Nous sommes entre les anniversaires de sa naissance et de la disparition du polisson de la chanson. Pour amener le sujet, je mets déjà cet article du Monde : Brassens unique
La bande-son de cet automne 2011 à la télévision ? Georges Brassens (1921-1981). De biopic en documentaires, l'hommage rendu au chanteur pour les trente ans de sa mort l'a remis en tête du hit-parade de la mémoire que, à vrai dire, il n'avait jamais vraiment quitté. C'est ce que nous a appris, lundi 24 octobre sur France 3, "Brassens est en nous", une enquête ponctuée d'images d'archives mais aussi d'écrans Internet. Georges Brassens, aujourd'hui, c'est un nom de square, de bibliothèque, de collège, et ça reste une voix. Celle d'un moustachu timide qu'on revoit dans des émissions où il rencontre Johnny Halliday, où il chante Le Roi des cons avec Coluche, Cavanna, Moustaki, dans un "Grand Echiquier" de Jacques Chancel où le copain d'abord reçoit les copains surtout (Lino Ventura, Raymond Devos). Les auteurs du documentaire, Nicolas Maupied et Didier Varrod, ont voulu montrer en quoi le poète sétois est de notre temps. Dans le regard de ceux qui l'ont connu : Maxime Le Forestier - "Il n'y a pas de gros mots chez Brassens, il y a de grosses idées" - ou Juliette Gréco - "Ils nous a rendus tous meilleurs, moins bêtes, moins couards". Et à travers l'influence qu'il exerce sur la jeune génération de chanteurs, de rappeurs, d'amateurs qui le reprennent en solo ou en choeur sur YouTube. Une autre preuve que Georges Brassens reste d'actualité ? Les paroles de ses chansons qu'on attrape au hasard du documentaire ou de notre mémoire et qui collent si bien à ce qu'on a entendu au fil des journaux télévisés. Sur le Boulevard du temps qui passe (1976) pourraient défiler les indignés de tous les pays : "On nous a vus, c'était hier/Qui descendions, jeunes et fiers/Dans une folle sarabande/En allumant des feux de joie/En alarmant les gros bourgeois/En piétinant leurs plates-bandes." Comment mieux décrire la promptitude de Nicolas Sarkozy à tenir sommet avec Angela Merkel que par cet extrait de Je me suis fait tout petit (1956) : "Je n'avais jamais ôté mon chapeau/Devant personne/Maintenant je rampe et je fais le beau/Quand elle me sonne." On se demande, vu le dernier éclat de Rachida Dati à l'UMP, si François Fillon et Jean-François Copé ne seraient pas tentés de fredonner Mysoginie à part (1969) : "Il y a les emmerdantes, on en trouve à foison/En foule elles se pressent/Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées/Et puis, très nettement au-dessus du panier/Y'a les emmerderesses." Il y aurait sûrement d'autres exemples. Le temps, décidément, ne fait rien à l'affaire.
_________________ Il est parfaitement superflu de connaître les choses dont on parle. Je dirais même que la sincérité en général dénote un certain manque d'imagination.
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