non, des gros cassoss en devenir. À moins que ce soit déjà trop tard?
Je n'en sais rien, du déterminisme. J'ai aussi exercé un temps comme pédagogue :) En théorie, les chats ne font pas des chiens. Si les gamins sont issus d'un milieu déglingué, ils ne sont pas forcément aidés ... Dans mon cas (à l'époque), les pires étaient les enfants de bourges. Les enfants de pauvres se faisaient baffer par les parents quand ils déconnaient.
Mon bahut est un lycée pro-voie de garage composé à majorité d'élèves issues de milieux bien précaires. Leurs dossiers sont souvent bien mauvais et ils ont déjà l'étiquette tricard collé au front. Certains en tirent une certaine fierté (c'est l'âge...) et en profitent pour faire de la merde, classique on dira... j'avoue être assez terrifié de les voir tout les jours saboter un peu plus le peu de chance qu'on leur donne. Sélection naturelle ou non, et au-delà de leur futur professionnel ces gamins ont un manque total de repère et de respect et je commence à comprendre que certains professeurs "démissionnent" purement et simplement. Et puis franchement, le fait de ne pas avoir le droit de tenir un gamin par le bras pour l'emmener chez le dirlo est une abérration et démontre bien le côté obsolète de la discipline à l'école.
Il y a pourtant pas mal de parents qu'appellent quotidiennement pour savoir si leurs moutards sont au bahut, ils essaient de les cadrer, mais ça n'empêchent pas les gamin(e)s de continuer à faire de la merde. À la décharge des parents y'en a pas mal qui bossent avec des horaires pas possible (je comptent plus les éboueurs, femmes de ménages, ouvriers 3x8, ceux qui bossent à Rungis, etc.) et qui ne peuvent pas réveiller leurs gamins le matin ou les surveiller faire les devoirs (quand ils savent parler français...)
En plus de ça, tout les jours je suis témoin du cloisonnement communautaire des gamins qui n'arrangent rien à l'affaire : les arabes avec les arabes (attention les marocains n'aiment pas les algériens qui n'aiment pas les tunisiens), les noirs avec les noirs et les créoles avec les créoles. Y'a pas de blancs dans mon bahut, ou si peu que si Misterjibe était à ma place il serait déjà copéiste. Ces gamins ressassent les merdes qui leurs arrivent tout les jours (les "Sale noirs/ratons" dans le métro ou dans les usines où ils font leur stage), rêvent du "bled" où ils vont passer les vacances et où ils se feraient vachement chiés si ils y habitaient vraiment. Bref, ils sont bien paumés.
Bref j'ai pas fait le service, je ne l'idéalise pas - même si ça m'aurait fait triper de passer une année à boire de la kro et jouer avec des tanks dans la campagne - je comprends bien l'aversion de certains à l'appel sous les drapeau, la patrie, le kaki, les marches de 40 bornes, le lit au carré etc. mais j'ai l'impression que c'était un des derniers trucs qui permettait une certaine cohésion, créait une certaine mixité et un brassage social - dans un sens comme dans l'autre. Et qui pouvait ouvrir pas mal de portes à des gamins qu'avaient perdus la clés. Sutout que si j'ai bien compris les dernières années on pouvait convertir ça en service civil et être envoyé à l'étranger pour de l'humanitaire etc... Le seul endroit où j'ai plus ou moins trouvé ça c'était dans le rugby. Autant pour les principes de jeu que pour sa mentalité et de la solidarité qui en découlait.
Pour l'anecdote, à la JAPD je me suis retrouvé à côté d'un berger de la vallée qui ne savait pas lire et écrire, qui parlait vaguement français et qui passait ses journées à fumer de l'herbe et manger des champignons quand c'était de saison. J'l'avais aidé décrypter le polycopié de Télé 7 Jours pour le test de français qui lui semblait bien mystérieux, ha ha ha!
Merci pour ton témoignage (zarma M Drucker :)) Je considère qu'on peut s'en sortir, et je ne sais pas comment. Je suis né dans ce genre de milieu vraiment pourri. Sur les 30 qu'on était en 3ème, 1 a passé une partie de sa vie en taule, 1 est devenu patron de bar de nuit (c'est toujours un pote), un autre médecin, et moi, le reste, je ne sais pas. Bon, ce n'était pas la même époque. Mais les constantes demeurent, soit on se conforme à son milieu, soit on considère qu'il existe un probable ailleurs différent (peu importe lequel), et on fonce. Je ne sais pas comment expliquer cela, il y a ce fameux déterminisme, et l'étincelle qui jaillit de cette merde pour te sauver. Je suppose que parmi les gamins que tu cotoies, il y a de ces étincelles possibles. Pour le "service", même si je me moque, j'avais l'impression de servir (comme toi) à quelque chose, de rendre un peu de ce que j'avais appris.
_________________ Comment est votre blanquette ?
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