Ma position de base, c'est qu'il n'y a rien de plus conditionné socialement que les gouts. Tout particulièrement en musique.
Ce que l'on écoute est à la fois un indicateur de statut social -
J'écoute Mozart ou Coltrane au petit dej, j'ai toutes les chances d'évoluer dans un milieu aisé -, et une manière de progresser dans l'échelle sociale -
Si je me met à parler Coltrane ou Mozart à un diner, alors qu'avant je parlais plutôt Mike Brant, j'ai toutes les chances de "progresser" socialement. -
En somme, grossièrement, on écoute la musique que l'on se sent légitime d'écouter et celle qui maximisera notre statut social.
Et si j'écoute du rock des années 60, je suis bien conscient que ce n'est pas
seulement une affaire de plaisir ressenti, mais aussi une façon de se positionner, de se valoriser socialement. Et au vu des milieux plutôt hétéroclites dans lesquels j'évolue, force est de constater que cela reste une position largement minoritaire chez les jeunes de mon age (18 - 25 ans).
S'il venait à y avoir un regain d'intérêt massif pour la culture des années 60-70, cela ne viendra certainement pas de la reconnaissance de sa qualité propre. Vu comment est tournée le champs de la musique aujourd'hui, il y a fort à parier que cela viendrai -
et cela viendra
- des grands pontes de la musique ou des grands publicitaires.
En attendant, il y a et il y aura toujours une minorité assez constante de zozos, qui continuent à écouter des vinyles éditer à 300 exemplaires.
Pas d'accord fleur de bite.
Il est vrai que la musique que nous écoutons a tendance à nous "positionner", très schématiquement (et je me méfie beaucoup de ce genre de clichés), On écoute Mozart ou Coltrane plutôt dans les quartiers chics et bourgeois, Jefferson Airplane sera plutôt l'apanage des "ex freaks" devenus bobos, la variété minable et le rap dans les banlieues défavorisées. Mais plutôt que parler de statut social, je préfère parler de culture, les 2 étant plus ou moins liés de toute façon.
Là ou je ne te suis pas du tout, c'est quand tu dis que tu écoutes une musique pas seulement par goût, mais aussi en fonction de son "statut social".
Quand j'étais jeune, vers 10/11 ans je devais écouter clo clo et aufray (pour leurs reprises de tubes us ou de Dylan, mais je ne l'apprendrais que bien plus tard), ensuite Dutronc, Polnareff, à 13 ans j'ai découvert les Beatles, et à 14 les Stones qui furent le déclic et le début d'une belle histoire. Crois tu que j'écoutais Quicksilver ou Can pour me "positionner" sur l'échelle sociale ? Bien sûr que non, ça ne me serait même pas venu à l'idée ! J'écoutais ce qui m'éclatait tout simplement, sans aucune arrière pensée, ni de statut social, ni idéologique, ni ce que tu voudras. Cela m'a d'ailleurs permis de rencontrer des gens appartenant à un statut social assez différent du mien à l'époque. Comme quoi...
Aujourd'hui le business a fait son oeuvre : il faut être Rock ou Rap, appartenir au clan Jean diesel ou autre marque, porter des baskets Comparse... tout est dans la frime, la marque, le paraître, l'appartenance à un clan sous peine de paraître complètement ringard...
Enfin le regain d'intérêt pour cette culture ne viendra sûrement pas des pontes de l'industrie du disque, c'est juste d'une part une question de cycle (un peu comme les prénoms qui reviennent à la mode tous les 80 ou 100 ans), d'autre part tout simplement par le fait que les jeunes qui aiment vraiment le Rock et qui n'en font pas une question de mode, (2 ou 3% peut-être) finissent à un moment ou à un autre par creuser la question, et donc forcément quand on tombe dans la marmite Hendrix ou Stones...