Probablement FOXTROT de GENESIS. Ce devait être en 1991 ou 1992. J'avais 15 ans. Il sortait de la discothèque de mon père et ma curiosité avait été attirée par les photo de deux de leurs membres que je connaissais déjà : Phil Collins et Peter Gabriel. Le premier, je le savais, faisait partie du groupe (Fabrice, sur RTL, aimait, dans son jeu [un genre de Blind Test], brouiller les pistes en mettant des titres comme Jesus He Knows Me... les gens disaient à chaque fois "Phil Collins"... raté"). Le second me sidérait : Diantre ! Peter Gabriel a aussi été membre de Genesis ? Deuxième énorme surprise : l'album datait de 1972. Genesis n'était donc pas un groupe récent ?
Ben non...
A l'époque, je n'y connaissais absolument rien à la musique et ce que j'allais entendre me surprendrait au delà de tout soupçon. Je constatait tout de suite que la sceonde face s'appelait Supper's Ready. Les paroles était subdivisées (de i à vii). Pour moi, aucun doute : il s'agissait de 7 titres, mais pourquoi donner un nom à la face ? En écoutant cette face, j'ai été ahuri de découvrir que tout faisait partie d'un bloc. 22 minutes et 58 secondes qui sont en fait la durée complète d'un seul et même titre. Et quel titre ! Jamais je n'aurais imaginé qu'on puisse enregistrer une telle chose. Habitué aux schemas ultra formatés, j'ai attéri dans un univers complètement inexploré, magique où se marie toutes les atmosphères. Un monde antimanichéen, contrairement à ce que nous proposaient les tubes mitraillés sur les ondes. Ce jour-là, je crois que j'ai compris que tout était possible dans la musique.C'est passionnant la façon dont tu racontes cet épisode marquant, ça donnerait envie de revenir en arrière jusqu'au moment précis de découvrir pour la première fois "Foxtrot" et "Supper's Ready". J'ai un peu vécu les choses de la même manière, sensiblement au même âge. C'est mon petit frère (10 ans à l'époque) qui avait emprunté la cassette du "Genesis Live" de 1973 à la médiathèque du Mans, parce qu'il aimait "We Can't Dance" que les parents écoutaient fréquemment à la maison. Il est sorti de sa chambre au bout de quelques minutes effrayé, en me disant, "cette musique me fait peur" (il parlait des premières minutes de "Watcher of the Skies"). je me suis copieusement foutu de lui, en lui disant "file-la moi, ta cassette, je vais l'écouter moi, j'suis pas un p'tit joueur"... Et ça a été un choc sans précédent. Je n'étais pas sans ressentir un frisson similaire à celui vécu par mon petit frère (qui flippait aussi en entendant le début de "Dance On A Volcano"), mais j'étais surtout fasciné par la richesse de cette musique, le foisonnement instrumental, la construction rythmique, l'expressivité et l'ampleur des arrangements... Je suis aussitôt descendu consulter la discothèque parentale et en ai ressorti "Foxtrot" et "Nursery Cryme" dont je me suis rendu compte à la réécoute que c'était ce fameux disque que ma mère avait l'habitude d'écouter régulièrement quelques années plus tôt quand elle corrigeait ses cahiers...
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