Un débat sur le Floyd ? Lol je fonce...
Mon opinion de survol sur le groupe ?
A la base, c'est un groupe marqué par la folie et le lyrisme mâtiné de sauvagerie de Barrett. Ce type fascine encore aujourd'hui. Et pourtant... quelqu'un peut-il me citer un hit écrit par Barrett ? C'est une image tenace, un symbole des excès du Summer of Love.
Une fois que le génie s'est brûlé les ailes, qu'est-ce que ça donne ? Trois compositeurs potentiels. Le premier, Waters, n'est pas foncièrement doué mais progresse au fil des albums. Le second, Wright, est déjà clairement doué, mais sa créativité s'effritera petit à petit, avant de s'éteindre complètement, héroïne aidant. Enfin, le dernier, Gilmour, n'invente pas grand chose car il surfe complètement entre les styles de compositions des personnes citées plus haut. "Fat Old Sun" en est un exemple assez flagrant.
Waters devient de plus en plus productif et produit de plus en plus de chansons assez uniques (je pense particulièrement à "Welcome To The Machine") au fur et à mesure que ses textes deviennent de plus en plus incisifs, et traduisent peu à peu un véritable génie dans l'écriture. J'insiste sur ce terme. Les thèmes abordés sont souvent forts, les métaphores employées sont parfois bouleversantes.
De mon point de vue, l'âme du Floyd dans les 70's, c'est Roger Waters. Il est le créateur des concepts qui sont l'un des principaux facteurs de la popularité de Pink Floyd dans le monde anglo-saxon.
Il n'y a que dans les pays latins qu'on trouve un nombre égal de gilmourien et de watersien. Les Floydiens que j'ai pu rencontrer à Londres et à Toronto aimaient tous le style de Gilmour, mais tenaient pour acquis le fait que Waters était le responsable du succès de Pink Floyd...
"The Wall" et "The Final Cut" sont de magnifiques albums sur le plan des textes, parmi les meilleurs des Floyds (surtout "Final Cut"). Sur le plan instrumental, c'est moins brillant, nous sommes d'accord, mais on est tout de même très loin des soupes dans le genre de "Momentary Lapse", et, surtout, ces albums sont engagés, ce qui devient rare dans la période de non-engagement forcené du début des années 80 (Waters est l'un des très rares artistes à s'être engagé contre la guerre des Malouines).
Alors, à partir de là, qu'est-ce que ça peut bien nous faire qu'il soit infoutu d'accorder sa basse (cette légende est si tenace qu'elle doit être vraie) ? Est-ce qu'on en souffre à l'écoute des albums des Floyds ?
Waters aurait tué le Floyd, barré la route à la créativité de Gilmour... mais qu'est-ce que Gilmour aurait apporté au Floyd à cette époque ? Les compositions du très indigeste "About Face" ? Après tout, les trois autres, soit disant soudés, avaient tous les pouvoirs pour inverser la vapeurs. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? Peut-être parce que Waters leur apportait des succès indiscutables... ("Animals", et surtout "The Wall", qui fait partie des 10 disques les plus vendus dans le monde... ce n'est pas rien) et, mine de rien, les faisait manger tous les jours. Ils ont préféré être à l'étroit chez Pink Floyd que de redémarrer ailleurs, sans notoriété réelle (ne perdons pas de vue que dans les années 70 et 80, Pink Floyd est une entité dont les membres sont peu connus du grand public). Mais Pink Floyd était à eux ! me répondra-t-on. Absolument. Mais, avec "The Wall", ils l'ont "confié" à Waters, et n'ont jamais foncièrement cherché à en reprendre le contrôle.
Après la séparation officialisée en 1985, je m'autorise à penser que Waters, sur le plan qualitatif (mais pas commercial, c'est clair) a été beaucoup plus loin que ses anciens collègues. "Hitch Hiking" est excellent. "Radio KAOS" est une faute de goût musical, mais là encore, sur le plan des textes, c'est très très bon. Et puis, surtout, il y a "Amused To Death". Cet album, pardonnez mon extrêmisme, est un CHEF D'OEUVRE littéraire et musical. Quant à ceux qui argumenteront que l'absence de Gilmour pèse lourd dans la balance, je réponds que Eric Clapton et Jeff Beck ont admirablement pallié ce vide, surtout le second, qui, sur "Amused", a fait un travail remarquable.
Et puis, enfin, il y a les autres chansons de Waters. "To Kill The Child" ? Courte et agressive, excellente. "Leaving Beirut" ? Un conte pacifiste magique. "Woman" ? Même à l'état de démo, cette chanson est prenante, aérienne... "Lost Boys Calling", composée avec Ennio Morricone, est un classique. Enfin, "Each Small Candle" est une vraie perle.
Bref, à mes yeux, Waters est allé beaucoup plus loin que Gilmour. En tant qu'artiste (très) engagé, il est plus exposé, mais la vitalité qu'il affiche, l'investissement complet, sur scène (j'étais à Vienne en 2006 et à Bercy en 2007... la comparaison ne tient pas deux secondes), font de lui un artiste qui m'a toujours d'avantage passionné que ses anciens collaborateurs, même lorsque ceux-ci se réunissent et accouchent d'un bon album tel que "The Division Bell"...
Ce que je lui reproche ? Une chose simple : ça fait trois ans qu'on attend la sortie de "Heartland" !!!
_________________ Quand les riches se droguent, c'est pittoresque. Quand ce sont les pauvres, c'est un fléau social...
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