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 Sujet du message: Afterglow — “Afterglow” (1968)
MessagePosté: Ven Sep 25, 2009 9:32 pm 
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Afterglow.... ultimes lueurs du jour... souvenir agréable... rémanence... incandescence résiduelle: ce nom comporte bien des significations et titille l’imagination. En vérité, le sens voulu intègre chacune de ces définitions. En 1967, alors que les Medallions enregistrent cet album — unique album — l’un des producteurs, Hank Levine, leur confie que leur musique subsiste dans son esprit longtemps après les sessions; qu’aussi, le nom d’Afterglow leur conviendrait fort.

Il est maintenant certain, amis lecteurs, amies lectrices, que cette pochette reflète superbement l’essence de ce patronyme, et que ce rouge-vert op art, ce style flashy-chantilly, éminemment sixties, ne peuvent que mettre en appétit. Ensuite, nos réflexes-consommateurs nous incitant à évaluer le contenu à son contenant, nous finissons par nous ruer sur l’objet si gourdement évocateur.... Et là, c’est soit la déception, le ”mouais!” très mitigé enclin au rejet, soit la satisfaction, le “ouais!” jaculatoire enclin à l’excès. Disons-le de suite, ma réaction est la première, mais la seconde est celle de nombreux mélomanes: les quelques californiens qui, en 1968, acquirent le trente centimètres original, les citoyens du monde qui, en 1995 — et plus tard —, se procurèrent le cédérom édité par Sundazed.

Je regrette fort de ne pas aimer ce groupe, car les informations et les illustrations le concernant (on the web) engagent à en tirer une belle revue, dense et bien troussée, bien plus carabinée que celle que je vous propose, musicophiles et franc gautiers.

Bon! Mais qui c’est Afterglow, d’où qui viennent ces gars-là!? — Je vois! il vous faut de l’illustration et du commentaire! Et bien Afterglow c’est:

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Soit, de gauche à droite: Ron George (basse, chant — Mount Shasta, Californie), Roger Swanson (claviers, chant — Mount Shasta, Californie), Tony Tecumseh (guitare, chant — Klamath Falls, Oregon), Larry Alexander (batterie — Fort Jones, Californie), Gene Resler (guitare, chant — Dorris, Californie)

Belle photo n’est-ce pas!? et qui a manifestement servi de modèle au dessin de la pochette; coup de chapeau donc à l’adroit concepteur! Maintenant, il faut dire qu’elle vient de là:

http://www.60sgaragebands.com/afterglow.html

page de http://www.60sgaragebands.com où vous la verrez tout en bas, où vous verrez aussi trois autres photos, et découvrirez deux entrevues: l’une du batteur, Larry Alexander; l’autre du guitariste et chanteur — chanteur principal —, Gene Resler. C’est d’icelles que je tiens les informations qui me permettent de vous offrir un condensé de leur parcours, avant que de passer à une petite relation du contenu de leur microsillon.

C’est en 1964, sous l’impulsion de Tony Tecumseh (guitare, chant), que se forment The Medallions. Tony est un peau-rouge; il appartient à la tribu Modoc, qui vivait, autrefois, de chasse et de pêche dans son bourg natal de Klamath Falls, au sud de l’Oregon. C’est aussi un collégien qui joue de la musique. D’abord, avec un couple de jeunes mariés, dont l’élément masculin, Mike Moreno, tient la basse — et l’élément féminin, sans doute, une guitare. Tony cherche un batteur. Un ami va lui parler de Larry Alexander, qui vit à Fort Jones, en Californie, à quelques dizaines de miles de Klamath Falls. Larry possède déjà quelques références: il a fait partie, entre 1962 et 1964, de GT and the Go Gos et des Swingin’ Five, et connu, avec le premier, les honneurs du Top 40. Mike Moreno va ensuite présenter Gene Resler (guitare, chant): un copain d’enfance — tous deux ont fréquenté le même collège, à Weed, en Californie, non loin de Dorris, où ils habitent. Gene, depuis longtemps, est membre du chœur de la paroisse, aussi est-ce à l’église que les Medallions viennent l’entendre chanter. Finalement Mike trouve un emploi et quitte le groupe, suivi de son épouse. Ils sont alors remplacés par Ron George, bassiste et chanteur, et Roger Swanson qui se tiendra derrière le Farfisa — ce combo organ que commencent à adopter les garage-bands, les surf-bands et de joyeux lurons comme Sam the Sham and the Pharaos —; tous deux sont de Mount Shasta (Californie).

Comme tout orchestre estudiantin de cette génération, les Medallions jouent en maints endroits et en toutes circonstances: écoles, pizzerias, fêtes, mariages, bals. Tony écrit la plupart des chansons — et ses textes témoignent de beaucoup d’humour —, quant aux arrangements et aux harmonies, ils se font en commun. Nos ménestrels s’appliquent aussi à varier leur répertoire — en cela, il faut bien reconnaître qu’ils sont plus inventifs que les Seeds! Leurs influences sont (dixit Larry Alexander) les Byrds, les Beatles, Strawberry Alarm Clock, The Association. Ce qui les démarque itou des Seeds et de tous les combos de cet acabit: rebels without a cause au style fruste et ravageur. — Gene Resler: «We were never a hard rock group but considered our music easy listening rock that was good for both dancing and listening.» (Nous ne fûmes jamais un groupe de rock, hard [“teigneux”]. Nous considérions notre musique comme étant facile à écouter, faite, et pour danser, et pour être appréciée tranquillement.)

Même si Gene se souvient d’un certain Billy Glen à leurs débuts, il semble que les musiciens n’aient pas eu recours aux services d’un manager, Larry Alexander s’occupant d’obtenir des engagements et d’entrer en relations avec des producteurs. Ainsi, c’est par l’entremise de Leo De Gar Kulka, qui travaille pour Golden Gate Recorders, à San Francisco, qu’ils parviennent, aux susdits studios, à l’automne 66, à enregistrer une démo, puis, aux mêmes studios, vraisemblablement l’été suivant, lors de leurs vacances, à mettre en boîte une vingtaine de titres dont dix constituent l’album qui sort en 1968.

L’alors Afterglow bénéficie d’une bonne promo — gigs et passages sur les radios locales —, leur album se vend bien, et les musiciens jouissent d’une restreinte, mais réelle notoriété: on les voit en vedette des Turtles et des Beau Brummels, et ils apparaissent aussi comme tête d’affiche.

De tels auspices laissent envisager des lendemains prolifiques, mais fin 1969, Tony Tecumseh et Roger Swanson quittent le groupe; le premier ne voulant plus tourner, dit Larry Alexander, le second, préférant se consacrer à ses études de comptabilité. — «So Ron, Gene and I added a male and female lead singer and keyboard player and put together a commercial show group and spent the next four years playing the West Coast/Hawaii night club circuit.» (Aussi Ron, Gene et moi recrutâmes deux chanteurs, un homme et une femme, ainsi qu’un nouvel organiste, et passâmes les quatre années suivantes à jouer dans des night-clubs de la côte Ouest et d’Hawaï.) — The show must go on!

Et maintenant, l’album, la musique:

Du garage sage, policé, enluminé par le Farfisa — omniprésent, badin, vadrouilleur —, ainsi peut-on qualifié “Morning”, le premier titre — rappelant vaguement les Seeds, et surtout le “Wayfaring stranger” de H. P. Lovecraft —, pour le reste, c’est de la pop: sage itou, compassée, gentille et plutôt vieillotte pour un album paru en cette trouble et oriflante année 1968. Voilà pour la morphologie! Question instrumentation, en plus du Farfisa suatoire déjà décrit, s’arborent une basse, poqueuse, bien nette, des guitares-supérettes, égreneuses et coquettes, une batterie-kit, minimaliste — tom basse, cymbale, caisse claire — et des chœurs, masculins, chocolatés, diserts.

Le titre le plus représentatif de cette pop-popote est sans doute “Chasing rainbow”, avec, bien alignés, le tchac-a-poum de la batterie, le pata-poum de la basse, la voix claire, un rien limailleuse, du chanteur, et l’orgue atomisant ses miaulements synthétiques et fureteurs. — On pense aux Searchers, aux Herman’s Hermits, période 64-65 (pantalons à carreaux et chemises à pois), à Dave Clark Five encore — “Over and over”!

Si vous ne me croyez pas; aller voir ce blog-là:

http://wllit.blogspot.com/search?update ... -results=1

.... et lisez donc aussi les commentaires du “revuiste”!

Maintenant, il y a deux exceptions — exemples du travail de “diversification” évoqué plus haut: un rondelet folk — folk-rock —: le dodelineur et très câlin “Mend this heart of mind” (écrit par Gene Resler), emmitouflé de chœurs vaporeux, nervuré de guitares aux accords tamisés, diligemment rythmé par la batterie — très en retrait — et les scandements dûment balistiques d’un tambourin; et puis, il y a “Susie’s gone”, très surprenant, très remarqué — et par l’auteur de la revue susnommée, et par Philippe Thieyre qui, dans son annexe au “Rock psychédélique américain”, le qualifie de «super» —, Susie’s gone” qui — on l’a compris! — est fichtrement psy-ché-dé-lique! — et même curieusement psychédélique lorsque l’on sait qu’il est l’œuvre d’un policier, un ami du groupe, Byron Vaughn — “Boots” pour les intimes —, résident la ville de Chico, Californie.

C’est vrai qu’il surprend ce morceau! et qu’on peut le trouver super — supercalifragilistique avec son ambiance “lost in space”, ballotté entre deux galaxies. Je vous le décris, un peu, là, je vous le décortique...

Des vibrances angoissées en intro — vertige! vertige! —, puis un riff boultinant, itératif, lancinant, mouliné par l’orgue, le régulier jokari de la basse rivé par le non moins arithmétique cliquetis d’une cymbale, et le chanteur qui détache des mots insolites auréolés d’échos: «So... my... world... is... missed... a... yellow.... orange.... Susie... gone... lonely» — C’est quoi ce “blue cheer” que j’ai avalé!? ce “purple haze” que j’ai humé!? Pourquoi les pales de mon ventilo ressemblent à des feuilles d’agave, et se rétractent comme des tentacules? — Ça dure comme ça assez longtemps; on finit par avoir l’impression de regarder le lancement d’Apollo 7 avec “Astronomy domine” qui, rayé, badmintone sur sa platine —, puis la basse perd les pédales, l’orgue, bifront, ripe, patine, divague d’un côté, pépie, guiore, couine de l’autre: c’est le meilleur passage, et du titre, et de l’album! Adonc, amateurs de psychédélisme, fondez sur ce “Susi’s gone”, capturez-le pour l’immerger dans votre aquadiscothèque sonore et vibratile, pleine d’oxymonacanthus longirostris et de forcipiger flavissimus, vulgairement nommés poissons-lime et chelmons à long bec, et tripez, kiddies, tripez!

..........................................................................................

«Les Pranksters sortent en bande sous le soleil de Los Angeles. Le Démon a un visage orange semé d’étoiles d’argent; il y en a un autre avec des cheveux fous, dont le visage est moitié or, moitié argent. Les dingues de la Day-Glo sortent en bande dans le soleil [...]»
— (Tom Wolfe, “Acid Test”, 1968, traduit par Daniel Mauroc, éd. du Seuil, Points, p. 277)

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Carcamousse
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 Sujet du message: Re: Afterglow — “Afterglow” (1968)
MessagePosté: Sam Sep 26, 2009 7:19 am 
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Merci pour ta belle chronique et pour le lien. Un autre de ces albums dont j'ai souvent vu la pochette, mais qu'il ne me semble pas avoir écouté. Ce sera donc l'occasion d'y remédier.


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 Sujet du message: Re: Afterglow — “Afterglow” (1968)
MessagePosté: Sam Sep 26, 2009 1:59 pm 
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Inscription: Mer Juil 11, 2007 3:36 pm
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Beau et bon travail Carcamousse. J'ai pu écouter cet album et je dois avouer que je fus fort déçu par celui-ci. Je l'ai trouvé d'une très grande banalité et ce ne sont pas qques fulgurances bienvenues qui y changent qque chose! roizz

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"Il y a des années où l'on a envie de ne rien faire" P-Barouh


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 Sujet du message: Re: Afterglow — “Afterglow” (1968)
MessagePosté: Sam Sep 26, 2009 7:10 pm 
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Inscription: Mer Juil 11, 2007 12:28 am
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Eh bien, messieurs, je ne partage pas vraiment votre avis. Oui, c'est léger, pop, mais fort joliment fait. Rien de renversant, de sensationnel, mais l'album s'écoute avec grand plaisir, comme on écouterait un disque des Hollies. Oui, comme le dit Carcamousse, c'est vieillot, mais c'est peut-être justement ce qui donne un certain charme à cet album.


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 Sujet du message: Re: Afterglow — “Afterglow” (1968)
MessagePosté: Sam Sep 26, 2009 9:55 pm 
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Inscription: Mer Juil 11, 2007 10:59 pm
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Oui! comme on dit chez nous “Ça casse pas trois pattes à un canard”. Mais il y a quelques titres très potables!

Cher Harvest, saisis-tu tout ce que dit le chanteur dans “Susie's gone”?

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Carcamousse
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