Je remet une pièce et je re-dis non !
L’Europe n’a pas attendu les commentaires d’Averroès et d’Avicenne pour découvrir la philosophie grecque.
Dans ses Confessions, Saint Augustin relate son entrevue avec Simplicanius, père spirituel de l’évêque de Milan, Saint Ambroise : « je lui retraçais tout le dédale de mes erreurs. Lorsque je vins à lui dire que j’avais lu certains livres platoniciens traduits par Victorinius, autrefois rhéteur de la ville de Rome […]. Il me raconta comment ce savant vieillard, homme très expert dans toutes les sciences libérales, qui avait lu, étudié, commenté tant d’œuvres philosophiques, et qui avait été le maître de tant de nobles sénateurs, avait obtenu, en témoignage de la distinction de son enseignement, un honneur fort apprécié des citoyens de ce monde, celui de voir ériger sa statue au forum romain »
Saint Augustin est mort en 430, soit 200 ans avant la naissance de Mahomet, 500 ans avant la naissance d’Avicenne, 700 ans avant la naissance d’Averroès, les cercles d’ intellectuels en Europe de l’ouest étaient initiés à la philosophie grecque bien avant que les philosophes arabes commentent à leur tour les Anciens, grâce aux traductions syriaques.
Jacques Heers, agrégé d’histoire, directeur du Département d’études médiévales de Paris-Sorbonne remet les pendules à l’heure :
« Les « Arabes » ont certainement moins recherché et étudié les auteurs grecs et romains que les chrétiens. Ceux d’Occident n’avaient nul besoin de leur aide, ayant ,bien sûr, à leur disposition, dans leurs pays, des fonds des textes anciens, latins et grecs, recueillis du temps de l’empire romain et laissés sur place. De toute façon, c’est à Byzance, non chez les « Arabes », que les clercs de l’Europe sont allés parfaire leur connaissance de l’Antiquité. Les pèlerinages en Terre sainte, les conciles œcuméniques, les voyages des prélats à Constantinople maintenaient et renforçaient toutes sortes de liens intellectuels. Dans l’Espagne des Wisigoths, les monastères (Dumio près de Braga, Agaliense près de Tolède, Caulanium près de Mérida), les écoles épiscopales (Séville, Tarragone, Tolède), les rois et les nobles recueillaient les livres anciens pour leurs bibliothèques. »
|