url=http://imageshack.us][img=http://img81.imageshack.us/img81/4373/kervalrg2.jpg][/url]
face A :
interlude (winterlude) - P. Delanoé -
Va ton chemin, j'irai le mien (most likely you go your way) - B. Bergmann -
Miss Marie [/b[i[b]]](absolutely sweet Marie)[/i] -
L. Aulivier -
Comme une vraie femme (
just like a woman) - P. Delanoé -
Le chimpanzé noir (
obviousmy five believers) - L. Aulivier -
En quatre temps (
fourth time around) - B. Bergmann -
Face B :
Je t'aime (
I want you) - P. Delanoé -
L'homme qui est en moi (
the man in me) - B. Bergmann -
J'ai mal pour toi (
it hurts me too) - P. Delanoé -
Anticipation (
temporary like Achilles) - L. Aulivier -
A l'amour (
new morning) - L. Aulivier -
Belle Isle (
Belle Isle) - B. Bergmann -
Il est désormais courant d'affirmer que des millions de personnes se rappellent exactement ce qu'elles étaient en train de faire le 21 septembre 2001. C'est mon cas et sans doute le vôtre.
Mais je me rappelle exactement aussi ce que j'étais en train de faire lorsque la radio a diffusé pour la première fois "Proud Mary" du Creedence Clearwater Revival en 1969, "Keep on running" du Spencer Davis Group en 1966, "Wild thing" des Troggs la même année et je pourrais égrenner de la sorte mes souvenirs les plus forts jusqu'à aboutir à cette fameuse soirée dominicale du printemps 1971. Bien peinard dans ma chambre, je bossais mes cours de maths et Europe 1 me tenait compagnie en sourdine. J'aimais bien les maths à 18 ans, grâce à la magie d'un professeur qui avait su désacraliser la matière et nous l'enseigner avec une fougue communicative.
Bref, alors que je mets la dernière main à mon devoir, François Diwo, l'animateur, annonce la sortie d'un nouvel album de reprises des titres de Dylan, 6 ans après celui de Hugues Aufray. Sitôt dit, sitôt fait, voilà que déboule "je t'aime" (I want you). D'abord dubitatif, je suis bientôt conquis. Enfin des paroles moins convenues que celles de Hugues Aufray, enfin une conviction dans le chant, enfin une orchestration, des musicos à la hauteur !

Pourvu qu'il ne passe pas les "réclames" après le disque pour que je sache qui est l'interprète de ce chef d'oeuvre. Avec le cul que j'ai, c'est encore du domaine du possible ...
Ouf ... il le dit :
Serge KERVAL
Qui c'est celui-là ?
Hop, ni une ni deux, dès lundi soir direction la F..C et achat du disque.
Sur place, mes 19,50 francs en main, je fonce au rayon "interprètes français - lettre K" et je tombe sur un 33 tours de S. Kerval ... qui chante les vieilles chansons françaises ! ...
Il m'a fallu attendre 15 jours, avant de voir enfin cet album que je voulais à tout prix ... pochette blanche, photo de Dylan en flouté, c'est lui, je le reconnais. Bon, le verso est moins réjouissant. Serge Kerval pose comme un clergyman avec sa guitare sur le bide et j'ai soudain l'impression d'acheter un disque de vieux. Des précautions s'imposent. Je demande à la copine vendeuse de bien vouloir me diffuser le disque en cabine. Et là, j'en suis resté sur le cul !!
Pas une scorie, pas un déchet, pas une seule atteinte à l'oeuvre du maître Robert. L'orchestration, les musicos, tout est parfaitement en place. Et ces musicos justement, dommage que la pochette ne les mentionne pas, car ils assurent un max les mecs. Je me suis goinfré les 12 titres dans ma cabine et en suis ressorti comme un con.
De véritables surdoués qui savent sonner blues, rock, folk. Harmonica, guitares acoustiques, guitares électriques (p... ces solos !!!!!!!!), orgue, banjo, batterie, basse ... sont tous des génies ....
-
arrangements et direction musicale : Jean-Pierre Sabar et Jean Bouchety
Cet album a tourné, tourné, tourné, tourné, tourné et tourné sur ma platine. Je l'écoute en ce moment avec toujours le même plaisir. Ca gratte, ça saute parfois, l'usure totale est proche hélas ....
A l'époque, les critiques ont unanimement salué ce disque. Ainsi François Jouffa met en exergue le fait que Serge Kerval n'a jamais cherché à singer le grand Bob, essayant simplement de comprendre ce qui se passait dans la tête de l'artiste, tandis que les paroliers (Bergman, Delanoé et Aulivier) ont su transcrire au mieux les paroles parfois absconces du Maître. A priori, d'après ce que j'avais lu, Bob s'était montré très satisfait du résultat.
Disque créé dans l'urgence (10 jours pour écrire les textes et 2 jours pour enregistrer les chansons). Autant dire que l'on assiste carrément à du live !
Minuscule bio de Serge Kerval :
- chanteur d'origine bretonne décédé en 1998 (suicide apparemment)
- admirateur de Pete Seeger, de Woodie Guthrie et de Tom Paxton
- a surtout ressuscité de vieilles chansons traditionnelles françaises (titulaire du Grand Prix de l'Académie du Disque Français en 1967). Il était l'ami de Jacques Douai.
- a également mis des poèmes de Victor Hugo en musique
- à noter, son album avec le poète Pierre Seghers (paru chez SFP sous le n° 14.008, intitulé Serge Kerval/Pierre Seghers)
dont on dit qu'il devrait constituer la pierre angulaire de toute discothèque Folk Française. En effet, j'ai ce disque (rien que de la guitare acoustique) et il très bon !
Vu ce qui précède, vous aurez sans doute compris que ce disque n'a strictement rien à voir avec celui de Hugues Aufray, qui me paraît on ne peut plus insipide et daté, comparé au chef d'oeuvre dont je viens de vous parler. Vous pouvez l'acheter sans crainte. Des centaines d'oreilles dans mon entourage l'on écouté et, parmi eux, même les Dylaniens les plus fervents, les plus "obtus", les plus traditionnalistes et les plus intransigeants, ont salué ce travail.