Mon point de vue peut s'expliquer également par le fait que Led Zep, lorsque j'ai eu 18 ans, a été pour moi le plus grand groupe de tous les temps, avec les Stones, les Floyds, et les Beatles. En même temps je n'écoutais qu'eux. (je reconnais que mes goûts étaient à ce moment-là d'une exceptionnelle originalité...)
Puis il y a eu le premier ELP, puis King Crimson, Van Der Graaf, Yes, Ange, les compositeurs classiques comme Schubert, Mahler, Dvorak, Ravel, puis les groupes inconnus découverts par l'intermédiaire du site sur lequel j'ai l'honneur d'écrire présentement, le jazz, le bon electro, kurt Weil et puis encore une tonne d'autres choses.
Si tant est bien qu'en revenant à Led Zep, je suis tombé d'assez haut : "Ce n'était QUE ça ?". Ce recul, doublé de la découvertes des plagiats, m'ont terriblement refroidi. Le jeu de Page a commencé à m'irriter, la batterie de Bonham, après que mes oreilles aient successivement découvert Palmer, Bruford et Moerlen (pour ne citer qu'eux) m'a soudainement paru lourdingue. La voix de Plant m'agaçait.
Pour comprendre mon insistance sur le plagiat, il faut savoir que je suis auteur et qu'ainsi, ce procédé me dérange. L'excuse que tu sors ("Tous les bluesmen sont alors des plagieurs") me paraît battu en brèche par le fait qu'un style n'est pas plagiable (Triumvirat et Iceberg auraient alors plagié ELP, et ainsi de suite pour un paquet de groupe). On imite un style. On s'y fond. On peut obéir à tous ses codes sans plagier qui que ce soit.
En littérature, en cinéma, en musique, il y a eu des styles, des courants, des films cultes qui ont ouvert un couloir à d'autres cinéastes (que dire de la Nouvelle Vague...). Or plagier une chanson à la note près, avec quelques nuances pour faire glisser ("Dazed &

" en est à mon sens l'exemple le plus accompli) me paraît, pour le coup, totalement contestable et condamnable.
Personnellement, je suis scénariste. J'essaie d'imaginer la réactions des spectateurs si je plagiais des dialogues entiers d'Audiard en y changeant quelques virgules. Je suis persuadé qu'il ne se trouverait personne dans le public pour déclamer les phrase suivante :
- "Bah, Audiard c'est une valeur sûre."
- "L'important est d'enrichir."
- "C'est pas du pillage, c'est une manière de mettre en valeur le travail d'un autre."
- "Oui sauf que l'autre, comme tu dis, il l'a cité nulle part"
- "Et alors, du moment que le plagieur est talentueux... et puis regarde Tarantino, lui et Scorcese ils ont un peu le même style de dialogue, non ?"
- "Oui mais ils se plagient pas. C'est un style, c'est tout."
- "C'est pareil."
Pense-tu... je me ferais massacrer, voilà tout. Et je l'aurais mérité.
Cette bienveillance vis-à-vis de Led Zep me choque régulièrement. Autant je suis farouchement anti-Hadopi (la culture doit circuler quelque soit la circonstance) autant la méthode du plagiat est à mon sens une pure aberration.
Vous me direz, Led Zep n'est pas le seul à avoir fait ça... Bien d'accord, et je ne le pardonne pas non plus à Deep Purple ou à Andrew Lloyd Weber. Sauf que chez Led Zep, c'est systèmatique, ce qui me les rend doublement antipathique.