
Jackie McLean - Destination Out (1963)
Jackie McLean - alto saxophone
Grachan Moncur III - trombone
Bobby Hutcherson - vibraphone
Larry Ridley - bass
Roy Haynes - drums
De la jeune génération signée sur Blue Note, McLean fût peut-être le premier à se sentir pousser des envies de franchir les barrières. Après un "Let Freedom Ring" qui ne laissait plus planer le moindre doute sur ses intentions, et un "One Step Beyond" où il incluait déjà le vibraphoniste Bobby Hutcherson, toujours dans les bons coups, Jackie McLean en remet une couche avec sa formule en quintette, ayant trouvé un allié de poids en la personne du tromboniste Grachan Moncur III. Un instrument pour le moins insolite dans un tel contexte, et devant lequel on ne tombe pas spécialement en pamoison. Mais force est de constater que son travail est ici primordial, d'autant que trois des compositions présentes ici sont signées de sa main. Avec ce diable de Hutcherson, ils sont donc, tous trois, les artisans de la beauté claire obscure de ce disque. La fascination exercée par l'écriture modale prend ici des proportions gigantesques. "Love and Hate" est désarmant, tout simplement. Il dégage une ambiance hors du commun. Vaporeuse, embrumée et tendue. "Esoteric" est lui lancinant, obsédant grâce - ou à cause - de ses répétitions en ouverture. "Khalil The Prophet", qui le suit, emboîte le pas à cette démarche qui s'articule autour des mêmes préceptes ; dissonances, réponses, travail sur les nappes, exploration modale, sens du groove, recherche d'atmosphère. Tout y est. McLean est un explorateur et durant ses années Blue Note, il se sera employé à systématiquement se frotter à des modes d'écritures différents, avec la réussite qu'on lui connaît. Seul point noir - que même Clearasil ne pourra pas effacer - la dynamique semble particulièrement faible pour un disque prétendument remastérisé. Il est regrettable de constater que même face à des compositions d'une telle qualité, des petits couacs techniques de ce genre se permettent de venir entâcher le plaisir d'écoute que l'on pourrait en temps normal en tirer. S'il ne fallait en retenir qu'un... "Destination Out" assurément.