Forum de rock6070

Uncle Dog — “Old Hat” (1972)

Phillip Crooks : guitare
Carol Grimes : chant
Sam Mitchell : guitare
John Porter : guitar, basse
Dave Skinner : claviers, chant
Terry Stannard : batterie

1/ River road
2/ Movie time
3/ Old hat
4/ Boogie with me
5/ We got time
6/ Smoke
7/ I'll be your baby tonight
8/ Mystery train
9/ Lose me

«Found an old hat on the ground you know it fit me
Found an old dog in the park you know he knew
Found an old friend you know he didn’t know me
Found it all too much for my head I went home
I could not understand the lonely feeling
Something’s missing» — “Old Hat”

J’ai parlé dans ces colonnes de Delivery, de sa chanteuse, Carol Grimes, et à son propos de ce “Uncle Dog”*. Et bien sachez que cette rondelle est disponible aujourd’hui en CD: luxueuse édition japonaise avec sleeve extra-plat, housse diaphane et fluide, page de lyrics pliée en quatre et, suprême élégance, exempt de code-barre — cette ignoble pustule, cette abomination!

Que l’on n’aille pas imaginer les trésors de Toutânkhamon, le tombeau de Déméter, c’est juste un album franc du collier, pétri dans la glaise du rhythm ‘n’ blues, irradié par la voix de Carol: un palliatif aux chancres irritants du siècle, un sinapisme de riffs musclés, de piano boogie-woogie, de saxos fanfarons et de brâmes sertis d’ardeur et de mélancolie.

David Skinner signe la majorité des compositions — le reste étant des reprises — et en interprète solidement quelques-unes, mais Carol domine: walkyrie superbe clamant son désir de voir son homme à la maison, modulant sa peine à l’espérer, exhortant ses comparses à l’assaut de nos petites âmes fripées, bien aises d’être ainsi repassées, choulées, espringalées.

Les reprises, “I'll be your baby tonight” et “Mystery train” (Dylan et Junior Parker), sont croustillantes et toniques. La première se distingue par sa combinaison country/New Orleans — guitare slide, piano bastringue, pampilleux quotes-parts de saxophone, de trompette, de trombone; la seconde par sa pétulance, sa vitalité, sa cohésion, le jeu piaffant et bagarreur des musiciens, son rythme sabré à coup de charleston, son piano hutin et boultinant, enfin les véhémentes bordées de Carol, victorieuses, bestiales, confondantes! Les compositions sont excellentes, notamment: “River road”, duo débutant cet opus, un boogie woogie à la C.C.R., avec de belles diacopées de guitare sèche, un sax des plus fumants, et toujours cet éhonté piano, les feulements émoustillants de Carol, la frappe opiniâtre et concise du batteur; “Old hat” aussi, piloté par le piano, remorqué par David, secondé avec passion par Carol, l’une de ces ballades qui vous chahutent le cœur et l’envahissent d’un farouche et pruriteux désir d’espace et de liberté; enfin “We got time”, qui dresse toute la panoplie du genre avec un orgue marmiteux et vélaminaire, un sax emphatique, un solo de gratte barbare et torsadé, des paroles célébrant l’amour — ce mirifique amour, calcaire et myrophore! Là, Carol ne chante pas, elle s’ouvre, rugit, bouillonne, expulse ses mots avec une force portentueuse qui vous happe et vous empeint* vers des jouissances sacrées. C’est le fleuron de cette galette, les autres titres sont bien tièdes en comparaison; signalons tout de même “Movie time”, gambillant, fleurant bon les années 30, ainsi que “Boogie with me”, pimpante lamentation d’une esseulée que, ni le gin, ni la télé, ni sa “collect” de disques ne consolent: deux chansons qu’accompagne John “Rabbit” Bundrick au piano — oui! oui! celui-là même qui s’illustra cette année avec Free et, plus tard, connaîtra la renommée avec les Who.

* www.alexgitlin.com/npp/ud.htm

* du verbe empeindre (14e-15e siècles): pousser, projeter, propulser, précipiter, etc.



Je profite de cette revue pour lancer un appel: quelqu’un possède-t-il cette galette (première œuvre solo de la dame en 1974, jamais éditée en CD)? Si oui, je lui saurais gré de me faire parvenir une copie.

completement inconnu

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