Je félicite witchy pour avoir créé cette file consacrée à DICK RIVERS

et m'étonne par la même occasion ... de l'étonnement (!) et de certaines contrariétés qu'elle suscite. En effet, comme il a été dit avant moi et notamment par Béa, Dick Rivers fait partie du patrimoine rock des années 60, 70, 80 etc ... et je ne vois vraiment pas en quoi la création d'une rubrique le concernant est de nature à créer la dégénérescence de ce forum. Ce qui nous rassemble ici c'est avant tout notre amour commun pour la musique. Il y en a pour tous les goûts me semble-t-il si j'en juge par le nombre de sections que witchy a créées. Libre à nous de poster si cela nous intéresse ou d'ignorer tout simplement.
Mais de grâce, nous ne confinons pas dans l'exclusivité, dans le "pur", dans l'obscur, dans le marginal, dans le non-commercial forcené, dans les "on dit" et, surtout, de par notre passion, tâchons de surmonter les réputations bâties autour d'un artiste
pour d'abord l'écouter et juger ensuite, sans perdre de vue que personne ne peut s'arroger le droit de dire : "ça c'est bon, ça c'est de la merde !".
Je peux me permettre ce type de remarque car, du haut de mes bientôt 56 ans, je me rappelle de la belle intransigeance qui prévalait au début de mon adolescence. Heureusement que très vite, je me suis forcé à devenir plus éclectique, à ne plus avoir "honte" d'aimer un titre et à me fier au plaisir que j'éprouvais à l'écouter.
Bien sûr, je suis un papy rock and roll et le demeurerai jusqu'à mon jour dernier. Mais cela ne m'empêche aucunement d'aimer les autres styles de musique et de parler librement d'un Rubettes que j'ai adoré, d'un Delpech formidable ou d'un Chicago (Transit Authority ) que j'ai découvert après des années de déni. Je pourrai évoquer aussi le
réel plaisir que j'ai eu de voir Crapougnas nous exposer brillamment son admiration pour David Bowie, ou alact01, nous faire des bios appétissantes sur les artistes qu'il apprécient, etc ...
Alors, il y a les "d'accord", les "pas d'accord" et les "oui mais" qui s'ébrouent joyeusement au fil des posts et je suis cet échange d'arguments tous plus affûtés les uns que les autres avec délectation.
C'est ce qui s'appelle l'éclectisme et l'ouverture d'esprit qui conduisent tous deux à respecter les choix de chacun d'entre nous. Et quand bien même il viendrait une file sur Sylvie Vartan (quelqu'un a proposé une interview, chiche ?

) cela ne m'offusquerait aucunement. La belle affaire ! Si l'argutie tient la route, OK, parlons-en ! A cet égard, j'ouvre une parenthèse pour (re)dire qu'elle a sorti un excellent album en 1993, intitulé "sessions acoustiques" qui reprend ses anciens succès en "unplugged". Y figurent des reprises très intéressantes, comme Mr John B., ou des titres originaux comme par amour, par pitié, qui de variétasses, deviennent soudain, par la magie de guitares acoustiques inventives, des petits joyaux folk de la meilleure veine dont je ne vais sûrement pas me priver parce que c'est Sylvie Vartan qui officie derrière le micro !
Mais revenons-en à Dick Rivers. Algernon en a fort bien parlé
Il se trouve que Dick est l'un de mes chanteurs favoris et il est vrai que sa carrière présente beaucoup de similitudes avec celle d'Eddy Mitchell que j'aime bien aussi.
* Ils ne jouent d'aucun instrument et ont été leader de deux groupes phares du début des 60's : Les Chaussettes Noires pour Eddy et les Chats Sauvages pour Dick. A ce propos, juste une petite disgression pour dire que le pseudo "Chaussettes Noires" est issu d'une sombre histoire de sponsoring avec les chaussettes de marque Stemm, car, au départ, le groupe s'appelait les 5 Rocks.
* Curieusement, les deux plus gros succès des Chaussettes Noires et des Chats Sauvages, sont un slow-rock et un rock, à peu près de la même facture et, qui plus est, d'origine 100% française ! :
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daniela (Chaussettes Noires - slow-rock)
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c'est pas sérieux (Chats Sauvages - slow-rock)
-
dactylo rock (Chaussettes Noires - rock)
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twist à St Tropez (Chats Sauvages - rock-twist )
* Ils ont quitté leur groupe respectif à peu près au même moment pour mener une carrière solo. Tous deux ont d'ailleurs eu quelques ennuis avec leurs ex musiciens.
J'abandonne mes chats et mes chaussettes :
Si les Chaussettes Noires ont rapidement été mises au linge sale après une courte carrière instrumentale, les Chats quant à eux, ont su rebondir en véritables félins, grâce à
Mike Shannon qui a remplacé Dick au chant. La nouvelle mouture a notamment connu un grand succès avec
Derniers baisers, la reprise de
Sealed with a kiss, qui était également au répertoire de Nancy Holloway. Pour celles et ceux qui s'imaginent lire du chinois actuellement, je dirai que
Derniers baisers a connu une énième vie récemment, puisque Laurent Voulzy l'a inscrite à son répertoire ("
quand vient la fin de l'été"). Précédemment, dans les 80's, c'est C. Jérôme qui l'avait ressuscitée.
Bref, Dick entame une carrière solo. Dès 1962, il inscrit
Baby John au hit-parade. Cette chanson qui verse dans le country and western traditionnel, présente la singularité d'être un véritable original français. En 1963,
rien que toi (adapté de
You'll never walk alone) et
tu n'es plus là (du hit
blue bayou) cimentent la réputation de Dick qui forme désormais avec Johnny et Eddy, le podium des rockers du début des 60's, loin devant les Lucky Blondo et autres Danyel Gérard.
Dick adopte une Rivers de croisière :
L'ère étant aux adaptations, Dick reprend
love me do des Beatles pas encore connus chez nous et en fait :
j'en suis fou. Nouveau carton pour notre niçois.
1964 se passe avec quelques petits succès comme
ne lui dis rien, un titre dans la veine de Cliff Richard et les Shadows ou
tobacco road.
En 1965, son adaptation de
Go Now (Moodies 1ère formule) devenu va t'en, va t'en le propulse à nouveau au premier plan, bientôt suivi par couleurs, magnifique reprise du
colours de
Dovovan avec
Jimmy Page à la guitare, puis
tout se passe dans les yeux, un rythm'n'blues d'excellente facture.
Si 1965 voitl'éclosion en France des chanteurs dits romantiques (Hervé Vilard, Christophe, Guy Mardel) au détriment du rock et surtout du yéyé qui connaît son chant du cygne,
1966 entérine l'émergence cumulée du folk "protest song" (Dylan, Donovan, Peter, Paul and Mary), du rythm'n'blues (Otis Redding, Wilson Pickett, etc ...) et des groupes britanniques (Kinks, Troggs, etc ...).
Alors que Johnny Hallyday a un retard à l'allumage pour cause de fin de service militaire, Eddy Mitchell et Dick Rivers s'engouffrent dans la brèche et reprennent à qui mieux mieux et les tubes rythm'n'blues et les "hymnes" anglo-saxons, en alternance avec des titres originaux de la même veine.
Ainsi Dick adapte notamment
Keep on running du
Spencer Davis Group (
prends ma place) et
Mister Pitiful (
Otis Redding) de manière somptueuse.
Mon ami lointain, titre original créé en hommage à Elvis Presley (qu'il rencontrera en 1969) assure la continuité de son succès en 1966.
L'on peut même se flatter d'un rythm'n'blues typiquement français,
Jericho qui cartonne à nouveau en 1967.
Dick Rivers rencontre un grand succès non seulement en France, mais aussi dans tous les pays francophones jusqu'au Canada.
1968, début d'une ère charnière :
1968. La France tourne "baba cool" et les artistes français s'accrochent aux branches. Que reste-t-il des "idoles" du début des 60's ?Pas grand chose. Les yéyés ont été balayés depuis un an, les chanteurs de charme tentent de résister avec ou plus ou moins de bonheur exception faite d'Adamo, tandis que les rockers s'accrochent aux branches pour ne pas tomber au Champ d'Honneur.
Antoine, l'ex porte-parole du contest folk français lorgne vers la variétoche et
Michel Polnareff peaufine son style et accroît sa notoriété.
Jacques Dutronc s'aperçoit que
Paris s'éveille et c'est le moins que l'on puisse dire tant les pavés volent bas.
Johnny s'est transformé en hippie,
Eddy s'interroge et
Dick patine dans la choucroute. Comme l'a dit Algernon, ces deux derniers se sentent évincés par une société qui est en train de changer. Les défuntes Chaussettes Noires vendent plus de disques qu'Eddy et les Matous Sauvages narguent Dick de la même manière. C'est le monde à l'envers.
En
1969, Dick Rivers essaie de se remettre en selle avec une comédie musicale réunissant tous les genres de musique qui donnera naissance à l'album
"L'Interrogation". Malgré tout le soin apporté à la réalisation, cet opus fera un flop magistral.
Et le salut vînt du Rock :
L'équation est alors simple : je suis un rocker et je me perds dans un style qui n'est pas le mien. Passée la période flower power, Johnny a retrouvé les faveurs du public grâce à un rock musclé visant le hard sans jamais le nommer. Je dois donc moi aussi faire renaître le rock de ses cendres. Johnny cible le hard ? OK.
Moi, je vais m'attaquer aux classiques du rock and roll et m'adjoindre les services d'un groupe bien dans l'ère du temps et qui jouit des faveurs d'un public jeune et décomplexé : mon excellent alibi, mon passeport pour la jeunesse sera les
LABYRINTHE.
DICK'n'ROLL, album consensus :
Il en sortira un album
FA - BU - LEUX : "Dick'n'Roll". Nous sommes en
1970 et Dick Rivers est de nouveau dans la course. C'est
cet album là et non pas celui contenant
maman n'aime pas ma musique que vous devez écouter en premier, vous qui ne connaissez pas Dick Rivers. Mélange de rock and roll sauvage aux limites du hard (
not fade away)et de rythm'n'blues, ce 33 tours vous mettra
TOUS d'accord. Album fédérateur, album de la résurrection, appelez-le comme vous voulez, mais c'est avec celui-ci que nous débuterons la suite de la saga "Dick Rivers" ...
enfin si vous voulez !