Dino Valenti — “Dino Valente” (1968)
«Open-minded fans of Tim Buckley, Buffy Sainte-Marie, and the Incredible String Band might find themselves simultaneously sniggering at/enjoying this record» — Mordecai Carroll “hairyreasoner”, July 9, 2004
«The time has come, change has had it's way,
and the love we've known it's growing cold.» — Dino Valenti* (New wind blowing)
Outre sa voix de ténor, un peu acide, un peu grinçante, l’on risque d’être surpris par ses modulations emphatiques — d’où le terme «ridicule» qui figure en tête des “revues”, par ailleurs élogieuses, que j’ai pu découvrir sur amazon.com —, l’on risque aussi d’être amusé par ses textes en grande partie inspirés de ses aventures féminines. Mais tous ceux qui aiment la guitare 12 cordes, le genre intimiste, les lenteurs nomades et veloutées, comme ceux que ravissent les arrangements soignés devraient être comblés, car les deux se côtoient ici.
Ce côtoiement est dû au tempérament versatile de Valenti: jugeant trop guindée la première mouture fignolée par Jack Nitzsche (exubérante et contenant, dit-on*, tous les atouts d’une réussite commerciale), il la rejeta au profit de manières plus folk, plus “troubadour”. “Tomorrow”, titre empanaché, coruscant, ourlé d’un lyrisme espagnol, est sans doute le seul rescapé. Ce n’est pas mon favori — je trouve l’orchestration pâteuse et l’interprétation déphasée —, je lui préfère “Time”, une ballade nonchalante, éthérée, emplie d’échos brumeux, sertie de ruisselants arpèges de clavecin; ou bien encore “My friend”, damasquiné de flûte, de piano et de cor anglais. Les fioritures s’achèvent avec “Test”, qui conclue l’album: une aubade ornementée de papillonnants accords de guitare, de pépiements de flûte traversière, de tambourinements, de soupirs, de rumeurs et de vocalises évanescentes.
Côté acoustique, les chansons les plus insignes sont certainement “Children of the sun” (inspirée par "My funny Valentine”) et “New wind blowing”. La mélodie de la première est belle et envoûtante, mais je préfère la seconde pour son interprétation plus modérée et ses accents poignants. “Listen to me” est le titre le plus doux, le plus confidentiel, même la voix de Dino se fait soyeuse et caressante; “Everything's gonna be OK”, doté d’un écho plantureux, bouillonne davantage. “Something new”, plus hybride avec ses frétillements de guitare électrique et ses ondoiements jazzy, rappelle les splendeurs élégiaques du “Blue Afternoon” de Tim Buckley. “Me and my uncle”, la seule reprise (un titre de John Phillips que reprendra Grateful Dead) est un fervent et rocailleux country-blues: l’histoire de deux cow-boys, dont la vadrouille tourne au grabuge. Enfin, l’édition CD offre en prime deux excellents bonus: le très dylanien “Shame on you babe” et “Now and now only”, une ballade paisible, ponctuée de discrètes percussions.
* L’orthographe est bien Valenti. Valente est une coquille de l’édition originale maintenue sur l’édition CD.
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www.richieunterberger.com/valenti.html . Une chronique bien troussée et instructive.
AUTRES LIENS :
www.dinovalenti.com LE SITE ! — biographie, textes, nombreuses photographies and more...
www.penncen.com/quicksilver/valente/stone.html Article paru sur Rolling Stone en février 1969