Un album incontournable au delà même de leur discographie me concernant. Une ancienne chro'
Strange Days (1967)
Strange Days serait constitué de morceaux n’ayant pas été retenus pour le 1er album éponyme du groupe. Mais si aucun d’entre eux ne semble avoir l’envergure des « tubes » qui parsèment The Doors, l’unité musicale, sonore et thématique qui se dégage de l’ensemble confère pourtant à leur écoute successive un charme puissant, sans équivalent dans le parcours, passé ou futur, du groupe. Il se dégage en effet de Strange Days une ambiance très forte, à la fois tragique et hédoniste, et qui atteint avec une facilité d’autant plus déconcertante que gratuite, ce que très peu de concepts albums ne sont jamais parvenus à atteindre, soit ce voyage musical de 45 min qui donne, quelque part justement, un sens à la notion d’album. Les montagnes russes ne manquent pourtant pas dans Strange Days, qui débute par un des morceaux les plus barrés et étranges du groupe(Strange days), pour finalement trouver un équilibre assez étonnant entre intimisme au psychédélisme « soft » et raffiné (You’re lost little girl, Unhappy girl, I can’t see youre face in my mind ...) et éclats de violence parfois proches de l’hystérie (Horses lattitude, When the music’s over...). Les morceaux sont tous très inspirés, parfaitement construits et menés d’une main de maître par des musiciens au sommet de leur art. Morrisson confirme qu’il est un des plus grands chanteurs rock de tous les temps, avec cette voix sensuelle, puissante, sombre, débordante de conviction et de charisme ; Manzarek n’a jamais été aussi imposant de subtilité et d’inventivité derrière des claviers (clavecin, orgue, piano...) dont la sonorité n’a, par ailleurs, jamais été aussi bonne, à la fois désuète et fascinante ; les solos de Krieger ont rarement atteint une telle fluidité pertinente et la batterie de Densmore unifie avec maîtrise ces 3 personnalités a priori vagabondes. Quant à la production et aux arrangements, ils débouchent sur un son qui achève de faire de Strange Days le disque le plus atmosphérique des Doors. Et 40 ans plus tard, sa mystérieuse et envoûtante aura n’a toujours pas pris la moindre ride
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