

Murphy Blend est encore l'un de ces groupes éphémères plus ou moins obscures qui a réalisé un album qui valait parfois le détour avant de disparaître dans l’anonymat le plus total pour des raisons diverses.
Ce quatuor Allemand, originaire de Berlin, était composé de Wolf-Rodiger Uhlig, à l'orgue, au piano et au chant, de Wolfgang Rumler, à la guitare et au chant, de Andreas Scholz, à la basse et de Achim Schmidt, à la batterie, aux percussions et au chant.
Ils se sont rencontrés probablement au début de l'année 1969.
Tirant son nom d’une courte nouvelle de Samuel Beckett intitulée "Murphy" ou d'une marque de tabac à pipe, Murphy Blend a également été une rareté dans les débuts du Rock Allemand, car il a su combiné le son psychédélique du Krautrock avec du Heavy Rock, du Blues et de la musique Classique.



Le groupe est entré au Union Studio à Munich pendant une semaine au début du mois d'Octobre et trois autres jours au début Décembre 1970 pour enregistrer leur unique album, au titre prémonitoire "First loss", qui fut réalisé en 1971 sur le label indépendant Kuckuck, filiale de Polydor dédiée au Krautrock dont la philosophie était de laisser une totale liberté aux artistes.
Le groupe l'avait intitulé "First Loss", en référence à une composition romantique pour piano écrite par le compositeur Robert Shuman, "Eerster Verlust" (op. 5 no. 4, D 226), et dont le thème principal se trouve dans le morceau éponyme de l'album.
A noter que ce disque, produit par Jonas Porst, manager du groupe Ihre Kinder, est considéré comme un classique des albums Heavy Rock de l’école Allemande de cette époque.
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"First Loss" est donc considéré comme l'un des classiques du Teutonic Heavy Rock, et bien qu'il ait compté sur certaines influences des groupes de Heavy Rock Britanniques comme Deep Purple, Uriah Heep, Atomic Rooster, Vanilla Fudge et même Nice, les chants étrangement accentués, le mélange innovant des styles progressifs et psychédéliques, et l'angoisse sombre les met directement en rapport avec d'autres groupes de Heavy Krautrock comme le Jane des débuts.
Clairement influencés par ces formations, le claviériste Wolf-Rudiger Uhlig, qui avait étudié la musique classique pendant des années, et ses trois acolytes proposent un Prog Rock Heavy, emmené par l’orgue Hammond de Uhlig dans une intensité néo-classique. Le son de l'orgue ressemble beaucoup à celui de Dave Greenslade, mais avec un bord plus acéré.
Par contre, l'excellent jeu de Uhlig rappelle par moments celui de Tony Kaye, le premier claviériste de Yes.
Accompagné de riffs de guitare typique des années soixante-dix, Murphy Blend a créé un son qui est plus sur le côté Rock du Krautrock.
Mais,il se plaçait à part dans le monde Krautrock, moins progressif en général.
Le disque est remarquable non seulement pour les six chansons régulières, principalement écrits par Uhlig, qui présentent une excellente qualité de guitare et des riffs d'orgues, ainsi que des paroles intéressantes, mais aussi pour sa piste finale, "Happiness", la chanson Allemande la plus courte dans l'histoire du Krautrock jamais écrite, d'une durée de trois secondes… clin d’œil humoristique s’il en est.
Il est, cependant, impossible de mentionner tous les points forts car, là, c'est tout le matériel qui est vraiment génial!
Les morceaux sont mélodiques, assemblés sur des riffs Heavy d’orgue et de guitare, dans l’acceptation du terme tel qu’il était compris dans les années 70.
Le style est clairement un mélange de tons progressifs et psychédéliques; ça fleure bon les ambiances Hard Flower Pop revisitées à la sauce Woodstock et Wight.
Le chant est typique de cette époque, l’accent Allemand y est perceptible, mais les vocaux sont maîtrisées et en parfaite adéquation avec les instruments.
La guitare occupe une place importante dans leur musique, mais c’est tout de même l’orgue qui tient le leadership incontestable dans les compositions.
Les parties de la section rhythmique, basse et batterie, sont à la hauteur et offrent une rythmique très variée et riche, avec de belles lignes de basse ciselées mais soutenues.
En même temps, il y a des petits morceaux qui peuvent rappeller les débuts d'Eloy: le son de synthé sombre qui dérive et traverse lentement en arrière-plan comme une tempête qui approche pendant un jour sombre.
Malheureusement, Murphy Blend n'a jamais eu la même renommée. C'est vraiment une honte, car avec le recul, "First Loss" se révèle être un véritable joyau du début du Krautrock qui rivalise facilement avec la musique d'un groupe comme Trace, par exemple.
"At first" porte bien son titre et ouvre cet unique album comme une carte de visite ou une vitrine de tout ce qui suivra dans l’œuvre: orgue omniprésent, reprise d’un thème classique aux claviers, solo de guitare mélodique, basse ronde et vrombissante à la Black Sabbath, batterie au jeu varié et remuant.
Il y a une réelle dynamique dans chacun des titres et pas une seule trace de mollesse ni de ballade ou de break doucereux. Uhlig incorpore ici et là des thèmes et pièces classiques, notamment dans le titre éponyme "First loss", mais aussi dans "At first" ou "Funny guys", dans lequel on retrouve la "Toccata et fugue en D mineur" de Jean Sebastien Bach.
L’intro de "Past Has Gone" génère ce parfum quasi unique qui rappelle son enfance ou son adolescence ou celle de ses parents ou même grands-parents, et qui fait mentir à ce morceau son titre.
Dès le morceau d'ouverture, "At First", révèlant une excellente intro sans révéler trop de ce qui est à venir, en passant par le démarrage lent de "Speed Is Coming Back" avec une guitare aux petits oignons et des parties d'orgue qui lui donne du goût, jusqu'au long morceau de plus de sept minutes, génial dans son schéma dramatique bluffé par l'orgue, "Past Has Gone", qui dessine quelques frissons et qui aurait pu se rapprocher d'un chef-d'œuvre si les vocaux n'avaient pas été un peu sous mixés. Un excellent solo d'orgue solo divise la piste et la façon dont le groupe LA reconstruit rapidement est assez impressionnante.
L'ouverture de la deuxième face, "Präludium / Use Your Feet", est la piste qui montre la plupart de leurs influences classiques, mais ils font encore beaucoup plus que cela, car la piste est en constante évolution.
Vient ensuite la sauvage piste titre de moins de huit minutes qui est l'autre point culminant de l'album, et qui est un exercice performant donnant une chance à tous de briller.
D'une certaine façon, certaines références à Vanilla Fudge sont également un peu évidente ici parfois.
Le morceau de clôture est un appel à l'amusement comme la fugue en hommage à Bach et la finale courte sont un gag.
Leur musique montre parfois des traces des débuts de groupes comme Jane et Pell Mell, mais en dehors de cela, ils avaient un style unique.
Murphy Blend fut donc responsable de l'un des meilleurs albums sortis sur le légendaire label Kuckuck de Polydor: "First Loss" a été enregistré dans Union Studio, Munich, produit par Jonas Porst (le manager d'Ihre Kinder) Et conçu par Thomas Klemt.
Cet album est une véritable perle rare, mêlant Heavy Rock, Blues et mélodies classiques.
L'incorporation de pièces classiques de Bach avec beaucoup de percussions et un orgue Hammond conduit irrésistiblement à Tetragon, un autre groupe obscure Allemand à découvrir.
L'album ne dure que 36 minutes, mais il suffit de comprendre que même des formations moins connues comme Murphy Blend auraient été en mesure de rivaliser avec de nombreux grands groupes de hard rock progressif.
A l'époque, les critiques de musique ont apprécié le chanteur chantant en Anglais, à cause des accents définis de manière incorrecte dans les mots et les mauvais accent allemand, le qualifiant de 'moche'.
Cet album et l'un des meilleurs de l'époque, ce quatuor de prog typique y a montré une maturité incroyable.
Le dessin très naïf mais poétique sur la couverture intrigue tout de suite, et la musique à l'intérieur est définitivement à la hauteur des espoirs suscités.
Ce disque était un exemple parfait de la scène Krautrock progressive Allemande des années 70 et devrait faire partie de chaque collection de Rock Progressif sérieuse des années 70.

En 1970, le groupe est apparu dans son propre rôle avec Birth Control dans le film à faible budget "Ich, ein Groupie" (avec Ingrid Steeger dans le rôle principal) avant la sortie de leur premier single et de l'album.
Pour les amateurs de Krautrock, et en particulier de Blend Murphy, ce film sera une véritable aubaine car les enregistrements vidéo du groupe sont excellents.
Peu de temps après la sortie de "First Loss", le groupe s'est séparé, Uhlig est parti former Hanuman, un groupe également éphémère, en Mai 1971 avec des musiciens de Jazz et de Blues. Il est aussi apparu en invité sur le troisième album de Frumpy "By The Way" paru en 1972
Scholz a rapidement rejoint un autre groupe éphémère mais plus connu, Blackwater Park.
En 1991, le label Ohrwaschl a réédité "First Loss" sur CD dans une édition limitée à 1000 exemplaires
A noter que le vinyle d'origine, selon de nombreuses ventes aux enchères en ligne, coûte encore environ 300 $ et plus.
Sources: Rolf Semprebon, Eric Piettre, Mikhail Bokov