé son propre groupe, appelé tout simplement Larsen, et il a fait un seul album avec eux avant de rejoindre Jon Eberson dans un ensemble appelé Work Funny Hours. Il a plus tard participé à plusieurs projets, notamment le trio de guitare Pigalle Guitar Ensemble avec Bjørn Christiansen de Aunt Mary et Preben A. Olram.
Asle Nilsen a fondé la société de divertissement sonore Crusing, et a été membre du New Jordal Swingers en 1983 et 1984.
Gudny Aspaas a fait un album solo, tandis que Bjørn Jenssen est devenu membre du Jon Eberson Group. Il deviendra plus tard batteur dans le groupe Dance With A Stranger.

Dans les années 90, la première version CD de "New Born Day" est sortie sur un très petit label norvégien Pan of Panorama.
Plus tard, il s'est avéré que ce label avait des droits pour la Norvège, et au fil des ans d'autres albums sont également apparus, y compris en 2007, "Inner Voice".

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En 1996 est apparu "Coloured dreams & hidden schemes”, un double CD pour le marché Norvégien avec l'histoire du groupe, en Norvégien.
L'un des disques contenait les meilleurs enregistrements, tandis que l'autre consistait en des enregistrements précédemment non répertoriés - y compris le dernier morceau enregistré par Ruphus en tant que quatuor en Avril 1980.

Dans le cadre de cette sortie, il y eut des demandes de nouveaux concerts avec Ruphus.
Malheureusement, il n'était pas possible de jouer pour beaucoup de raisons dont la principale était que le batteur du groupe, Thor Bendiksen, souffrait à ce moment-là d'acouphènes.

Dans les années 2000, Ruphus a entrepris une série de concerts de retrouvailles: En février 2010 Ruphus a joué un concert dans le club Norvégien, Rockefeller.

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"030678" est un album live avec Ruphus, enregistré le 3 Juin 1978 et publié par le label Pan Records le 17 novembre 2017.
L'album est produit par Anders Klintevall et il avait été enregistré à Karlstad, en Suède, devant un public restreint, sur un enregistreur à deux pistes en lien avec l'émission de radio Tonkraft sur la radio Suédoise.

"1978 fut une année très agitée pour RUPHUS. Vivant dans un petit village au sud de Hanovre en Allemagne, nous avons tourné en Allemagne, en Suisse, en Hollande, au Danemark, en Suède et en Norvège avec des moments forts comme le Roskilde Festival où nous avons joué le Orange Stage avec entre autres Bob Marley. La même année, nous avons joué au Brain Festival dans le Gruga Halle Essen qui était l'un des principaux festivals de l'Allemagne à cette époque. Dans cette période très occupée nous avons fait un rare enregistrement live pour SR à Karlstad Sweden diffusé le 3 Juin 1978. L'émission de radio s'appelait Tonkraft et toutes les chansons sont enregistrées en studio avec un petit public directement sur deux pistes. Il n'y a pas de mixage ni d'overdubs sur cet album, donc c'est un enregistrement live très réaliste. Néanmoins, nous pensons qu'il s'agit d'un voyage unique qui remonte à près de 40 ans et constitue une partie importante de l'histoire de RUPHUS.
J'espère que vous aimez".
Asle Nielsen (linernotes)

Comme l'écrit Nielsen, cet enregistrement avait été fait directement sur un deux pistes, et aucun mixage rétrospectif ou correctif n'ont été fait. Même si c'est un enregistrement discret et assez "sec" qu'on entend, la qualité sonore est par ailleurs assez bonne.

C'est le Ruphus de la période "Inner Voice" (1977) / "Flying Colours" (1978) qui joue, c'est-à-dire: Kjell B. Larsen (guitare), Jan Simonsen (claviers), Asle Nilsen (basse), Thor Bendiksen (batterie) et Sylvi Lillegaard (chant).
Dans ce double album live, nous trouvons une sélection variée de chansons tirées de ces deux albums et, ils jouent "Sha Ba Wah" tiré de "Let Your Light Shine" (1976). Sur cet album-là, le line up était un peu différent, avec Gudny Aspaas au chant et Haakon Graf aux claviers, mais comme pour tout le reste, la version live est assez proche de la version studio.
Tout est contrôlé et polissé, et ils exécutent parfaitement les chansons, même les plus funky.

En résumé, c'est comme revenir en 1978 et obtenir une place pour assister à un concert intime de Ruphus!
Assez fascinant!!
A découvrir...

Discographie:

1973 New Born Day
1974 Ranshart
1976 Let Your Light Shine
1977 Inner Voice
1978 Flying Colours
1979 Man Made
1996 Coloured Dreams & Hidden Schemes
2017 030678

Sources: wikipedia, Progarchives, Horst Straske, hmc
Dernière édition par alcat01 le 12 Mar 2018, 19:08, édité 35 fois.
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Re: RUPHUS (Bio)

Messagepar supersister » 10 Fév 2018, 17:00

J'ai le 2, 3 et 4en cd :)

Si intéressé, je vends le tout pour 42 euros ...
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Re: RUPHUS (Bio)

Messagepar Monsieur-Hulot » 10 Fév 2018, 20:32

Aaaah ces Norvégiens sont vraiment les Rois de la Commodité (astuce)
FILLES & MOTEURS, JOIES & DOULEURS !
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Re: RUPHUS (Bio)

Messagepar Leutte » 12 Fév 2018, 11:37

Je ne connais que le premier album et j'aime beaucoup!
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Re: RUPHUS (Bio)

Messagepar Leutte » 12 Fév 2018, 11:46

supersister a écrit:J'ai le 2, 3 et 4en cd :)

Si intéressé, je vends le tout pour 42 euros ...


Très tentant. ..Ils sont biens? Ou tu as vraiment une bonne raison de vouloir t'en débarrasser? .. :mouais:
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Re: RUPHUS (Bio)

Messagepar supersister » 13 Fév 2018, 20:12

Leutte a écrit:
supersister a écrit:J'ai le 2, 3 et 4en cd :)

Si intéressé, je vends le tout pour 42 euros ...


Très tentant. ..Ils sont biens? Ou tu as vraiment une bonne raison de vouloir t'en débarrasser? .. :mouais:


C'est difficile de porter un jugement de valeur ...
Si intéressé me contacter en mp :)
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Re: RUPHUS (Bio)

Messagepar vox populi » 22 Nov 2018, 12:26

Je découvre leur premier album qui est vraiment excellent, jusque dans la production qui sonne vraiment comme un grand disque des années 70
La suite en mode JAzz rock risque de beaucoup moins me parler par contre .. :mouais:
Découvrez l'univers de vox
https://www.youtube.com/user/TheVox67

La chanson Francaise qui ne ressemble pas à du Cali
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