Allez, j'y vais de ma petite chronique pour m'initier.
Red! Quel album.. surtout, je me souviendrai toujours de la gifle que j'ai reçu quand j'ai écouté Starless pour la première fois. Et il est bien rare de rester bouche bée devant un morceau à la fin de la première écoute.
De tout les line-ups différents de King Crimson depuis leur création, il est évident que ce trio (Wetton, ex Asia, Bruford, ex Yes, et Fripp) est le plus étourdissant. Bien avant de rencontrer son alter ego en la personne d'Adrian Belew, Fripp était déja entouré de musiciens qui laissaient la part belle à son inventivité... telle qu'il dissout le groupe la veille de la sortie de l'album

(avant une reformation en 1980 sous le nom de Discipline).
Mais revenons à l'essentiel, à cet album. Red est donc le dernier album de la trilogie Larks Tongues in Aspic, Starless and Bible Black, et Red. C'est probablement le plus puissant, celui où la rage s'exprime le plus.
5 morceaux seulement, dont une improvisation live.
C'est un album progressif, bien que Fripp refuse cette étiquette. Mais cet album est également marqué par un teint légèrement jazzy avec la présence omnipotente du saxophone de Mel Collins.
Red tout d'abord. Morceau très puissant, avec un son brut, et un riff de départ qui pourrait en effrayer plus d'un. On est immédiatement mis sous pression (merci le roulement de batterie de Bruford..). Ce remier morceau éponyme pose les marques de cet album. Sans limite. Fripp explore de nouvelles voies, sans cesse. Et après les 2 premiers albums de la trilogie, ou il faisait la part belle à l'expérimentation, on remarque tout de suite qu'il revient à quelque chose de plus structuré, extrêmement carré. Le tout dans un style progressif très brutal. Au bout de 6 minutes, on est en plein dans l'album.
Fallen Angel, et on dirait que ca se calme.. reprenons notre souffle voyons! De courte durée cependant. L'intensité développée dans le refrain et dans le jeu de guitare de Fripp est très elevée. La voix de Wetton fait son apparition, et on ne l'imaginait pas si belle! Un morceau d'une rare beauté, ou la mélancolie laisse sa place à un refrain dévastateur.
One more red nightmare se rapprocherait plus de Red, beaucoup plus brut en sorte, avec une batterie omniprésente tout le long de ce morceau, et un saxophone qui conclut ce morceau magistral.
Providence, morceau d'improvisation enregistré lors de la tournée américaine au début de l'année 1974 et mis sur l'album. Fripp nous laisse voir sa science de l'impro et son solo de guitare, bien que peu accessible, est absolument un modèle du genre.
Puis vient Starless, et bien que je ne veuille pas m'éterniser, je me sens obligé. Peut-être LE morceau de KC tout line-up confondu. Chacun se fera son propre opinion. Ce morceau, long de 12 minutes, est composé à la manière d'un morceau classique. 4 parties distinctes scindent le morceau. La première partie pose une mélodie imparable, portée par la voix sublime de Wetton (probablement le meilleur chant de Wetton), une ligne de basse à faire frémir, et une batterie ou Bruford nous montre toute la variété de son jeu. Vient ensuite le moment plus lent, moment haletant qui dure 5 minutes. Une montée s'installe, la guitare se fait pesante, la batterie s'installe au fur et à mesure, et l'explosion est imminente après chaque mesure... La troisième partie correspond à cette explosion, comme une rage trop longtemps dissimulée qui se dégage à la fin de l'album. Cette partie, emmenée par une partie de basse absolument énorme et un Mel Collins au top de sa forme, bien que très structuré, nous paraît totalement décousue. Puis la dernière partie reprend le thème initial dans un profond soupir...
Oui je l'avoue, j'adore cet album, c'est mon préféré de King Crimson, bien que j'apprécie beaucoup d'autres. Il est pour moi un ovni au sein de la musique seventies, et n'a jamais été approché dans son style (pas à ma connaissance en tout cas.. si qqn pouvait me renseigner!).
Chapeau bas Mr Fripp!