Comme certains le savent, je voue un culte presque sans limite à papa Schulze tout simplement parce que j’estime que ce mec a fait parti des grands visionnaires de la 2eme moitié du 20eme siècle.
On arrête pas d’entendre "les 60/70 c'est l’avènement du rock, de sa diversité" etc… ce n’est pas que le rock en sens large du terme mais la musique tout court et notamment l’arrivée des synthés, des bidouillages electro qui ont ouvert une brèche totalement inédite sur la manière de concevoir LA musique.
En cela, Klaus Schulze est un novateur, un précurseur avec son collègue Manuel Gottsching et Kraftwerk mettant la barre très très haute, à tels point qu’il a souvent été imité, aujourd’hui encore par tout un tas de dj’s underground rayon ambient ou assimilé, sans qu’aucun ne soit arrivé au niveau de son petit orteil droit.
C’est un formidable compositeur, interprète et accessoirement batteur au style très libre qui a officié soit en tant que membre à part entière ou remplaçant de luxe dans à peu près toutes les formations krautiennes majeures fin 60’s début 70’s, Cosmic Jokers, Ash Ra Temple, Amon Duul II, Tangerine Dream avant de se lancer en solo et d’explorer de nouveaux horizons musicales.
Si je devais retenir 3 albums essentiels dans une discographie pléthorique, je dirais sans hésiter
Timewind, Hirrlicht et Cyborg sorti entre 72 et 75. Alors oui, je comprends tout à fait qu’ l’on ne soit pas attiré par ce genre de musique qui peut sembler répétitive, minimaliste, sans urgence… Sa musique est un concept, ne cherchez pas des points de comparaison, il n’en existe pas ! Il faut parfois se replonger à plusieurs reprises dans un album et ne surtout pas faire autre chose à coté, bosser (ou faire semblant), faire la popote; non, comme avant de faire l’amour avec une charmante inconnue, il convient de prendre ses précautions. Une fois passé les préliminaires, on se rend compte de la complexité des arrangements, la structure de l’œuvre vous invite tantôt à la méditation tantôt vous propulse à 200km/h dans un mur sans que vous ne puissiez y faire quelque chose. Pour les non coutumiers à fortes pulsions suicidaires, certains titres sont à déconseiller

par contre pour ceux qui souhaitent se retrouver seuls avec eux-mêmes dans un décor lunaire, pas de doute vous trouverez votre bonheur.
Les années 80 jusqu’à la serie des Dark side of the moog (clin d’œil à qui vous savez) en collaboration avec Pete Namlook milieu 90 sont fortement dispensable, il a un peu trop abuser des trips techno-ambient sans saveur ce à quoi nous n’etions pas habitué… Les années 2000 marque enfin son grand retour ou il reprend les ingrédients qui ont fait son succès avec quelques mises à jour. A écouter,
Moonlake sorti en 2005 développe 4 longues pièces, sortes de symphonies du 21ème siècle au cours desquelles s’entrelacent nappes synthétiques et passages plus ténébreux et surtout
Kontinuum pondu l’année dernière, une pièce en 3 actes ou l’auditeur enfourche une sorte de machine temporelle qui le transportera au confins de l'imaginaire et au-delà. Sons bien à lui, minimoogs expressifs et subtils, nappes épaisses et vaporeuses, tonalités pures, une bonne synthèse de l’univers Schulze.
Voila mon opinion forcement subjective sur cet artiste à part, histoire ce contrebalancer les critiques entendues ici et là qualifiant son œuvre de musique d’ascenseur, que diriez-vous si l’on traitait les Beatles de musicos pour midinettes pré pubères ?
