Merci Olivier de ces explications. C'est d'autant plus intéressant que, vu de l'extérieur, on a pas forcément les idées claires sur le fonctionnement de cet instrument ; à l'instar des hautes sphères de la poésie, il garde une grande part de mystère pour les non-initiés. De plus, il n'est peut-être pas identifiable de manière aussi évidente qu'un piano ou une clarinette, tant ses possibilités sont variées...
De toute évidence, nous avons à faire à un spécialiste ! J'imagine qu'autour de toi, on ne manque pas de te poser des questions ! Et pour ma part, j'avoue ne m'être jamais penché sur ce sujet.
Profitons de ta présence pour deux autres questions : De quelle manière est créée la banque de sons ? Des enregistrements spécifiques pour la circonstance ?
Celle-ci est-elle commune à chaque exemplaire de chaque modèle ou peut-il y avoir des aménagements selon le désir du musicien ? Dans cette hypothèse, comment cela se passe-t-il ?
Bien qu'étant d'obédience, dirons-nous, plutôt classique en matière de musique, je prêterai une oreille à "Wonderwall" et "Virgin Suicides" à la lumière de ta description ; mais il faudra un peu attendre pour des sessions plus aventureuses. Il se trouve que pour une période indéterminée, je suis d'humeur à écouter exclusivement Paul Personne ; et plus je l'écoute et plus j'ai envie de l'écouter ! Je trouve qu'il y a quelque chose de touchant chez ce mec, peut-être dans sa manière de gérer l'harmonie, notamment dans ses ballades, lorsqu'il s'éloigne du canevas habituel du blues. De ce point de vue, quelque part, cela le rapproche aussi de Nino Ferrer. Je dirais que sont des musiciens de la même famille.
Disons que je m'interesse aux mellotrons depuis plus de 15 ans. Pour faire une histoire courte, j'avais un groupe de rock progressif vers 95-96. À cette époque, le monde progressif était très enthousiaste au sujet des nouveaux groupes suédois tels que Anglagard, Anekdoten et Landberk. Ces groupes renmenaient le progressif vers des sons plus 60's-70's que les groupes néo-progressifs qui dominait jusqu'à ce temps-là. Comme on aimait le son de ces groupes suédois et que le point commun du son de ces bands était qu'Ils utilisait le mellotron, on voulait avoir l'instrument. Plus tard, on a participé au "CEGEP en Spectacle" à l'école où j'allais et on en a loué un d'un collectionneur ici à Montréal. Le groupe et moi, ainsi que les spectateurs on vraiment aimé le spectacle qu'on a donné. Deux ans plus tard, je m'en payais un du même collectionneur ci-haut cité.
Pour répondre à tes questions, la banque de sons est enregistré par de vrais instruments. Les violons (un classique), par exemple, proviennent de 3 violons jouant la même note pendant 7-8 secondes. Celle-ci date même de l'époque du Chamberlin et sont communs aux deux instruments. Plus le temps avance, plus de sons sont ajoutés à la librairie. Le son de choeur à 8 voix (un autre classique), par exemple, est apparu dans les années 70 avec le M400.
Pour répondre à ta deuxième question, oui il était possible d'avoir des bandes personnallisées mais c'était quand même rare. L'exemple le plus connu est que Steve Hackett sur l'album solo
Please don't touch , a utilisé des bandes de mellotron de sa propre voix. Il y a aussi des groupes comme Yes, Tangerine Dream qui auraient eu recours à des bandes customisées. Black Sabbath aussi aurait utilisé des bandes avec des effets sonores pour les spectacles de l'époque Dio, comme ont peut entendre sur l'abum
Live Evil.
Je te conseille vraiment l'album de AIR, la trame sonore. Si tu as un préjugé sur le groupe à cause de ses succès commerciaux, c'est vraiment pas le cas avec celui-ci. Si tu aimes Pink Floyd première mouture (pré-Dark Side), tu devrais pas te sentir dépaysé.
