
Tim Buckley - Starsailor - 1970
Première chronique je réclame donc l'indulgence de mes pairs. Pour une première tentative je me devais de rendre hommage à mon avatar, un choix différent ayant pu être interprété comme du snobisme (genre: Starsailor c'est tellement super que j'ai pas besoin d'expliquer pourquoi j'aime ça).
Pour ceux qui ont écouté Starsailor, qu'ils aient aimé ou non, je pense que tous peuvent s'accorder sur le fait que l'album est unique, et c'est tant mieux disent certains de mes amis pour me faire enrager.
En 1970 Tim Buckley a 23 ans, 5 albums et quelques succès d'estime derrière lui. Sa musique a considérablement évolué depuis le premier album éponyme de 1966. Du folk il passe à un jazz vocal inclassable qui s'annoncait déjà dans Lorca, album précédent sorti la même année. Starsailor va encore plus loin. On comprend que les fans de Goddbye and Hello aient été un peu "destabilisés". Les influences de Dylan et Fred Neil sont loin ici, Miles Davis est bien plus proche.
Tim Buckley explose tous les codes pour livrer une pure merveille de jazz vocal, il hurle comme un damné, joue aux montagnes russes, montant et descendant sur les sept octaves et demi de sa voix. Il se permet tout, les paroles sont parfois incompréhensibles mais peu importe, tout cela est physique, c'est du pur ressenti!
L'album est complexe, les morceaux hypnotiques, cette voix vous prend et ne vous lâche plus.
Vous entrez dans un tourbillon d'énergie, une apothéose avec "Monterey", "Jungle fire" et "Down by the bordeline"!
Puis un peu plus de calme, on vous accordera une pause avec "Moulin rouge" (en fan de Piaf le chanteur se fait plaisir et chante en français) et le magnifique "Song of the siren" déjà chanté depuis des années par Tim.
Je comprends qu'on puisse ne pas aimer Starsailor, on peut ne pas comprendre et ne pas adhérer. Mais ce qu'on ne peux reprocher à Tim Buckley c'est d'avoir fait des concessions concernant son art, cet album est l'expression même de ce qu'il voulait et son intégrité artistique reste entière. Pour moi Starsailor est un monument musical au même titre que Trout Mask Replica. Tim et le Captain partageaient la même maison de disques mais également la même peur d'être recupéré et formaté par l'industrie musicale.
Je ne sais pas si j'ai résussi à faire passer le plaisir que j'ai à l'écoute de ce disque mais en tout cas j'espère avoir au moins attisé la curioisté de ceux qui ne le connaissent pas.