La torture terminée, ce sont cette fois-ci les choses sérieuses qui vont commencer avec l'intro de Carmina Burana de Carl Orff. Précisons qu'Ozzy , coutumier de l'intro pré-citée, ne sera pas présent ce soir. Le groupe,nonchalamment, monte sur scène, entamant Roadhouse Blues dans une version très puissante. La question que tout le monde se pose, à ce moment précis, concerne le chanteur Dave Brock (rien à voir avec le guitariste-chanteur d'Hawkwind). Les doutes sont vite dissipés : Brock assure véritablement bien les vocaux si particuliers du Roi Lézard. Vous devez bien vous imaginer que le titre suivant Break On Through va déchainer la foule. Les vinyls que j'ai amenés tiennent le coup mais je crois que cela sera la dernière fois que j'en amènerai. Bref, c'est la folie !!!!!!!Strange Days, issu de l'album du même nom que j'adore, fait suite à ce déluge de décibels. Sans sautiller comme pouvait le faire Morrison, jeu de scène repris ensuite par Ian Astbury en 2003, Brock offre quelque chose de plus sobre même si la façon de tenir le micro s'en inspire très fortement.
L'intro très reconnaissable de When The Music's Over résonne dans l'étuve du Bataclan, titre qui, généralement, s'étire sur une quinzaine de minutes en live. A signaler aussi que le décor est magnifique, laissant apparaître des effets de lumière du plus bel effet. Peace Frog et son rythme endiablé n'ont d'effet que de déchainer un peu plus le public déjà en transe. Moi, j'aime cette ambiance où le public se laisse emporter par cette musique si hypnotique. Blue Sunday est exécuté avec maestria tandis que Manzarek annonce non sans émotion, que pour le 40ème anniversaire de L.A. Woman , l'album sera interprété intégralement comme cela l'avait été au Zénith en 2003, concert auquel j'avais naturellement assisté. The Changeling , Love Her Madly, Been Down So Long sont interprétés à brides abattues. Robby y effectue des soli brillants comme quoi l'âge n'a guère d'effets sur sa façon de jouer tandis que le Manzarek, recourbé sur son orgue, assure les choeurs de sa voix puissante. Derrière, Ty Dennis avec son air d'Harry James, ex-batteur de Thunder assure efficacement. Brock de temps à autre, n'est pas toujours très perceptible mais, à aucun moment, ne commet d'erreurs. Mathieu qui se trouve à côté de moi, est visiblement impressionné.
Sur l'écran, apparaît une superbe Mustang, annonçant L.A. Woman interprétée dans une version superbe. On y aperçoit aussi des documents rares tels Morrison se baladant à L.A . L'America m'a toujours fait chier et me fait encore chier aujourd'hui. Du haut de ses 6 minutes, je supporte le titre qui, au final débouche sur Hyacinth House. Ce que j'attends, pour ma part, c'est Crawling King Snake, la cover de John Lee Hooker, que les Doors via Morrison, ont toujours su transcender. Bonne interprétation de la part de Brock. The WASP (Texas Radio & The Big Heat) n'est qu'un prélude à ce qui va suivre. Bien entendu, quand on évoque L.A. Woman, on pense immanquablement à ce chef d'oeuvre qu'est Riders On The Storm étiré à souhait (près de 10 minutes) en cette soirée estivale. De plus, le titre est accompagné de superbes effets de lumière, ce qui en renforce son aspect inquiétant. Phil Chen, le petit bassiste qui a notamment travaillé avec Rod Stewart, Eric Clapton, Jerry Lee Lewis et Bob Marley, ayant un CV long comme le bras, s'illustre en exécutant des p'tits solis de fort belle facture.
Le groupe se retire après 1h45 de concert intense, Ray et Robby étant naturellement et visiblement très fatigués. Le public est dingue à ce moment-là, réclame à corps et à cris les cinq compères qui reviennent presqu'aussitôt. C'est Love Me Two Times qui est expédié à 100 à l'heure suivi de Five To One qui n'a pour unique conséquence que de provoquer les "stage divings". Je manque de m'en prendre un mais l'esquive juste à temps. Je crois que le summum de la folie du public fut atteint à ce moment-là. Inévitablement, Light My Fire est interprété dans une version de près de 10 minutes, chacun y allant de son petit solo, le Brock s'en sortant avec tous les honneurs. 2h15 de concert intense pour des papys de presque 70 ans s'avèrent être un véritable exploit pour ces légendes du Rock qui, en dépit de leur âge, continuent de captiver des générations encore plus jeunes car il est à noter qu'outre la "vieille garde", de nombreux jeunes étaient présents et ce, sous l'oeil avisé du Roi Lézard.
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