DUFFY (Bio)

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DUFFY (Bio)

Messagepar alcat01 » 02 Nov 2017, 16:39

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Dans les méandres obscurs de l'histoire du Rock, on découvre parfois certains groupes au hasard d'une anthologie, de documentaires ou de réimpressions, qui aident à maintenir la mémoire d'une entreprise musicale non seulement comme style musical mais aussi comme un style de relation avec le temps lui-même.
Duffy en est l'un des nombreux exemples qui foisonnent pour peu que l'on s'y intéresse.

Ce groupe Britannique de Hard Rock, Rock Progressif, et Rock Psychédélique (Heavy-Rock-Progressive) a été formé à Londres au début des années 1970 par cinq musiciens d'une vingtaine d'années, dont le leader était le chanteur et harmoniciste Stuart "The Queen" Reffold: avec Barry "Fruity" Coote, guitariste, Joe Nanson, claviériste chanteur, Patrick "Patty" Sarjeant, bassiste et Will "Wombat" Wright, batteur percussionniste, c'était cinq amis qui se s'étaient rencontrés dans les circuits universitaires de Cambridge et de Londres.
Actif principalement en Suisse au début des années 70, le groupe a produit deux albums: "Just In Case You Are Intested" (1971) et "Scruffy Duffy" (1973).

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Dans leurs tout premiers essais, la musicalité qui se développait avait des influences claires de la première sonorité de Deep Purple, d'Uriah Heep, de Humble Pie et de Jethro Tull, le genre de son qui était en vogue chez les jeunes Britanniques de la décennie avec divers types de goûts Rock de l'époque.
Duffy n'avait pas le côté lourd et pesant de la scène de Birmingham, qui dessinait déjà le Heavy Metal primitif, ni le côté Progressif de la scène Londonienne, qui commençait à voir émerger Pink Floyd et Yes. C'était plutôt un son de convergence.

Le groupe a souvent joué dans des circuits universitaires, des pubs et des boîtes de nuit à travers l'axe central nord-central de l'Angleterre, comme le Marquee, Fishmongers Arms et Eel Pie Island à Londres, The Star Hotel à Croydon, The Mothers à Birmighan, entre autres.

Après avoir reçu un nom dans les scènes locales, les musiciens ont été invités à assister à de grands festivals Rock, en ouvrant même pour Deep Purple au Pop Monster en 1971, jusqu'à ce qu'ils rencontrent, lors d'un de ces concerts, un producteur Suisse du nom de Stephen Sulke qui avait déjà travaillé avec Santana, Melanie, Aretha Franklin et Buddy Miles.
Sulke s'est alors intéressé aux chansons du groupe et les a invités à enregistrer leurs débuts en Suisse, où il a eu des contacts avec des studios, des ingénieurs du son et des personnes liées à l'industrie musicale qui pourraient s'intéresser au travail du groupe.

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https://play.spotify.com/album/2yNox6K7R8HOo64pq5LGhL

Le résultat fut l'album "Just in Case You’re Interested", publié à l'origine par le label allemand Mabel Records en 1971 et sorti au Brésil par le label de São Paulo, Central Park Records en 1974.
Il se caractérise comme un album "Heavy Rock Progressive".
Il n'est paru en 1971 qu'en Europe.

Leurs chansons révèlent une connexion subtile entre le Beat des années 60 et le Heavy Rock des années 70 et c'est un disque globalement très solide avec une remarquable version de la chanson de Nina Simone, "Don`t Let Me Be Misunderstood".

La première face commence avec "Matchbox", un Hard Rock typique des années 70, avec un clavier saisissant clairement inspiré par le travail de Jon Lord et les solos de guitare, entrecoupés de séquences mélodiques calmes et lourdes.
Sans trop de fioritures, le groupe rocke allégrement et les vocaux ont quelque chose d'exceptionnel.
Alternant avec des pistes mélodiques, le disque gagne rapidement une harmonie intérieure remarquable... Toujours conduit par les claviers.
La chanson suivante, "Long Lost Friend", est une ballade rythmée avec un certain savoir faire de la guitare qui suit dans une harmonique croissante et qui se termine par un mélange très présent de chants et de solo de guitare en même temps.
Une chanson délicate et forte, qui a le son Folk électrique typique qui a marqué des artistes comme Donovan.
Suit "Judgement Day" qui commence avec un riff de guitare rythmique et pesant avec un orgue très présent qui atteint son apogée quand la batterie et les cordes entrent dans une symbiose inattendue et frappante, changeant d'air peu de temps après jusqu'à la fin, quand le climat se développe à travers le son progressif.
Certainement l'un des titres les plus intéressants de l'album.
Le morceau qui suit, "Amie", est aussi une ballade swingante basée sur le jeu de guitare qui alterne entre des moments plus calmes et des moments plus agités, dans lesquels les chants d'accompagnement se développent et donnent une force mélodique à tout l'ensemble.
Une caractéristique du groupe présente tout au long de l'album.
La première face se termine par "It's My Life" qui est une effusion de la structure plus Pop du groupe: Une chanson avec un refrain intelligent qui interpelle tout de suite et qui complète organiquement le début de la chanson, plus calme et indéfini.
La seconde face s'ouvre avec "Rock Solid" qui suit la ligne classique du Hard Rock des années 70 avec des tons rockeurs entraînants qui sont emballés de manière compacte: il repose sur le riff de guitare initial qui passe de la séquence harmonique pour s'écouler dans le refrain, qui précède le solo de guitare, pour revenir ensuite cycliquement à sa phase initiale.
Cette musique a eu un certain succès commercial, et la chanson est venu à apparaitre dans certaines compilations d'artistes des années 70.
La chanson suivante, "Don't Let Me Be Misunderstood", est à coup sûr le summum du disque.
Le récit de cette chanson devenue célèbre par la voix de Nina Simone, est quasiment génial, et montre Duffy dans son moment le plus brillant de l'album.
La reprise commence avec une atmosphère totalement progressive, avec le son lourd de l'orgue et la basse guidant et développant progressivement la structure de la musique, jusqu'à l'entrée de la guitare de Cooter et la voix de Stuart Reffold.
L'orgue quasiment sacré au début de la chanson fait un peu penser au "April" de Deep Purple, sans que la piste ne s'habitue plutôt aux règles habituelles. Des riffs de guitare éclatants sont remplacés brièvement par un chant harmonique avant que l'orgue ne reprenne sa direction.
La relecture de ce morceau entrelace la rythmique et surprend par son exécution.
Suit "Tell Me" qui est la chanson qui a servi de face B pour le single "Rock Solid".
Duffy apparaît comme un groupe de Beat fiable et rappelle des célébrités comme Jethro Tull et beaucoup d'autres des années 60.
Il s'en suit des caractéristiques typiques de la sonorité du disque, parmi lesquelles des insertions de séquences harmoniques, l'excellente élaboration des choeurs et un jeu de guitare magnifique, un mélange de Folk et de Progressif.
La chanson suivante, "Riverside", est un Hard Rock plus swinguant, avec l'utilisation de wah-wah dans l'exécution du riff et avec des solos de guitare continus.
C'est une chanson très intéressante qui se démarque dans l'ensemble du travail réalisé.
Enfin, la chanson "Place to Die" referme l'album magnifiquement, maussade et sublime à la fois.
Elle commence avec un air le plus mélodique de toutes les chansons du groupe qui maintient une acoustique Prog Folk tout le temps, sans l'utilisation de guitares.
Aussi remarquable pour les paroles, c'est l'une des plus travaillées.

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Le single "Rock Solid" / "Tell Me" a fait la promotion de l'album.
A noter que "Rock Solid" a gagné beaucoup de popularité en Suisse et en Italie.

Cependant, l'album "Just In Case You’re Interested" n'a pas réussi dans les circuits commerciaux, étant condamné presque à l'oubli.
Il a été publié seulement en Allemagne (Mabel Records), en France (Soul Records) et au Brésil (Central Park Records), n'ayant reçu aucune presse au Royaume-Uni.

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http://www.mediafire.com/?74zndb14artkfm9

Quelques années plus tard, en 1973 pour être exact, Duffy sort un autre bon album sur le label Chapter One intitulé "Scruffy Duffy" qui emmène l'auditeur dans des territoires proches dans l'esprit de "Exile On Main Street" des Rolling Stones.
C'est un album très intéressant qui combine Hard Rock Progressif et Hard Boogie, rappelant par certains côtés Uriah Heep, Spooky Tooth, Foghat, Humble Pie ou encore Atomic Rooster.
Le son de Duffy doit aussi beaucoup à Deep Purple, à Uriah Heep ou même au côté plus pastoral de Jethro Tull, mais leur mélange très personnel de psychédélisme, progressisme et hard rock est quelque chose d'unique.

Le matériel varie d'un bon moment de Rock à des chansons plus douces, légèrement progressives, "St John" par exemple.
C’est assez conventionnel et calibré, mais ça se laisse écouter.
Il y a beaucoup d'assauts violents basés sur le Blues Rock, mais les sons Heavy Rock Prog (et parfois acoustiques) de Duffy sont présents.
Tout au long de l'album, la guitare bluesy est toujours aussi excellente et les passages d'orgue sont superbes, les titres assez complexes et la production est parfaite.
Bref, du Prog Rock avec de vrais hymnes Hard Rock joués finement.

Dès le premier morceau, la musique jaillit, rappelant l'Eté, la liberté et le plaisir! Du hard-Boogie Rock Anglais complètement dans l’air du temps de cette année 1973 avec une basse des années 70, des cloches à vache et tout ce qui va avec.
"Scruffy Duffy" s'ouvre avec "Running Away", un Hard Rock mid tempo avec une intervention du plus bel effet de l'harmonica.
Suit chanson à la Humble Pie intitulée "Changing My Ways", mélodique dans sa conception avec quelques passages que l'on pourrait qualifier de grandioses.
Ensuite vient "Ode to Clay", une très bonne ballade Prog Folk de bon aloi.
Pour "The 1959 Rock 'n' Roll Bop", comme son nom l'indique, c'est un pur Rock des années 50...
Le morceau qui suit, "The Browns", est plus simple, mais les vocaux et l'instrumentalisation le rendent plus qu'intéressant et la mélodie est vraiment inspirée...
"Banker" est un Hard Rock Prog à la Uriah Heep avec un orgue omniprésent et un autre superbe solo d'harmonica.
Enchainé à "Banker", "Joker" est, quant à lui, un Rock mid tempo avec un bon riff de guitare omniprésent.
Suit "I Can't Help the Way I Am" qui est un interlude instrumental légérement Prog.
"St. John's" est le meilleur morceau de l'album, et de loin, avec une intro à la Uriah Heep et une progression musicale permanente très recherchée.
La mélodie est merveilleuse et les vocaux, les choeurs, l'orchestration sont au diapason.
Pour clore l'album, "Finale" est une sorte de sketch d'environ trente seconde pour bien faire comprendre que c'est la fin du disque!...

L'album "Scruffy Duffy" ne marcha, cependant, pas d'avantage que leur premier opus, provoquant par là-même la dissolution du groupe peu de temps après.
A noter que récemment, il a été réédité par le label Central Park Records en format numérique et cité par le professeur de musique et chercheur Brésilien Wagner Xavier dans son encyclopédie musicale "Rock Raro vol. II" comme l'un des meilleurs disques de Dark Rock des années 70.
Cela vaut la peine de le vérifier, juste au cas où vous seriez intéressé.

Les musiciens du groupe semblent avoir disparu de la scène musicale, sauf Stuart Reffold qui a, par la suite, collaboré avec le chanteur compositeur Clifford T. Ward.
Actuellement, il est toujours opérationnel et il continue même à jouer des concerts dans les pubs de Guildford dans un groupe appelé Straubenzee.

Discographie:

Just In Case You’re Interested 1971
Scruffy Duffy 1973

Source: Giancarlo D'Anello, rateyourmusic, whiplash
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Re: DUFFY (Bio)

Messagepar Lienard » 07 Jan 2019, 22:44

Comique, je cherchais des infos sur ce groupe sur le net et puis .. je suis tombé sur toi et j'ai tout trouvé .. :coucouz:

Pas un tout grand groupe mais de là à passer inaperçu ???

Merci pour ta bio en tout cas .. :respect:
Lienard
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