

Le début des années 70 a marqué l'apogée du Rock Progressif avec des groupes de haut vol comme Yes, King Crimson, Emerson, Lake and Palmer, Pink Floyd, Moody Blues, et bien d'autres... Des émules moins connus comme Badger, un groupe issu de Yes a réussi à se faire signer par le même label.
Le groupe Britannique Badger, progressif à l'origine, est co-fondé en Septembre 1972 quand le claviériste original de Yes Tony Kaye (né le 11 Janvier 1946 à Leicester) quitte Flash, le groupe qu'il avait mis en place avec un autre membre original de Yes, Peter Banks, et se met à former son propre "Progressive supergroup".
Il appelle son ami de longue date David Foster (né le 06 Septembre 1946 à Liverpool), qui avait réussi à naviguer sur l'orbite de Yes à plusieurs reprises sans jamais être inclus dans son lineup, en partie parce que son instrument, la basse était bien couvert dans ce département par Chris Squire.
Foster avait travaillé avec le chanteur original de Yes Jon Anderson dans The Warriors et il avait aussi travaillé avec Yes sur "Time and a Word". La connexion entre David et Tony était d'autant plus simple car David avait écrit deux chansons populaires de Yes, 'Time and a Word" et "Yours is No Disgrace".
Kaye commence alors à répéter quelques chansons de Foster avec lui. Il a même travaillé sur un projet solo de Foster qui n'a jamais été publié.
Kaye et Foster décident finalement de faire le grand plongeon et le duo engage le batteur Roy Dyke (né le 13 Février 1945 à Liverpool), qui était un vétéran de Liverpool dont la carrière avait commencé au début des années 60 avec le Remo 4 et le protégé de Brian Epstein Tommy Quickly, joué ensuite avec Family et qui fut un tiers de Ashton Gardner & Dyke qui avait fait un succès mondial avec "Shuffle Résurrection" en 1971.

Roy recommande le quatrième membre, le guitariste Brian Parrish (né le 12 Juillet 1947 à Ilford) qui avait été impliqué avec Medicine Head (où il avait rencontré Dyke), Three Man Army et qui avait également joué avec Paul Gurvitz et Mike Kellie dans un groupe appelé Parrish & Gurvitz qui avait enregistré un LP pour Regal Zonophone.
Parrish avait connu Roy Dyke depuis l'époque au Star Club de Hambourg où il jouait dans Remo 4, avec en vedette Tony Ashton. Il était alors avec les Londoners, qui comprenaient Paul Gurvitz, et, plus tard, ils deviennent tout naturellement Parrish & Gurvitz.
Ils tournent aux Etats Unis en Septembre 72.
Leur premier LP "Parrish & Gurvitz" avait été enregistré en 1971 avec le producteur Lou Reizner (la chanson "On the Way Home" sera ensuite aussi ré-enregistré avec Badger).
Ce premier album a été abandonné lorsque George Martin a été impliqué, et 4 ou 5 nouvelles chansons ont été ajoutées, et toutes ont été ré-enregistrées. A la fin de cette tournée Américaine, ils ont quitté (désagréablement) leur management Canadien, et se sont immédiatement rendus au studio pour commencer des morceaux pour un deuxième LP. La chanson "The Preacher" a été enregistrée pour cet album, mais la sortie a été retardée. Plus tard, quand Badger fut formé, elle a été incluse dans leur répertoire.
Parrish & Gurvitz s'étaient brisé après avoir enregistré le deuxième album et à ce moment-là, Parrish a reçu l'appel téléphonique de Roy Dyke.
Le nom du groupe, Badger (blaireau) lui plait car il y a longtemps qu'il cherchait à baptiser son groupe ainsi. Les autres membres ont même apprécié.
A l'époque, le groupe, sans nom, répètait et quelqu'un a dit à la presse que le nouveau groupe de Tony Kaye serait appelé "Angel Dust".
Kaye est un virtuose qui favorise les instruments plus traditionnels tels que l'orgue Hammond plutôt que le synthétiseur Moog plus moderne (non pas qu'il n'en joue pas, mais il utilise l'orgue de façon plus importante), et qui a eu la malchance d'avoir été remplacé dans Yes par le tapageur Rick Wakeman.
Cette fois, il rassemble son propre supergroupe de Rock Prog sur des bases plus solides que Flash dont les travaux s'étaient parfois égarés très près de ceux de Yes.
Après quelques répétitions, Badger commence à se construire un nom en faisant l'ouverture pour une tournée européenne pour Black Sabbath.

David Foster

Brian Parrish

Tony Kaye

Roy Dyke
Le groupe est signé par Atlantic Records, qui avait déjà Yes et vu Badger comme potentiellement offrant un autre groupe du même calibre.
De Septembre à Décembre 1972, le groupe a répété. Brian Parrish avait apporté "The River" et "Wheel of Fortune" à ces répétitions: ces chansons étaient finies car elles faisaient partie d'un projet solo avorté avant d'être invité à rejoindre Badger.
La formation fait quelques émissions radio à la B.B.C. et une émission de télévision Britannique appelé "Old Grey Whistle Test".
Badger n'avait fait qu"un show avant les spectacles du Rainbow, c'était dans le Sud de l'Angleterre le 11 Novembre 1972, au Farnborough Technical College, avec the Groundhogs managés par la même société avec "Yes" et "Black Sabbath".
Répétition chaque jour pour cette première courte tournée avec "Yes". Les concerts avec Yes étaient de trois jours, dont deux jours au Rainbow Theatre de Londres (les 15 et 16 Décembre 1972).
Parrish fut très malade pendant toute la semaine d'avant. A peine requinqué, sa principale préoccupation fut que son énergie et sa voix soit retrouvées.
L'ambiance dans la salle était grande. Le public a aimé, ce qui a fut un grand soulagement car le groupe étant nouveau et avec des nouvelles chansons, personne ne connaissait et il était très difficile d'expliquer qu'aucun enregistrement n'avait encore publié.
La foule connaissait déjà les chansons de Yes, donc ce fut une victoire pour eux.
Parrish chanta "Wheel of Fortune", "River","On the Way Home" et "Preacher". Foster prit les vocaux sur "Fountain" et "Wind of Change". Chacun chanta les harmonies vocales pour l'autre. L'atmosphere dans les coulisses était vraiment bonne.
Le troisième concert avec Yes a eu lieu à Glasgow, en Ecosse, dans un lieu appelé Greens Playhouse. Le son était fantastique, et Badger a mieux joué que lors de ses spectacles au Rainbow.
Nouvelle répétition pour un album studio...
Personne alors ne pense que le groupe vit sur l'enregistrement live à ce moment-là.
Les concerts de Yes étaient enregistrés pour leur album live, et la logique voulait que quelques bobines de Badger pouvaient avoir été enregistrées aussi, pour une sortie possible un jour.
En fin de compte tout le monde a vraiment aimé ce qui a été trouvé, et ils ont décidé de le publier comme un premier disque.
Les gens pensaient que c'était courageux de sortir un album live comme premier fisque, mais la vérité est que c'est arrivé par accident.
Retour aux Advision Studios à Londres pour écouter les enregistrements. Mixage des pistes avec Geoff Haslam, un producteur d'Atlantic Records.
Geoff avait déjà produit J. Giels Band, Bette Midler et bien d'autres.
Jon Anderson intervient ensuite pour la production. La plupart des enregistrements ont été faits dès la première nuit. Les micros pour le chant fonctionnaient mal la deuxième nuit. Bien que le groupe ait mieux joué, une grande partie a été perdue, il aurait fallu ré-enregistrer quelques voix. Ce qui n'a pas été fait pour garder une impression tout à fait `live`.
Toutefois, les prises de chaque nuit de "On the Way Home" ont été découpées par moitié et réunies en une. Très difficile à faire techniquement à l'époque. Ce fut à cause de problèmes techniques sur la première nuit avec la seconde moitié de la chanson.
Certaines petites parties vocales qui étaient 'hors micro' ont été réparées, mais autrement, l'album qui va sortir est le concert tel qu'en lui-même!.

http://www.megaupload.com/?d=H87BXYM0La plupart du temps de la post-production a été passé à essayer de conserver la qualité immédiate du son malgré le nettoyage des bruits divers et des grincements (pédale de grosse caisse) et un amplificateur bourdonnant.
Le bruit du public est un autre facteur, et la foule a finalement été mixée un peu en retrait. C'était juste un peu petit du travail de "réparation" où par exemple, la piste était bonne, mais un bruit indésirable survenait ou quelqu'un chante une ligne hors micro. Rien de bien méchant, vraiment, et effectivement personne du groupe n'avait envie de faire quelque chose du tout.
Jon Anderson fut beaucoup plus qu'un perfectionniste de production, où Badger ne voulait qu'un honnête disque "live".
Globalement, le bilan est très fidèle à ce que la formation avait fait et comment elle sonnait. Les six chansons sur le "One Live" album furent les chansons que chacun connaissait à ce moment-là! Rien ne fut gaspillé et le disque fut publié en Juillet 1973 par Atlantic Records.
Comme chez Yes, l'album contient des chansons instrumentales longues qui montrent amplement les compétences individuelles de chaque membre, mais n'arrive pas à attirer l'imagination du public. Dans le genre Rock Progressif, cinq des chansons ont été co-écrites par l'ensemble du groupe, avec la sixième par Parrish.
"One Live Badger" fait plutôt mieux en Europe qu'en Amérique, mais l'album reçoit des critiques fortes partout.
Peut-être que s'il était sorti à un autre moment, et non pas la même saison que la première vague d'albums de Rock Prog publiée par le label Manticore de Emerson, Lake and Palmer, avec beaucoup de publicité et de support publicitaire, il aurait pu faire mieux, et un single aurait pu les aider (car même Yes avait eu besoin de "Roundabout" pour trouver un public de masse).
Entre Février et Mars 1973, Badger entreprend une tournée Européenne avec Black Sabbath... Les musiciens de chaque groupe s'entendent parfaitement La raison principale doit en être une certaine tendance à l'indulgence mutuelle... C'était un signe des temps.
Le set de Badger était très bien reçu: cela devenait habituel et il y avait une longue pause avant que Sabbath ne soit prêt à jouer.
Chaque lendemain, nouvelle ville, peut-être même un nouveau pays.
Tournée en Suisse, en France, en Allemagne, en Hollande, en Scandinavie, etc, mais ce n'est qu'en Italie que les choses ont été vraiment mieux. Au milieu de cette tournée, retour en Angleterre pour jouer quelques concerts.
Quelques jours de repos pendant lesquels Badger séjourne chez Ozzie: Cela devient de plus en plus fou, avec de nouveaus concerts, avec comme point culminant, la disparition mystérieuse de l'argent payé par Atlantic Records, qui n'a jamais trouvé son chemin jusqu'aux comptes bancaires de chacun des membres de Badger.
D'Avril à Octobre 1973, le groupe joue quelques autres concerts en Angleterre avec des groupes comme the Groundhogs qui partageaient la même société de management que Badger, de même que Gentle Giant.
Leur manager Brian Lane il était aux Etats Unis avec Yes (qu'il gérait également). En son absence, les autres partenaires de la société (du monde entier) ont tenté de les contraindre à signer directement avec eux. Il s'en est suivi une série de réunions d'affaires très difficiles.
Aussi pendant ce temps Badger répétait tous les jours possibles en vue de leur première tournée à venir aux Etats Unis, pour promouvoir "One Live Badger", qui était entré dans les charts Américains et qui est tournait autour du numéro 80 dans les Charts.
En réalité, ce fut un excellent début pour un premier album, et avant d'avoir joué une seule note sur le sol Américain. Également l'ordre du jour était de préparer des chansons pour le deuxième album de Badger. Pour une raison quelconque le groupe a été lent à apprendre de nouvelles chansons. Brian Parrish en avait une ou deux, dont certaines en cours de développement mais pas assez pour un album, et son style évoluait. Ces chansons exigeraient une interaction entre les basse et batterie, en laissant des espaces différents pour les claviers et la guitare. Personne d'autre ne semblait avoir de chanson, et Parrish devenait de plus en plus dépressif de jouer les mêmes.
Il avait même accepté que trois de ses chansons sur "One Live" soient créditées au groupe "Badger" pour empêcher les anciens éditeurs de Parrish & Gurvitz de prendre l'argent, et sans le payer. La situation ne fut pas meilleure, car les éditeurs de Badger ne l'avaient pas payé non plus!
Peu avant le commencement de la tournée Américaine, particulièrement déprimé, Parrish a annoncé qu'il partait. Cela fut un mauvais choix de carrière pour lui et ce fut une chose très inconsidéré de faire cela aux autres membres de Badger, en leur donnant de gros problèmes au moment où l'album commençait juste à avoir du succès.
Le groupe rechercha alors un remplaçant mais la combinaison du style de guitare, du chant et des chansons ont été difficile à reproduire.
L'autre écrivain clé du groupe était, bien sûr, David Foster, mais il ne semblait pas avoir de nouvelles chansons à l'époque et cela avait rendu le problème encore plus stressant.
https://rs87l34.rapidshare.com/#!downlo ... 86D8E1|0|0Entre Octobre et Novembre 1973, Brian Parrish et Dave Foster quittent le groupe.
En 1974, Badger se retrouve donc réduit à Kaye et Dyke. Cherchant une nouvelle inspiration, ils recrutent l'ancien guitariste de Stealers Wheel, Paul Pilnick pour remplacer Foster et également l'ancien bassiste de Ashton, Gardner et Dyke, Kim Gardner, un grand bassiste particulièrement bien avec Roy.
La recherche d'un chanteur compositeur se termine par l'ajout de Jackie Lomax originaire de Liverpool, précédemment avec The Undertakers, ancien membre de Lomax Alliance, de Heavy Jelly et artiste solo pour le label Apple des Beatles.
Ils furent heureux d'obtenir Lomax car il était bon chanteur et il avait déjà quelques nouvelles chansons.
En substance, Badger est devenu le groupe de Lomax, et il a poussé le groupe loin du Rock Progressif et dans un style R & B / Soul d'une manière sérieuse, tout à fait dans le style qu'il avait utilisé sur ses albums solo. Le groupe devient le véhicule idéal pour ses chansons et son chant.
Le deuxième album, "White Lady", sur Epic Records, est composé entièrement de chansons co-écrites par Lomax, et produit à la Nouvelle-Orléans dans le studio d'Allen Toussaint. Le changement de direction est assez difficile à faire dans les meilleures conditions, mais la stabilité n'était pas le fort de Badger à cette date.
Les dix chansons ont été écrites ou co-écrites par Lomax. Quelques invités de choix font une apparition sur l'album dont Jeff Beck, qui contribue à un solo de guitare sur la chanson "White Lady".
Toutefois, avant la sortie de l'album, le groupe s'était scindé en deux factions, avec Lomax et Gardner qui dirigèrent un groupe de courte durée appelé White Lady, avant que Lomax ne retourne à sa carrière solo.
Epic Records publie les résultats de la session en deux registres: un SP "White Lady / Don't pull the trigger", publié en single en Mai 1974, et le LP "White Lady".
Le groupe se sépare après un concert à la Croyden's Fairfields Hall en soutien de ELO avec qui ils avaient eu une dispute sur l'utilisation de l'amplification, avant même que "White Lady" ne soit publié, laissant les fans des deux bords perplexes pour réfléchir à ce qui venait d'arriver.
Lomax retourne à sa carrière solo en enregistrant des albums pour Capitol et Warner Brothers. Il entreprend également beaucoup de travail, dont la session de travail sur le LP de Rod Stewart "Foolish Behaviour".
Roy Dyke travaille avec des groupes comme Cafe Society, Pat Travers et Chris Barber alors que Tony Kaye rejoint Detective, jète un sort avec Badfinger puis rejoint Yes, en 1983.
Paul Pilnick plus tard collaborera avec Deaf School et reviendra plus tard dans l'orbite de Joe Egan de Stealers Wheel, alors que Kim Gardner continue en tant que bassiste de session travaillant avec des gens comme Dwight Twilley.
Parrish a ensuite enregistrer un album solo, tandis que Lomax a signé avec Capitol pour deux albums solo et Dyke a traversé les groupes derrière Pat Travers et le vétéran du jazz, Chris Barber.
Tony Kaye a été membre de Detective et plus tard, il est passé à travers une version re-formé de Badfinger avant de re-émerger avec Yes dans les années 1980, et il a même eu à chanter un peu sur l'album "Union".
Le premier disque de Badger, toutefois, semble encore assez frais et il a toujouts a une énergie fantastique.
Discographie:1973 One Live Badger
1974 White Lady
Sources: Mark Brennan, Brian Parrish