Pete Townshend & Ronnie Lane — Rough Mix (1977)
1.
My Baby Gives It Away (Townshend) — 4:02
2.
Nowhere to Run (Lane) — 3:17
3.
Rough Mix (Lane/Townshend) — 3:12
4.
Annie (Clapton/Lambert/Lane) — 2:56
5.
Keep Me Turning (Townshend) — 3:46
6.
Catmelody (Lambert/Lane) — 3:12
7.
Misunderstood (Townshend) — 3:01
8.
April Fool (Lane) — 3:34
9.
Street in the City (Townshend) — 6:07
10.
Heart to Hang Onto (Townshend) — 4:29
11.
Till the Rivers All Run Dry (Holyfield/Williams) — 3:54
La fin des années 70 est une période difficile pour les dinosaures du rock, et les Who ne font pas exception. Le groupe a beau remplir les stades, la flamme n'est plus là, et Pete Townshend en a marre d'à peu près tout, comme en témoigne
By Numbers (1975), sans doute l'album le plus amer du groupe. L'alcool est devenu son meilleur ami, le business des Who le rend malade, et il rêve de pouvoir faire quelque chose en-dehors d'un groupe qu'il considère de plus en plus comme une prison.
Autant dire que quand son vieux pote Ronnie Lane vient lui rendre une petite visite, fin '76, il n'est pas vraiment dans une forme optimale. D'ailleurs, la vie n'est pas beaucoup plus rose pour Lane : celui-ci est dans une belle galère financière, et son départ de la reformation des Small Faces après seulement deux répétitions l'a laissé dans une situation délicate. Tandis que les deux copains échangent ces tristes nouvelles, l'idée surgit : pourquoi n'enregistreraient-ils pas quelque chose ensemble ? Après tout, ils avaient déjà joué ensemble quelques années auparavant, sur les albums de Pete en hommage à Meher Baba. Comme ça, Pete pourrait faire un peu de musique sans avoir la pression des Who sur ses épaules, et Ronnie pourrait se remettre à flot.
La collaboration entre les deux musiciens n'est pas de tout repos : comme le montrent les crédits, il s'agit davantage de deux demi-albums solos que d'un véritable album à quatre mains. Townshend admet être incapable d'écrire une chanson avec quelqu'un d'autre, à moins qu'il n'ait simplement pas voulu partager les crédits avec son copain. Les conditions ne sont pas non plus idéales : Pete est alors plongé jusqu'au cou dans les querelles juridiques qui opposent les Who à leurs anciens managers Kit Lambert et Chris Stamp, tandis qu'on diagnostique à Lane la sclérose en plaques qui finira par l'emporter en 1997. Toutefois, l'amitié qui unit les deux hommes les pousse à donner le meilleur d'eux-mêmes, dans un album garanti zéro pour cent prise de tête.
On retrouve à la production Glyn Johns et Jon Astley, le beau-frère de Townshend. Plein de copains viennent prêter main-forte au duo, notamment Eric Clapton, Charlie Watts, John Entwistle, Rabbit Bundrick, Boz Burrell, Mel Collins ou Ian Stewart. Malgré ces prestigieux invités,
Rough Mix n'est pas un grand succès à sa sortie, en novembre 1977, guère aidé par la quasi-absence de promotion de la part de MCA (une petite 45e place aux US). L'album donnera néanmoins à Townshend des idées de carrière solo, qui se concrétiseront trois ans après avec le fameux
Empty Glass.
«
Les sessions étaient très amusantes. Beaucoup de disputes. Moi et Pete, on s'adore, mais on se prend souvent à rebrousse-poil aussi. C'est un mec nettement plus grand que moi, il peut taper plus loin. » (Ronnie Lane)
«
Parfois, Ronnie et moi parlions de la vie. C'est-à-dire que Ronnie m'insultait et que je le frappais. Parfois, Eric Clapton passait pour jouer. C'est-à-dire que Ronnie l'insultait et qu'Eric le frappait. Glyn et Ronnie parlaient souvent des chansons de Ronnie. Pour Ronnie, cela consistait à faire rester Glyn dans les studios jusqu'à trois ou quatre heures du matin pendant qu'il l'insultait. » (Pete Townshend)