Aaaah, "Moi J'Aime Bien Prendre Mon Pied"...
J'interprète ça, tout autant que "Je M'Eclate Au Sénégal", une tentative de transposition à la française des univers parodiques de Zappa et les Mothers, à ceci près que le second degré passe infiniment moins bien dans notre langue, d'autant plus que le commentaire social, quasi-omniprésent chez Frank Zappa, est ici totalement absent. Je me trompe peut-être, mais ces morceaux n'avaient à l'origine aucune forme de velléité commerciale, et leur succès a du redistribuer la donne au sein de Martin Circus, qui s'est du coup orienté vers des choses faciles.
Pour l'anecdote, le texte de "Sénégal", contrairement à ce qui a longtemps été prétendu par Gérard Blanc, a été écrit un bon moment avant par Gérard Pisani, qui y raconterait quelques aventures rocambolesques en tournée avec Hallyday. J'en avais parlé au téléphone avec Pisani, qui n'avait pas de mots assez durs pour condamner la mainmise de Blanc sur le groupe, son destin et sa crédibilité (et je souscris tout-à-fait à ce point de vue, Blanc était un vocaliste capable, mais un putain de blaireau sur tout le reste).
"Il Faut Rêver", "Annie Christine, etc" sont de relativement bons titres si on les compare à ce que Martin Circus fera après, dans une veine pop simple et sans prétention. C'est vraiment dommage car ce groupe avait à l'origine un vrai potentiel, un album comme "Acte II" est loin d'être anodin dans le paysage français de l'époque (et je ne parle même pas du premier avec Dietsch et Borowski). Ce qui m'amuse c'est que parce que ce sont des disques français, ce sont des albums marquants, alors que s'il s'était agi de productions anglo-saxonnes, leur valeur serait bien plus relativisée, parce que ça reste tout de même en-deça de ce que proposait la scène pop-prog anglaise et américaine qui justement influençait Martin Circus (je pense à Traffic, Zappa, Caravan, etc, etc). Allez, jusqu'à la "Révolution Française", je garde, après je jette...

Bien vu. Voilà une brillante analyse du phénomène Martin Circus à laquelle je ne peux que souscrire. Il est probable qu'on pourrait l'appliquer à d'autres groupes français de la même époque qui ont commencé rock, décroché un tube, y ont pris goût, avant de tourner aussi en eau de boudin. Par exemple, en feuilletant mes vieux Best et R&F, je vois qu'on y dit beaucoup de bien des débuts d'Il Etait Une Fois au Golf Drouot. Et pourtant...