
Gary Hughes "Once And Futur King Part I"
obskure.com
Après Nostradamus, Avantasia, Ayreon: trois grosses pointures marquant l'avènement de ce nouveau genre ou plutôt concept qu'est le "Metal Opera", voici Gary Hughes qui s'attaque à la légende du roi Arthur en deux albums davantage rock que métal mais tout aussi opéra.
Les choses ne sont pas faites à moitié puisque ce sont pas moins d' une douzaine de vocalistes aux timbres racés (Lana Lane, Irene Jansen, Bob Catley, Sean Harris et Damian Wilson sur le part I) et dix musiciens de renom comme Arjen Lucassen qui sont venus prêter main forte au compositeur-chanteur; apportant du même coup une personnalité propre à chaque morceau.
Pourtant j'avoue, j'ai été à la première écoute un brin déçue du contenue ou plutôt... surprise car vu le thème choisi je m'attendais tout simplement à voir débarquer chevaliers en armures et combat d'épées sur fond de Metal épique. Après tout c'est bien de la mythique table ronde dont on parle... Or ici la part épique est réduite à son plus simple appareil et les mélodies flirtent davantage avec du Rock mélodique voire des rythmiques Hard rock traditionnel comme sur "Shapeshifter" qu'avec le Metal. L'effet de surprise s'atténuant, on découvre une palette très riche d'émotions et des compositions mettant réellement en valeur toute la subtilité des intrigues d'Avalon. Peut être justement grâce à cet anachronisme entre le thème et sa représentation musicale; on s'attarde davantage sur les morceaux pour en retirer l'âme du roi Arthur, d'un Merlin ou d'un Lancelot et dégager l'esprit véritable de l' épopée. Enfuie sous un côté épique plus marqué, il y a fort à parier que la redondance aurait masqué en partie la force première des compositions pour ne laisser qu'une bonne impression d'ensemble... alors que là, on entre littéralement dans l'oeuvre pour se laisser porter au grès de voix magnifiques dans l'intimité du mythe. Après le prologue "Excalibur" portant sans aucun doute possible la patte de Lucassen, Gary Hughes en bon roi reprend les rennes avec " Dragon Island cathedral" titre rock mélodique au refrain enchanteur. Premier titre lent au piano et seul duo de l'album part 1, "At the end of the day" voit se mêler le timbre harmonieux de Hughes et le lyrisme de Lana Lane pour un effet frisson garanti. On pourrait presque ressentir l'aura dégagée par Genièvre et Arthur au travers de chaque note, de chaque mot. Lancelot( Danny Vaughan) entre en scène avec une voix puissante emplies d'interrogations ( "The reason why") pour une approche un peu plus lourde, plus saturée davantage Metal. Puis c 'est au tour de Morgane, sous couvert d'une Irene Jansen aux intonations chaudes et rauques, d'intervenir avec le Heavy Rock "Shapeshifter" rappelant sans mal les titres de DORO.
"King for a day" dévoile une nouvelle facette où la subtilité d'une ritournelle aux claviers reprise par la puissance de six cordes aiguisées viennent sublimer la voix de Bob Catley, inimitable. Un de mes morceaux préférés pour cette alliance réussie entre une mélodie et un refrain accrocheurs portant ensemble le discours du grand Merlin. "Avalon" repart sur le chemin enjoué d'un Lancelot très Hard Rock FM made in Californie. Puis c'est au tour d' un "Sinner" heavy Mélodique sur nappes de claviers à la Deep Purple, Sean Harris en tête .
Le retour de Bob Catley se fait avec la souveraineté des morceaux de choix. Seul véritablement épique de l'album, "In flame" demeure incontestablement, de part une simplicité des rythmiques, une efficacité des chorus et un aspect narratif des lignes vocales le point culminant de Once and the future king. Tout l'art de dessiner avec des intonations, des harmonies... des silences même, le tragique d'une scène. Dernière ballade, murmures d'un Arthur trahit " Lies" vient clore le premier volet d'une saga très prometteuse... Et c'est comme un moment de magie, un voyage intemporel à travers de cette légende qui prend fin en même temps que le dernier accord.
Mélange des styles, mélanges des voix ( toutes magnifiquement choisies), solos ponctuant abondamment chaque titre et pour finir production impeccable... que demander de plus ?
Peut être davantage de duos car 9 des 10 morceaux sont chantés par un vocaliste unique, (épaulé de choeurs) ce qui enlève un peu à l'aspect narratif, habituel apanage des opéras rock. Non en fait, il n'y a rien à reprocher à ce Once et Future King part I. Enveloppant l'auditeur d'un nuage mélodique, d'une pluie de notes et d'émotions, il saura contenter les plus exigeants parmi les amateurs de belles harmonies, de belles voix et de Heavy Rock mélodique.
J'adore cet album du leader de Ten!