Chroniquer un tel disque sur ce forum, réclame tact et doigté. En effet, vous êtes des amateurs de musique éclairés et il n'est pas facile de vous annoncer que les 12 titres qui composent cet album, ont été concurremment arrangés par le chef d'orchestre Jean Claudric et William Sheller. Manque plus qu'à préciser l'artiste et le titre de l'album, à savoir Frédéric François "live in Olympia", pour faire fuir à jamais, les derniers héros derrière leur écran.
Après Wallace Collection, voici dans la même veine,
Les Irrésistibles qui devaient s'appeler auparavant si ma mémoire est bonne, the Belived Ones. Je ne sais pas grand chose de ce groupe, mais là n'est pas l'essentiel, le turbo recherche Google étant là pour renseigner les curieux.
Non, l'essentiel c'est cette galette que j'ai acquise en CD il y a 17 ans et que je vais vous faire découvrir. Mais, avant toute chose, sachez qu'elle s'adresse à celles et ceux qui aiment les Bee Gees première formule, les Byrds, Crosby, Still, Nash and Young, ELO et la pop symphonique lèchée mais qui ne va pas chercher de midi à 14 heures.
Ainsi armés, vous êtes prêts pour le voyage :
1 -
My year is a day : slow symphonique imparable, dont la musique a été écrite par W. Sheller. Inutile de s'étendre, d'autres l'ont fait avant nous 30 ans plus tôt et beaucoup de bébés sont nés à l'issue.
2 -
Why try to hide : une intro à l'orgue bientôt relayée par les cordes de l'orchestre, nous entraîne vers une ballade langoureuse et flamboyante à la fois. Les moments de plénitude qui ponctuent ce morceau sont chantés en français. Ils alternent avec des envolées où la basse, la batterie et les violons assurent tour à tour la rythmique.
3 -
Peace of love : L'orgue que je devine Hammond joue à nouveau le rôle de précurseur dans cette autre ballade aux relents "Bee Geeso Aphrodite's Childsiens" (ouf !). Et soudain, sans crier gare, apparaît la guitare électrique qui nous gratifie de bien jolis solis, épaulée par l'orgue et les cordes décidément en verve. Saluons ici comme ailleurs, la beauté des choeurs et l'excellence de la rythmique qui chassent toute tentative de mièvrerie.
4 -
Baby, I need you back again : Ballade toujours et encore, dominée cette fois par les cuivres et cordes. L'ambiance est "prog"oui, résolument "prog". On songe aux Moody Blues, on apprécie la rythmique et l'on devine l'apport délicat et cristallin de la guitare acoustique.
5 -
Land of shadow : Ici ce n'est pas l'ombre de Hank Marvin qui plane, mais plutôt celle jazzy de Claude Nougaro. L'entrée en matière du style
"une petite fille en pleurs dans une rue[i]...", [i]cède très vite la place au haut-bois, à la guitare acoustique et aux choeurs pour un moment de sérénité acoustique. Mais "Nougayork" revient au galop dans une rupture de rythme bénéfique, avant de replonger dans la pop symphonique de très bon aloi.
6 - Who ever you may be : changement radical d'ambiance ! la guitare acoustique annonce une ballade folk que n'aurait sans nul doute pas reniée Ralph Mc Tell. L'orchestre se fait doux, très doux, laissant libre cours à la mélodie, qui nous distille tendrement quelque complainte anglo-saxonne mouillée de pluie etilluminée de bruyère. Je pense à notre princesse Witchy Cow et je me dis qu'elle ne serait pas vache en écoutant ce titre là qui se boit comme du p'tit lait !
7 - Baxter Williams : là, plus question de rêvasser ! debout les faignasses ! Débarrassés de tout complexe, les violons se la jouent rock and roll grâce à la mansuétude de la section rythmique qui assure le tempo avec une énergie redoutable. Décomplexée, la gratte électrique joue les trouble-fête en délivrant quelques riffs bien sentis.
8 - Here she comes : même tempo pour ce titre qui démontre une nouvelle fois le talent des musiciens. Soudain, Booker T sans ses MG's nous délivre traîtreusement un solo de Hammond propre à décorner les boeufs ! ça c'est du pop/rock !!!!!!!!!!
9 - She and I : elle (cette galette) et moi, ici qui m'extasie sur ce titre à l'ambiance californienne. Finies les brumes britanniques, oubliés les jours de pluie. Les Byrds, les doux Everly défilent dans mon paysage fait de plages, d'océan et de soleil. Chemisettes rayées et shorts sont de sortie, tandis que les guitares acoustiques se font perles de cristal.
10 - Sunshine and you : qu'est ce que je vous disais ? les rayons de soleil et vous, sur la plage californienne avec ce titre léger, aérien, optimiste, traité à la Beach Boys. Mais .... voyons, il y a un peu de Hollies là dedans et aussi .... mais oui .... je n'ose y croire .... du Beatles !
11 - Girl I loved you : ce titre évocateur nous rappelle que l'on reste sur la plage de Californie. Nous sommes en 1964, peut-être en 1965, enfin peu importe car les guitares acoustiques et électriques, les choeurs, l'orgue, les Beach Boys, Phil Spector (sans son mur du son), sont tous là pour vous rendre heureux, optimistes, en vacances quoi !
12 - Gotta find another girl : Nougaro et le jazz s'invitent à nouveau au piano pour l'intro. Ils cèdent leur place aux Turtles dans de légères volutes, afin que l'on puisse clôturer l'album "happy together" !
Ce disque est inconstestablement une réussite. Enregistré en 1967, il n'en possède pas les défauts si je puis dire et reste d'un modernisme déconcertant.
Il est des artistes qui pillent sans vergogne le patrimoine musical tablant sur l'ignorance des jeunes auditeurs, d'autres qui singent les "icônes" du rock ou de la pop et d'autres encore qui s'approprient sans vergogne les créations originales non protégées.
Ici, rien de tout cela. Les Irrésistibles savent rester à leur place et n'usent d'aucun gimmick éculé. Sûr que ce disque ne s'empoussiérera pas chez vous. On parie ?