Âgé de 21 ans, j'ai découvert ELP sur conseil de mon père, qui appréciait que je sois fan de Pink Floyd et voulait me faire écouter du prog. Il m'avait noté leur nom sur un bout de papier, avec Yes et Jethro Tull.
Je me suis donc acheté leur premier album, éponyme. Quelle claque ! Depuis, je suis devenu monstrueusement fan d'Emerson Lake & Palmer (surtout Emerson, d'ailleurs). "Take A Pebble" a été une révélation. Je suis tombé amoureux de ce morceau (que je trouve par bien des aspects supérieur et plus poignant que "Stairway To Heaven" et un paquet d'autres "hits" que tout le monde vénère).
Pour ne parler que de ce morceau, JB, j'adore sa construction. Les premières notes - produites par le passage d'un pinceau en fer sur les cordes du piano - intriguent. La voix arrive, et son doublage renforce effectivement la beauté de la chose.
A 2'25, lorsque l'impro piano arrive, ça prend une autre tournure, à la fois jazzy et ravelienne, superbe, avec Palmer qui joue de sa batterie jazz sur un rythme de death metal
De 3'50 à 6'20, le passage à la guitare acoustique lakienne (ce mec est un fantastique quand il joue sur guitare sèche) est un bonheur musical, au potentiel atmosphérique assez grandiose, avec les bruitages d'eau qui s'écoule (bienvenue à Progland...) et ses accords tout en japonaiseries...
A 6'20, le piano revient avec une succession d'accords d'une finesse rarissime dans le rock. Ce qui ressemble à un récital piano (l'indépendance de la main gauche d'Emerson est un sacré spectacle) se transforme bientôt en impro jazz endiablée, jouissive, pour finalement revenir sur le thème de départ, chanté avec la même passion.
passées ces 12'30, la seule découverte de ce joyau m'a donné l'impression d'avoir gagné ma journée.
C'est véritablement grace à cette chanson (et puis à cet album) que je suis devenu un passionné de prog plus que tout autre genre musical.
Emerson, Lake & Palmer ont fait quelques conneries dans leur parcours (le concept malvenu des "Works", le come back de 92, et puis cette connerie de "In The Hot Seat", sans compter quelques ratés bien sentis dans leurs carrières solo...) mais franchement, pour moi, ce groupe a créé quelque chose. Leur rejet par un grand nombre de progueux (à commencer par les fans de King Crimson et du Générateur) m'a toujours paru injustifié.
Même si on ne supporte pas les "Works", il ne faut pas oublier que de 1970 à 1973, ELP a produit cinq albums légendaires, déments, flamboyants :
1970 - Emerson, Lake & Palmer (à mes yeux le meilleur de tous)
1971 - Tarkus (avec sa suite titanesque et brillante, et ses chansons jazz)
1971 - Pictures At An Exhibition (la reprise délirante de Moussorgski)
1972 - Trilogy (l'album de la maturité, brillamment composé, le morceau titre est une tuerie)
1973 - Brain Salad Surgery (un tour de force musical, assomant de qualité)Bref, pour ceux qui ne les auraient pas encore écouté, ces 5 albums sont à posséder ABSOLUMENT
d'accord pour les quatre premiers, mais le "Brain Salad", je n'ai jamais pu m'y faire...
