le topic est humoristique, j'ai bien compris.. néanmoins je vais vous conter une histoire vécue.. Un vrai calvaire
copains comme cochons !
Je m'en souviens comme si c'était hier...
l'hiver était suspendu aux arbres... les cheminées droites comme des I sur les toits des villes crachaient le dioxyde de soufre.. cet ami qui dormait à la cave sous forme de briquette avant d'aller danser avec les nuages... Il réchauffait les maisonettes des plus pauvres en ce temps là... d'autres étaient passé au fioul.
C'était l'hiver quoi.. les sapins illuminés.. le pain d'épice roi.. les batailles rangées.. boule de neige en réserve au fond de la poche.. à chacun son tour... j'avais 7 ans alors.. Et ce fameux jour du 31 décembre qui arriverait bien trop vite.. mon pére avait décidé quelques jours auparavant de faire de moi l'un des pilier de la réussite du bal de la st sylvestre.
Une angoisse sournoise nouait mon estomac et ne me quitterait plus jusque ce fameux jour.. ma mére avait eu beau essayer de minimiser l'affaire.. rien n'avait pu calmer mon tourment. Mon pére avait mis au point le piège redoutable.. la machine était en branle.. plus rien ne pouvait l'arrêter..je vous explique son plan.. Il s'était mis en tète de me faire porter un costume de ramoneur.. de me coller un cochon de lait dans les bras.. je devais me recroqueviller dans une boite de carton que les "grands" décoreraient.. et aux douze coups de minuit.. PAF!! me faudrait bondir hors de ma boite magique avec mon petit ami dans les bras et réciter la fable du corbeau et du renard et pour finir donner le numéro gagnant de la tombola.. et d'essayer de ne pas voir mon instituteur qui serait dans la salle.. lui qui ne m'aimait pas trop.. j'étais souvent "porté absent" lors de ma petite scolarité... nature fragile alors.. je choppais toute sorte de maladies et quand un méchant microbe "flottait" dans l'air c'était pour moi.. soyez en sure.. le bou diou en avais décidé ainsi et ça a duré jusqu'à ce que je décide de lui dire merde... c'est passé.. un miracle daté ? bref..
MA mère me faisait réciter tous les soirs aprés l'école. Je le connaissait ce bon sang de texte.. mais non.. j'avais même droit à des essayages de costume.. le charbon en moins.. Un coup j'ai essayé de ruser.. Du haut de mes 7 ans j'ai avancé l'idée que le plan de mon père était stupide.. que les gens aux douze coups de minuit ne penseraient à rien d'autres qu'à s'embrasser, se balancer leurs meilleurs voeux, le paquet de mots circonstantiel... que ça casserait l'ambiance, qu'on ne me verrait même pas.. je tentai de le dissuader avec mes mots à moi de petit garçon que j'étais.. que son idée était tout simplement bancale...
De quoi je me melle.. non non.. t'inquiètes pas.. t'occupes.. ONT a tout prévu.. annonce micro.. mise en scène règlée au quart de tour.. t'y échapperas pas.........
Mes deux frangines étaient aux anges.. elles voyaient bien que je sentais la trouille depuis quelques jours.. oh oui.. c'était rigolo !
Tindinnnnnnnnnnn... arrivé bien trop vite le jour du sacrement du ramoneur et d'son cochon de lait... les heures défilaient, ça se précisait... au secoursssssss... et le cochon milk.. j'avais eu le temps de causer avec lui tout au long de la journée.. sa petite queue en tire bouchon faisait des zips et des zaps alors qu'il visitait la maison de long en large.. se cachait sous un lit.. y faisait un petit pipi puis ressortait de là en braillant des groinnn groinnn qui faisaient rire toute la famille.. oui.. tous sauf moi..
On ne lui avait pas demandé son avis à lui non plus.. (il finirait dans le panier garni qu'était le GRAND PRIX de la tombola! entre les fruits confits et les oranges.. le JAMBONNEAU (popa de lui?) et les noix... les bonbons le ruban les trois fleurs sêchées le rasoir électrique et tous les trucs bidons qui le composait.. le panier... le pauvre.. pour couronner le tout, il aura à supporter ma bafouille.
Le grand soir arrivé, la fête battait son plein, les danseurs tourbillonnaient autour des tables désertées... Avalé le velouté de foie gras, l'mesclun de saumon, la dinde en croûte de sel au petits légumes, les 12 fromages, ils en étaient à la charlotte de Saint Sylvestre... au café fertig.. ça sentait le ramoneur..
Si j'étais inquiet ou fébrile ça ne devait pas trop se voir ou alors tout le monde s'en foutait royal.. on me pomponnait... une bille de charbon m'avait transformé.. je crois que mon coeur avait inventé le drum%bass ce soir là..
Hop... Viens par là petit gars.. rentre dans ta boite.. ils et elles refermèrent les volets haut du carton... au "dehors" des voix "amies" tentaient de me rassurer... la voix forte et enjouée de mon père trahissait sa fierté de savoir son fils roi de la fête tout à l'heure.. des voix de femmes, inquiètes et amusées, rieuses et protectrices aussi... des voix étyliques encore.. des tonnes de mots virvoltaient tout autour.. ouais.. je pouvais entrendre la voix de ma mère entre toutes..
je suis là mon petit.. je resterai tout près.. n'aie pas peur.. je suis là..
J'ai encore regarder mon petit complice dans les yeux.. lui aussi avait peur.. quand ont est à deux c'est plus facile que je devais lui dire pour le rassurer.. je le tenais entre mes mains.. il gigotait un peu mais pas trop... les grands avait peut-être eu la bonne idée de verser quelques gouttes de schnaps dans son bib, comme faisaient les paysans avec le moutard qu'a du mal à s'endormir... j'ai deviné que MA boîte venait d'être reposée à terre... l'orchestre s'arrêta de jouer et le rideau s'ouvrait lentement... mon pére s'empara du micro (cté lui le president du club de foot que cté lui le régulateur de la soirée.. au four et au moules..) ouais.. il éructa son discours... blablabla... vinrent les 12 coups fatidiques et tant redoutés.. en fait.. c'est la salle en coeur qui démarra le décompte... eis.. dzvei... drei... vier... funf.. zex.. siebe... hecht.. neuin.. dzah.. elfe.. TZVELF! (en phonéticoalsacien dans le texte)
Un énorme brouaha couvrait la salle alors que je sortais de ma boîte avec mon petit copain... je disais ma récitation alors que la salle explosait sous les embrassades, les effusions de bonheur.. les confettis flottaient dans l'air, les serpentins tournoyaient.. toute la salle n'était plus que larmes et pleurs.. joies et plotage de fesses et compagnie.. et moi.. rêglé comme une horloge débitant mon affaire.. et le cochon qui ne pensait plus qu'a une chose., s'échapper d'entre mes bras.. mais je le tenais serré.. je voulais finir mon récital et nous serions deux, jusqu'au bout.. jusqu'au bout..
je devais être sur la fin, quand le corbeau dupé n'avait plus que ses ailes et son bec pour pleurer... là, un tonnerre d'applaudissements vînt secouer la salle... des bravos fusaient de partout... je devais briller de mille feux malgré le charbon et la cendre déposés sur mon visage.. ma petite échelle tombée à terre... mon copain comme cochon (...) qu'avait fini par réussir à se faire la malle.. je ne m'étais jamais senti aussi seul et je me suis mis à pleurer... des larmes coulaient sur mon visage.. je n'était plus que ce pauvre petit ramoneur que mon père avait tant espèré... tout seul.. je ne voyais plus personne.. je voulais juste rentrer à la maison... je voulais mon lit.. je voulais les bras et les bisous de maman... je voulais.. je voulais... plus jamais.. plus jamais je veux faire le ramoneur maman que je lui disais alors qu'elle m'emportait backstage.. elle sècha mes larmes.. et j'ai vu ses yeux se mouiller... non mon petit.. jamais plus.. jamais..
ps : J'ai jamais revu mon copain cochon
note :

mon combat contre la connerie avait surement débuté au lendemain de cette affaire

, ne vous inquietez pas, je m'en suis remis et je me suis vengé
