Jonathan Richman and The Modern Lovers – "Back In Your Life" (1979)Voici trente ans exactement, un lutin en maillot rayé nous invitait à baguenauder parmi les plages d’un dernier album des
Modern Lovers seconde façon, formule magique. “Back In Your Life” sera le troisième opus studio accompagné d’un album live chez
Bersekley, avant une longue pose, puis un bref retour des
Modern Lovers en 1988, d’ailleurs rebaptisés pour l’occasion.
A partir des années 80,
Jonathan Richman se consacrera à sa carrière solo, la menant avec bonhomie. Il est déjà une légenderounette et une des personnalités les plus originales du rock, bien qu’il n’ait pas recueilli qu'une notoriété et une consécration relativement modestes.
Après un premier album des
Modern Lovers, désigné par beaucoup comme un petit manifeste pré punk rock,
Jonathan Richman Jonathan se détourne de ce style original pour un rock plus léger, plus dépouillé et moins électrifié, que celui à la fameuse pochette noire. Cela ne va pas manquer de déconcerter un public naissant, mais aussi les autres musiciens de l’aventure d’un super groupe qui s’ignorait. Lorsque paraît “Jonathan Richman and The Modern Lovers” en 1976,
David Robinson batteur des futurs
Cars, a quitté le groupe pour divergences de vue musicale.
Le suivant, “Rock ‘n’ Roll With The Modern Lovers” comptera quelques morceaux de choix et classiques du groupe sur scène, comme l’incontournable “Ice Cream Man”, “South American Folk Song”, et surtout le petit hit “Egyptian Reggae”.
Enfin, “Back In Your Life”, qui est peut être mon préféré, malgré des
Modern Lovers présents sur seulement une moitié de disque. Le reste étant des chansons de
Jonathan Richman en solo. Une face A merveilleuse qui débute avec “Abdul and Cleopatra”, une de ses toutes meilleures compos, véritable moment de grâce, une friandise musicale surfin’ reggae chaloupée.
“Abdul veut Cléopâtre et pas une autre, elle reste la seule”. Deuxième perle “Lover Please” un instrumental du feu de Dieu, qui ranime la flamme des guitar band.
Leroy Radcliffe est épatant, et quel son ! Il faut entendre comment ça carbure au milieu du morceau. Suit un très beau “Affection”, durant lequel
Jonathan chante avec une émotion incroyable, désarmant, sur un accompagnement modeste et discret. Transition plutôt contrastée avec le titre qui suit le sympatoche “Buzz Buzz Buzz”, qui nous transporte presque dans un cartoon. Le reste est à forte teneur en ballades tendres, goguenardes ou mélancoliques, par des sentiers ombragés et remplis de senteurs.
Entre chanson bucolique et évasion exotique, entre doo wop et rock nostalgique,
Jonathan éternel adolescent au visage angélique, se prend pour un petit avion ou un petit dinosaure dans ses chansons. Il parle des insectes et dialogue avec eux, il dépeint le marchand de glaces qui passait dans la rue ou de l’Abominable Homme des Neiges qui fout le souk à la supérette du coin. La musique tient souvent à des guitares toutes simples, souvent acoustiques, des percussions vraiment pas noisy et des chœurs attachants. Des torrents de fraîcheur candide, d’humanité et de tendresse se dégagent de ces disques. Une tendresse et une fraîcheur qui submerge
Jonathan, puis l’auditeur.
Sur un blog, j’ai lu que
Jonathan Richman, c’était la rencontre de
Henri Dès et de
Lou Reed. Ce n’est pas excessivement pertinent, mais j’aime le style de la comparaison qui donne une petite idée de son univers musical, qu’on pourrait rapprocher un peu d’un
Boby Lapointe, tendre, malicieux et parfois extravagant.
