Drôle d'objet que cet album de 1969, passé totalement inaperçu malgré le talent des deux membres...
Un album bigarré, mêlant country rock, rock psychédélique texan, délires "zappaiens", orchestrations beatlesques, folk rock.
Un disque dense qui s'accroche dans votre psyché et qui ne vous quitte plus, l'un des derniers grands kaléidoscopes musicaux que les 60s ont accouché.
William D. Lincoln, bassiste chapeauté et Hamilton Wesley Watt, batteur chevelu avaient longuement arpenté les scènes texanes, partageant souvent l'affiche avec les 13th Floor Elevators.
S'entourant de musiciens du cru, les deux compères enregistrent au Texas. Watt part ensuite en Angleterre retrouver sa future femme, Hamilton l'accompagne.
Se retrouvant à Londres, ils enregistrent les dernieres chansons de leur album aux studios Abbey Road, se rapprochent de McCartney et échouent de peu à faire paraître leur album chez Apple...
De retour aux USA, l'album sort chez Capitol mais l'époque se tourne plus vers les murs de Marshall et... L'album tombera dans l'oubli pendant des années jusqu'à une sublime réédition sur Rev-Ola.
L'album commence avec la pastorale "Lisa", puis le très bluegrass "The Stone River Hill Song" lui succède.
Au troisième titre, full throttle en direction du totalement psychédélique et zappaïen "Did You Get The Letter" et enfin "Through The Window", sorte de The Band sauce texane, relevée et épicée de fuzz et de wah-wah.
Suite à cette entrée en matière digne d'un rollercoaster, la très anglophile "Little Miss Phlugg" déroule ses arabesques duveteuses. "Lady Bedford" ensuite, petite merveille folk rock, tout clavecin dehors, que n'aurait pas reniée Donovan.
Retour de la fuzz sur l'instrumental "Suicide On The Hillside Sunday Morning After Tea", proche du West Coast Pop Art Experimental Band (et, à mon avis, forte influence des Butthole Surfers periode Pioughd dans les 90s...).
La country explosée sous acide de "Sweet Fanny Adams" poursuit le propos puis mute en country pur jus sur "I'll Be Home To You"
"Sunshine Woman" se rapproche ensuite des immenses Love circa Da Capo. "Hollyville Train" marche sur les plates bandes des Bee Gees époque "New York Mining Disaster 1941" puis "Docker's Son" étale sa nostalgie infinie sur des arpèges de guitare cristallins zébrés par l'intervention d'un orchestre philarmonique.
Deux interludes de moins d'une minute, l'un country "Something For The Milkman", l'autre folk "Too Young To Know" et arrive le morceau parfait de l'album "World".
A la fin d'une chronique dithyrambique de cet album sur Shindig, un excellent fanzine anglais, l'auteur expliquait que certains albums marquent la vie d'un passionné de musique... Et c'était le cas, selon lui, d'Euphoria...
Je partage maintenant son opinion ;)
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