Après le "MUD 1" chroniqué ici, voici le 3ème effort de ce groupe de glam'rock and roll à ranger dans la mouvance des SWEET seconde époque. Pour celles et ceux qui auraient raté l'épisode premier, il est bon de rappeler que la glam' mania, initiée selon certains par David Bowie, a connu un certain retentissement jusqu'au milieu des années 70. Certaines anciennes gloires du début des sixties toutes de paillettes vêtues (Gary Glitter, Alvin Stardust) côtoyaient alors de jeunes poussins androgynes non moins scintillants qui oeuvraient sous la houlette de producteurs et de compositeurs malins. Ces derniers leur mitonnaient des hits bien glam' grâce auxquels ils accédaient à une notoriété aussi filante que l'étoile du même nom. Citons en vrac, les
Rubettes, drivés par le duo prolifique Wayne Bickerton/Tony Waddington ou
Smokie 
et
Mud drivés par les tout malins Nicky Chinn et Mike Chapman.
Ayant accédé à la notoriété, ces jeunes poussins quittèrent le nid empli d'oeufs en or, pour voler de leurs propres ailes, préférant à présent faire entendre au public leurs "cui-cui" à eux, plutôt que de réciter ceux de leur(s) géniteur(s). Malgré leur talent, ils passèrent plus ou moins rapidement de la lumière à l'ombre.
MUD y échappa.
Voici donc le 3ème effort de ce groupe. Il débute avec
"Are you man enough ?" qui se situe dans la veine glam couillue, tendance hard. Composé par le guitariste et le bassiste, ce titre donne le ton. Et hop, nous voici en présence de
"She's got the devil in her eyes" qui sonne comme "return to sender" le tube d'Elvis Presley. Tout y est : la voix, les choeurs, le refrain, le rythme. Pas le temps de respirer que MUD vous envoie un uppercut avec
"Don't Knock it". Nouveau glam' rock couillu et mêmes auteur/compositeur.
"Maybe tomorrow" nous refait le coup de "return to sender" euh pardon, de
"she's got the devil in her eyes" mais ce coup ci c'est du côté des Crystals, des Ronettes et de Phil Spector que ses géniteurs ont lorgné. (toujours le guitariste et le bassiste). C'est mélodieux, c'est beau, ça nous ramène aux fabuleuses sixties ....
"43792", sonne comme "C'mon everybody" d'Eddie Cochran. C'est net, carré et les guitares foisonnent.
Bon, ben nous vlà blindés pour aborder sans fausse note
"hair of the dog" co-écrit par le batteur, qui débute façon hard rock avant de franchir le mur du son à la mode Punk rock and roll dans un fracas de guitares crades.
Retournons la galette et voyons le menu proposé en face 2.
Il débute en entrée par le hit single
"L'L' Lucy" qui arrache tout sur son passage. Du glam'rock survitaminé of course, mais un glam'rock de nature à provoquer des fuites urinaires chez les SWEET.

Des inflexions hard, des riffs punk ... à moins que cela ne soit le contraire ... pas le temps de me tourner le doigt dans le fion, je m'éclate !
"Show me you're a woman" lui succède royalement et sans complexes. Une ballade délicate, des guitares tenues par Ravi Shankar, des notes de piano perlées, des choeurs inventifs et "Beach Boysiens", une batterie soutenue ... mais voilà que se finit déjà ce morceau goûteux, ce nectar issu des meilleurs crus.
"Bird dog" , le hit des délicats
Everly Brothers débute à la sauce prog et se prolonge sur un rythme calypso/reggae accompagné de bruitages divers et d'un solo d'orgue de barbarie qui aurait pris une musette. On sent bien le piment prog là-dedans ...
"Use your imagination" qui donne son titre à l'album démarre à la gratte acoustique et se poursuit en mode Santana/"Abraxas". L'orgue répand ses nappes mordorées et
Carlos Santana nous gratifie d'arpèges fabuleux sous un déluge de maracas. Les voix sont bien en place et l'on a du mal à imaginer que ces quatre lascars là s'adonnent sans vergogne au hard/glam'. P ... et dire qu'il y en a qui les traitent de groupe de baloche, de sous-SWEET ... ::?? ... où c'est qu'j'ai mis mon flingue ?
"Under the moon of love", vieux standard rock and roll du début des sixties conclut l'album d'excellente façon. Le batteur se fait à présent bûcheron et les cuivres jettent leurs riffs comme d'autres des pièces de monnaie dans un distributeur automatique.
Vous l'aurez compris, j'aime ce disque que j'ai encore réécouté ce week-end. Les membres de MUD ont su brillamment démontrer qu'ils n'étaient pas un simple produit de marketing distribué par Chinni Chap Music Publication, mais d'authentiques musiciens "rock", capables d'écrire, de composer et d'interpréter sans se foutre la honte.
track list :
face 1 : Are you man enough ? - She's got the devil in her eyes - Don't knock it - Maybe tomorrow - 43792 - Hair of the dog -
face 2 : L'L' Lucy - Show me you're a woman - Bird dog - Use your imagination - Under the moon of love -
MUD se composait de : (de gauche à droite sur la pochette de l'album)
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Rob Davis (guitars) -
Les Gray (vocals/trumpet) - décédé -
Dave Mount (drums) et
Ray Stiles (bass guitar/vocals)
références du 33 tours : Philips Y Stereo n° 9103 300 publié par Phonogram - enregistré entre le 1er et le 25 juillet 1975 -