En 1969, un slow ravageur envahit les ondes radiophoniques et fait un carton dans l'Europe entière. A l'image de "A white shade of pale" ou, plus près, de "My year is a day",
"Daydream" puisque c'est de lui dont il s'agit, fait découvrir un groupe anglo-saxon aux accents symphoniques. "Daydream" devient "rêveries" par Claude François et l'on s'aperçoit que ce groupe, nommé
Wallace Collection, n'est pas anglais mais belge.
Il se compose de musiciens confirmés issus de divers milieux musicaux :
- Raymond Vincent (violon) et Jacques Damotte (violoncelle), membres de l'Orchestre National de Belgique
- Marc Herouet (piano), musicien de jazz reconnu au-delà des frontières belges
- Sylveer Van Holmen (guitare), Christian Janssen (basse) et Freddy Mieuland (batterie), qui ont une formation Pop/Rock.
Leur premier album s'intitule "Laughing Cavalier" et regroupe 14 titres :
- Get that girl
- The sea disappeared
- Get back (rien à voir avec celui des Beatles !)
- Ragtime Lily
- Natacha
- Merry-go-round
- What's goin'on
- Fly me to the earth (leur second single qui n'a connu guère de succès)
- Peru
- Poor old Sammy
- Baby I don't mind
- Misery
- Laughting Cavalier (qui donne son titre à l'album et qui ne dure même pas 2 mn)
- Daydream (dont Wallace Collection a également sorti une version française, "
Evelyn'")
Voilà, les présentations sont faites, passons, si vous le voulez bien, à l'écoute de ce LP (je le possède en CD avec 7 titres bonus, dans la collection Magic Records).
Cette galette ne se laisse pas apprivoiser facilement. "Get that girl", débute par une basse nerveuse sur une rythmique sautillante. On se croirait revenu dans les mid sixties, époque où les Lovin Spoonfull et autres Turtles nous proposaient ces petits airs pop emplis de choeurs.
Violon et violoncelle agrémentent hardiment ce titre, se pliant aux invectives du trio basse, batterie, guitare.
"The sea disappeared" se poursuit dans la même veine sixties et l'on peut aisément imaginer cette chanson jaillissant du répertoire des Easybeats, voire des Zombies.
"Get back" nous la joue langoureux avec des choeurs fondants et des cordes ciselées, dans le plus pur esprit Beach Boys.
- "Ragtime Lily" rappelle opportunément les racines jazzy du pianiste, auxquelles viennent se greffer les harmonies classiques du duo à cordes.
- "Natacha" débute sous les mêmes auspices sixties sautillants, avant de virer vers le folklore russe. L'on s'attend à tout moment à voir apparaître quelques danseurs cosaques.
- "Merry-go-round- tire un peu vers la prog mais sur un tempo à trois temps.
- Le piano annonce un boogie woogie inattendu, "What's goin'on", traité façon rock and roll fifties avec violon et violoncelle qui rockent effrontément. Intimidée, la guitare se permet quelques discrets et furtifs solis, car le rock c'est son domaine quand même !
- "Fly me to the earth" nous ramène à l'objet premier du groupe, la pop symphonique. Ce titre puise dans l'atmosphère des Turtles (encore !) et son refrain aurait très bien pu convenir aux Electric Light Orchestra.
- "Peru" nous convie à un voyage dans les Andes nous gratifiant en plus d'une atmosphère "prog" envoûtante.
Ainsi se poursuit cette galette jusqu'au mega tube "Daydream".
Et l'on se demande pourquoi les Wallace Collection n'ont pas connu plus de succès. Les raisons sont multiples à mon avis. Comme Procol Harum, ce groupe a d'abord séduit les hits-parades avant de dérouter ses aficionados, sans agréger les vrais amateurs de musique ... vous suivez ?
Bref, à force de louvoyer, de ne pas développer ses thèmes (rares sont les titres qui dépassent 4 mn sur l'album), Wallace Collection s'est retrouvé dans un no man's land.
Pourtant, un excellent titre comme "Baby I don't mind" aurait dû cartonner, d'autant plus que sa version française "le monde est fou" (en bonus) n'a pas pris une seule ride, tant au niveau des paroles (écolos) qu'à celui de sa musique.
En vous procurant ce disque vous réparerez une injustice musicale et ravirez du même coup un auditoire qui se montrera de plus en plus attentif au fil des écoutes. C'est ce qui m'est personnellement arrivé la semaine dernière, après avoir posé cette galette dans le tiroir de l'appareil. Au fur et à mesure, les amis que nous avions convié à dîner se sont intéressés à cette musique diffusée en sourdine dans le salon. Le CD est passé de mains en mains
