Forum de rock6070

Ils étaient jeunes dans les années 80. Malléables, dirigés, érigés au rang de produits de consommation par ceux qui ne voyaient rien d’autre en eux qu’un potentiel succès commercial. Ils trônaient en haut du Top 50, on les adulait. Puis, les modes passant, ils ont été déclarés has been. Ce fut le silence autour d’eux, quand ce n’était pas les sarcasmes ou le mépris.

Ils sont alors allés leur chemin, ont fondé une famille, se sont éloignés des projecteurs. Ont épisodiquement enregistré quelques albums dans les années 90, mais dans l’indifférence générale. Puis, la maturité venant, forts de ces années d’humilité et de réflexion sur eux-mêmes, ils décident d’enregistrer LE disque qu’ils n’ont jamais pu graver auparavant. Ils s’entourent de musiciens qu’ils ont choisis par affinités, réelle admiration pour leur propre travail. Ils ne visent pas le tube instantané. D’ailleurs, leur nouvel album n’en contient pas, et sera sans doute boudé du grand public et des médias. Qu’importe. Ce disque, c’est eux, le reflet de leur personnalité. Sans artifice aucun. Le seul peut-être dont, lorsque viendra l’heure du bilan, ils seront fiers. Même s’il devait s’agir de leur plus grand échec commercial.

Quand on apprend ce retour, la réaction est impulsive et inévitable. « Quoi ?, se dit-on, cette fille qui chantait ce truc épouvantable en 1984 ? » Puis, selon son degré de curiosité, on décide que jamais on y jettera une oreille. Ou on se laisse tenter à y plonger les deux. Et, à notre plus grande surprise, on se rend compte que l’album est bon, qu’il balaye dès les premières chansons tous les préjugés faciles que nous pouvions avoir de l’artiste, que nous ne connaissions qu’à travers quelques vieux tubes qui ont mal vieilli.

Je vous invite, pour illustrer mes propos en musique, à écouter trois chansons du dernier album d’Elsa, sorti en 2008, pour lequel elle s’est entourée non pas d’une machine à tubes, mais de deux des artistes les plus talentueux de l’actuelle génération : Da Silva et Dominique A.

Et de répondre à cette question : les artistes, jeunes et manipulables dans les années 80, ont-ils droit à une deuxième chance ?



Les tremblements de terre (en duo avec Da Silva)
http://www.rock6070.com/MP3/Les_tremble ... _terre.mp3

Les évidences
http://www.rock6070.com/MP3/Les_evidences.mp3

Du désordre
http://www.rock6070.com/MP3/Du_desordre.mp3

j'ai voté "oui pourquoi pas", mais "oui nécessairement" est surement plus adapté...
le principe de réfuter tout ce qui se rapporte aux années 80 est tout simplement du négationnisme primaire.
Et qui savait que sur son premier 45tours, Lio avait fait inscrire une charmant dédicace "à Kevin Ayers", voilà qui en dit long je trouve

le principe de réfuter tout ce qui se rapporte aux années 80 est tout simplement du négationnisme primaire.


Je suis parfaitement d'accord avec toi. C'est pourtant une réaction que l'on observe souvent. Les préjugés sont malheureusement plus forts que la curiosité.

Quant à Lio, respect de mon côté. Ne serait-ce que pour ce disque sur lequel elle chante Prévert :



Aussi pour sa belle collaboration avec Olivier Libaux (L'héroïne au bain, avec sa soeur Helena Noguerra). Et davantage encore pour l'avoir vue en concert à Montréal il y a deux ans. Superbe animal de scène !

De toute façon, les débuts de Lio étaient excellents avec ce premier album co-écrit par Jacques Duvall et Jay Alansky, et aussi Jacno. Une french (belge ?) pop fraîche, un peu synthétique et moins dure moins rock que Edith Nylon par exemple...

Kylie minogue qui faisait vraiment de la soupe avec Stock, Aitken and Waterman s'est bien remise en selle à l'orée des années 2000.

Kylie minogue qui faisait vraiment de la soupe avec Stock, Aitken and Waterman s'est bien remise en selle à l'orée des années 2000.

La différence toutefois (tu me diras si je me trompe, je ne connais rien d’elle à part quelques succès, d’hier et d’aujourd’hui, qui passent à la radio), c’est que Kylie Minogue a poursuivi le chemin de la musique commerciale. La recherche du grand succès. Contrairement à ces autres, comme Elsa ou Lio, qui s’en sont éloignés pour adopter un registre plus intimiste. Quand Lio chante Prévert, elle ne s’attend certainement pas à cartonner auprès du grand public, mais gagne en crédibilité auprès des vrais amateurs de musique. Alors que Kylie surexpose son image de bombe sexuelle, que les pochettes de ses disques ne laissent aucun doute concernant sa volonté d’être davantage un produit qu’on achète qu’une artiste aux visées plus humbles.

Si sa musique est meilleure (ce dont je ne jugerai pas non plus, ne la connaissant pas), c’est avant tout une question d’époque, tu ne crois pas ? La musique commerciale des années 80 était en majorité exécrable. Elle n’est pas la même aujourd’hui.